mercredi 2 septembre 2015

BD : Grand forgeron

nains, redwin, istin, jarry, goux, soleil
Petit nain deviendra grand. Redwin, encore adolescent, apprend le métier de forgeron auprès de son père. Mais au lieu de forger des haches, armures et autres épées redoutable, il fabrique des outils et des bijoux. Pour Redwin c'est insupportable. Il rêve de devenir un combattant, un fier guerrier qui affronte les autres seigneurs dans l'arène. Le premier tome de la nouvelle série de fantasy imaginée par Jean-Luc Istin et confiée (pour la partie scénario) à Nicolas Jarry est une jolie histoire d'apprentissage. Comment un enfant, élevé dans la paix et l'harmonie, rejette tout en bloc pour aller vers la violence et la mort. Redwin devient un seigneur des Runes, combat 1000 adversaires, verse le sang au quotidien mais y perd son âme. Si l'intrigue est classique, l'album, en plus de planter l'univers des Nains, permet à Pierre-Denis Goux de signer des planches d'une rare force. Par sa mise en page dynamique et ses cadrages, on se retrouve au cœur des duels. De plus, un cahier graphique en fin d'album permet de nous allécher avec la présentation des cinq autres héros du peuple des nains dont les aventures seront publiées tous les quatre mois jusqu'en août 2016.

« Nains » (tome 1), Soleil, 14,95 €

mardi 1 septembre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES : Dernier coup de griffe pour Wes Craven

Il a fait cauchemarder plusieurs générations d'adolescents. Wes Craven, mort ce week-end, n'a jamais été considéré comme un grand cinéaste. Son œuvre n'est que rarement étudiée en école de cinéma, pourtant elle restera dans la mémoire collective. Il a inventé deux figures majeures du monde de l'horreur : Freddy et le masque de Scream.


Quand "Freddy, les griffes de la nuit" sort sur grand écran, ce n'est pas un film d'horreur comme les autres. Le tueur sort directement de l'inconscient de l'adolescence américaine. Une matière première qui n'était que peu utilisée dans le genre horrifique. Wes Craven, en imaginant les pires cauchemars de ses jeunes acteurs (dont Johnny Deep dans un de ses premiers rôles), a mis en images toutes les questions existentielles d'une génération. Non seulement les jeunes spectateurs se font peur, mais ils se reconnaissent dans ces jeunes portant le fardeau des erreurs de leurs parents. Si aujourd'hui les effets spéciaux de Freddy font sourire (en 1984 tout était fait à la main par des artisans, pas d'utilisation du numérique), l'ambiance reste totalement terrifiante.
Wes Craven a imposé les règles du genre, portant son art au sommet avec la série de "Scream" où il invente la personnification finale de la peur avec ce masque blanc inspiré de la toile 'Le Cri' de Munch. Un film mis en abîme, qui pour le coup devrait être enseigné dans toutes les écoles de cinéma pour comprendre les multiples ressorts de la narration. Wes Craven n'est plus, mais ses films continueront longtemps à nous faire peur, très peur.

Livre : Insomnies brésiliennes


Brésil, vanessa barbara, zulma
Un quartier dans une petite ville brésilienne. Une dizaine de maisons, des voisins qui se connaissent, s'apprécient, se soutiennent en cas de coup dur. Vanessa Barbara, dans ce premier roman s'affirme en excellente portraitiste des gens simples. Sans doute des restes de son premier métier, journaliste dans un quotidien de Sao Paulo où elle signe des chroniques du quotidien. L'essentiel de l'action tourne autour d'Otto. Un vieux monsieur à la retraite, très solitaire depuis la mort de son épouse, Ada. Une mort brutale, inattendue. Elle se lève un matin, comme tous les autres matins, s'assied sur le bord du lit et puis plus rien. Ada, son rire, sa curiosité, sa gentillesse ont définitivement disparu de l'univers d'Otto.
Otto et Ada ont mené une longue vie de couple en s'aimant tendrement. Plein d'imagination aussi. Par exemple pour fêter leur anniversaire de mariage, ils ont changé les appellations : « Si l'idée était, pour chaque année de mariage supplémentaire de trouver quelque chose de plus noble pour symboliser leur union, alors les tulipes et le chou-fleur étaient tout indiqués. Il y avait eu les noces de gâteau à la carotte et aussi une année où ils avaient décider de fêter leurs noces d'os, juste pour le plaisir de l'assonance, tout en reconnaissant volontiers que l'os n'était en rien supérieur à la turquoise, à l'argent ou au corail. L'année de la disparition d'Ada, ils auraient célébré leurs noces de couverture à carreaux. » Otto croise aussi le chemin d'un pharmacien spécialiste des effets secondaires des médicaments, un ancien soldat japonais de la guerre du Pacifique et un facteur farceur.
Le roman n'aurait pu refléter que tristesse et nostalgie, mais l'esprit brésilien, résolument optimiste et farfelu le rend totalement imprévisible et attachant. Tout un petit monde réjouissant qui permet de relativiser les malheurs du quotidien.
« Les nuits de laitue », Vanessa Barbara, Zulma, 17,50 €



lundi 31 août 2015

Livres : Mère et fille, destin croisé et "Du même sang"

