mercredi 27 juillet 2022

BD - Valkyries enragées


De toutes les versions du futur proposées par des scénaristes maniant l’apocalypse, celle proposée par Sylvain Runberg et Anna Saveg dans Patriarchy semble, malheureusement, très plausible. Dans un futur proche, donc, une femme est élue présidente des USA.

Une conservatrice qui lance son pays dans une guerre nucléaire avec la Chine. Rapidement toute la civilisation s’écroule. Surtout, les hommes rejettent toutes les femmes qui seraient la cause de tous leurs malheurs. Dans un monde où la violence est la seule loi qui compte, les hommes règnent en maîtres absolus. Les femmes sont de simples esclaves.

Il existe pourtant des communautés qui résistent. Les Valkyries du camp retranché Thing sont les plus redoutables. Mais pour assurer leur survie, elles tuent tout nouveau-né mâle. Dessinée par Belen Ortega, illustratrice espagnole, ce comic hyper violent est surtout l’occasion de faire passer quelques messages sur l’égalité hommes/femmes dans la société. Actuelle ou à venir.

Redoutables et enragées, ces femmes savent se défendre et valent largement les hommes quand il est question de cruauté et de justice expéditive.

« Patriarchy » (tome 1), Éditions Caurette, 14,95 €

mardi 26 juillet 2022

Science-fiction. Derniers survivants

Tous les scientifiques, un peu réalistes et pragmatiques, l’annoncent, à plus ou moins brève échéance : l’extinction de la race humaine. Une certitude et plusieurs inconnues : quand et pourquoi ? Alors, le mieux est de se préparer à l’avance. C’est ce qui motive un conglomérat d’entreprises en imaginant Les Jeux de l’extinction.

Dans ce roman, signé A. G. Riddle, l’effondrement de la société est brutal. On le vit indirectement avec des journées cauchemardesques pour Owen et Maya. Le premier est pompier. Il part sur un incendie, mais dans le brasier, des robots chargés normalement d’éteindre le feu l’attaquent. Maya, scientifique, se découvre infectée par un virus qui lui détruit la mémoire.

Owen et Maya se réveillent bien plus tard. Ils ont été sélectionnés (sauvés), pour participer aux Jeux de l’extinction. Sur leur planète dévastée et sans ressources, ils font partie d’une cohorte. Leur mission : redonner espoir à l’Humanité.

Un récit de SF plein de surprises, qui a déjà été acheté pour être adapté en série télé et qui donne à réfléchir. Sur les intelligences artificielles, mais surtout, le libre arbitre et la solidarité.

« Les jeux de l’extinction » d’A. G. Riddle, Bragelonne, 18,90 €

Polar historique - Céret d’antan

Chassé-croisé à Céret n’est pas une nouveauté, mais mérite toujours d’être découvert, quatre années après sa sortie. Deux sœurs, Julie Roussel Cros et Laetitia Roussel, ont écrit ce court roman policier historique. Nous sommes en 1673, un jeune policier parisien débarque dans la sous-préfecture catalane pour tenter de découvrir les dessous d’une affaire d’empoisonnements.

Matthieu Barbet, qui connaît bien la région pour être originaire de Perpignan, tout en enquêtant, nous fait découvrir les environs. Une balade historique, de Pollestres et son fameux vin au Perthus et ses fortifications, sans oublier, bien évidemment, Céret et sa chaîne industrieuse du tissage. L’intrigue policière n’est qu’un prétexte pour décrire la vie des Cérétans de l’époque, de la foire au marché, en passant par les cuisines des riches notables, complotant (déjà !), pour que la Catalogne retrouve son indépendance récemment perdue.

Pour vous procurer ce livre, édité aussi en anglais et en catalan, il vous suffit de contacter les auteurs par mail : juliecros7@gmail.com ou tout simplement de vous rendre, le samedi matin au marché… de Céret.

« Chassé-croisé dans Céret » de Julie Roussel Cros et Laetitia Roussel, Éditions du Simiot, 10 €

lundi 25 juillet 2022

BD - L’amour au comptoir

Habitué de l’humour très noir, trash et gore, Jonathan Munoz cache, pourtant, derrière ses histoires terribles (Annick Tamaire, Godman) un petit cœur sensible et romantique. Il réussit le tour de force de mettre les deux facettes, totalement opposées, de sa personnalité dans un seul et unique album. L’inconnue du bar raconte l’amour platonique d’un serveur de bar, Joshua, pour une jeune femme, Dara, qui dessine ses BD en terrasse.

