samedi 21 mai 2016

LIVRE : Larousse fait son cinéma

larousse, cinéma, dictionnaire
Envie de tout savoir sur le cinéma ? Ce dictionnaire va vous aider. Référence dans le monde de l'encyclopédie, le Petit Larousse propose de balayer toute l'histoire du 7e art en un ouvrage compact de plus de 1 000 pages. L'édition 2016, comme l'originale parue en 2014, est organisée en deux parties. Un dictionnaire classique de plus de 3 000 notices classées par ordre alphabétique, avec pour chacune d'elles une fiche technique et un résumé du film, ainsi qu'un commentaire critique pour les œuvres majeures. Une partie encyclopédique suivie de très nombreuses filmographies. Elles sont classées par genres mais aussi par pays, réalisateurs ou acteurs. Sans oublier les palmarès détaillés des Oscars, des Césars et du Festival de Cannes. Un dictionnaire à ranger près de votre vidéothèque ou de votre télévision pour choisir intelligemment ces films considérés comme des chefs-d'œuvre au moment de leur sortie.
"Le Petit Larousse des films", 19,95 euros

BD : L'autre mort de Thor


Walter Simonson a longtemps été le dessinateur attitré de Thor, le dieu nordique transformé en super héros dans la galaxie Marvel. Son talent et son originalité lui ont permis de se lancer dans des recherches plus personnelles. Dans la préface du premier tome de "Ragnarök", il raconte comment lui est venue l'idée de raconter la renaissance du Dieu de Pierre. Thor, enchaîné, est vulnérable. Une elfe aidée de plusieurs assassins, tente de le tuer. Mais il parvient à se libérer et massacre ses agresseurs. Thor, laissé pour mort depuis des siècles, n'a plus la beauté et la force d'antan. Son visage fait plus penser à un zombie qu'à un dieu nordique. Ses adversaires se mobilisent pour l'éliminer. Définitivement. L'histoire qui mélange plusieurs légendes nordiques dont le fameux Ragnarök (la fin du monde) n'est qu'un prétexte pour Simonson à dessiner combats, trolls, elfes et autres dragons dans des décors à couper le souffle. Grandiose.
"Ragnarök" (tome 1), Glénat Comics, 16,95 euros

DE CHOSES ET D'AUTRES : Faux blockbuster

foot, euro, footballersSurprise hier dans ma boîte mail. Un certain Mike Grey annonce la sortie de "The Footballers", son nouveau film, en salles le 27 mai. Présenté comme le blockbuster "le plus spectaculaire de tous les temps", ce "nouveau chef-d'œuvre de Mike Drey" (dixit le communiqué de presse) "marquera les esprits sur Terre, comme ailleurs." Critique ciné à mes heures perdues, je ne résiste pas à l'envie de visionner la bande annonce, d'autant que la description du casting, en toute simplicité, se résume à un laconique "les joueurs de l'équipe de France de football".

Pour l'action, on repassera, la demi-minute d'images se contente de gros plans sur des armures et les regards pénétrants de quelques footballeurs. Le pitch du film est délirant : "dans un futur éloigné, une race extra-terrestre est parvenue à retourner les machines contre les hommes. Dernier rempart de l'humanité, l'Équipe de France de football". Olivier Giroud, Bacary Sagna ou Antoine Griezmann en super-héros, il faut oser.
On suspecte la grosse supercherie avec l'interview du réalisateur totalement inconnu. Il explique avoir voulu tourner sur Mars, mais que l'équipe technique a rechigné. "Le prix des billets... Pourtant j'ai des Miles", dit-il, sérieux. Le canular devient évident quand on cherche des infos sur le fameux Mike Drey. Wikipédia nous prévient que sa page a été effacée le 17 mai pour "informations non vérifiées".

