mardi 10 juillet 2012

BD - Violette, la pin-up burlesque de François Amoretti



Attention messieurs, si vous ouvrez cette BD de François Amoretti, vous avez toutes les chances de tomber raide amoureux de Violette, le personnage principal. Cette blonde aux yeux langoureux est bassiste dans un groupe de rock. Petite amie du chanteur et compositeur de Grrrl spécialisé dans le rockabilly, elle est pulpeuse et tatouée. Deux atouts dans son autre métier, plus alimentaire, celui de mannequin pour dessous féminins. Violette crève l'écran et la scène. Elle est en couverture et quasi présente dans toutes les planches. Et de moins en moins vêtue car elle se lance dans une troisième carrière : stripteaseuse. Rien de graveleux dans cet album. Au contraire, tout en étant très sexy cela reste étonnamment classe.
« Burlesque Girrl » (tome 1), Ankama, 11,90 €

lundi 9 juillet 2012

Roman - Derniers excès de Sade

La Sibylle, la voyante de la Révolution imaginée par Nicolas Bouchard rencontre le marquis de Sade, vieux et malade mais toujours très imaginatif...


Marie-Adélaïde Lenormand, la voyante de la Révolution française, surnommée communément la Sibylle, est impliquée malgré elle à la préparation du coup d'État du 18 fructidor an V mené par Barras. Le président du Directoire écarte les derniers royalistes. Sans verser le sang selon l'Histoire officielle. Il en va de toute autre manière dans ce roman de Nicolas Bouchard. Mêlant personnages de fiction et véritables célébrités de l'époque, le romancier français utilise son intrigue pour décrire avec minutie les mœurs de l'époque. Corruption, violence et libertinage forment la sainte trinité de ces temps heurtés.

Le marquis de Sade, après des années d'exil et d'emprisonnement, a retrouvé la liberté. Il a sauvé sa tête, mais le libertin sait que les hommes dirigeant le Directoire ne l'apprécient guère. Quasiment ruiné, il rentre à Paris en compagnie de sa maîtresse du moment, Constance, une ancienne actrice. Il a tenté, vainement, de vendre ses dernières propriétés en Provence pour payer ses dettes. C'est donc un homme fatigué, ayant énormément grossi et vivant au jour le jour qui retrouve sa maison de Saint-Ouen.

A peine arrivé, il est sollicité par trois mystérieuses et riches bourgeoises. Membres d'une société de gens de lettres, Les Bellas Almas, elles expliquent à Sade admirer ses écrits, « surtout lorsque ceux-ci s'éloignent des sentiers battus. Vous ne manquez pas d'originalité dans vos idées ni de vigueur dans votre style. » Et elles lui commandent une pièce de théâtre avec comme simple directive : « N'hésitez pas à donner libre cours aux dérèglements de votre imagination. Que la débauche et le stupre s'exposent sur la scène dans toute leur abomination ! » Sade, méfiant, craint un piège. Mais la confortable avance finit par le convaincre. Le marquis se met au travail, trouve un théâtre et un compositeur, les acteurs et actrices étant choisis par les Bellas Almas.

Meurtres déjà écrits

Alors que les préparatifs vont bon train, la Sibylle est assaillie de visions dans son cabinet de voyance. Visions cauchemardesques de meurtres. Et systématiquement, elle constate la présence d'un homme gros et menaçant. Marie-Adélaïde sait que son don est infaillible. Les rêves deviennent réalité. La police découvre des femmes horriblement mutilées après avoir subies les derniers outrages. Seules, mais aussi parfois en compagnie de leur amant. Des mises en scène rappelant étrangement certains passages d'un livre attribué à Sade et encore inédit : « Les 120 journées de Sodome ».

Troisième volet des aventures de la Sibylle, ce roman est parfois aussi sulfureux que l'œuvre de Sade. Nicolas Bouchard pour les besoins de l'intrigue a du décrire certaines scènes quasi insoutenables. Sade, assagi depuis ses années de prison, n'est pas le monstre que l'on croit. Il s'alliera temporairement à la Sibylle pour tenter de sauver sa tête. Et par certains aspects, il est diablement sympathique. Il est vrai que sa philosophie de vie, le plaisir avant tout, dénotait en ces temps où complots et manigances laissaient peu de temps à l'amusement.

