vendredi 5 septembre 2014

Cinéma - "Hippocrate" ou comment soigner à s'en rendre malade

Médecin et cinéaste, Thomas Lilti a puisé dans sa propre expérience hospitalière pour écrire et réaliser « Hippocrate », film sur les débuts d'un interne.


De nos jours, quasiment tout le monde a déjà franchi les portes d'un hôpital. Pour s'y faire soigner ou rendre visite à un proche. On connait donc tous ces longs couloirs où des dizaines de personnes en blouses blanches s'activent, telles des fourmis travailleuses. Mais le personnel hospitalier n'a rien de l'insecte dénué de personnalité, de jugement, d'empathie et de problème. Au contraire ce sont des hommes et des femmes qui ont simplement la chance de se retrouver de l'autre côté de la barrière. Temporairement. « Hippocrate » de Thomas Lilti est un film hommage sur l'abnégation de ces hommes et femmes qui passent souvent plus de la moitié de leur journée à soigner. Et le réalisateur sait de quoi il parle puisqu'il est lui-même médecin et que c'est dans l'établissement où il officie qu'il planté ses caméras.

Film vérité, à fort contenu social, « Hippocrate » est l'antithèse des séries médicales multidiffusées sur les chaînes de télévision.
Pour plonger dans ce microcosme si particulier, le spectateur suit les débuts de Benjamin (Vincent Lacoste), interne nouvellement nommé dans ce service. Encore très jeune, il semble emprunté et peu sûr de lui. Il n'a certes pas d'expérience mais surtout il est dans le service de son père. Si les premières minutes ont presque l'air d'une comédie, rapidement le ton change. Notamment quand Benjamin reçoit le renfort d'un autre interne, Abdel (Reda Kateb). De 15 ans son aîné, il est médecin dans son pays, l'Algérie. Mais pour obtenir l'équivalence de son diplôme en France, il doit lui aussi passer par l'internat. Il arbore sur sa blouse ces trois lettres que les malades remarquent rarement : FFI, faisant fonction d'interne.

L'exploitation des médecins étrangers
Entre Benjamin et Abdel, le courant a du mal à passer. Le premier, encore dans l'esprit étudiant et carabin, est parfois insouciant. Il se la raconte aussi quand il se regarde dans la glace et explique à un interlocuteur imaginaire « Oui je suis médecin. J'ai sauvé des vies... » Pour Abdel cette étape est loin derrière lui. Il doit être irréprochable pour espérer obtenir son diplôme. Alors avec ses collègues venus comme lui d'Afrique ou d'Amérique latine, il enchaîne les gardes, vit dans une petite chambre dans l'hôpital, s'investit corps et âme. Mais c'est aussi cette expérience qui l'empêche de tout accepter. Notamment la douleur des patients et l'acharnement thérapeutique. Le film glisse alors vers une critique du système où certains chefs de service, loin de leur engagement premier, cherchent avant tout à rentabiliser les lits. Un film porté par les deux acteurs principaux. Vincent Lacoste, en fils à papa parfois dépassé est étonnant, l'acteur ayant surtout joué dans des comédies (Les Beaux gosses). Reda Kateb porte pour sa part une humanité contagieuse. Si tous les médecins avaient sa compétence et sa gentillesse, le monde de la santé en France se porterait certainement mieux...

_______________________


Même si la promotion du film est essentiellement portée par Vincent Lacoste, acteur comique qui change de registre, le véritable personnage principal d'« Hippocrate » est Abdel Rezzak, le médecin algérien interprété par Reda Kateb. Ce rôle fort donne une nouvelle occasion à ce comédien passé par le théâtre d’imposer son talent.
Il est lumineux dans sa composition d’un homme habitué à prendre des décisions dans son pays, rabaissé au simple exécutant dans l’hôpital français qui l’exploite de façon éhontée. On sent sa force contenue, sa rage éteinte sous la contrainte sociale. Jusqu’à la rupture. Benjamin, carrément hostile au début, va finalement comprendre quel est le vrai but de cette profession. Et quand il doute et explique à Abdel que peut-être il n’est pas fait pour ce métier, le « faisant fonction d’interne » a cette réplique définitive : « Mais médecin ce n’est pas un métier. C’est une malédiction. »
Si certains des infirmiers intervenant dans le film le sont véritablement danse la vie active, ce n’est pas le cas de Philippe Rebbot, excellent second rôle récurrent du cinéma français actuel.

