mardi 22 octobre 2013

NET ET SANS BAVURE - Idiots en escadrille

Force est de le reconnaître, les Américains nous sont supérieurs dans tous les domaines. Même les moins reluisants. « Les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît », célèbre réplique de Lino Ventura dans les « Tontons Flingueurs », devrait être réactualisée en « Les Américains ça ose tout... »
Veuf éploré, après la crémation de son épouse, il récupère les cendres. Elle était sans doute une adepte du shopping puisqu'il décide de vider l'urne funéraire dans un centre commercial de Floride. Le nuage de cendres cause une belle panique chez les commerçants et les clients persuadés d'une attaque terroriste à l'anthrax...
A l'approche d'Halloween, les Américains aiment décorer leur maison. Une citrouille ? Trop classique pour cet adepte des effets spéciaux. Des oreillers, quelques habits et beaucoup de peinture rouge, le tout glissé sous la porte du garage et les voisins, sûrs d'être témoins d'une scène de crime, appellent la police. Le fan de films d'horreur a eu droit à une perquisition en règle de sa maison...

Le pire vient de cette vidéo postée fièrement par deux chefs scouts de l'Utah. Au cours d'une sortie dans un parc national, ils remarquent un énorme rocher en équilibre. « Et si on le faisait tomber ? » demande l'un. « OK, je filme ! » répond l'autre. Résultat : ils détruisent par leur idiotie un rocher datant de 170 millions d'années, issu d'une formation géologique très rare. Et ils en sont fiers ! Les Américains, ça ose tout !


Chronique "Net et sans bavure" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant. 

"Je sais qui tu es", thriller islandais réfrigérant

Garoar, au chômage depuis quelques mois dans une Islande durement touchée par la crise, a investi ses dernières économies dans l'achat d'une maison à Hesteyri. Il a pour ambition de transformer la bâtisse en gîte. Idéalement située, loin de tout, au cœur du parc naturel, elle ne devrait pas désemplir en été. Il débarque à l'automne avec matériel et vivres pour une semaine de travaux intensifs. 
Il n'est pas seul, accompagné de sa femme, Katrin et de Lif, la veuve de son meilleur ami, associé mort d'une crise cardiaque avant l'aboutissement du projet. Mais le lieu, abandonné, semble même hanté. Le cadre majestueux et sauvage devient source inépuisable de terreur. 
Rarement un roman (signé Yrsa Sigurdardottir) aura suscité autant d'angoisse au lecteur. A ne pas lire seul dans sa maison de campagne. A moins de rechercher des sensations fortes. (Points, 7,70 €)

lundi 21 octobre 2013

BD - La violence des antipodes dans "Maori" de Ferey et Camuncoli

La Nouvelle-Zélande, ses moutons, ses rugbymen... sa violence. Petit pays aux antipodes de la France, il fascine Caryl Férey. L'écrivain français y a passé quelques années. Suffisamment pour s'imprégner de la culture maori et de la recracher dans un polar sombre et violent dans la Série Noire. Un roman adapté par Férey lui-même et dessiné par Camuncoli, un Italien qui n'a plus rien à prouver après avoir, notamment, signé quelques aventures de Spider-Man. Jack Kenu, flic à la criminelle d'Auckland, est chargé de l'enquête sur le meurtre d'une jeune maorie retrouvée la tête fracassée sur une plage fréquentée par des surfeurs. Il ne croit pas une seconde au crime d'un rôdeur. 
D'autant que la victime, non identifiée au début, se révèle être la fille du leader de l'opposition au Premier ministre conservateur. A quelques jours des élections, ce rebondissement sanglant ne sera pas sans conséquence sur le résultat. Avec une noirceur absolue, Caryl Férey trimbale son anti-héros dans une Nouvelle-Zélande minée par la crise, où le capitalisme fait des ravages, essentiellement chez les pauvres composés en grande majorité de Maoris. Au final, la première partie de ce diptyque se révèle plus politique que policière. Mais avant tout passionnante.

« Maori » (tome 1), Ankama, 14,90 €

NET ET SANS BAVURE - Joggeek


Partisan du moindre effort, sans me fatiguer ni brûler la moindre calorie, j'ai couru 16,75 km en 1 h 45 hier matin. En scrutant l'état du monde par Twitter interposé, je tombe sur ce message : "Je viens de débuter une session @runtastic à suivre en temps réel. Suivez ma progression et encouragez-moi." Et me voilà, par procuration, en train de cavaler entre vignes et bitume.

