lundi 23 septembre 2013

Billet - Le milliard pour GTA V

Un milliard de dollars en trois jours. Le jeu vidéo GTA V (Grand Theft Auto, opus 5) bat tous les records. Lancement mondial après une attente de plus de 5 ans, nouvel univers, multiplication des personnages : les concepteurs n'ont pas lésiné sur les moyens. Aussi cher qu'un blockbuster hollywoodien, il rapporte plus. Et plus vite. Pas étonnant quand on voit le prix de vente. Compter 50 euros pour la version de base. 

Les coffrets collectors (avec carte de Los Santos, casquette et sac...) trouvent preneurs à plus de 200 euros. Le prix ne semble pas être un problème pour les milliers de fans, avides de se glisser dans la peau d'un des trois habitants de Los Santos, ville imaginaire d'une Californie encore plus excessive que nature. La grande nouveauté de cette cinquième version réside dans le fait que le joueur peut choisir son personnage. Un braqueur à la retraite, un petit escroc ambitieux et... un psychopathe (photo de Trevor ci-dessus). La marque de fabrique de GTA reste la violence.

Il est interdit aux moins de 18 ans et les publicités du jeu, visibles un peu partout, mettent en avant une pin-up (un peu vulgos, d'après ma femme) en bikini rouge faisant passer Lara Croft pour ce qu'elle est : quatre pixels se battant en duel... Trois personnages, des missions à accomplir, une ville à découvrir, de l'argent à gagner puis à dépenser, des sports (tennis, golf), des courses poursuites (voitures, avions) : GTA V est la somme de TOUS les jeux vidéos existants. Ce qui explique sa suprématie qui ne peut aller qu'en augmentant avec la prochaine version « online ». 

BD - Marée marrante avec Palmer en Bretagne


La crise. Toujours la crise. Jack Palmer, détective privé, est engagé comme garde du corps d'un riche homme d'affaires, invité, avec quelques uns de ses congénères dans un manoir en Bretagne. La réunion d'égos surdimensionnés va vite virer au cauchemar avec homards frelatés, fest-noz, algues vertes, porcelets et cadavre à la clé... 

Heureusement Jack Palmer, le héros au gros nez et au chapeau mou imaginé par Pétillon, est sur place pour démêler les fils enchevêtrés de l'enquête. A moins qu'il ne se fasse surprendre par la marée... Essentiellement connu pour ses dessins politiques dans le Canard Enchaîné, Pétillon retourne à ses premières amours, la BD. On retrouve son style mordant, parfait dans la caricature et l'humour décalé.

« Palmer en Bretagne », Dargaud, 13,99 €

dimanche 22 septembre 2013

BD - Petits boulots (de merde !)

Il n'y a pas de sots métiers. Par contre les petits boulots sont souvent à gerber. Vous en doutez ? Plongez dans cette BD de Sébastien Marnier et Élise Griffon. Ils racontent grâce à ces histoires courtes la multitude de jobs de merde qu'ils sont obligés d'accepter au quotidien pour survivre dans Paris. De livreur de pizza à « technicienne de surface », ces boulots ont pour point commun qu'ils ne sont que temporaires. Le genre de place où il y beaucoup de turn-over par la force des choses. 
Le couple a décidé de se moquer de ces expériences professionnelles et de partager avec le lecteur ces situations parfois irrésistibles. Comme quand Sébastien livre une pizza à une vieille vamp en déshabillé vaporeux ou qu'Elise, embauchée à Eurodisney, doit enfiler son déguisement d'écureuil dans un vestiaire mixte, pour la plus grande joie de ses collègues hommes... Tout ça pour moins de 10 euros de l'heure.

« Salaire net et monde de brutes », Delcourt, 15,50 €

samedi 21 septembre 2013

Billet - Problèmes de voisinage

Que les miens se rassurent, je ne vais pas leur consacrer cette chronique. Au lieu de regarder par la fenêtre, je me contenterai de mon écran d'ordinateur. Les sites consacrés aux déboires entre voisins font florès. ChersVoisins.net reprend des photos de mots placardés dans les parties communes. Classé par catégories (orgasmes, animaux...), le site est un gros générateur de fous rires. Les murs, trop fins, laissent passer les bruits de certains ébats. Les doléances, parfois crues, se montrent aussi pleines de tact : « 
Nous vous remercions de participer à la croissance de la population, mais serions encore plus reconnaissants de pouvoir dormir le matin. 
» Sur Voisins-de-merde.fr les histoires sont plus étoffées. On découvre le pouvoir de nuisance des épieurs, des propriétaires de chiens ou des amateurs de musiques modernes. Souvent plus triste que comique. Le blog emmerder-son-voisin.com annonce la couleur dans son intitulé. Vous trouverez quelques recettes simples mais efficaces pour vous venger d'empêcheurs de vivre en paix.

