mardi 20 mars 2012

BD - Jack Black, le Phénix des agents secrets imaginé par Ange et Khaled



Qui est Jack Black ? Agent mythique des forces spéciales anglaises, il est le héros d'une nouvelle série, toute en testostérones, signée Ange (scénario) et Khaled (dessin). De nos jours, en Ukraine, des terroristes récupèrent les souches d'une arme bactériologique. Jack Black intervient pour détruire les virus. Seul, il est débordé et froidement abattu. Fin de Jack Black. Du moins de celui-là. Car Jack Black c'est le nom générique du meilleur élément disponible dans les rangs des forces anglaises. Un de perdu, un de retrouvé... De plus il est amélioré avec des produits à côté desquels les dopants des sportifs font figure de placebo.
Ce premier album nous permet de faire connaissance avec le nouveau Jack, comprendre comment il est amélioré et surtout comment il va devoir tirer un trait sur sa vie normale. C'est très viril, manichéen et patriotique, mais dans la lignée des James Bond, Jason Bourne et Jack Bauer, les autres JB de l'imaginaire collectif mondial.

« Jack Black » (tome 1), Soleil, 14,30 €

lundi 19 mars 2012

BD - Le Spirou oublié de Nic Broca et Raoul Cauvin




Au début des années 80, les éditions Dupuis ont beaucoup hésité sur la reprise de leurs personnages emblématiques, Spirou et Fantasio. Fournier écarté, plusieurs auteurs ont été sollicités. Nic Broca pour le dessin et Cauvin au scénario ont été retenus. Mais en parallèle Tome et Janry ont pu développer leur vision du héros popularisé par Franquin. Résultat, deux Spirou ont cohabité quelques mois et finalement celui de Nic et Cauvin a été mis au rebut au bout de trois albums. Trois histoires qui ressortent aujourd'hui dans la collection reprenant l'intégrale des aventures du groom rouge. Un peu de fantastique, pas mal d'humour bon enfant (Cauvin oblige), des méchants manquant un peu de saveur, des décors minimalistes mais un découpage irréprochable : ces Spirou sont un peu oubliés des spécialistes. Les retrouver, notamment avec un dossier racontant avec minutie les déboires des auteurs rapidement désavoués par les éditeurs, permet de réparer une injustice et de jeter un œil plus averti sur cette BD populaire.

« Spirou et Fantasio » (intégrale, tome 12), Dupuis, 20,50 €

dimanche 18 mars 2012

BD - "Freaks Squeele" : un trio de héros tout en couleur




Double dose de Freaks Squeele ce mois-ci. En plus du 5e tome de cette série entre le manga et le comics de super-héros, le tout dans un style proche de la BD franco-belge, vous pourrez retrouver Chance, Ombre de Loup et Xiong Mao dans une reprise, en couleur, de leurs premiers pas à la Faculté des Études Académiques des Héros. 
Florent Maudoux, le créateur de cet univers riche et prenant, nous fait découvrir ces trois élèves d'une école d'exception. Trois solitaires qui vont finalement se trouver et faire naturellement équipe. Xiong Mao, la plus normale, est la fille d'un parrain des triades chinoises. Experte en art martial, elle n'a jamais peur. 
Chance, démonette très fashion, a plus d'un tour dans son sac. Quand à Ombre, cette bête colossale à la force surhumaine, il cache un cœur d'or et est un grand timide. Dès les premières pages on est sous le charme. Redécouvrir ces BD en couleurs, dans un format plus classique, est une excellente idée.

« Freaks Squeele » (tome 1 en couleur, tome 5 édition normale), Ankama éditions, 11,90 €


vendredi 16 mars 2012

Roman - Rome, sanglante et sensuelle

Une esclave et un gladiateur vont tenter de s'aimer dans la Rome de l'empereur Domitien. Un roman d'amour et de haine signé Kate Quinn.

Nous n'avons pas idée de l'importance des jeux du cirque au temps de la splendeur de l'empire romain. L'arène permettait de voir et d'être vu. Et au centre, les gladiateurs étaient les stars d'aujourd'hui. « La maitresse de Rome », roman de Kate Quinn nous donne une bonne idée de l'ampleur du phénomène. La romancière américaine, dont c'est le premier ouvrage et qui a toujours baigné dans la Rome antique grâce à son père, historien, sacrifie au genre (une histoire d'amour tumultueuse et à rebondissements), pour mieux nous faire vivre le quotidien des grands mais aussi des moins que rien, les esclaves.

