Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
samedi 24 octobre 2015
DE CHOSES ET D'AUTRES : Terreur absolue
La proximité d'Halloween génère toujours quelques phénomènes de société inquiétants. Comme l'envie d'avoir peur collectivement. En 2014, le film Annabelle décrochait la palme, cette année le cinquième opus de la série Paranormal Activity semble sur le point de l'emporter. Au point de provoquer de véritables émeutes dans certaines salles comme avant-hier à Perpignan.
Les amateurs de fin du monde, quant à eux, (souvenez-vous, Bugarach), sont persuadés que l'astéroïde géant qui frôlera la Terre le 31 octobre provoquera séismes et autres raz-de-marée. Alors qu'en réalité, le caillou de 470 mètres de diamètre passera à 500 000 km de notre planète bleue.
Par contre, un petit film en noir et blanc de 2 minutes sur YouTube est en passe de devenir un phénomène capable de peupler durablement vos nuits de cauchemars. Dans une maison en ruines, un homme vêtu de la tenue des médecins pendant les épidémies de peste, avec le fameux masque en forme de bec d'oiseau, fait des signes à la caméra. Les images sont saccadées et la bande son constituée d'une sorte de grincement incessant, genre Canal+ sans décodeur. En analysant ces bruits, certains y ont découvert le message « Vous êtes déjà mort », d'autres la phrase « Tuez le président » agrémentée des coordonnées GPS de la Maison Blanche. Bref, c'est particulièrement flippant.
Mais après réflexion, tout cela n'est que broutilles comparé aux deux heures de terreur absolue que nous avons failli subir jeudi soir sur France 2.
En bonus, la fameuse vidéo flippante :
vendredi 23 octobre 2015
BD : Chevalier aux visions
Guillermo
G. Escalada ne va se faire des amis dans le milieu de la bande
dessinée. Cet Espagnol a un talent tel, qu'il devrait
automatiquement provoquer le suicide des deux-tiers de la profession.
Comment oser tracer le moindre trait après avoir vu une seule des
cases de l'album « Le chevalier à la licorne » ? Je
caricature mais c'est pourtant l'impression qui domine après avoir
refermé cette BD écrite par Stéphane Piatzszek. Que cela soit dans
les scènes de bataille comme dans celles plus oniriques, la
puissance du trait d'Escalada saute aux yeux. Certaines planches
muettes méritent d'être exposées dans les plus grands musées.
Bon arrêtons de nous esbaudir sur le graphisme et penchons nous sur
l'histoire. Bingo, c'est aussi du très bon. Le chevalier Hospitalier
Juan de la Heredia, lors de la bataille de Crécy, pour sauver le roi
de France, lui donne son cheval. Il se retrouve seul, à pied,
entouré de dizaines de soldats ennemis. Un carnage. Il en sortira
pourtant vivant, tué puis ressuscité par une licorne blanche. Il
sombre dans la folie et part à la recherche de cet animal
légendaire. Attention, chef-d'oeuvre.
« Le
chevalier à la licorne », Soleil Quadrants
DE CHOSES ET D'AUTRES : Pâtes al dente
Le scandale est énorme, la mobilisation forte et spontanée. Pas question de laisser passer cette abomination. Non, je ne parle pas de la Jungle de Calais ni du blocage des routes par les gens du voyage. En fait ce qui agite quelques intellos actifs sur internet concerne plus prosaïquement la question de la cuisson des pâtes. La révolte semble partir d'un article d'une certaine Floriana sur le site Slate.fr. Un papier rageur dans lequel elle démontre que le "one-pot-pasta" n'est pas du tout une recette italienne.
Imaginée par des Américains, cette hérésie est d'une simplicité aberrante. On met des légumes et des pâtes dans de l'eau froide, on fait cuire trente à quarante-cinq minutes... L'eau froide ne passe pas du tout. Pour Floriana, les pâtes italiennes se dégustent exclusivement al dente. Et pour obtenir cette texture une seule solution : plonger les pâtes dans de l'eau bouillante. Cette aberration totale a le don de lui libérer la plume : "Vous cuisez trop les pâtes et ensuite vous vous étonnez d'être allergiques au gluten, à l'air, à la joie, à la vie. Si vous avez mal au bide en mangeant des pâtes, ce n'est pas à cause du gluten, c'est parce que vous bouffez vos pâtes trop cuites". La suite est encore plus violente.