Comment m'est venue l'idée de cette chronique ? Pas dans mon voisinage, adorable dans l'ensemble sauf... Non, la délation, très peu pour moi. L'envie de parler des voisins m'est venue après avoir bien rigolé en lisant un exemplaire de « La petite bibliothèque grinçante » de Monique Neubourg consacrée aux voisins. Vient de paraître aux éditions Chiflet et Cie et ne coûte que 5,95 €. Un bon investissement pour assurer sa tranquillité.

vendredi 20 septembre 2013

ÇA BRUISSE SUR LE NET : Sophia se marre

Impitoyables les téléspectateurs. Avant, quand une émission ne fonctionnait pas, il fallait attendre les audiences pour s'en rendre compte. Aujourd'hui, les chiffres sont quasiment connus en direct et avec les réseaux sociaux, on peut se faire une idée précise sur le succès du programme. Sophia Aram en fait les frais depuis lundi, jour de lancement de son émission « Jusqu'ici, tout va bien », à 18 h 15 sur France 2.
La première tendance sur Twitter était sans équivoque : « Sophia Aram ne rame pas avec son émission, elle se noie ! » pour l'un, « Là, je suis même étonné que France 2 laisse le premier numéro de #JITVB se terminer... Ils mettent quoi demain à la place ? » surenchérit l'autre un peu expéditif. Pour l'instant, l'émission n'est pas déprogrammée. Si elle passe le cap de la première semaine, beaucoup seront déçus. La mentalité n'a pas changé depuis des siècles. Brûler quelqu'un en place publique est une occupation typiquement française. Mais ce ne serait que la seconde à passer à la trappe après des débuts laborieux. Morandini, pourtant installé sur la case depuis quelques années a fait pire en audience. En qualité, n'en parlons pas... Ce qu'on ne peut pas reprocher au talk-show de Sophia Aram. De François Berléand à Charlotte Gabris en passant par Arnaud Tsamère, la distribution est brillante. Donc, contre vents et marée l'animatrice peaufine, en direct, son émission annoncée « sans concept ». Bref, Sophia ne rame pas, Sophia se marre

jeudi 19 septembre 2013

Billet - Energie « vinique »

Les vignerons de la région n'ont plus de souci à se faire pour leur avenir. Les ordinateurs portables pourraient devenir leur planche de salut. La bonne nouvelle vient de Californie, des bureaux de recherches du géant Intel
®. Ces puces et processeurs, les véritables « intelligences » de nos ordinateurs, ont de moins en moins besoin d'énergie pour fonctionner. La preuve grâce aux expériences du docteur Genevieve Bell. Dans son labo, elle a fait fonctionner le processeur Intel® grâce à l'énergie... d'un verre de vin. Elle plonge deux électrodes dans le liquide et le mélange entraîne une réaction avec l’acide acétique. Un courant électrique infime mais suffisant.

Mais comment a-t-elle eu cette idée on ne peut plus iconoclaste ? Je soupçonne un scénario moins politiquement correct. Un jour, lassée de ses recherches absconses enfermée dans un labo sans âme, elle craque et ouvre une bonne bouteille pour oublier son travail aliénant. Pas de chance, un big boss passe dans les parages. « Docteur Bell, vous buvez au travail ? » « Euh.... Vous vous méprenez. C'est pour les besoins d'une expérience... Une nouvelle énergie... » Voilà, selon moi, comment Genevieve Bell a découvert l'énergie « vinique ». Et mon esprit tordu imagine la suite de l'histoire : devenue alcoolique, elle suit une cure de désintoxication, se détourne du vin et sombre dans la boulimie. Depuis elle tente de faire fonctionner ses processeurs en plantant les électrodes dans des milkshakes. A moins que pour compenser elle se tourne vers le sexe. Les électrodes ? Pas de commentaires.
 