L'application, installée sur le smartphone du sportif, permet de suivre sa course à la seconde près grâce au GPS. Le petit point bleu parcourt mon écran et la carte de Google Earth. Un peu d'imagination et on halète à son côté. Sur un sentier, il fait un écart de 5 mètres. Soit il a repéré une belle grappe de muscat oubliée par les vendangeurs, soit il a fait une pause pipi à l'abri des regards. Dans une zone résidentielle, son rythme devient irrégulier. Il pique un sprint. Saine émulation avec un autre joggeur ou un chien agressif ? L'avantage avec cette application, c'est que le coureur est toujours localisable.
Mais dans notre monde un peu tordu, le petit plus peut se transformer en gros inconvénient. Supposons : le sportif que vous êtes veut profiter de ses escapades pour batifoler avec sa maîtresse. Raté. A l'inverse, pendant que vous avalez les kilomètres, madame sait qu'elle dispose d'une excellente fenêtre de tir pour vous tromper en toute quiétude. Il suffit de garder un œil sur le petit point bleu... Sans parler des cambrioleurs un peu branchés. Non seulement vous donnez votre adresse, mais vous leur indiquez de combien de temps ils disposent pour vous dépouiller...

Chronique "Net et sans bavure" parue en dernière page de l'Indépendant ce lundi matin. 

dimanche 20 octobre 2013

Romans - Écrits familiaux


Même après le célèbre « Famille, je vous hais » de Gide, les témoignages font recette. Exemple avec Géraldine Danon, Arthur Loustalot et Nicolas Clément.

La famille, entière et exclusive, est au centre de ces trois livres pourtant très différents. Si Géraldine Danon raconte son périple dans les glaces de l'Antarctique, Nicolas Clément emmène le lecteur au bord de la folie meurtrière avec une fille décidée à venger sa mère de la violence du père alors qu'Arthur Loustalot, dans un style étonnamment imagé, enferme ses personnages dans un appartement exclusivement féminin mais hanté par la présence masculine. La cellule familiale, heureuse, aliénante ou détruite permet à ces trois auteurs de raconter ce qui fera toujours avancer le monde : la filiation et l'héritage.


Actrice dans sa jeunesse, Géraldine Danon a vécu superficiellement. Du moins c'est l'impression générale laissée après la lecture de son périple, en famille et en voilier, dans les glaces de l'Antarctique. La jolie blonde aux rôles parfois déshabillés a laissé la place à une maman de rêve. Sa vie a basculé après sa rencontre avec Philippe Poupon, le navigateur. Deux enfants (en plus de Loup d'un précédent mariage) et l'envie de partager la découverte de notre planète avec eux. Dans « Le continent inconnu », elle raconte comment la Fleur Australe, leur maison voilier, part à la conquête du pôle Sud. Un périple dans des endroits déserts, préservés mais très inhospitalier et dangereux. Est-ce un lieu pour des enfants ? Oui s'ils sont sous la responsabilité d'un père navigateur hors pair et d'une mère attentive. Le livre, agrémenté de deux cahiers photos, raconte la région mais aussi, et surtout, les réactions des enfants et les doutes des parents. Dépaysant et instructif, un voyage immobile pour le lecteur alors que la tribu Danon-Poupon est déjà repartie pour un nouveau périple.

Papa violent

Nicolas Clément dont c'est le premier roman place lui aussi la famille au centre de « Sauf les fleurs ». Marthe, la narratrice, est une adolescente presque heureuse dans une ferme d'une région montagneuse. Elle passe ses journées entre école, animaux et câlins complices avec son petit frère. Le problème de Marthe c'est le père. Il est violent. Notamment avec la mère, victime amoureuse. Et un jour le pire arrive. La mère meurt sous les coups du père... Famille éclatée. Le cadet est placé dans une famille d'accueil, Marthe avec son premier amour part aux USA. Mais un jour elle reviendra. Elle retrouvera son père... Style acéré, phrases chocs, tension perpétuelle, ce court texte ne laisse pas indifférent. Marthe c'est un peu la figure générique de toutes les victimes lassées de subir.