Une indignation crescendo et pas une seule voix ne s'est élevée pour contredire la chroniqueuse de "cuisine rital" de Slate. Au contraire, la 'pâtosphère' (terme inventé à l'instant pour désigner les amateurs de pâtes connectés) surenchérit pour se moquer de ces ignares de bouffeurs de nouilles molles, dénués du moindre goût. Le débat est clos, les nouilles cuites !
En bonus, la vidéo de la recette maudite :
jeudi 22 octobre 2015
Cinéma : Précis de la solitude absolue avec "Seul sur Mars" de Ridley Scott
Naufragé sur une planète hostile. Impossible de faire plus solitaire pour l'astronaute qui se retrouve "Seul sur Mars", film de Ridley Scott.
Ridley Scott est un des plus grands cinéastes encore en activité. Selon sa fiche "AlloCiné", il cumule plus de 53 millions d'entrées sur ses différentes réalisations. Et à chaque fois ce sont des films marquants. Tout le monde se souvient de "Thelma et Louise", qui n'a pas frémi en découvrant la gueule gluante d'Alien ? Les nouvelles technologies ne lui font pas peur. Bien au contraire, il sait les exploiter à bon escient. Comme James Cameron dans "Avatar", il utilise au mieux la 3D. Premier essai concluant avec "Exodus" l'an dernier. C'est encore mieux pour "Seul sur Mars", à l'affiche cette semaine. Que cela soit sur la planète rouge ou dans l'espace, les scènes sont criantes de vérité. On se sent véritablement au cœur des événements. Rien que pour cette sensation, le film mérite d'être vu. Cerise sur le gâteau, le scénario tiré du roman d'Andy Weir (voir ci-contre) est excellent. Dans un proche futur, un équipage de six astronautes est sur Mars pour une mission de quelques jours. Collecter des échantillons, faire des analyses... Presque un travail routinier entre deux longs voyages à des millions de kilomètres de la terre.
Quand une violente tempête de sable arrive sur la base, l'ordre est donné d'évacuer immédiatement. Dans de violentes bourrasques, ils rejoignent le module de décollage. Frappé par une antenne parabolique, le botaniste Mark Watney (Matt Damon) est emporté à des dizaines de mètres. Le reste de l'équipage le croit mort. Ils décollent avec un siège vide. Sur Terre, les dirigeants de la Nasa font une conférence de presse pour annoncer la mort de Mark.
Un problème : une solution
Seulement blessé, Mark parvient à rejoindre la base, l'habitat en jargon martien. Abandonné, seul, un peu désemparé, il ne va pas sombrer dans la folie. Au contraire, en réglant les problèmes les uns après les autres, il va mettre en place un plan de survie.Priorité l'alimentation. Il va réussir à faire pousser des pommes de terre, devenant le premier cultivateur de Mars. Puis il va devoir trouver une solution pour l'eau. Puis les communications avec la Terre. Une fois sa survie assurée, il ne lui reste plus qu'à trouver une solution pour rejoindre la terre. Un sacré enjeu. Ce rôle en or permet à
Matt Damon de s'affirmer comme un excellent acteur. Il n'en fait pas trop dans le genre "rien ne me résiste, j'ai solution à tout". Parfois il a des doutes. Des envies de tout abandonner. Mais à chaque fois il trouve l'étincelle qui lui permet de repartir, de tenter autre chose, de trouver une solution différente. Mark fonctionne aussi sur l'originalité. En plus d'être le premier agriculteur sur Mars, il va également être celui qui a le plus exploré la planète, y est resté le plus longtemps et pourrait devenir, si tout se passe bien, l'homme qui est allé le plus vite dans l'espace.
Du grand spectacle, une des sorties de cette fin d'année à ne pas manquer.