L’album alterne les tentatives de drague de Joshua avec les histoires courtes de Dara. Ces dernières sont du pur Jonathan Munoz avec la fille d’un pirate abandonnée sur une île déserte et qui, devenue adulte et institutrice, tyrannise ses élèves. Ce petit garçon, si gentil, si dépendant de sa maman, qui va virer leader fasciste ou ce méchant cow-boy découvrant qu’il ne peut plus tuer. Alors, il se met à donner des bisous, provoquant une véritable hécatombe.

Quant à l’histoire d’amour entre le serveur et la dessinatrice, elle va connaître une fin assez étonnante.

Sans rien en dévoiler, sachez qu’elle est en totale opposition avec l’esprit des récits courts de Dara.

« L’inconnue du bar », Fluide Glacial, 12,90 €

BD - Bragon et la graine


Lancée en 1982, alors que le genre de l’heroic fantasy n’était pas à la mode, La Quête de l’Oiseau du temps, de Le Tendre et Loisel, a connu un formidable engouement. 40 années plus tard, un nouvel album de la série paraît, le 11e seulement. Folle graine est le 7e épisode du cycle dit « Avant la quête ».

On y retrouve Bragon, le ténébreux chevalier, mais pas Pelisse. Bragon amoureux fou de Mara, tentant d’empêcher la secte de l’Ordre du Signe de prendre le pouvoir en s’emparant de la Conque de Ramor. Dans cet album, dessiné par Etien, Bragon et Mara bravent une entité des ombres pour dérober une graine mystérieuse qui aurait le pouvoir « d’affaiblir la menace du retour du dieu Ramor. »


68 pages de toute beauté, avec les personnages habituels de ce cycle (l’impétueux Bulrog, la belle et redoutable Kryll) et quelques nouveaux venus, dont le prince Bodias qui rêve de séduire Mara. La BD se termine par un coup de théâtre qui annonce parfaitement le dernier épisode de la saga et permet déjà de faire lien avec la série principale.

« La quête de l’Oiseau du temps - Folle graine », Dargaud, 15 €

dimanche 24 juillet 2022

Thriller - Le retour des Hommes de Paille

Troisième et dernier volet de la saga des Hommes de Paille signée Michael Marhsalle et parue au début des années 2000, les éditions Bragelonne proposent une version poche d’un thriller qui va glacer le sang des lecteurs, même les plus habitués à ce genre de littérature.

On retrouve Ward Hopkins et sa compagne, Nina, cachés dans un bungalow dans la forêt. Ils fuient les Hommes de Paille, sorte de conspiration de tueurs en série. A leur tête, Paul, le propre frère de Ward. Le cauchemar reprend quand des cadavres sont découverts dans une petite ville.

Nina, qui fait partie de l’élite du FBI, reprend du service et Ward discrètement la couvre. Il craint tout le monde : « Le problème avec la paranoïa, c’est qu’on ne sait plus s’arrêter. Dès que l’on se met à douter des principes élémentaires qui régissent les rapports humains, tout devient envisageable. » En l’occurrence le pire dans un final qui dépasse largement la folie du 11 septembre.

« Le sang des anges » de Michael Marshall, Bragelonne Terreur, 7,90 €

Polar - Un masque, deux intrigues

Coup double pour Jean-Christophe Portes. Après avoir remporté le prix du roman d’aventures des éditions du Masque en 2020 pour Minuit dans le jardin du manoir, il devient le lauréat du prix du Masque de l’année pour la suite des aventures de l’ancien notaire Denis Florin.

Le mystère du masque sacré est en réalité la seconde enquête de ce sympathique héros, peu préparé à une vie d’aventures lui qui a longtemps été un simple notaire en Normandie puis un spécialiste des plantes médicinales. Surtout, il est le petit-fils d’une espionne en chef pour la république française. Il va cette fois devoir aller jusqu’en Afrique pour démêler une sombre affaire de masque sacré qui donnerait un pouvoir absolu au sorcier qui le possède.

C’est très mouvementé, tout à fait plausible, avec l’ajout de quelques personnages (une gendarmette psychorigide qu’on espère revoir) et la suite des amours compliquées entre Denis et la belle Nadjet, journaliste reconvertie en influenceuse, couverture idéale pour ses missions secrètes aux quatre coins de la planète.

