
Petit nain deviendra grand. Redwin, encore adolescent, apprend le métier de forgeron auprès de son père. Mais au lieu de forger des haches, armures et autres épées redoutable, il fabrique des outils et des bijoux. Pour Redwin c'est insupportable. Il rêve de devenir un combattant, un fier guerrier qui affronte les autres seigneurs dans l'arène. Le premier tome de la nouvelle série de fantasy imaginée par Jean-Luc Istin et confiée (pour la partie scénario) à Nicolas Jarry est une jolie histoire d'apprentissage. Comment un enfant, élevé dans la paix et l'harmonie, rejette tout en bloc pour aller vers la violence et la mort. Redwin devient un seigneur des Runes, combat 1000 adversaires, verse le sang au quotidien mais y perd son âme. Si l'intrigue est classique, l'album, en plus de planter l'univers des Nains, permet à Pierre-Denis Goux de signer des planches d'une rare force. Par sa mise en page dynamique et ses cadrages, on se retrouve au cœur des duels. De plus, un cahier graphique en fin d'album permet de nous allécher avec la présentation des cinq autres héros du peuple des nains dont les aventures seront publiées tous les quatre mois jusqu'en août 2016.
« Nains » (tome 1), Soleil, 14,95 €

Premier roman de Lara McHugh, « Du même sang » est un thriller remarquablement construit, à l'ambiance trouble et aux nombreuses interrogations. Dans cette campagne reculée de l'Amérique profonde, il ne fait pas bon d'être une trop belle femme. Si en plus, on est une « étrangère » en l'occurrence originaire d'un autre état que le Missouri, on se retrouve rapidement avec toute la population à dos, accusée d'être une sorcière. Lila, quand elle arrive dans la petite ville d'Henbane au cœur des montagnes sauvages d'Ozark, est une jeune fille orpheline, un peu rebelle et à problèmes. Elle vient d'être placée comme employée dans la ferme de Crete Dane. Il a également une épicerie bar restaurant et plusieurs biens immobiliers. Il est riche et ambitieux. Lila va travailler pour lui, dans les champs puis au restaurant. Là elle rencontre Carl, le petit frère de Crete. Ouvrier dans le bâtiment, taciturne, il tombe amoureux de Lila. Elle aussi se jette dans ses bras. Rapidement une petite fille, Lucy, vient égayer le foyer. 
Deux êtres à vif se rencontrent, s'affrontent, se comprennent, s'aident et s'aiment dans "En équilibre" de Denis Dercourt. Victime d'un grave accident, Marc (Albert Dupontel), cascadeur équestre, se retrouve dans un fauteuil roulant. Les assurances vont tenter de minimiser ses indemnités. Pour faire baisser le montant, la grosse compagnie envoie sa meilleure arme, Florence (Cécile de France). Prototype de l'execute woman, elle sait manipuler les clients.

Pour ce film écartelé entre Sri Lanka et banlieue parisienne, Jacques Audiard a fait le pari des acteurs non professionnels. Les trois interprètes de la famille en pleine recomposition n'avaient jamais tourné avant Dheepan. Antonythasan Jesuthasan, réfugié en France depuis des années, est très impliqué politiquement et son combat passait jusqu'à maintenant par l'écriture de romans. Côté banlieue, le réalisateur a également puisé dans le vivier de la cité où il a installé ses caméras. À deux exceptions près, Marc Zinga et Vincent Rottiers, le caïd. Habitué des rôles puissants, cet acteur de 29 ans a débuté très jeune. À 15 ans il décroche son premier rôle dans Les Diables. Il y interprète un adolescent fugueur en pleine révolte. Un rôle qu'il va entretenir, multipliant les apparitions dans les films et séries françaises. Son talent lui permet de 'survivre' à cette image d'ado rebelle. On le retrouve dans des films intimistes comme Valentin Valentin ou Le monde nous appartient. Dans Dheepan, il parvient à insuffler une belle humanité à un homme en sursis. La loi de la cité, pire que celle de la jungle ou d'un monde en guerre, ne lui laisse que peu d'espoir. Il fait ce que tout le monde attend de lui : menacer, punir, être intransigeant et, quand il le faut, tuer. Sa relation avec Yalini, qui s'occupe de son père handicapé, est une goutte d'espoir et de paix dans un film où la fureur est omniprésente.