« La Sibylle et le marquis », Nicolas Bouchard, Belfond, 19,50 €  (également disponible au format poche chez 10/18)

jeudi 28 juin 2012

BD - Secrets de famille chez Lloyd Singer alias Makabi

Lloyd Singer, alias Makabi, a de gros problèmes familiaux. Le héros imaginé par Luc Brunschwig et dessiné par Olivier Martin (il prend la suite de Neuray, créateur de la série) se retrouve dans le cabinet d'une psychiatre pour une thérapie familiale dont il se serait bien passé. En jeu, la vie de sa sœur, Esther. Souffrant d'anorexie mentale aiguë, ils vont tous ensemble tenter de découvrir d'où vient ce rejet de toute nourriture. Une façon détournée pour le scénariste pour s'intéresser à l'enfance de Lloyd et à l'émergence de Makabi, le justicier qu'il devient la nuit pour traquer les « méchants ». Dans cette famille juive, Lloyd, seulement âgé de 14 ans, a du remplacer du jour au lendemain ses parents morts dans un accident de la circulation. Une lourde responsabilité pour un adolescent plutôt gringalet. Et il ressort que si le père était aimé de tous, la mère des quatre frères et sœurs était d'une humeur plus changeante. Un épisode moins mouvementé mais qui replace parfaitement le héros dans ce qu'il a de plus attachant : son humanité.

« Lloyd Singer » (tome 7), Bamboo Grand Angle, 13,90 €

mercredi 27 juin 2012

BD - Edith Hardy à la recherche des diamants de la honte


Edith Hardy, ravissante détective privée parisienne des années 50, poursuit ses aventures avec toujours Christin au scénario et Goetzinger au dessin. Double récit dans ce septième album. Alors que Victor, le jeune employé d'Edith décide de partir pour l'Algérie afin de retrouver sa fiancée, reporter pour un journal de gauche, Edith est contactée par un riche joaillier. Il la charge de retrouver qui vient de remettre sur le marché un diamant venant de la collection des Lévy-Sanders. Des pierres disparues en même temps que leurs propriétaires, exterminés par les nazis dans les camps de la mort. L'histoire va conduire Edith dans les bidonvilles de la banlieue parisienne, en pleine reconstruction mais encore très pauvre. En parallèle, Victor aura bien des difficultés à retrouver la jolie Rosa, prisonnière des factions d'extrême-droite, de plus en plus actives dans une Algérie en pleine guerre, même si les autorités ne veulent surtout pas utiliser ce terme.
Une série à découvrir, alliant élégance et intelligence, deux qualités devenues très rares dans la production BD actuelle...

« Agence Hardy » (tome 7), Dargaud, 11,99 €

mardi 26 juin 2012

BD - "Motherfucker" de Ricard et Martinez : noir et radical



Si Barack Obama est aujourd'hui président des USA, il y a moins de 50 ans, l'égalité des droits entre Blancs et Noirs était encore un sujet brûlant. Dans les années 60, le Black Panther Party militait de façon radicale contre la ségrégation raciale. C'est un peu l'histoire de ce mouvement que retracent Sylvain Ricard et Guillaume Martinez. Le premier écrit un scénario articulé autour des revendications du parti, le second les met en images dans un noir et blanc aux multiples nuances. 
Vermont Washington, jeune Noir, est au centre du récit. Son grand-père a été victime du Ku Klux Klan. Il est né à Watts en Californie et vit actuellement à Detroit. Mais même dans ces états du Nord, le racisme est encore fort. Difficulté de trouver du travail, un logement, d'éduquer ses enfants : le sort des Noirs était peu enviable. Vermont veut faire changer les choses. Mais la radicalité du parti semble plus figer la situation que de permettre de la faire évoluer. Et il doit en plus se battre contre sa propre famille, plus habituée à courber l'échine qu'à protester. 
Une BD politique très forte, sur une Amérique qui longtemps a été tout sauf exemplaire...