Chronique "ça bruisse sur le net" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant. 

Roman - Bruno Tessarech raconte la vie de nègre en service commandé


Écrivain sans succès, Louis survit en rédigeant les livres des autres. Un boulot de nègre disséqué par Bruno Tessarech dans un roman hilarant.

Écrire n'a jamais aidé à faire bouillir la marmite. Dans l'imagerie populaire être romancier c'est travailler chez soi, à son rythme, sans contrainte. La réalité est plus complexe. Fin de mois difficiles, refus des éditeurs, manque d'inspiration : tout concourt à rendre le créateur neurasthénique. Louis, le personnage miroir du roman de Bruno Tessarech, est en plein doute. Incapable de finir un roman mal emmanché, délaissé par sa compagne, il ne trouve même plus la volonté pour faire le ménage. Le salut viendra d'un vieil ami éditeur. Un de ces faiseurs de livre qui sent les envies du public. Un ancien taulard sur la voie de la rédemption, belle gueule télégénique, veut raconter son expérience. Louis est contacté. Il sera son nègre. Une première expérience pour cet écrivain dans une impasse personnelle. Avec beaucoup d'humilité, il va se donner la chance de raconter les histoires d'un autre puisqu'il n'a plus l'imagination d'inventer celles de ses personnages fictifs. Loin d'être des mercenaires sans cœur, les nègres s'investissent souvent plus que de raison dans les biographies de stars légendaires ou éphémères. Louis va passer de longues heures avec son taulard, peu bavard, un peu intimidant. Et finalement le romancier va se lancer dans un exercice risqué : réinventer l'histoire d'un homme. La formule infaillible pour plaire. On a beau être connu, intègre, entier, enjoliver l'enfance ne fait de mal à personne. Et quand on commence, difficile de s'arrêter.
Le premier boulot de nègre de Louis fut un échec retentissant. Pas en raison de la qualité du texte, irréprochable, mais de la mauvaise promotion de l'auteur officiel. Sur papier il vante les mérites de la réinsertion, dans la réalité il vient de se reconvertir dans le négoce international, pris par la patrouille « avec plusieurs pains de shit dans le coffre de sa voiture ».

Le chirurgien et l'écologiste
Quelques mois plus tard, nouveau contrat. Louis est chargé de romancer la vie d'un grand chirurgien. Seul problème, de taille : sa spécialisation. Allez faire rêver les foules avec des touchers rectaux et des opérations de la... prostate. Malgré son investissement total, le livre écrit par Louis ne paraîtra pas. Mais cela ne le décourage pas, lui qui est toujours en panne d'inspiration et dont l'existence est dramatiquement morne : « Je n'avais aucun rendez-vous. Ma vie était creuse. Vivre ou écrire, il fallait choisir. Comme j'en étais incapable, le résultat n'était pas glorieux. Je ne vivais plus, et je n'écrivais guère. » Bruno Tessarech étant tout sauf un dépressif chronique, son roman reprend du souffle avec l'écriture du livre d'un des chantre de l'écologie française. On rit beaucoup au portrait de cet éternel jeune homme scrutant la fonte de la calotte glaciaire avec autant d'attention que son début de calvitie. Et pour Louis c'est le jackpot. Des dizaines de milliers d'exemplaires vendus et suffisamment d'argent pour se consacrer à son œuvre. A la différence près que sa réputation dans le milieu négrier lui offre nombre de contrats de plus en plus conséquents... et difficiles à refuser. Car même les nègres ont leurs auteurs stars !
Bruno Tessarech dévoile au passage quelques secrets, comme ce jeu de glisser au sein de chaque biographie, dans le 2e paragraphe de la page 207, une indiscrétion très people totalement exclusive. Cet « Art nègre » ne déroge pas à la règle, preuve que c'est bien lui qui l'a écrit.
 