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Tiré d'un roman d'Andy Weir
Le film est adapté du roman éponyme d'Andy Weir. Cet auteur californien est programmateur en informatique. Du moins c'est en encodant des pages et des pages pour des jeux vidéo qu'il gagne sa vie. A côté, il se passionne pour la science-fiction. Quelques nouvelles et un premier roman qu'il propose à plusieurs éditeurs. Refus poli. Il met alors le texte en vente sur la plateforme d'Amazon. « Seul sur Mars » devient rapidement un best-seller... numérique. Un éditeur classique décide d'acheter le roman et l'imprime. Nouveau bingo ! En France, Bragelonne a publié le roman l'an dernier et vient de sortir une édition poche à petit prix. Une fois les droits ciné achetés, Andy Weir peut enfin se consacrer à plein temps à l'écriture. Il est en train de mettre le point final à un nouveau livre, plus classique dans ce genre assez spécial. En clair il y aura moins d'explications scientifiques et plus d'imagination comme des aliens ou des déplacements à la vitesse de la lumière...
« Seul sur Mars » d'Andy Weir, grand format chez Bragelonne, 20 euros, poche chez Milady, 7,90 euros
DE CHOSES ET D'AUTRES : Sens unique
Petite révolution au cœur de mon village : le dernier tronçon de la rue principale vient de passer en sens unique. Incroyable comme un infime changement peut perturber la vie d'une communauté. Cette "avenue" n'en a que le nom, pas la largeur. Dès qu'un autobus, un camion ou l'un de ces nouveaux monstres motorisés connus sous le nom de SUV s'y engageait, impossible de se croiser. Les voitures garées sur les trottoirs obligeaient les piétons à descendre sur la chaussée. Bref, pas satisfaisant du tout au niveau sécurité. La mairie a donc pris les mesures qui s'imposaient, décidé cette mise en sens unique et on ne peut que s'en féliciter.
Par contre ce nouveau plan de circulation urbain mettra sans doute quelque temps à pénétrer les esprits. Quatre jours après sa mise en place, nombre d'automobilistes s'engagent encore dans le sens interdit. Les habitudes ont la peau dure. Pourtant, des plots en plastique amovibles ont été provisoirement installés pour empêcher les plus grosses bévues et les policiers municipaux veillaient au grain, le premier jour, aux endroits stratégiques.
Il est vrai aussi (le moindre changement implique toujours son lot de mécontents) que désormais une partie des habitants du village doit effectuer un détour d'un bon kilomètre pour rejoindre la route nationale. Et d'hésiter entre le meilleur chemin : celui du "haut" qui passe dans des lotissements ou celui du "bas" qui oblige de prendre un passage à gué ?
Un moindre mal par rapport aux avantages, pour les piétons... et les rétroviseurs !
Par contre ce nouveau plan de circulation urbain mettra sans doute quelque temps à pénétrer les esprits. Quatre jours après sa mise en place, nombre d'automobilistes s'engagent encore dans le sens interdit. Les habitudes ont la peau dure. Pourtant, des plots en plastique amovibles ont été provisoirement installés pour empêcher les plus grosses bévues et les policiers municipaux veillaient au grain, le premier jour, aux endroits stratégiques.
Il est vrai aussi (le moindre changement implique toujours son lot de mécontents) que désormais une partie des habitants du village doit effectuer un détour d'un bon kilomètre pour rejoindre la route nationale. Et d'hésiter entre le meilleur chemin : celui du "haut" qui passe dans des lotissements ou celui du "bas" qui oblige de prendre un passage à gué ?
Un moindre mal par rapport aux avantages, pour les piétons... et les rétroviseurs !
mercredi 21 octobre 2015
DVD : "Jurassic World", plus gros, plus méchant...
Un nouveau dinosaure, particulièrement vorace et intelligent, en tête d'affiche.
Énorme succès de cet été en salles, "Jurassic World" de Colin Trevorrow sort en blu-ray et DVD cette semaine. Un film monumental, par l'ampleur de son budget et l'ambition de ses effets spéciaux. Pour ce qui est du scénario, pas beaucoup de nouveauté par rapport aux autres titres de la série. On retrouve un gros dinosaure bien méchant, une jolie héroïne en talons aiguille (pas très approprié quand il faut courir dans la jungle), un aventurier cool et humaniste sans oublier les enfants en danger, marque de fabrique de tous les Jurassic...