Maman folle

Une mère amoureuse d'un mari absent est au menu de « La ruche » d'Arthur Loustalot. Femme à la dérive, elle a heureusement ses trois filles pour placer des garde-fous à sa démence destructrice. Car si l'amant est parti, depuis elles restent toutes les quatre dans ce petit appartement décrit minutieusement par l'auteur. Il raconte par le menu les tâches ménagères des unes et des autres. Une plongée dans la trivialité du quotidien, comme pour mieux exorciser cette descente dans les bas-fonds de l'aliénation. Un roman dur, âpre, où la jeunesse et l'insouciance sont mises à mal par cette désespérance maternelle. Trois livres différents, opposés tout en étant complémentaires. Car s'il y a des familles heureuses, d'autres sont déchirées et certaines sont condamnées.

« Le continent inconnu », Géraldine Danon, Arthaud, 19,90 €
« Sauf les fleurs », Nicolas Clément, Buchet Chastel, 9 €
« La ruche », Arthur Loustalot, Lattès, 16 €



samedi 19 octobre 2013

BD - Espions en bleu par Cauvin et Lambil chez Dupuis


Blutch et Chesterfield, les héros des increvables Tuniques Bleues de Cauvin et Lambil, quittent une nouvelle fois l'uniforme de l'armée nordiste pour une mission en civil. Les deux soldats, toujours à la recherche de la gloriole pour l'un, de la planque tranquille pour l'autre, acceptent d'endosser le costume d'espions. Ils sont chargés d'infiltrer la bande d'esclavagistes menée par le cynique Capitaine Miller. Basée sur des faits historiques avérés, l'histoire raconte comment ces renégats harcèlent les Nordistes au cœur du Colorado. L'action se déroule en grande partie dans la montagne et une mine abandonnée, l'occasion pour Lambil de truffer ses vignettes de scènes animales bucoliques. Comme si, avec le temps, il fuyait la compagnie des hommes. Il est vrai que les chamailleries incessantes de Blutch et Chesterfield pourraient être pénibles si elles n'alimentaient avec bonheur l'essentiel du ressort comique de la série.
« Les Tuniques bleues » (tome 57), Dupuis, 10,60 €

NET ET SANS BAVURE - Trésor de geek made in Apple

Vous souvenez-vous de ce que vous faisiez en 1983 ? Personnellement j'achevais mes études de journalisme et ne pensais pas une seconde au futur me contentant du présent.
D'autres, plus visionnaires, ont laissé une trace indélébile. En 1983, Steve Jobs, jeune créateur d'Apple, participe à Aspen, dans le Colorado, à l'International Design Conference dont le thème est « L'avenir n'est plus ce qu'il était ». Un raout de crème de geeks au cours duquel Jobs imagine ce qui deviendra, près de 30 ans plus tard, l'iPad. A la fin du séminaire, chaque participant doit choisir un objet, le sceller dans une poche en plastique étanche et déposer le tout dans un tuyau d'acier long de 4 mètres. Cette « Time capsule », trésor de 1983, est enfouie dans un terrain près d'Aspen. Au fil des années, la localisation exacte de la Time capsule se perd.
Diggers, une émission de National Geographic Channel se lance à sa recherche. Et la déterre fin septembre. Si certains ont déposé un téléphone (à cadran), les cassettes VHS des débats ou six bières, Jobs a choisi la souris de son ordinateur. En 1983, le Macintosh n'est pas encore commercialisé et Steve Jobs espère beaucoup en Lisa (du prénom de sa fille), un ordinateur de bureau doté d'une interface graphique et d'une souris. Lisa, trop cher, tombe dans les oubliettes. Mais la souris est toujours là.
Et comme aux USA tout se termine par une question d'argent, certains sont prêts à mettre des milliers de dollars si ce fossile informatique est mis aux enchères.