« Art nègre » de Bruno Tessarech, Buchet-Chastel, 15 €

mercredi 18 septembre 2013

Billet - Lapin meurtrier


#SoutienAuLapin ? Ce mot-dièse ou hashtag caracole en tête des discussions sur Twitter depuis lundi soir. Il a pris la place de #SoutienAuBijoutier. Face à la page Facebook ouverte pour exprimer sa
solidarité avec le bijoutier de Nice (plus de 1,6 million de « likes » en quatre jours), un pastiche a vu le jour. Reprenant la typographie et les arguments de l'original, cela devient « Soutien au lapin qui a tué un chasseur » avec en explication : « Soutenons ce lapin qui ne faisait que son travail ». Lancé dimanche, la page SoutienAuLapin, comme celle du bijoutier, célèbre régulièrement sa progression. Première étape « 38 soutiens. Merci ». Rapidement le buzz fonctionne. Lundi soir plus de 130 000 personnes ont cliqué sur le « j'aime » de la meilleure réponse aux dérives extrémistes de certains soutiens au bijoutier. Mercredi à 10 heures, les 250 000 étaient dépassés. Preuve que l'humour peut aussi être politique. Et vous, plutôt bijoutier ou lapin ? Si vous ne savez pas, faites ce petit test. Allez sur chacune des pages, vous verrez combien de vos amis ont fait le choix. Personnellement le lapin l'emporte, 10 à 3.

Et à ceux qui pensent que c'est ridicule un lapin qui tue un chasseur, relisez vos classiques comme cette « Idées noires » de Franquin parue en 1977 : grâce à « PANDAN-LAGL : la cartouche de sécurité pour les lapins », un chasseur découvrait la joie de recevoir une volée de chevrotines en pleine tête.


BD - Paco les mains rouges, un bagnard aimant

On a beaucoup écrit sur le bagne de Guyane. Inhumain, violent, mortel... Pourtant « Paco les mains rouges », roman graphique écrit par
Fabien Vehlmann et dessiné par Eric Sagot prend le lecteur à contre-pied  C'est une histoire d'amour, une simple romance, belle et tragique. Patrick Comasson, dit Paco, est instituteur. Il a tué un homme. La justice le condamne au bagne à vie. Tout heureux d'échapper à la guillotine, Paco réalise tardivement qu'entre la mort et l'enfer, le choix serait vite fait. 
Dans le bateau conduisant les forçats en Guyane, il se fait tatouer dans le dos un squelette armé d'une faux. Au dessin : Armand, dit la Bouzille, un ancien des Batdaf'. Paco, dès le premier jour au bagne, se fait violer par trois détenus. Le lendemain, il en tue un par vengeance, Pour se faire respecter aussi. L'ancien instituteur devient infirmier pour le bagne et croise de nouveau Armand. C'est dans la moiteur de l'infirmerie qu'il a le coup de foudre. Cette BD, étonnante voire déroutante, est d'une force incroyable.

« Paco les mains rouges » (tome 1), Dargaud, 14,99 €

mardi 17 septembre 2013

Billet - Roucas, Dahan... humoristes en perdition

Ils ne nous font plus rire. Jean Roucas et Gérald Dahan, quasiment simultanément, quittent le cercle des humoristes pour celui des tristes sires. Le premier s'affiche en tête des soutiens de Marine Le Pen à l'université d'été du Front National, le second publie
un tweet raciste et insultant sur Jean-Vincent Placé, leader écologiste. Si le cas de Jean Roucas, chansonnier rarement inspiré, déjà étiqueté « populaire tendance populiste » dans le défunt Bébête Show, n'étonne pas grand monde, le dérapage de Gérald Dahan interpelle. Hier matin, il tweete ce trait d'esprit qu'il croit certainement drôle : « Jean-François Placé on dirait Eva Joly qui reviendrait de Fukushima ». Réplique immédiate de l'intéressé, toujours sur Twitter : « Moi, c'est Jean-Vincent :-) Vous êtes humoriste ? »
En plus du caractère ouvertement raciste de la blague (Jean-Vincent Placé est d'origine asiatique), Dahan se trompe sur le prénom. L'imitateur, connu pour ses canulars téléphoniques, réussit l'exploit de se mettre tout Twitter à dos et permet au sénateur Vert de redorer son blason sur les réseaux sociaux après quelques petits dérapages, comme cette photo où il exhibe fièrement sa pêche du jour, un bar de 47 cm, cliché comparé à celui de Poutine et son brochet. Jean Roucas ne faisait plus rire depuis longtemps. Gérald Dahan est sur la même pente.
Etrange comme certains humoristes vieillissent mal. Finalement, Coluche, Le Luron et Desproges ont eu raison de partir « jeunes ». 
Edit : Gérald Dahan a réagi et garde son tweet en l'état.