Lucy n'a quasiment pas connu sa mère, disparue quand elle était enfant. Dix ans plus tard, la jeune femme se retrouve confrontée à une autre disparition.

mcHugh, calmann-lévy, thrillerPremier roman de Lara McHugh, « Du même sang » est un thriller remarquablement construit, à l'ambiance trouble et aux nombreuses interrogations. Dans cette campagne reculée de l'Amérique profonde, il ne fait pas bon d'être une trop belle femme. Si en plus, on est une « étrangère » en l'occurrence originaire d'un autre état que le Missouri, on se retrouve rapidement avec toute la population à dos, accusée d'être une sorcière. Lila, quand elle arrive dans la petite ville d'Henbane au cœur des montagnes sauvages d'Ozark, est une jeune fille orpheline, un peu rebelle et à problèmes. Elle vient d'être placée comme employée dans la ferme de Crete Dane. Il a également une épicerie bar restaurant et plusieurs biens immobiliers. Il est riche et ambitieux. Lila va travailler pour lui, dans les champs puis au restaurant. Là elle rencontre Carl, le petit frère de Crete. Ouvrier dans le bâtiment, taciturne, il tombe amoureux de Lila. Elle aussi se jette dans ses bras. Rapidement une petite fille, Lucy, vient égayer le foyer.
Ce passé de Lucy, le lecteur ne le découvre que vers la moitié du roman. Un passé proche qui pèse encore sur les épaules de celle qui est devenue une adolescente. Lucy, indépendant, habituée à vivre seule depuis la disparition de sa mère et que son père, travaille loin et ne revient à la maison que pour noyer son chagrin dans l'alcool. Le roman de Lara McHugh alterne les points de vue. Lucy et Lila en priorité, puis quelques personnages secondaires. Les deux jeunes femmes semblent vivre les mêmes affres à dix années d'intervalle. La vie rêvée de Lila semble beaucoup moins heureuse qu'il n'en a l'air. Un terrible secret familial pèse sur ses épaules. Carl ne parle jamais de sa mère à Lucy. Mais quand Cheri, la meilleure amie de cette dernière disparaît, elle ne peut s'empêcher de mettre en relation ce fait divers avec sa propre histoire.

Récits parallèles
Quand le corps de Cheri est retrouvé démembré sommairement caché dans le tronc d'un immense arbre en bord de rivière, Lucy décide de faire toute la lumière sur ce meurtre. Et en remontant la piste, elle va croiser des hommes et des femmes qui dix ans plus tôt étaient également au centre de la vie de sa mère. Lila a-t-elle été victime du même tueur ? Mais pourquoi le corps n'a jamais été retrouvé ? En posant ces questions, Lucy comprend vite qu'elle met les pieds dans les plats. Jusqu'où peut elle aller sans subir le même sort que sa mère et son amie ? On suit avec anxiété sa progression, qui correspond au récit de Lila dix ans plus tôt. Jusqu'à ce dramatique dernier jour. Réflexion sur les liens familiaux, les secrets et l'entraide dans les petites communautés, ce roman pourrait facilement être adapté au cinéma ou en série, à la façon True Detective (saison 1), avec fausses pistes et véritables horreurs. D'ailleurs un projet existe avec Jennifer Garner en vedette.