Dommage au final car "The Footballers", "épopée cosmique, aux allures futuristes où le football n'est plus seulement un sport, mais une force supérieure" m'aurait certainement fait rire.

vendredi 20 mai 2016

DVD : Gare aux aigreurs d'estomac avec "Pension complète"

pension complète, dubosc, lanvin, studiocanalOn croyait le genre disparu depuis la mort de Michel Galabru en début d'année. Et pourtant il existe toujours des films dont le tournage ne semble justifié que par le désir d'acteurs ou de réalisateurs de faire de l'argent facile pour payer leurs impôts. "Pension complète" de François Siri semble totalement rentrer dans cette catégorie. Franck Dubosc et Gérard Lanvin ayant cassé le box-office dans "Camping", il y a quelqu'un qui a pensé qu'en réunissant les deux acteurs dans un autre film, les millions d'entrées étaient assurées. Pas la peine d'écrire un scénario original, contentons-nous de reprendre la trame de "La cuisine au beurre" avec Fernandel et Bourvil. Pour s'assurer de la participation des deux stars, en plus d'un cachet conséquent, appâtons-les avec un tournage en Corse dans un hôtel-restaurant gastronomique réputé. Le titre, "Pension complète", prend alors toute sa dimension. Mais comme l'a fait remarquer un critique cinéma plein de bons sens lors de la sortie du film en salles, "ce n'est pas forcément dans les vieilles marmites qu'on mijote les meilleurs plats".
Le film n'est cependant pas si catastrophique que cela. Le problème consiste en une impression de superficialité, de distanciation qui nuit au propos. Comme si le réalisateur, au moment du montage final, a coupé tout ce qui fait qu'une intrigue se construit par ses à-côtés. Résultat on a l'impression que cette comédie manque cruellement de corps. Il y a pourtant quelques personnages secondaires intéressants, comme le cuistot obsédé sexuel, la belle-sœur alcoolique et camée (Audrey Dana, méconnaissable).

Mais ils ne sauvent pas le film où on voit essentiellement Franck Dubosc (cuisinier aussi crédible que Sarkozy quand il dit "J'ai changé"), Gérard Lanvin (qui ne veut pas admettre qu'il a plus de 60 ans et que les rôles de jeune premier, c'est râpé) ou Pascale Arbillot dont le charisme et le sex-appeal ne font même pas le poids face à celui de Nadine Morano. Par contre on conseillera à tous les élèves en école de cinéma de visionner le making-of, excellente leçon portant sur le thème "la technique ne sauve pas un film".
"Pension complète", Studiocanal, 12,99 euros

BD : La fin du monde dans un grand éclat de rire


Vous aimez les zombies de la série télé "Walking Dead" ? Vous allez adorer ceux de la bande dessinée "Walk of the dead" de Ztnarf (dessin), Lapuss (scénario) et Tartuff (couleurs). Mais n'espérez pas avoir peur en lisant les péripéties de ce groupe de survivants dans une Amérique envahie de morts-vivants avides de cervelle fraîche : la parodie est dans chaque dessin, un éclat de rire en fin de toutes les planches. Tous les codes des meilleures histoires sont repris dans ces 100 pages format comics : le savant fou, plus intéressé par son singe jouant de la polka que de chercher un remède à son virus mutant hors de contrôle, un shérif, obsédé sexuel, totalement idiot, qui tente de draguer au volant de sa voiturette électrique, une bimbo à gros seins, un prisonnier noir, trop sentimental et trop tueur en série, un enfant handicapé (il est roux...) et un survivaliste, encore plus dangereux que les hordes de zombies. Sans aucune morale ni limite, cette série comique fera plaisir à tous les amateurs de gros délire.
"Walk of the dead", Le Lombard, 12 euros


DE CHOSES ET D'AUTRES : L'argent du ballon rond

foot, télévision, m & m's
Dans moins d'un mois, l'Euro de foot va tout balayer. La compétition se déroule en France, donc aux oubliettes la loi Travail, la courbe du chômage et autres primaires (à droite comme à gauche). Le ballon rond, à condition que les Bleus ne nous infligent pas une sortie prématurée, risque d'occuper tous les esprits.
Premier signe de cet engouement : les produits siglés "bleu-blanc-rouge" dans les grandes surfaces. Les prospectus trouvés dans ma boîte aux lettres hier en sont remplis. Visiblement, pour profiter de la compétition, un nouveau téléviseur s'impose. Des dizaines et des dizaines de pages proposent des écrans, de 60 cm à près de 2 m, assortis de quantité de spécificités techniques parfois absconses (certains promettent "600 PQI" et d'autres "1 200 PPI"). Un modèle signale fièrement "Dalle 100 Hz pour une fluidité optimale des images !". Dalle ? Franchement, j'y pige que "dalle".
Pour vous plonger dans le bain complet, n'hésitez pas à acquérir les accessoires du supporter (à partir de 1,49 euro). Chapeau, lunettes, confettis ou perruque. Le tout en version tricolore évidemment. Il existe aussi des drapeaux, des porte-clés, des mugs et des chopes. Ces derniers ustensiles s'avèrent particulièrement utiles les soirs de matches.
Mais la palme de l'originalité revient aux célèbres friandises "M & M's" avec la commercialisation d'une édition limitée. Un paquet de 1 kg composé de dragées bleu-blanc-rouge. Pour éliminer tout ça, n'oubliez pas d'acheter un ballon et de tenter quelques dribbles devant votre écran.

jeudi 19 mai 2016

Thriller : Le passé se Corse dans "Le temps est assassin" de Michel Bussi

'Le temps est assassin', nouveau thriller de Michel Bussi se déroule en Corse, île du silence et des secrets.

