Une vague de meurtres, sur fond de pratiques sataniques, confronte Matthieu Durey, policier, à des pratiques qui lui font douter de ses propres convictions
Dans notre Europe « civilisée », les protestants, orthodoxe, catholiques et autres de tous bords, sans tomber dans l'extrémisme de certains musulmans, pratiquent un prosélytisme pas toujours de bon aloi. Pendant que les premiers ne jurent que par Dieu, d'autres laissent entrevoir des côtés plus obscurs. Et quelques-uns d'entre eux (de plus en plus nombreux d'ailleurs) versent carrément dans le satanisme et tous ses aspects morbides (dans les romans seulement, on l'espère!), jusqu'à perpétrer des crimes à caractère satanique.
Or, tous les meurtriers de Jean-Christophe Grangé, disséminés dans toute l'Europe, ont vécu la même expérience, la mort imminente, celle dont on se souvient à la sortie d'un coma.
Ces séries de crimes à caractère bien particulier interpellent Matthieu, de la brigade criminelle de Paris, et également catholique pratiquant, d'autant plus que son meilleur ami et collègue, Luc, est plongé dans le coma suite à un début de noyade dans la rivière qui borde sa maison de campagne. Accident ou suicide, rien de permet d'accréditer un thèse plutôt que l'autre.
La course à l'espoir
Matthieu refuse le fait que son ami ne se réveille jamais et prend donc le taureau par les cornes pour essayer de dénouer l'écheveau salement emmêlé de cette histoire. Propulsé dans les bas-fonds pas toujours recommandables de Paris, il écope du meurtre d'un malfrat, Larfaoui, brasseur de son état et plongé dans des histoires on ne peut plus louches touchant à la drogue. Ces affaires ont-elles un rapport avec « l'accident » de Luc ? L'épouse de celui-ci est effondrée, se retrouvant seule avec ses deux petites filles, mais reste néanmoins persuadée de l'infidélité de son mari.
« - Il était gai, joyeux. (...) Il parlait fort, s'agitait tout le temps. Quelque chose avait changé dans sa vie. (...) Je crois qu'il avait une maîtresse.
- Je faillis tomber du canapé (Matthieu, ndlr). Luc était un janséniste. Il se situait non pas au-dessus mais en dehors des plaisirs de l'existence. Cela revenait à soupçonner le pape de piquer les reliques du Vatican pour les revendre. »
Matthieu continue sans relâche ses investigations, persuadé qu'il existe une connexion entre le meurtre de Larfaoui et le sort de son ami. Mais les découvertes qu'il fait sont loin de redorer le blason de Luc, impliqué, lui et ses hommes, dans des trafics de toutes sortes sur lesquelles il fermait les yeux. L'un des hommes de Luc confie à Matthieu qu'« avec Larfaoui on avait un deal (...) On décrochait des licences pour le bougnoule. On passait chez les cafetiers, on jouait les gros bras pour bien montrer que Larfaoui avait un pied chez les keufs ».
Les recherches de Matthieu l'entraînent même jusqu'à Rome, où dans le berceau du catholicisme il espère trouver des réponses à ses interrogations et à ses doutes.
« Le serment des limbes » foisonne de personnages que Jean-Christophe Grangé décortique à la loupe pour en exploiter, dirait-on, toute la substance. Ce qui en fait un livre riche et particulièrement bien documenté.
De découvertes en rebondissements, les 652 pages du roman se dévorent comme un très bon polar. C'en est un.
Fabiennne HUART
Le serment des limbes, Jean-Christophe Grangé, Albin Michel, 23,90 €
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