Par contre, il faut reconnaître que sur ces bases peu révolutionnaires, le réalisateur a concocté un film rythmé, sans temps morts, agrémenté de quelques trouvailles originales pour faire passer une histoire un peu courue d'avance. On aime par exemple les multiples références au premier opus, notamment les vieilles jeep sorties de leur léthargie. Très bon aussi le patron un peu mégalomane qui tient absolument à piloter lui-même son hélicoptère, au risque de tuer tous les passagers...
Grosse production oblige, en plus des têtes d'affiches que sont Chris Pratt (muscles saillants et gentillesse dans le regard) et Bryce Dallas Howard (déjà vue dans Spider-man ou Terminator), on retrouve des stars venues d'horizons différents. Dans le rôle d'un dresseur de raptor, Omar Sy s'en tire avec les honneurs, Irrfan Khan, acteur indien, prête ses traits au nouveau patron du parc d'attraction et dans le rôle du super méchant, Vincent d'Onofrio est excellent.
Sur le DVD quelques bonus, notamment des passages coupés. Ne ratez pas la scène "merdique" entre Chris Pratt et Bryce Dallas Howard. Dans le genre "tue-l'amour", impossible de faire mieux.
"Jurassic World", 20 euros le DVD, 23 euros le blu-ray et 30 euros le blu-ray en 3D.
Énorme succès de cet été en salles, "Jurassic World" de Colin Trevorrow sort en blu-ray et DVD cette semaine. Un film monumental, par l'ampleur de son budget et l'ambition de ses effets spéciaux. Pour ce qui est du scénario, pas beaucoup de nouveauté par rapport aux autres titres de la série. On retrouve un gros dinosaure bien méchant, une jolie héroïne en talons aiguille (pas très approprié quand il faut courir dans la jungle), un aventurier cool et humaniste sans oublier les enfants en danger, marque de fabrique de tous les Jurassic...
Par contre, il faut reconnaître que sur ces bases peu révolutionnaires, le réalisateur a concocté un film rythmé, sans temps morts, agrémenté de quelques trouvailles originales pour faire passer une histoire un peu courue d'avance. On aime par exemple les multiples références au premier opus, notamment les vieilles jeep sorties de leur léthargie. Très bon aussi le patron un peu mégalomane qui tient absolument à piloter lui-même son hélicoptère, au risque de tuer tous les passagers...
Grosse production oblige, en plus des têtes d'affiches que sont Chris Pratt (muscles saillants et gentillesse dans le regard) et Bryce Dallas Howard (déjà vue dans Spider-man ou Terminator), on retrouve des stars venues d'horizons différents. Dans le rôle d'un dresseur de raptor, Omar Sy s'en tire avec les honneurs, Irrfan Khan, acteur indien, prête ses traits au nouveau patron du parc d'attraction et dans le rôle du super méchant, Vincent d'Onofrio est excellent.
Sur le DVD quelques bonus, notamment des passages coupés. Ne ratez pas la scène "merdique" entre Chris Pratt et Bryce Dallas Howard. Dans le genre "tue-l'amour", impossible de faire mieux.
"Jurassic World", 20 euros le DVD, 23 euros le blu-ray et 30 euros le blu-ray en 3D.
DE CHOSES ET D'AUTRES : Date futuriste
Tout le monde rêve de connaître sa destinée. Un souhait impossible à exaucer, sauf aujourd'hui. Nous sommes le 20 octobre 2015. Or tous les amateurs de cinéma américain savent exactement en quoi consistera le quotidien du 21 octobre 2015.
Dans le second volet de Retour vers le futur de Robert Zemeckis, sorti en 1989, le héros Marty McFly, interprété par Michael J. Fox, se propulse dans l'avenir et se retrouve exactement le 21 octobre 2015. Quelques décennies plus tard, tout le monde s'amuse à comparer les inventions présentées dans le film et notre présent. En gros, les scénaristes ont vu assez juste. Même si nous ne disposons toujours pas de voitures volantes, de skateboards gravitationnels ni de four agrandisseur de pizza, on note quand même la présence de lunettes à réalité augmentée, d'un drone promeneur de chien et de robots serveurs à l'effigie de stars.