jeudi 4 septembre 2014

DVD - "Barbecue" ou le chant de l'amitié

Film choral, « Barbecue » d'Eric Lavaine explore toutes les facettes de l'amitié, des meilleures aux pires


Qu'est-ce qui compte plus que l'amitié ? L'amour étant hors catégorie, il reste la santé. Antoine (Lambert Wilson) va fêter ses 50 ans. Beau, sportif, à l'hygiène de vie irréprochable, il profite de ce présent radieux entre bande de potes sympas, femme aimante et aventures sans lendemain (ses trophées n'ont jamais plus de 25 ans...). Et puis c'est la tuile. Un gros infarctus, quelques jours dans le coma, une opération et une rééducation accompagnée de recommandations draconiennes. Mais à quoi ça sert d'être exemplaire dans son cas. Il l'a été et ça n'a servi à rien. Alors Antoine reprend sa vie en main et laisse place au plaisir, le vrai. Notamment en invitant potes et famille dans une belle maison nichée au cœur des Cévennes. 15 jours de vacances qui commencent bien mais qui finissent très mal.

Éric Lavaine, le réalisateur et scénariste de cette comédie très enlevée, semble avoir écrit son film en fonction de son casting. Chaque personnage colle parfaitement au comédien choisit. Si Lambert Wilson sert de liant, de fil rouge, tous les autres sont beaucoup plus que des « seconds rôles » (horrible terme dans ce genre de réalisation. Mention spéciale à Florence Foresti, parfaite en divorcée un peu fofolle et dévergondée. Franck Dubosc, son ancien mari, jaloux et rancunier prouve que s'il s'en donne la peine, c'est un excellent acteur. Jérôme Commandeur, en simplet de la bande est criant de vérité. Lionel Abelanski, le plus renfermé, n'en occupe pas un moins un rôle central pour le final. Mais une nouvelle fois, la révélation est Guillaume de Tonquédec. L'acteur de « Fais pas ci, fais pas ça » endosse de nouveau le costume du pédant prétentieux. On aime le détester...

Dans le DVD de cette excellente comédie qui a dépassé le million d'entrée, on retrouve les 9 extraits qui ont donné envie aux spectateurs de découvrir ces vacances atypiques. En bonus également un documentaire sur les coulisses du film, notamment les explications de la personne chargée de confectionner les menus. Car on mange beaucoup dans ce film tourné à Lyon et dans l'Hérault.

« Barbecue », Studiocanal, 15,99 €

mercredi 3 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Des nuages sur les stars

Jennifer Lawrence, Kate Upton, Kaley Cuoco, Avril Lavigne et d'autres stars du cinéma, de la télévision et de la chanson ont été surprises ce week-end en train de batifoler nues dans les nuages. Tout en étant sommaire et assez éloigné de la vérité, voilà pourtant la meilleure représentation du « celebgate ».
En réalité, un hacker est parvenu à percer les barrières de sécurité du stockage virtuel (le cloud ou nuage en langage informatique) des photos de plusieurs centaines d'utilisateurs de smartphone.
Parmi eux, quelques célébrités qui ont compris que leur iPhone et autre Galaxy permettent de réaliser des photos de très bonne qualité. Et persuadées que le cliché ne sort pas de l'appareil, se sont permis quelques portraits osés, seules ou en compagnie. Le hacker, bon prince, n'a pas voulu garder pour lui ces pépites. Voilà comment quelques milliers d'internautes ont brièvement découvert la chute de rein vertigineuse de Jennifer Lawrence.
Figurerait également parmi les victimes Rihanna. Mais cette dernière, depuis sa séance de photos dans « Lui », n'a plus grand chose à cacher...
Le scandale fait grand bruit. Certaines clament : il ne s'agit que de trucages éhontés ! D'autres reconnaissent le piratage et lancent une horde d'avocats pour empêcher toute propagation des clichés. Avec efficacité. Le « celebgate » prend une ampleur telle que le FBI him-self enquête pour découvrir l'identité du pirate.
Moralité : si les smartphones se transforment en paparazzi et que la NSA - l'œil et l'oreille de l'Amérique - s'en mêle, Les magazines people n'ont plus qu'à fermer boutique.