Michel Bussi est le premier à tirer. Dans la catégorie "thriller pour l'été", son nouveau titre, "Le temps est assassin" part avec une longueur d'avance. Il n'en a pourtant pas besoin tant ce roman haletant et plein de rebondissements a toutes les chances de plaire à des milliers de lecteurs et de lectrices avides de suspense et de dépaysement. L'action se déroule en Corse, dans la presqu'île de la Revellata, à quelques encablures de Calvi. Une zone protégée, sauvage et authentique. Il n'y a qu'un camping dans cette nature préservée.
La famille Idrissi y a ses quartiers d'été. Paul, originaire de la région, y passe son mois de vacances en compagnie de sa femme et de ses deux enfants adolescents, Nicolas et Clotilde. Ce 23 août 1989, au soir, ils partent assister à un concert de polyphonies corses. Sur les routes en lacets, la Fuego rouge faut une embardée. La famille est décimée. Seule Clotilde s'en sort.
27 ans plus tard, la même Clotilde revient au Camping. Mariée, fille d'une adolescente, elle ose enfin revenir sur les lieux du drame. Mais rapidement elle va retrouver quelques fantômes qu'elle pensait oubliés. Le roman alterne entre cet été 2016 et celui de 1989.
Le lecteur découvre le drame qui s'est joué à l'époque en lisant le journal intime de Clotilde, 15 ans à l'époque. Les amours de vacances, le charme du beau Natale, pêcheur ami des dauphins, la beauté effrontée de l'Italienne de la bande, l'Allemand introverti, le jeune Corse prétentieux. Flirts de jeunesse mais aussi grandes tromperies autour du couple des parents. Rapidement Clotilde a la certitude que ce n'était pas un accident. La voiture a été sabotée.
Le roman devient vite addictif grâce à l'excellente description des doutes de Clotilde. Tant l'adolescente, rebelle, gothique que la mère de famille, désormais assagie mais toujours prête à tenter l'impossible pour retrouver les frissons de son amour de jeunesse. En y rajoutant un peu de préservation du patrimoine et de tradition, Michel Bussi signe un grand roman, à la chaleur moite et très sombre, malgré le soleil éblouissant de l'île de Beauté.
"Le temps est assassin" de Michel Bussi, Presses de la Cité, 21,50 euros

Cinéma : "The Nice Guys", humour subversif à la sauce hollywoodienne

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Quand deux acteurs ne se prennent pas au sérieux et se lâchent complètement, cela donne le pire comme le meilleur. On a droit au meilleur dans "The Nice Guys", comédie policière et d'action du surdoué Shane Black (scénariste de "L'Arme fatale" et réalisateur de "Iron Man 3").
Deux détectives privés que tout oppose doivent travailler ensemble sur une affaire de disparition dans le Los Angeles de la fin des années 70. Le premier, Jackson Healy (Russell Crowe), est souvent missionné pour expliquer à des hommes mûrs que la jeune femme qu'ils draguent est mineure. Son meilleur allié : son poing américain. Le second, Holland March (Ryan Gosling), prend tout ce qui passe à sa portée. Il boit comme un trou, a une fille trop intelligente et s'en tire toujours car c'est un excellent acteur quand la situation devient conflictuelle.
Jolies filles
L'un endosse le costume du gros dur, blasé mais encore capable d'empathie, le second celui du gaffeur, bête comme ses pieds mais au charme certain dès qu'il y a une jolie fille dans les parages. Et justement des pin-up, il en est beaucoup question dans ce film dont le propos mélange allègrement pollution de l'atmosphère, corruption et émergence de la pornographie dans la vie de tous les jours. La star du X, Misty Mountains (devinez ce qui dans sa plastique s'apparente à des montagnes), est assassinée. Elle venait de tourner dans un film "expérimental" dont l'autre héroïne est une certaine Amélia (Margaret Qualley). Holland la cherche, à la demande de la tante de Misty. Mais Amélia charge Healy de dissuader Holland de se montrer trop présent.