Chronique parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant

vendredi 18 octobre 2013

NET ET SANS BAVURE - Cœur de Glass à la mode Google

Elles seront LE gadget geek de 2014. Encore expérimentales, les Google Glass n'en finissent pas de faire parler d'elles. Testées par quelques chanceux, elle dévoilent chaque jour de nouvelles possibilités.
Ainsi Google vient de déposer un étonnant brevet lié à ces lunettes du futur. Étonnant car il s'agit d'accomplir un simple geste. Vous avez déjà remarqué ces starlettes ou sportifs qui, pour exprimer tout leur amour envers leurs fans, forment un cœur avec les mains. Ce cœur, avec les Google Glass deviendra l'équivalent d'un « like » sur les réseaux sociaux.
En balade, les binocles du futur sur le nez, vous tombez en admiration devant un paysage majestueux, type Canigou ou Cité de Carcassonne. Vous placez les mains devant vous et instantanément vos abonnés à Facebook ou Google+ savent que vous « aimez » ça. Vous discutez avec quelqu'un. Le moteur de recherche intégré aux lunettes l'identifie, vous branche sur sa page perso. Plus la peine de cliquer, un signe cœur et vous voilà ami avec lui. Le problème (il y a toujours un mais) : accepter de se montrer en public avec des lunettes ridicules et de faire des gestes tout aussi idiots... Dans la zone commentaires de l'article, un certain Arnaud ose un politiquement incorrect "Pour ceux qui ont qu'un bras, ça sera pas de bras, pas de like." Dans la même veine, au niveau des gestes explicites, j'en connais un autre (qui ne nécessite qu'une main et qu'un seul doigt) qui permettrait enfin de dire simplement « Je n'aime pas » ! Mais avec les Américains puritains, c'est pas demain la veille.

Chronique "Net et sans bavure" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

BD - Peur parisienne chez Delcourt


Alors que prolifèrent depuis quelques temps les BD régionalistes, Delcourt lance une collection consacrée aux maléfices parisiens. Et en découvrant ce premier épisode écrit par Pécau et dessiné par Dim D. on se dit « Mais pourquoi on n'y a pas pensé avant ? » Car Paris, capitale de légende, regorge de contes et histoires fantastiques, d'autant plus faciles à mettre en scène que les lieux sont souvent conservés en l'état. Le décor est prestigieux, reste à trouver des personnages un peu accrocheurs et des intrigues basées sur des histoires encore en vogue. 
Challenge relevé avec brio par les deux auteurs. Un vieux flic très influent est à la tête du BAP, Bureau des affaires publiques. Il a sous sa responsabilité un commissaire, sceptique et bougon mais efficace. Pour cette enquête, ils embauchent Victor, jeune spécialiste en sciences occultes et escroc à la petite semaine. Ils vont tenter de mettre fin à la malédiction de la tour Saint-Jacques en pleine rénovation. 56 pages denses et passionnantes, qui distillent entre les scènes d'actions quelques infos sur le passé de la capitale de façon encore plus ludique que les monologues de Lorant Deutsch.

« Paris maléfices » (tome 1), Delcourt, 14,30 €

jeudi 17 octobre 2013

NET ET SANS BAVURE - Le baromètre du mauvais sommeil des Français

La nuit dernière, réveil en sursaut. Comme souvent ces derniers jours, un cauchemar récurrent me tire des bras de Morphée (cliché à deux balles pour chroniqueur fatigué). Le sombre rêve tient en deux mots : "pas d'idée !" Pas la moindre idée de sujet pour la chronique de demain. Alors comme d'habitude, je me lève... et me précipite sur le PC, me connecte à Internet, surfe frénétiquement... rien.
Ma mission de divertissement public au quotidien me semble compromise quand j'ouvre le dossier spam de ma "boîtamail". Bingo ! Une agence de communication m'envoie "le baromètre sommeil des Français". Voilà comment un cauchemar vous offre une idée sur un plateau !
Le site spécialisé MySommeil propose aux internautes de déterminer leur qualité de sommeil. Après compilation de quelques milliers de tests, le verdict vient de tomber. Pour le 3e trimestre 2013, l'indice des participants est de 35 soit un "assez mauvais sommeil". Pas tout à fait réveillé, je réponds aux questions et découvre sans surprise que j'ai un sommeil "moyen", indice 40. La 3e question me demande si je suis gêné par des réveils durant mon sommeil. Je réponds trois fois oui. En plus du cauchemar, je dois rajouter les dix fois où ma femme me secoue en pleine nuit car je ronfle. Je me plains d'un mauvais sommeil avec mon petit 40 mais je devrais m'en réjouir. Elle, sur une échelle de 0 (très mauvais sommeil) à 100 (excellent sommeil) doit atteindre le - 1 000 à cause de moi.

Chronique "Net et sans bavure" parue ce jeudi matin en dernière page de l'Indépendant.