Par contre, aucun smartphone à l'horizon, pas plus que la généralisation des écrans et du net. Au contraire, le papier règne encore en maître, toutes les informations arrivent à jet continu sur des fax prodigues. Fax qui, au passage, ont aujourd'hui quasiment disparu de la circulation...
Mais la plus grosse bourde concerne la royauté britannique. Dans le film, la reine est une certaine Diana. La pauvre Lady Di n'a pas eu l'occasion de monter sur le trône. Pire, Elisabeth vient même de battre le record de longévité de règne.
Enfin il manque le plus important, le seul truc qui pourrait véritablement nous être utile : les numéros du tirage du loto de demain soir.
Chronique parue le... 20 octobre 2015 à la dernière page de l'Indépendant.
Dans le second volet de Retour vers le futur de Robert Zemeckis, sorti en 1989, le héros Marty McFly, interprété par Michael J. Fox, se propulse dans l'avenir et se retrouve exactement le 21 octobre 2015. Quelques décennies plus tard, tout le monde s'amuse à comparer les inventions présentées dans le film et notre présent. En gros, les scénaristes ont vu assez juste. Même si nous ne disposons toujours pas de voitures volantes, de skateboards gravitationnels ni de four agrandisseur de pizza, on note quand même la présence de lunettes à réalité augmentée, d'un drone promeneur de chien et de robots serveurs à l'effigie de stars.
Par contre, aucun smartphone à l'horizon, pas plus que la généralisation des écrans et du net. Au contraire, le papier règne encore en maître, toutes les informations arrivent à jet continu sur des fax prodigues. Fax qui, au passage, ont aujourd'hui quasiment disparu de la circulation...
Mais la plus grosse bourde concerne la royauté britannique. Dans le film, la reine est une certaine Diana. La pauvre Lady Di n'a pas eu l'occasion de monter sur le trône. Pire, Elisabeth vient même de battre le record de longévité de règne.
Enfin il manque le plus important, le seul truc qui pourrait véritablement nous être utile : les numéros du tirage du loto de demain soir.
Chronique parue le... 20 octobre 2015 à la dernière page de l'Indépendant.
mardi 20 octobre 2015
DE CHOSES ET D'AUTRES : Usurpation d'identité
Peu importe le résultat du référendum organisé par le PS sur l'unité de la gauche aux régionales, il restera sujet à caution. Normal, quelques rigolos, malgré leur acceptation de la charte, ont utilisé plusieurs noms pour voter, et même pour certains, usurpé l'identité de quelques politiques connus. On ne plaisante pas avec son patronyme. Même les pseudos des artistes deviennent parfois sujet à caution.
Le dessinateur de presse Terreur Graphique (Fluide Glacial, Libération), comme la majorité de ses collègues, s'inscrit sur Facebook. Mais le réseau social, depuis quelques mois, tente de débusquer les surnoms improbables. Terreur Graphique entre parfaitement dans le cadre. Surtout, suite à son incapacité de fournir une pièce d'identité à ce nom, Facebook suspend son compte. Pour continuer à "exister" sur le net, le dessinateur se présente désormais sous son vrai nom : Georges Boissier. Beaucoup moins vendeur !
La même aventure est arrivée à un Anglais appelé "Something Long and Complicated", soit "Quelque chose de long et Compliqué". Sauf que dans ce cas précis il s'agit de son véritable état civil. À l'issue d'une longue bataille juridique, il obtient de l'administration londonienne un changement officiel de patronyme. Oublié le trop banal William Wood, place à l'unique et atypique Something Long and Complicated. Photocopie de carte d'identité et de permis de conduire à l'appui, il parvient à faire réactiver son compte Facebook. Lui qui voulait changer de nom pour se faire remarquer, doit carrément jubiler.
Le dessinateur de presse Terreur Graphique (Fluide Glacial, Libération), comme la majorité de ses collègues, s'inscrit sur Facebook. Mais le réseau social, depuis quelques mois, tente de débusquer les surnoms improbables. Terreur Graphique entre parfaitement dans le cadre. Surtout, suite à son incapacité de fournir une pièce d'identité à ce nom, Facebook suspend son compte. Pour continuer à "exister" sur le net, le dessinateur se présente désormais sous son vrai nom : Georges Boissier. Beaucoup moins vendeur !