« Du même sang » de Laura McHugh, Calmann-Lévy, 20,50 €

dimanche 30 août 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES : L'attraction de la dépression

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Les Anglais m'énervent. Trop brillants, trop originaux. Nous en France, quand on crée des parcs d'attraction, ils glorifient soit Disney, soit des pointures de la BD comme Astérix et prochainement Spirou près d'Avignon. Outre-Manche, vous pouvez visiter jusqu'à fin septembre Dismaland, parc d'attraction « lugubre et sinistre » tout droit sorti de l'imagination de Banksy, l'artiste de rue sans visage. Présenté comme ça, Dismaland ne semble pas particulièrement attractif (un comble pour un espace qui en porte le nom), pourtant je rêve de débourser les quatre euros demandés pour visiter la vingtaine d'animations. Loin du politiquement correct, Banksy dénonce avec violence les pires dérives de notre société. Aidé d'autres artistes aussi subversifs que lui, il propose par exemple une pêche aux canards dans une piscine remplie de pétrole avec en son centre un cormoran englué dans l'or noir. Sur le manège à cheval, un mannequin, en blouse de boucher, est assis sur une caisse de lasagnes. Les enfants peuvent faire du toboggan depuis le toit d'un fourgon de police et dans une petite rivière, des barques surchargées de mannequins-migrants tournent en rond sans jamais pouvoir rejoindre la terre ferme. C'est sale, glauque, monstrueux... et fascinant. Comme un amplificateur de notre monde en perdition. Le public répond présent, le parc ne désemplit pas. Le plus dingue en reste la localisation : une petite station balnéaire près de Bristol. Alors maintenant, quel homme politique de la région aura le courage de proposer la création d'un Port Banksy à demeure pour dynamiser le tourisme local ?

samedi 29 août 2015

DVD : Se relever, toujours se relever quand on est "En équilibre"

dupontel, cécile de france, cheval, cascadeur, studiocanalDeux êtres à vif se rencontrent, s'affrontent, se comprennent, s'aident et s'aiment dans "En équilibre" de Denis Dercourt. Victime d'un grave accident, Marc (Albert Dupontel), cascadeur équestre, se retrouve dans un fauteuil roulant. Les assurances vont tenter de minimiser ses indemnités. Pour faire baisser le montant, la grosse compagnie envoie sa meilleure arme, Florence (Cécile de France). Prototype de l'execute woman, elle sait manipuler les clients.

Après plusieurs mois d'hôpital, Marc rentre dans sa ferme où il n'a qu'un seul et unique bien de valeur : Othello, son cheval. Pourtant c'est lui qui l'a conduit au bord de la faillite. Lors du tournage d'un film historique, Marc traverse un champ de bataille, une bombe explose, le cheval se cabre et il chute. Un enfantillage pour le duo qui a réalisé cette cascade des centaines de fois. Mais un chien est le grain de sable dans les rouages, le cheval fait un écart et piétine Marc. Colonne vertébrale brisée, il se retrouve privé de ses jambes. De son métier aussi. Florence rend visite régulièrement à Marc. Pour négocier les termes définitifs de l'indemnisation. Mais Marc veut plus. Beaucoup plus.
De la haine à l'amour
Les premiers face à face sont tendus. Si la jeune femme tente la douceur dans un premier temps, sa hiérarchie la pousse à passer à la vitesse supérieure. Pression et intimidation. Acculé, Marc est sur le point d'accepter pour sauver le cheval en passe d'être saisi. Mais Florence, comme dégoûtée par son propre double jeu, l'en dissuade et lui donne des armes pour remporter son procès contre les assurances. Ce revirement est au centre du film. Outre une attirance physique pour le fier cavalier, Florence découvre une force dans cet homme cloué dans sa chaise roulante, force qui lui a fait défaut à un moment de sa vie. Avant de s'occuper de sinistres, de devenir une mère exemplaire et une épouse déçue, Florence se rêvait en pianiste professionnelle. Au premier échec elle a abandonné... Marc, malgré son handicap, n'a qu'un désir : remonter à cheval. Rien ne peut l'arrêter.
Albert Dupontel, cavalier émérite, a tourné toutes les scènes équestres. Cécile de France a pris des cours de piano pour se mettre dans la peau de cette musicienne aigrie, passionnée mais incertaine de son talent.
Reste les plus belles scènes, les regards entre ces deux êtres que normalement tout oppose. Langoureux, admiratifs, amoureux : ils transcendent cette relation, se fortifient l'un l'autre pour au final atteindre "leur quête, leur inaccessible étoile... »

"En équilibre", Studiocanal, 14,99 euros le DVD, 15,99 euros le blu-ray.