Sans tomber dans le manichéisme absolu, elle dresse quatre portraits, quatre personnalités qui vont s'opposer tout au long de ces 550 pages. Thea et Lepida chez les femmes, Arius et Domitien chez les hommes. Thea, esclave, Arius, gladiateur. Domitien, empereur, Lepida, noble ambitieuse.



La Juive et le Barbare

Thea, jeune juive rescapée de la ville martyre de Masada, est au service de Lepida. Les deux jeunes filles vont remarquer Arius, nouveau gladiateur qui fait se lever les foules. Arius, un Breton, à la carrure d'athlète sculptée après des années de travaux forcés dans les mines de sel. Aujourd'hui il est sur le point de devenir une des attractions des jeux. Quelques combats facilement remportés, et son propriétaire décide de lui faire affronter le meilleur gladiateur du moment, Bellérophon.

Arius, orphelin, perdu dans cette vile de Rome si différente de ses forêts lointaines, n'a plus aucune raison de continuer à vivre. Si ce n'est ce démon qui s'empare de lui quand il est au centre de l'arène. Un démon qui le pousse à tuer sauvagement tout être vivant s'opposant à lui. « L'épaule ouverte, Bellérophon cessa de sourire et commença à se battre pour de bon, mais il était trop tard. L'épée d'Arius emporta le haut de son bouclier, lui entailla largement les côtes, arracha la moitié des doigts de sa main gauche... » Arius devient le Barbare. Son règne va durer de longues années.
Quelques mois de bonheur
Lepida fait tout pour conquérir le cœur (et la couche) du Barbare. Mais Arius l'ignore. Par contre il n'est pas insensible à la tristesse de Thea, la messagère de Lepida. Un soir, l'amour est plus fort que tout. « Du pouce, Arius caressa la courbe de ces lèvres, puis y posa sa bouche. Il sentit ces lèvres s'ouvrir sous les siennes, et un violent frisson de joie traversa tout son corps. » Mais quel peut être l'avenir d'un homme risquant de mourir tous les mois sont les coups de ses adversaires avec une petite esclave juive ? Le bonheur ne dure que quelques mois. Lepida, découvrant leur relation, revend Thea au tenancier d'une maison close. Arius est envoyé en Germanie divertir les soldats.

L'histoire continue quelques années plus tard. Thea est devenue Athena, une chanteuse de talent, Arius est toujours vivant malgré quantité de cicatrices. Lepida a de plus en plus d'ambition. Elle entreprend de séduire Domitien, l'empereur. Mais une nouvelle fois Thea va se mettre en travers de son chemin. Choisie pour être la Maîtresse de Rome, Thea va enfin espérer pouvoir regagner sa liberté. Mais en tombant dans les griffes de Domitien, c'est une épreuve encore plus redoutable qui se présente à elle.

Ce roman n'est pas qu'une simple histoire d'amour impossible entre deux parias aux cœurs purs. C'est aussi un remarquable tableau des mœurs de l'époque. Fascination du peuple pour les jeux, cruauté des puissants, début de la persécution des Chrétiens, vous y trouverez beaucoup plus qu'une romance à l'eau de rose.

« La maîtresse de Rome », Kate Quinn, Presses de la Cité, 22 €

jeudi 15 mars 2012

BD - Un historien sur le chemin des nazis : "Ars Magna" de Alcante et Jovanovic




Bruxelles, 1944. Les troupes allemandes sont à la recherche du manuscrit d'un message crypté caché sous la grand place, des siècles plus tôt. C'est Hitler en personne qui vient, en cachette, le récupérer car la légende prétend qu'il pourrait « faire gagner la guerre et établir le règne du Reich pour 1000 ans. » Mais le führer est devancé par un jeune historien se trouvant là presque par hasard. Obligé de fuir, il va recevoir l'aide de la Résistance qui profitera de l'aubaine. Ce thriller ésotérique et historique, avec un soupçon de fantastique est du à l'imagination d'Alcante, scénariste marchant de plus en plus dans les pas de Jean Van Hamme. Jovanovic, au dessin, sert fidèlement cette intrigue foisonnante à travers les âges.