La même aventure est arrivée à un Anglais appelé "Something Long and Complicated", soit "Quelque chose de long et Compliqué". Sauf que dans ce cas précis il s'agit de son véritable état civil. À l'issue d'une longue bataille juridique, il obtient de l'administration londonienne un changement officiel de patronyme. Oublié le trop banal William Wood, place à l'unique et atypique Something Long and Complicated. Photocopie de carte d'identité et de permis de conduire à l'appui, il parvient à faire réactiver son compte Facebook. Lui qui voulait changer de nom pour se faire remarquer, doit carrément jubiler.
BD- Goossens est grand
Très belle voiture de course sur la couverture du nouvel album de Goossens. Dommage que la perspective du bolide aux courbes parfaites soit gâchée par un cowboy moustachu et poilu des mollets, en slip qui plus est, lascivement allongé sur le capot. Voilà tout le problème de Daniel Goossens, dessinateur de génie, au talent incommensurable mais qui ne peut jamais se contenter du beau. Il lui faut toujours enlaidir ses enluminures avec quelques tronches de dégénérés à gros nez. Pareil pour ses scénarios. Absurdes, forcément absurdes. Hilarants aussi. Toujours. Que fait donc ce cowboy en couverture. Il est le héros d'une des histoires composant cet album intitulé « Combats ». Gus fait partie d'une multinationale spécialisée dans la vente des femmes nues. Mais la conjoncture est mauvaise. Les ventes sont en baisse. Un stagiaire a l'idée du siècle : offrir un gadget avec la femmes nue. Une mécanique, sur roue avec un moteur. Une « vouature » ? Gus s'insurge : « glisser une voiture sous une femme nue pour la vendre, c'est dégradant. La femme nue n'a pas besoin de ça. Elle doit se vendre par elle-même, par ses propres qualités. » Toute ressemblance avec un salon de l'auto... On croise aussi dans ces pages Dieu, tellement énervé par le bazar qui règne à l'entrée du Paradis qu'il préfère aller s'en jeter un au bar du coin. Son fils, Jésus, revient. En technocrate imbattable en droit des sociétés. Et puis il y a aussi les personnages récurrent de l'univers de Goossens : Georges et Louis romanciers. Louis lassé de sa vie un peu trop plan plan. Il prend des cours de couture pour devenir... maître du monde. Si après ces exemples vous ne comprenez pas que Goossens est grand, arrêtez de lire de la BD en dehors du prochain Largo Winch...
« Combats », Fluide Glacial, 14 euros
lundi 19 octobre 2015
BANDE DESSINEE : Corto Maltese, l'aventurier perpétuel
Figure singulière de la bande dessinée, Corto Maltese, créé par Hugo Pratt en 1967, revient en librairie dans une aventure inédite. Retour sur le parcours du plus romantique des aventuriers de papier.
Afrique, Asie Pacifique, Europe, Amériques... Les pages de garde des nouvelles éditions des aventures de Corto Maltese donnent une bonne idée de la bougeotte du héros imaginé par Hugo Pratt et dont un album inédit vient relancer la carrière. Le marin d'origine maltaise, anarchiste et romantique, ne craint pas de partir à la découverte d'horizons inconnus. Comme son créateur, l'Italien Hugo Pratt, longtemps installé en Argentine, qui a connu le succès en France et finit ses jours en Suisse il y a tout juste 20 ans. Vingt années durant lesquelles ses bandes dessinées ont régulièrement été rééditées, tant les aventures de Corto Maltese que ses productions antérieures comme Ann de la Jungle ou Sergent Kirk. Mais Corto tient une place à part dans sa carrière. Plus qu'un personnage, Pratt estimait qu'il avait "créé un mythe". De sa jeunesse en Mandchourie en 1901 à sa mort (ou disparition, son créateur n'a jamais été clair sur ce point précis) en Espagne après son engagement dans les Brigades Internationales dans les années 30. Un parcours fulgurant rempli de 'trous', bien pratiques pour les repreneurs de la série. Corto c'est un physique de jeune premier, impassible, imperturbable, charmeur. Casquette de marin vissé sur le crâne, longues rouflaquettes et boucle dans l'oreille gauche, il est reconnaissable aussi à son grand cardan, cependant plus élégant que les pantalons de golf de Tintin. Sa première aventure, en 1967, le montre d'entrée en mauvaise posture, dérivant dans l'Océan Pacifique attaché sur une croix. Une histoire de pirates, un peu comme le Sandokan exhumé des archives de Pratt.