mardi 2 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - L'étonnante initiative d'actrices japonaises pour lutter contre le sida


Les Japonais sont formidables. Comme en Occident, la recherche contre le sida a besoin de fonds. Ils ont eu une idée géniale pour remplir les caisses. Une dizaine d'actrices porno du cru ont accepté, en échange de 1000 yens soit 7 euros, de participer en payant de leur personne. Une fois l'argent remis aux organisateurs, le donateur a le droit de toucher les seins de la bénévole (elle en a vu d'autres...) Quelques photos de palpations diffusées sur les réseaux sociaux ont fait une publicité mondiale à cette opération originale renommée malicieusement « Télététon ».

Un succès qui pourrait donner des idées sous nos latitudes. La Croix Rouge française a pour ambassadrice Adriana Karembeu. Le splendide mannequin offre son image lors de la campagne de dons. Pourquoi ne pas lui demander de s'investir aussi physiquement ? Lui toucher les seins... ne rêvons pas. Mais une petite séance de bouche à bouche mise aux enchères devrait gonfler la cagnotte. Se faire pincer le nez par ses doigts manucurés, sentir ses lèvres pulpeuses, son souffle chaud et sensuel dans nos poumons...
Vous ne serez pas en reste, mesdames. La collecte des pièces jaunes bénéficie depuis de nombreuses années du soutien de David Douillet. Le grand judoka peut lui aussi se donner à fond. Une petite immobilisation au sol ferait frissonner toutes celles qui rêvent de sentir ses bras virils sur leur frêle corps de faible femme en mal de protection. Par contre, on évitera de demander quoi que ce soit à Bernadette Chirac...

DE CHOSES ET D'AUTRES - Petits sièges, gros avions

 Il fut un temps où je prenais beaucoup l'avion. Au moins deux fois par an. Pas des moyens-courriers au cours desquels à peine a-t-on le temps de se remettre du décollage que déjà l'appareil redescend vers la destination finale. Non, de ces vols de plus de 12 heures pour rejoindre les contrées exotiques situées au mieux dans l'hémisphère Sud, au pire aux antipodes. En ces temps reculés mon embonpoint me faisait déjà me sentir à l'étroit dans des sièges peu confortables. Par chance, je suis aussi plutôt petit. Mon fondement était littéralement encastré entre les deux accoudoirs, mais au moins mes jambes ne souffraient pas trop. Je ne préfère pas imaginer mon calvaire à présent.
La classe "éco" perd de l'espace au profit des premières beaucoup plus rentables. Certaines compagnies américaines portent atteinte au minimum vital. Pour preuve, deux avions récemment déroutés en raison d'un début de bagarre. Ces trucs-là commencent toujours par un impoli qui incline son siège au maximum. Résultat le passager de derrière ne peut plus ouvrir sa tablette sous peine de se faire hara-kiri. Certains l'acceptent. D'autres non. Récriminations, cris, insultes, horions... fin du vol.
L'alternative retenue par les compagnies low-cost, consiste à choisir des sièges non inclinables. Idée pour lesdites compagnies, avides de services payants : un double monnayeur de part et d'autre du dossier. Un euro, le siège s'incline. Un euro, il se redresse. À la fin du vol, c'est le jackpot assuré pour, vous avez dit low-cost ?

lundi 1 septembre 2014

Roman - Chair bourreau

« La dévoration » de Nicolas d'Estienne d'Orves mène trois récits en parallèle : l'histoire d'un écrivain, d'une lignée de bourreaux et d'un cannibale japonais.

Présenté parfois comme une apologie du cannibalisme, « La dévoration » est un roman beaucoup plus complexe et profond. Certes, une partie est consacrée à Morimoto, un étudiant japonais qui a dévoré sa petite amie néerlandaise à Paris. Nicolas d'Estienne d'Orves s'est ouvertement inspirée d'un fait divers célèbre. Mais ce n'est qu'un petit tiers du roman. L'essentiel, le plus passionnant aussi, est le portrait en creux d'un écrivain qui n'en peut plus de signer chaque année le même best seller. Surement pas par hasard, ce personnage de fiction s'appelle aussi Nicolas. Nicolas Sevin, comme son créateur, aime l'opéra. Après une rupture douloureuse, il s'est imposé un régime draconien pour devenir ce romancier qui vend des milliers d'exemplaires à chaque nouveauté. Le même métier que sa mère. Mais elle fait dans la littérature jeunesse. 
Dans ses œuvres, Nicolas Sevin explore les parts sombres de l'âme humaine. Ses héros sont des tueurs, des massacreurs, avides de sang et de meurtres.
Le cocktail fait recette mais son éditrice, Judith, est lasse. Elle pousse Nicolas à changer de dimension. Sans parler d'autofiction, elle lui suggère d'écrire sur lui. Mais n'est-ce pas ce qu'il fait déjà ? Et Nicolas de se demander si les tueurs qu'il met en scène ne sont pas tout simplement son moi profond qui n'ose pas franchir le pas.