« Motherfucker » (tome 1), Futuropolis, 15 €

lundi 25 juin 2012

Polar - Argent sale islandais au pied de la "Muraille de lave" d'Arnaldur Indridason

Erlendur en vacances, un de ses adjoints, Sigurdur Oli, va mener une difficile enquête dans cette Islande pourrie par l'argent facile.

Ecrit en 2009, ce roman d'Arnaldur Indridason était prémonitoire. Il aborde le problème des taux de crédits irréalistes qui ont plongé le pays dans la faillite. Mais contrairement à la Grèce, les Islandais ont décidé de se remettre seuls en selle, balayant devant leur portes et n'hésitant pas à emprisonner ces banquiers indélicats. C'est un peu grâce à des romans policiers de ce genre que la prise de conscience a eu lieu. A méditer dans tous les pays d'Europe.

Dans le concert des nouveaux auteurs de polars européens, l'Europe du Nord se taille la part du lion, les Suédois mais également les Islandais, notamment Arnaldur Indridason. Il décrit avec un pessimisme rare l'évolution de la société islandaise. Son héros récurrent, Erlendur, de plus en plus découragé, décide de prendre quelques jours de vacances. Il quitte la capitale et se réfugie dans les hauts plateaux, là où la nature règne toujours en maître. Erlendur totalement absent de l'intrigue, l'auteur décide de mettre le focus sur un de ses adjoints, Sigurdur Oli.

Coup de main à un ami d'enfance
En plein divorce, Sigurdur est tiraillé entre sa volonté de respecter scrupuleusement la loi et son dégoût des délinquants. « S'il y avait une chose qu'il n'aimait pas dans son travail, c'était de se montrer courtois avec des rebuts tels que ce Kritjan, de prendre des pincettes avec des types qu'il méprisait profondément et de s'abaisser à leur niveau. (…) Ils n'avaient rien en commun, ce ne serait jamais le cas et ils ne pouvaient simplement pas discuter d'égal à égal. L'un était un multirécidiviste, l'autre un honnête citoyen. »

Libéral déclaré, admirant le modèle américain au point de passer ses nuits à regarder des matches de base ball, Sigurdur doit également supporter sa mère, très autoritaire et son père, malade et trop gentil. Un environnement qui pourrait en faire craquer plus d'un. Mais le flic islandais est solide et tenace. Un peu faible aussi. Quand un de ses amis d'enfance lui demande d'intervenir discrètement dans une affaire de chantage, Sigurdur ne sait pas dire non. Il se rend au domicile d'une femme, une échangiste, bien décidée à rembourser ses dettes en faisant chanter la belle-sœur de l'ami de Sigurdur adepte de ces parties fines. Sur place, le policier découvre la femme le crâne fracassé. Visiblement, il a été précédé par quelqu'un qui a trouvé une solution plus expéditive.

Nature hostile, éléments déchaînés
L'enquête va s'écarter des milieux libertins pour se diriger vers le métier de la victime. Expert-comptable, elle était régulièrement en relation avec des banquiers. Certains de ces « nouveaux Vikings », maniant les millions avec dextérité, profitent à plein des taux d'intérêt ridiculement bas dans leur pays pour lancer des OPA sur nombre de sociétés européennes. Tout viendrait d'une promenade tragique, quelques mois auparavant sur les falaises de Svörtuloft, la muraille de lave. Un homme y a trouvé la mort. Accidentellement selon les secours. « Dès le point du jour, les recherches avaient repris et on avait passé au peigne fin le bord de la muraille de lave en surplomb de la mer. C'était un à-pic vertigineux, l'océan se déchaînait sur la paroi de basalte et le vent soufflait avec une telle violence qu'on peinait à tenir debout. » Les sauvages paysages Islandais occupent une place importante dans ce roman, comme souvent dans l'œuvre d'Arnaldur Indridason.

Nature hostile, hommes refermés sur eux-mêmes... Ce polar au cours sinueux et multiple débute avec la violence d'un torrent pour s'achever avec la force d'un immense fleuve emportant tout sur son passage. Notamment le secteur bancaire du pays.