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Afrique, Asie Pacifique, Europe, Amériques... Les pages de garde des nouvelles éditions des aventures de Corto Maltese donnent une bonne idée de la bougeotte du héros imaginé par Hugo Pratt et dont un album inédit vient relancer la carrière. Le marin d'origine maltaise, anarchiste et romantique, ne craint pas de partir à la découverte d'horizons inconnus. Comme son créateur, l'Italien Hugo Pratt, longtemps installé en Argentine, qui a connu le succès en France et finit ses jours en Suisse il y a tout juste 20 ans. Vingt années durant lesquelles ses bandes dessinées ont régulièrement été rééditées, tant les aventures de Corto Maltese que ses productions antérieures comme Ann de la Jungle ou Sergent Kirk. Mais Corto tient une place à part dans sa carrière. Plus qu'un personnage, Pratt estimait qu'il avait "créé un mythe". De sa jeunesse en Mandchourie en 1901 à sa mort (ou disparition, son créateur n'a jamais été clair sur ce point précis) en Espagne après son engagement dans les Brigades Internationales dans les années 30. Un parcours fulgurant rempli de 'trous', bien pratiques pour les repreneurs de la série. Corto c'est un physique de jeune premier, impassible, imperturbable, charmeur. Casquette de marin vissé sur le crâne, longues rouflaquettes et boucle dans l'oreille gauche, il est reconnaissable aussi à son grand cardan, cependant plus élégant que les pantalons de golf de Tintin. Sa première aventure, en 1967, le montre d'entrée en mauvaise posture, dérivant dans l'Océan Pacifique attaché sur une croix. Une histoire de pirates, un peu comme le Sandokan exhumé des archives de Pratt.
De la littérature
Toute la différence est dans la personnalité du héros. Il semble passer à travers ces événements, comme ballotté et rarement concerné par ces luttes triviales. Peu bavard, renfermé, il s'en tire toujours alors que ses ennemis le croient fini. Par la suite il changera de décor, de la Sibérie (avec Raspoutine, personnage secondaire essentiel de la saga) à Venise, ville chère au cœur de Pratt en passant par l'Amazonie ou la Corne de l'Afrique. Mieux que les reportages du National géographic car doublés de documentaires historiques. En France, Corto Maltese a débuté sa carrière dans... Pif Gadget. L'hebdomadaire communiste commande des histoires complètes de 10 ou 20 pages au créateur italien. Le marin dénote entre Rahan et le Docteur Justice et ne trouve pas véritablement son public chez les jeunes. Pratt en ce sens est le véritable pionnier de la bande dessinée dite adulte. Le personnage deviendra par la suite un pilier du magazine (A Suivre) publié par les éditions Casterman, ouvrant la voie à Tardi, Forest ou Comes dans la reconnaissance du noir et blanc. C'est Pratt aussi qui a donné ses lettres de noblesses à ce que l'on appelle parfois pompeusement de 'roman graphique' même si dans son cas il s'agit véritablement d'une œuvre où l'écrit, les dialogues notamment, très théâtraux parfois, ont une importance primordiale. Corto a fait rêver des générations d'aventuriers en salon, parcourant le monde dans le sillage de ce marin capable de s'acclimater à toutes les situations._______________
Un retour 'Sous le soleil de minuit'
Quand les ayants droit de l'œuvre d'Hugo Pratt décident de donner une suite aux aventures du marin maltais, la principale difficulté réside dans le choix des repreneurs. Refaire du Lucky Luke ou du Blake et Mortimer est à la portée de tout dessinateur un peu doué, se fondre dans le style de Pratt beaucoup moins aisé. Entre esquisse et ligne claire allégée, aux décors minimalistes et personnages typés, le trait de Pratt est immédiatement identifiable. Mais est-il imitable ? Oui en grande partie peut-on affirmer désormais après avoir lu 'Sous le soleil de minuit', 13e titre de la série. Ruben Pellejero, dessinateur catalan, remarqué pour sa série Dieter Lumpen et ses histoires complètes avec Denis Lapière dans la collection Aire Libre (Un peu de fumée bleue ou L'impertinence d'un été) a su acclimater ses plumes et pinceaux à la magie graphique de Pratt. Cela donne des cases d'une simplicité et d'une force redoutables. D'autant que l'aventure se déroulant en grande partie dans le grand nord canadien, les étendues blanches et verticales sont légion pour planter l'ambiance désertique typique de l'univers de Corto.