Bourreau de père en fils
A côté de ce récit très parisien et bourgeois, Nicolas d'Estienne d'Orves glisse de courts chapitres étalés sur plusieurs siècles sur le fameux bourreau Rogis. A la base, c'est un bon boucher, obligé de changer de métier pour éviter l'échafaud. La chair et le sang, il connaît. Couper, trancher sont des gestes qu'il maîtrise. Voilà comment il se transforme en cet être qui fait froid dans le dos et transmet son savoir et sa charge à sa descendance.
Le roman exerce un sorte de fascination malsaine auprès du lecteur. Entre les expériences sexuelles extrêmes de l'écrivain, l'abnégation de l'homme en noir passant de la hache à la guillotine (comme d'autres de la machine à écrire à l'ordinateur) au cannibale qui parle à la première personne n'épargnant aucun détail macabre, le choc est parfois rude. Mais en fait on entre dans un autre monde quand on pénètre le quotidien de Rogis, Morimoto ou Nicolas. Ce dernier semble parfois véritablement fou et déconnecté de la réalité. « Le monde bouge et je reste immobile; l'univers tourne autour de moi. Je suis le seul point fixe d'une cosmogonie frémissante. J'ai donc tous les droits, comme un dieu. Je tends la main et saisis des bribes du réel. De l'autre côté commence l'univers parallèle, celui où tout est possible, un monde sans limites, sans morale. » Le mot est lâché : la morale. Difficile de lire ces pages sans avoir parfois des haut-le-cœur. Mais il faut bien se dire, et se convaincre, que ce n'est que de la littérature. Et que les pires crimes, les plus horribles perversions et monstrueuses déviances ne comptent pas tant qu'elles restent de simples mots imprimés sur du papier.

« La dévoration », Nicolas d'Estienne d'Orves, Albin Michel, 20 €

dimanche 31 août 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Occupé !


Rien de tel en début de week-end que de faire provision de bonnes blagues et autres informations insolites pour briller à la mi-temps, autour du barbecue ou lors des soirées. Exemples : épatez tout le monde en demandant de quoi est fait un pinceau en poil de chameau. Le piège est énorme. Et pourtant, il s'agit de fourrure d'écureuil. Et les îles Canaries, d'où tirent-elles leur nom ? Pas des oiseaux mais des chiens (Canis en latin) qui pullulaient dans l'archipel. Bien après, les oiseaux ont pris le nom de l'île... A ceux qui trouvent les orchidées gracieuses et délicates, rappelez que leur nom vient du mot "orchis" qui signifie testicule en grec ancien. Tout de suite moins glamour. Si vous cherchez une mine inépuisable de bizarreries, pensez Anglais. Leur respect de la royauté implique l'interdiction formelle de coller un timbre la tête en bas s'il représente la Reine. Un volcan islandais menace de se réveiller. Tous ressortent l'anecdote des vols cloués au sol. Soyez plus original en expliquant qu'un autre volcan islandais a provoqué... la révolution française. En 1783 son éruption s'est soldée par un immense nuage de cendres sur l'Europe, a perturbé climat, récoltes et le peuple français, affamé, s'est indigné...
Vous en voulez d'autres ? Faites comme moi, plongez-vous dans "Occupé ! Le bouquin du petit coin" (12,95 €) d'où sont tirées ces anecdotes. La sixième édition vient de paraître aux éditions Hugo Desinge. Grâce aux trouvailles d'Annie Pastor et aux dessins de Monsieur B. vous captiverez votre auditoire après chaque passage aux commodités.