La première rencontre entre le futur duo est explosive. Cassage de gueule et bras cassé (au propre) concluent le rendez-vous peu galant. Mais au gré des révélations des uns et des autres, il se trouve qu'Amélia est véritablement en danger, qu'elle n'est pas si blanche que cela et que l'union faisant la force, Healy et Holland s'associent. Ils seront aidés dans leurs recherches par Holly (Angourie Rice), fille de Holland et révélation du film. À peine adolescente, elle joue comme une adulte dans un milieu où sexe, drogue et meurtres sont le banal quotidien.
Si Russel Crowe est parfois touchant, donnant une dimension très humaine à son personnage, Ryan Gosling a définitivement abandonné toute crédibilité dans son rôle. Il joue à fond le privé idiot, couard et inefficace. Chaque apparition, déduction ou tentative de séduction sont ponctuées d'éclat de rire du public qui est toujours avide de stars capables de se moquer de leur propre statut. Car le Ryan Gosling "Nice Guys" est l'antithèse du Ryan Gosling "Drive". Mais n'est-ce pas la meilleure façon de prouver qu'on a du talent ?

mercredi 18 mai 2016

BD : Jérôme K. Jérôme Bloche, redresseur de torts


Jérôme K. Jérôme Bloche est un des derniers détectives privés parisiens. Du moins le dernier qui est persuadé que pour mener ses enquêtes il doit porter un trench-coat et un chapeau, comme le Bogart de la grande époque. Aussi impulsif que maladroit, Jérôme vit dans le passé. Mais son grand cœur lui permet de vivre des aventures souvent mouvementées en compagnie de sa petite amie Babette, ravissante hôtesse de l'air. Dans le 25e tome de ses aventures intitulé "Aïna", il va secourir une jeune Africaine poursuivie par un colosse noir. Elle ne parle pas français, est terrorisée et se réfugie chez un curé, ami de Jérôme. Cette employée d'un diplomate africain semble cacher bien des secrets. Jérôme va tenter de les découvrir, à ses risques et périls. Le colosse a une excellente droite. La sortie de cette nouveauté s'accompagne du quatrième tome de l'intégrale en noir et blanc (et petit format) des aventures du héros imaginé par Dodier. 328 pages reprenant les tomes 19 à 24 d'une des séries les mieux dessinées de ces dernières années.
"Jérôme K. Jérôme Bloche" (tome 25), Dupuis, 12 euros
"Jérôme K. Jérôme Bloche" (intégrale 4 en noir et blanc), Dupuis, 24 euros

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le Goncourt ? Non, merci !

goncourt, actes sud, andras
Les rebelles et autres énervés qui vilipendent notre société mercantile ont peut-être trouvé leur nouveau héraut. Âgé de 31 ans et vivant en Normandie, Joseph Andras vient de publier chez Actes Sud « De nos frères blessés », l'histoire vraie du militant communiste Fernand Iveton, seul Européen condamné à mort par la justice française durant la guerre d'Algérie. A peine sorti, le livre est immédiatement apprécié, notamment par le jury Goncourt qui lui décerne le prix du premier roman.
Cela n'a pas l'heur de plaire à Joseph Andras. Il publie un communiqué pour refuser son prix. Explication : « La compétition, la concurrence et la rivalité sont à mes yeux des notions étrangères à l'écriture et à la création. » Boum, prends ça dans les dents Goncourt ! Une posture pour attirer encore plus les regards vers lui, pensez-vous. Grave erreur. Joseph Andras, qui refuse toute sollicitation des médias (pas une interview et encore moins de détails sur sa vie privée) se place bien au-dessus de la société de consommation classique : « Seulement le désir profond de s'en tenir au texte, aux mots, aux idéaux portés » précise-t-il dans le communiqué pour justifier son refus du pourtant très renommé (et encore plus rémunérateur) prix Goncourt.
Il ne risque pas de se faire d'amis dans le milieu parisien de l'édition. Par contre, chez les militants de gauche et autres idéalistes qui passent leur « Nuit Debout », sa cote va monter en flèche. Même si cet écrivain, vu ses débuts tonitruants, ne semble pas du tout « récupérable » par quelque bord que ce soit.