Un bon dessin c'est essentiel, mais toute la particularité de l'univers de Corto passe aussi et surtout par les scénarios denses, bourrés de personnages et de rebondissements. Casterman a là aussi cherché ce qui se fait de mieux, toujours en Espagne. Juan Diaz Canales, créateur de Blacksad, a accepté dans la minute la proposition. Il avoue être passionné par cet univers et avoir "développé au fil des ans une relation très forte avec les personnages. Reprendre Corton c'est pour moi comme travailler avec un vieil ami." Une connaissance qui saute aux yeux dans la nouveauté. L'action se déroule en 1915. Si l'Europe est plongée dans la guerre, Corto, aux USA, est missionné par son ami Jack London pour remettre à une 'amie' une lettre. Il doit pour cela rejoindre une ville minière perdue dans le grand nord canadien. Un long périple au cours duquel il croise des rebelles irlandais, des Indiens révolutionnaires (avec procès bâclés et exécutions par guillotine), des gardes montés à la justice expéditive, un ours blanc et même un espion allemand. Sans oublier quelques jolies jeunes femmes, déterminées même si elles ont tout à apprendre du maniement des fusils. 'Corto Maltese' (tome 13), Casterman, 16 euros (il existe une édition en noir et blanc, d'un format plus grand, 25 euros).
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Rééditions : Pratt est toujours là
Corto Maltese demeure une figure charismatique, romanesque, au look sophistiqué : c'est une icône masculine. Son individualisme revendiqué, son célibat assumé, ses actions désintéressées, son mode de vie nomade, son sens de la dérision, son élégance et son charme l'imposent comme une incarnation idéale du trentenaire contemporain." Cette description très juste du héros d'Hugo Pratt est de Benoît Mouchart, directeur éditorial des éditions Casterman. Il poursuit en constatant que les lecteurs peuvent parfaitement s'identifier à ce personnage qui traverse les décennies. Logique donc que la maison d'édition décide de redonner vie au héros mystérieux. Sans cependant oublier d'exploiter le fond. Les aventures de Corto Maltese ce sont des centaines de planches, découpées en une douzaine d'albums. Si les originaux ont des cotes très appréciables (plus de 150 euros pour l'édition de 1975 de "La Balladede la mer salée"), ce sont des BD que l'on trouve sans aucune difficulté dans toutes les librairies. Et pour marquer l'arrivée de la nouveauté de Diaz Canales et Pellejero, Casterman a repris l'ensemble de la série dans une nouvelle présentation plus classique avec couverture cartonnée. Les trois premiers tomes, sortis en juin, ont été suivis de trois autres fin août. En même temps que "Sous le soleil de minuit", est sorti "La jeunesse", "Fable de Venise" et "La maison dorée de Samarkand". Les collectionneurs devront attendre le 18 novembre pour compléter la série avec les trois derniers volumes. Les histoires de Hugo Pratt sont également disponibles (pour certaines) dans des éditions de poche à petit prix. Folio a profité de la vague pour remettre en, vente "Fable de Venise" et "Les éthiopiques", deux chef-d'oeuvres absolus au tout petit prix de 7,65 euros. Folio également a réédité le seul roman écrit par Hugo Pratt à la fin de sa carrière. Simplement intitulé "Corto Maltese", il s'agit d'une nouvelle version de la "Ballade" mais sous forme d'un roman. Tempêtes, mers du sud, pirates : on retrouve tout l'univers de Pratt mais avec une musique différente, encore plus littéraire que dans ses BD. Non seulement Corto Maltese est de retour, mais il est omniprésent. Eternel aventurier sans cesse sur le départ, Corto ne demande qu'à vous faire rêver. Longtemps. Partout.
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