« Le mystère du masque sacré » de Jean-Christophe Portes, Le Masque, 8,50 € 

samedi 23 juillet 2022

Patrimoine - Romans arthuriens dans la collection Quarto de Gallimard

Il faut l’admettre, ce bouquin de la collection Quarto de chez Gallimard n’est pas idéal pour une lecture sur le sable en bord de mer. Plus de 1 000 pages et un bon kilo à tenir en bout de bras. De même, ce ne sera pas une lecture estivale car difficile de le terminer avant la fin du mois d’août.

Mais on peut y piocher quelques-uns des textes qui ont forgé, dès le Moyen Âge, la légende arthurienne. Dirigé par Martin Aurell et Michel Pastoureau (qui en signent une préface très instructive), cette compilation reprend notamment La quête du Saint Graal, écrite dans les années 1220 - 1225, « reprend le canevas fort classique du voyage d’aventures : présentation des héros et leur départ, épreuves subies durant leur itinéraire, objectif atteint et récompense finale. »

On apprend surtout que les légendes celtes deviennent une occasion pour que « la prédication cléricale gagne du terrain ».

Reste que les aventures d’Arthur et de ses chevaliers de la Table ronde sont un peu à l’origine du roman. La première fiction plus vraie que nature qui a fait rêver des dizaines de générations. Et ce n’est pas terminé !

« Les Chevaliers de la Table ronde, romans arthuriens », Gallimard Quarto, 1 080 pages, 158 documents en couleur, 34 €

vendredi 22 juillet 2022

BD - Boule rouge énigmatique


Les duos improbables, tels la carpe et le lapin, ont encore de beaux jours devant eux. Nouvel exemple avec les deux héros de ce gros album signé Éric Stalner. Le premier est commissaire de police, bourru et taciturne, la seconde, riche orpheline qui profite pleinement des années folles. Ils ont pourtant un point commun : le nom de famille du flic et le prénom de la belle, Bertille.

Ils se rencontrent lorsque le premier vient d’arrêter un petit malfrat, la seconde rentre d’une nuit de fête chez une amie. Ils assistent éberlués à l’arrivée sur terre d’une boule rouge écarlate qui termine sa course folle dans une forêt. Expérience des Bolcheviques, débarquement des Martiens ? L’étrange boule rouge fascine Bertille & Bertille. Alors que le premier doit tenter de la faire disparaître à la demande du Préfet de police, la seconde ne peut cacher son admiration face à sa perfection. Problème : la boule grandit.

A un tel rythme que dans un mois, la France ne sera plus qu’un souvenir… Cette BD en noir et blanc (à part la boule) étonne par son intrigue entre politique, conspiration et fantastique. Mais le mieux reste les deux Bertille et leur étrange relation.

« Bertille & Bertille, l’étrange boule rouge », Grand Angle - Bamboo, 19,90 €

jeudi 21 juillet 2022

Thriller - Voyage agité à bord du "Bullet train" japonais

Le 3 août, dans deux semaines, sort au cinéma Bullet Train, film à grand spectacle avec Brad Pitt en vedette. Une production Sony adaptée du roman du même nom de l’écrivain japonais Kotaro Isaka et récemment publié en France aux Presses de la Cité.

Dans le Shinkansen, train à grande vitesse japonais, plusieurs tueurs vont se livrer au jeu du chat et de la souris avec une valise remplie de billets. Dans ce polar aux dialogues percutants et aux personnages complexes, c’est Kimura qui fait le premier son entrée en scène. Retiré des affaires, il arrive à bord du train ivre et armé. Il a l’intention de tuer un collégien qui a poussé son petit garçon du haut d’un immeuble. Il va croiser la route de Mandarine et Citron. Des experts des opérations spéciales. Ils viennent de libérer un adolescent et le ramènent à son père ainsi que la valise bourrée de l’argent de la rançon.

Une valise qui est l’objectif du dernier malfrat (Brad Pitt dans le film), Coccinelle. Il doit la voler. Mais comme il est toujours très malchanceux, les choses ne vont pas se dérouler comme prévu. Le huis clos dans le train est magistralement mené par un romancier à l’imagination débordante.

« Bullet Train » de Kotaro Isaka, Presses de la Cité, 22 €