DE CHOSES ET D'AUTRES : De l'art de rebondir

Nicolas Sarkozy a souvent été accusé durant son quinquennat (et même avant, quand il était ministre de l'Intérieur) de profiter du moindre fait divers pour imposer une nouvelle loi sécuritaire. La pratique semble avoir fait des émules. A droite comme à gauche. Après l'attentat déjoué dans le Thalys, Alain Vidalies, ministre des Transports, a secoué son propre camp en demandant plus de contrôles dans les gares, quitte à promouvoir le « délit de sale gueule » quand il déclare préférer « qu'on discrimine effectivement pour être efficaces plutôt que de rester spectateurs. » Je serais barbu et basané, j'éviterais de voyager durant les prochains mois... Dans la même veine, Valérie Pécresse, tête de liste « Les Républicains » aux régionales en Île-de-France veut que les policiers conservent leur arme de service en rentrant chez eux. Surtout s'ils prennent le métro ou le RER. On ne va quand même pas laisser le rôle de héros aux Américains experts en combat à mains nues. Cette initiative risque bien évidemment de faire exploser les statistiques de suicides de fonctionnaires de police, mais la prévention implique parfois quelques dommages collatéraux. L'art de rebondir sur un fait divers n'est pas l'apanage des politiques français. Mercredi, quelques heures après le meurtre en direct de deux journalistes d'une télévision locale, la Maison Blanche a appelé le Congrès à légiférer pour mieux encadrer la vente et l'utilisation des armes à feu (une bonne idée en l'occurrence). La technique de la récupération de l'émotion légitime a de beaux jours devant elle.

vendredi 28 août 2015

Cinéma : Dheepan, le Tigre nettoie la Cité

Dheepan, audiard, sri lanka, tigres tamouls
Palme d'or à Cannes, "Dheepan" de Jacques Audiard aborde deux problèmes d'actualité : l'intégration des réfugiés en Occident et la délinquance des cités.

Le cinéma français sait encore étonner et émouvoir. Jacques Audiard l'a brillamment prouvé au dernier festival de Cannes, décrochant la Palme d'or avec son film Dheepan, portrait d'un réfugié politique sri-lankais perdu dans une autre jungle, celle des cités "chaudes" de la banlieue parisienne. Pourtant la jungle, Dheepan (Antonythasan Jesuthasan) l'a beaucoup pratiquée. Membre des Tigres tamouls, armée révolutionnaire enlisée dans une guerre sans fin pour l'indépendance du pays, il a tué tant et plus. Le film s'ouvre par la confection d'un bûcher. Au milieu d'une cocoteraie qui devrait n'être qu'un paysage digne du paradis, les rescapés d'une bataille entassent les cadavres, les recouvrent de bois et y mettent le feu. Dheepan, le soir venu, s'habille en civil et jette son uniforme dans les braises. Il va changer de vie. Tourner le dos à la guerre. Mais pour obtenir le statut de réfugié politique, les ONG internationales cherchent surtout des familles. Dans un immense camp de réfugiés, il obtient de nouveaux papiers. Pour lui, sa femme et sa fille. Reste à trouver les deux autres tiers de la famille. Ce sera Yallini (Kalieaswari Srinivasan) et Illayaal (Claudine Vinasithamby), fillette de 9 ans orpheline.
Fausse famille
Dheepan, audiard, sri lanka, tigres tamouls
Trois êtres en perdition, qui ne se connaissent pas mais ont cependant en commun le désir de quitter cette guerre qui leur a enlevé toute famille et (presque) humanité. Les scènes tournées dans le camp, avec départ en bateau surchargé, résonnent étrangement en cette fin d'été 2015. Le conflit au Sri-Lanka est terminé, mais d'autres pays sur Terre se déchirent et poussent des milliers de réfugiés à chercher refuge dans la vieille Europe. Ils espèrent rejoindre l'Angleterre, comme Yallini qui a une cousine installée près de Londres. Finalement la fausse famille au lourd secret débarque à Paris. Dheepan obtient même un emploi : gardien d'un HLM dans la cité du Pré en région parisienne. Payé, logé, en voie d'intégration on espère que c'est la fin des galères pour ces trois solitaires qui, au fil du temps, apprennent à se connaître, s'apprécier, s'aimer et même à se rêver en véritable famille. Pas de chance, la cité où ils viennent de s'installer est gangrenée par le trafic de drogue. Brahim (Vincent Rottiers), le caïd, après un séjour en prison, reprend les choses en main et voit d'un mauvais œil les efforts de Dheepan pour rendre la cité plus accueillante. L'ancien Tigre aide les personnes âgées, répare les ascenseurs et nettoie les parties communes. Il donne au nouvel espoir aux habitants 'normaux' de la cité, dépossédés de leur lieu de vie par les petits voyous. Jacques Audiard insuffle alors un côté Justicier dans la ville à son long-métrage. Cependant très loin des films de Charles Bronson comme certains l'ont caricaturé, mais avec suffisamment de réalisme pour que Dheepan retrouve son âme de Tigre et apprenne aux "cailleras de la téci" qu'il ne faut pas se croire toujours en pays conquis. Sous des airs de documentaire durant la première partie, le film aborde également la problématique de la condition des femmes et du repenti des criminels de guerre. Avant sa sortie, le film devait d'ailleurs s'appeler Dheepan, l'homme qui n'aimait pas la guerre, titre explicite sur la personnalité de ce héros exténué par le bruit des armes.
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Vincent Rottiers, le seul professionnel
Dheepan, audiard, sri lanka, tigres tamoulsPour ce film écartelé entre Sri Lanka et banlieue parisienne, Jacques Audiard a fait le pari des acteurs non professionnels. Les trois interprètes de la famille en pleine recomposition n'avaient jamais tourné avant Dheepan. Antonythasan Jesuthasan, réfugié en France depuis des années, est très impliqué politiquement et son combat passait jusqu'à maintenant par l'écriture de romans. Côté banlieue, le réalisateur a également puisé dans le vivier de la cité où il a installé ses caméras. À deux exceptions près, Marc Zinga et Vincent Rottiers, le caïd. Habitué des rôles puissants, cet acteur de 29 ans a débuté très jeune. À 15 ans il décroche son premier rôle dans Les Diables. Il y interprète un adolescent fugueur en pleine révolte. Un rôle qu'il va entretenir, multipliant les apparitions dans les films et séries françaises. Son talent lui permet de 'survivre' à cette image d'ado rebelle. On le retrouve dans des films intimistes comme Valentin Valentin ou Le monde nous appartient. Dans Dheepan, il parvient à insuffler une belle humanité à un homme en sursis. La loi de la cité, pire que celle de la jungle ou d'un monde en guerre, ne lui laisse que peu d'espoir. Il fait ce que tout le monde attend de lui : menacer, punir, être intransigeant et, quand il le faut, tuer. Sa relation avec Yalini, qui s'occupe de son père handicapé, est une goutte d'espoir et de paix dans un film où la fureur est omniprésente.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le hamburger caca