Cinéma - "Party Girl" en famille

Angélique Litzenburger interprète son propre rôle dans un film de son fils, Samuel Theis, avec toute sa famille dans les seconds rôles de cette réalisation entre biopic et documentaire.


La nuit, tous les chats sont gris et toutes les femmes sont belles. Les mauvais éclairages des dancing et cabaret de la frontière franco-allemande ne permettent pas aux clients de faire la différence entre une hôtesse de bar pimpante ou décatie. Angélique Litzenburger sirote ses verres, seule au comptoir. Sa chevelure bouclée, ses breloques et son maquillage appliqué à la truelle ne font plus recette. Dans la salle, quelques hommes seuls regardent une pole-danseuse se trémousser. D'autres pelotent une habituée en échange d'une bouteille. C'est le prix à payer pour rêver un peu. Angélique, la soixantaine passée, ne fait plus rêver. Son dernier client, Michel (Joseph Bour), un mineur à la retraite, ne vient plus. Alors elle va carrément chez lui le relancer. Mais lui, tombé raide amoureux de la belle, la demande en mariage.

L'idée de ce film est de Samuel Theis. Acteur et réalisateur installé à Paris, il a simplement voulu rendre hommage à sa mère et se famille. Avec ses complices réalisatrices Claire Burger et Marie Amachoukeli, il a travaillé le scénario et trouvé les financements pour cet ovni cinématographique entre fiction, biopic et documentaire. Il n'y a pas d'acteur professionnel dans Party Girl à part Samuel. Mais lui aussi joue son propre rôle. Angélique, dans sa vie très agitée et nocturne, a souvent été enceinte. Quatre fois. Il y a Sonia, mariée et mère de deux petits enfants, Mario, veilleur de nuit et Samuel, l'aîné, celui qui est parvenu à quitter cette province dépressogène pour « réussir » à la capitale. La petite dernière, Cynthia, est la plaie toujours vive d'Angélique. A six ans, elle lui a été enlevée et placée dans une famille d'accueil. La mère indigne n'ose plus renouer avec sa fille perdue. Tout peut changer avec la proposition de Michel.

Les enfants et le mariage
Angélique se dit que finalement, changer de vie est encore possible même si, comme le fait remarquer Michel, « On n'a plus beaucoup de temps ». Et donc, l'idée de mariage fait son chemin. Même s'il faut passer devant le curé (ce n'est pas ce qui enthousiasme le plus Angélique), il y à la clé une belle fête (et ça, Angélique aime) et surtout l'occasion inespérée de réunir toute sa famille, dont Cynthia. Le film, lauréat de la caméra d'or au dernier festival de Cannes, a des faiblesses. Mais le jeu hésitant de certains, les clichés sur la province et les excès de la nuit sont largement rattrapés par l'extraordinaire prestation d'Angélique Litzenburger. Le film est sur sa vie. Elle vit le film. Rajoutée une émouvante scène avec Cynthia, la véritable fille « abandonnée » et vous ne pourrez que frissonner à cette histoire d'une maman noctambule, accro aux paillettes.
____________________________________________________________
Le fils prodigue


Quand Angélique annonce à ses enfants son intention de se ranger et d'épouser Michel, elle ne le dit dans un premier temps qu'à Mario et Sonia, ceux qui habitent toujours dans la région. Elle préfère dans un premier temps ne pas en parler à Samuel. On devine qu'elle le vénère et n'entend pas l'ennuyer avec ses histoires.
Pourtant quand il s'agit d'organiser le mariage, c'est lui qui prend les choses en main. De même, la lettre permettant de renouer le contact avec Cynthia, ditée par Sonia dans un premier temps, est entièrement réécrite, par Skype interposé en 30 secondes par un Samuel dans le rythme parisien.
Acteur depuis quelques années dans de nombreux téléfilms français (Joséphine ange gardien, un village français ou Drôle de famille), Samuel Theis a porté le projet « Party Girl ». A l'origine du scénario, co-réalisateur, c'est lui aussi qui a persuadé tous les membres de sa famille d'interpréter leur propre rôle. Une démarche audacieuse d'autant qu'il n'est pas toujours à son avantage dans la peau de celui qui a « réussi » et dont la famille est très fière. Une mise en abîme déconcertante mais donne tout son charme à ce film hors normes.