« La muraille de lave », Arnaldur Indridason, Métailié Noir, 19,50 € (« La rivière noire » vient de sortir en poche chez Points)

dimanche 24 juin 2012

BD - Les truands du réel héros de bande dessinée



Les nouveaux héros ne sont pas forcément des « gentils ». Dans la série « Gangs » écrite par Bartoll, c'est même l'inverse. Les héros sont ces hommes et ces femmes « membres des gangs les plus dangereux de la planète. » « Ils sèment la terreur, bafouent les lois et font la une des médias ». Là aussi, le scénariste a choisi la solution des dessinateurs multiples. Branislav Kerac assure les exploits des « Pink Panthers » (anciens militaires serbes) alors que Andronik et Mavric règlent leur compte au MS13 (Mara Salvatrucha, des Salvadoriens). Les premiers se sont spécialisés dans le vol de bijoux dans des braquages éclairs et jamais violents. Des millions de pierres précieuses recyclées dans les ateliers de la mafia russe. Ils sont presque sympathiques ces voleurs ingénieux ne laissant jamais tomber leurs compagnons d'armes. Du côté de la MS13 c'est beaucoup plus violent. Peu de chance d'en réchapper, même si on est un flic d'élite infiltré. Des BD très documentées. Très sombres aussi, comme notre monde actuel...

« Gangs » (tomes 1 et 2), Jungle Thriller, 11,95 € chaque volume

samedi 23 juin 2012

BD - Deux nouveaux signes pour le Zodiaque de Corbeyran



Corbeyran
, fait partie avec Morvan, Giroud et Desberg de ces scénaristes prolixes, touche-à-tout et capables de mener des projets lourds avec plusieurs dessinateurs sur une période très réduite. Il vient de se lancer dans l'aventure Zodiaque. Une année, 12 titres sur chaque signe rythmant notre horoscope. Les deux premiers étaient particulièrement réussis, les deux suivants tout aussi concluants. L'idée est excellente, les récits sont indépendants tout en laissant une petite place au feuilleton, les différents protagonistes semblant tous se connaître d'un passé commun. 
Chaque personnage a un talisman lui donnant des pouvoirs surnaturels. Agatha, voyante du signe du gémeaux, a le don de localiser les disparus si elle est en possession d'un objet de la personne recherchée. Elle va se mettre au service d'une jeune femme malade, à la recherche de son frère jumeau. 
Dans « L'héritage du Cancer », Naomie, bouquiniste new-yorkaise, retrouve dans sa boutique inondée un vieux grimoire donnant le secret de la vie. Côté dessin, le Cancer, de Robin, est d'un très haut niveau.

« Zodiaque » (tomes 3 et 4), Delcourt, 13,95 € chaque volume

vendredi 22 juin 2012

BD - "Lancelot" d'Alexe et Peru : du bon et du grand Graal



La collection Soleil Celtic change de look. Mais le fond reste le même. Lancelot, série des Légendes arthuriennes, propose son tome 3. Olivier Péru est au scénario et Alexe au dessin. Cette dessinatrice, autodidacte de la BD, est une touche-à-tout de l'art. Formation musicale, connaissance en graphisme 3D, elle a finalement choisi ce qui lui plait le plus : le dessin. Elle excelle dans ces décors moyenâgeux avec héros musclé et belles sorcières charmeuses. 
Lancelot, au centre de l'intrigue, a révélé son grand secret. Ce chevalier est une femme. Sa sensibilité ne l'empêche pas de tomber follement amoureux de l'épouse du roi Arthur. Ce récit, entre passes de magie, combats à l'épée, intrigues et tentatives d'invasion du pays sur fond de construction de Camelot se dévore d'une traite. 
La légende, bien que vue et revue a toujours autant de charme. En plus, le trait d'Alexe, entre grâce et force, donne encore plus de crédibilité à cette histoire transgenre bien avant l'heure.

« Lancelot » (tome 3), Soleil, 13,95 €

jeudi 21 juin 2012

Poche - Jouons avec les mots

Voilà un petit livre idéal à emporter pour vos vacances. Les soirs d'ennui, ensemble, testez vos connaissances littéraires. 

Des quizz originaux vous permettront de briller en société... ou d'apprendre une multitude de choses. Non, la culture n'est pas ennuyeuse ! 

(Folio, 2 €)