Une étude de santé s'est propagée sur internet comme une épidémie de gastro dans un cocktail mondain. Son titre fait frémir : « Presque tous les burgers contiennent de la matière fécale ». Jamais la célèbre expression de Jean-Pierre Coffe n'aura était autant d'actualité. « C'est de la merde ! » avait-il l'habitude de s'exclamer après avoir goûté du jambon ou autre nourriture industrielle. Donc, ces hamburgers achetés à prix d'or dans les fast-foods sont réellement de la merde, traduction non politiquement correcte de « matière fécale ». Selon cette étude menée par par le magazine américain Consumer Reports, les excréments viennent de la viande hachée. Les entérocoques (nom des bactéries fécales détectées) sont présentes sur la peau et dans les intestins des animaux. Le tout est broyé pour obtenir la matière première des steacks. Tout est mélangé et il devient impossible de ne pas ingurgiter quelques-unes de ces matières fécales en dégustant (façon de parler...) son burger. Et ne croyez pas qu'un peu de caca soit sans conséquence pour votre santé : l'étude est formelle, « cela peut provoquer chez l’homme des infections sanguines et urinaires. »

La solution consiste à cuire la viande à plus de 70° pour tuer toutes les bactéries. Une alternative qui fera bondir les amateurs de viande cuite « bleue ». Mais généralement, ces fins gourmets ne mettent jamais les pieds (et encore moins leurs papilles) dans les enseignes de restauration rapide. Et plus ça va, plus je les comprend !

jeudi 27 août 2015

BD : Melting-pot d'amies


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Connue pour son franc-parler et ses positions tranchées, Rokhaya Diallo fait partie de cette nouvelle génération de Françaises qui ne se laissent pas marcher sur les pieds. Noire et Française, elle revendique son originalité et lutte sans cesse contre le racisme. Après avoir longtemps travaillé comme journaliste et chroniqueuse dans différents médias parisiens, elle franchit le cap de la fiction en signant le scénario de « Pari(s) d'amies », chronique sociale contemporaine dessinée par Kim Consigny. Ce roman graphique raconte la vie quotidienne de ces cinq jeunes Parisiennes. Une métisse qui revient des USA, le cœur brisé, une Africaine devenue executive woman en couple avec un aristocrate, une Maghrébine reine de l'évènementiel et une Asiatique, lesbienne et rappeuse. Sans oublier la Française de souche, la plus politisée au final, prof engagée tombée dans les griffes d'un beau philosophe des plateaux télé. C'est léger, frais et drôlement réaliste. Un certain Paris, joli melting-pot de couleurs et de personnalités.

« Pari(s) d'amies », Delcourt, 17,95 €