  

samedi 30 août 2014

DVD - Le cauchemar Hollywood dans "The Canyons" avec Lindsay Lohan

Dans « The Canyons », Paul Schrader montre la face immonde du cinéma américain.


La filmographie de Paul Schrader, vieux routier du cinéma américain, ne fait pas dans l'eau de rose. De Américan Gigolo, La féline au préquel de l'Exorciste, il a quantité de thrillers, films d'horreur et même érotiques à son actif. Quand il parvient à mettre sur pied le projet d'un film sur les dessous d'Hollywood avec l'écrivain Bret Easton Willis (American Psycho) au scénario, on se doute que ce sera noir et incisif. « The Canyons », en grand partie auto-produit par les deux hommes, est pour beaucoup un faux film d'auteur. En raison une distribution assez singulière. Pour interpréter le couple vedette le choix se porte sur Lindsay Lohan, actrice pestiférée abonnée aux tabloïds à scandale et James Deen, uniquement connu dans l'industrie du porno. 

Pourtant l'un comme l'autre sont excellents dans ces rôles d'une rare noirceur. Christian (James Deen) est un riche fils à papa. Il ne sait pas quoi faire de son argent. Alors il décide de financer un film d'horreur porté par Gina, son assistante. Au moment du casting, Tara (Lindsay Lohan) ancienne actrice et petite amie de Christian, donne son avis. Elle choisit Ryan, le petit ami de Gina. Le film débute par un repas au restaurant entre les deux couples. Ryan remercie Christian. Ce dernier s'en moque absolument. Il se contente d'expliquer au jeune acteur qu'il aime « partager » Tara avec des inconnus contactés par l'intermédiaire d'un site de rencontre. L'opposition est flagrante entre un couple jeune et rangé et un autre extraverti et atypique. La suite du film est à l'avenant. James Deen joue à la perfection cet homme froid et sans sentiment, amoureux de Tara, mais incapable de l'aimer simplement. Tara elle profite ouvertement du système. Sorte de prostituée de luxe, elle se rattrape en passant ses journées oisives au bord de la piscine ou à faire du shopping.
L'ambiance du film est souvent malsaine, oppressante. Les scènes de sexe sont très soft, l'érotisme laissant souvent la place à une esthétique porno. Pourtant « The Canyons » a une sorte de charme envoûtant. Dans la réalisation crépusculaire et aussi dans le désespoir de tous les protagonistes. Au début Hollywood fait rêver. Mais très vite cela se transforme en cauchemar sans fin.
« The Canyon », Pathé Vidéo, 19,99 euros


vendredi 29 août 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Portraits au Vitriol

Le vendredi, je ne suis jamais de bonne humeur. Sans doute un vestige des menus poisson à la cantine, ou le syndrome des longs week-ends passés devant les émissions idiotes de Jacques Martin et Michel Drucker. Plutôt que de me lancer dans une psychanalyse, mieux vaut que je profite de mon caractère chagrin et débuter une série de portraits... au vitriol.
Pour inaugurer la série, j'ai l'embarras du choix. L'actualité récente semble ne fonctionner que sur la prolifération de têtes à claques. Avec en « maître » étalon le phénomène Emmanuel Macron. En deux jours, ce banquier passé par Rotschild est devenu l'homme que l'on aime le plus détester. Mais il s'avère quand même risqué de s'attaquer à cet énarque. Si à 36 ans il est nommé ministre des Finances de la 5e puissance économique mondiale, logiquement à 45 il devient Premier ministre, à 50 président de la République et à 60 maître du monde. Il terminera sa progression avec le titre de « Dieu unique » vers 70 ans. Je ne serai plus là pour le voir. Parfois, la mort a du bon.
Je pourrais aussi taper sur son pauvre prédécesseur. Arnaud Montebourg et ses postures pathétiques représente une victime de choix. Un peu trop justement. L'impertinent s'est suffisamment fait taper sur les doigts et même exclure par son prof principal pour que je l'épargne.
Le prof en question, bien que d'origine catalane (il ne faut jamais pas trop les titiller), mériterait aussi qu'on le recadre. Bien que dans son cas, il se charge tout seul de se couler. Quelle drôle d'idée pour un chef de gouvernement dit « de gauche » de clamer « J'aime l'entreprise ! » devant des patrons transformés en fans hystériques. Allons, allons...