« Ars Magna » (tome 1), Glénat, 13,90 €


mercredi 14 mars 2012

BD - La fin des Autres gens à l'issue de la seconde saison




Depuis avril 2010, « Les Autres gens » passionnent au quotidien des centaines de lecteurs. Coup de tonnerre début mars, Thomas Cadène, le scénariste et concepteur de ce projet de feuilleton BD publié sur internet, annonce son intention de mettre fin à l'aventure en juin prochain. Il promet un « final en apothéose » « Parce que je n’ai pas envie que nous soyons autre chose qu’une réussite. » L'enjeu était de taille à l'heure du tout gratuit sur internet. Car pour lire les aventures de Mathilde, sa famille et ses amis, il fallait s'abonner. Une somme quasi symbolique pour un épisode par jour, toujours écrit par Thomas Cadène, mais avec un dessinateur différent à chaque fois. Le modèle économique est novateur et tente de démontrer que la création graphique peut se passer du support papier. Pari gagné. Après des centaines d'épisodes, des rebondissements étonnants, des problématiques très actuelles (argent, sexe, politique...) et un travail harassant du scénariste incapable de regretter, au final, « les nuits sabotées, les week-end réduits à néant et les vacances amputées », les fans devront trouver ailleurs leur dose de quotidien romancé.

Et pour les retardataires, les inconditionnels du papier, « Les Autres gens » sont publiés par les éditions Dupuis. Le tome 5 vient de paraître.

mardi 13 mars 2012

BD - Bélier contre Taureau : les deux premiers titres de la collection Zodiaque



Nouvelle série flash, signée cette fois Corbeyran. Le scénariste de l'univers des Stryges a imaginé 12 albums (publiés en un an) autour des signes du zodiaque. Les deux premiers, Bélier et Taureau, viennent de paraître avec Goethals et Horne au dessin. Le bélier est flic à Chicago et tente de mettre la main sur un serial killer. 

Le taureau est un ancien trader tentant de se racheter une conduite après des années à brasser des milliards.
Deux récits indépendants, si ce n'est une ultime planche annonçant le 13e album, celui qui expliquera au final les pouvoirs des mystérieux talismans. 
Ces deux albums, à la limite du fantastique, sont passionnants et très instructifs sur les qualités et défauts de ces signes zodiacaux.

« Zodiaque » (tomes 1 et 2), Delcourt, 13,95 €


lundi 12 mars 2012

BD - Viking vs krökken dans le premier tome d'Asgard de Nury et Meyer




Un monstre marin, un krökken dans l'imaginaire viking, terrorise un village de pêcheurs. Pour le mettre hors d'état de nuire, les chefs décident de faire appel à Asgard. Surnommé " Pied-de-fer ", c'est un paria car estropié de naissance. Sur un drakkar spécialement aménagé, en compagnie d'un noble, d'un poète, d'une maîtresse femme et d'une orpheline débrouillarde, il va tenter de piéger la bête.

Écrite par Fabien Nury, cette histoire abordant le thème des différences, est dessinée par Ralph Meyer. Les scènes de combat lui permettent de donner toute latitude à l'amplitude de son trait, sec et précis. Depuis " Berceuse Assassine ", tout ce qu'a entrepris ce dessinateur est marqué du sceau " chef-d'œuvre ".


« Asgard » (tome 1), Dargaud, 13,99 €


vendredi 9 mars 2012

BD - Iznogoud, 25 histoires pour les 50 ans


25 histoires d’Iznogoud signées René Goscinny et Jean Tabary pour marquer les 50 ans du personnage. Parues entre 1962 et 1978, ces histoires de 2 à 16 planches sont des bijoux d’humour et de dérision. On peut y retrouver la première planche avec Iznogoud, dans sa version originale, en noir et blanc, parue dans le journal Record, puis sa version redessinée et en couleur parue dans Pilote, 11 ans plus tard. Un album de 280 pages présentant également la genèse des personnages, des portraits des auteurs historiques, un lexique des personnages et même une compilation des meilleurs calembours et jeux de mots dont la série est truffée.
Enfin, Anne Goscinny a retrouvé dans les affaires de son père le dernier scénario d’Iznogoud. Pour lui rendre hommage, elle publie la version écrite en vis-à-vis de la planche dessinée par Jean Tabary.
Une façon de découvrir comment travaillait ce génie de l’humour dont on ne dira jamais assez combien sa disparition prématurée à 51 ans nous a privés de milliers de pages hilarantes.

« Iznogoud, 25 histoires de Goscinny et Tabary », Imav Editions, 29,90 euros.


jeudi 8 mars 2012

BD - De Jean à Nicolas : la filiation Tabary

Pour dessiner le nouvel album d'Iznogoud, Anne Goscinny n'a pas eu besoin de chercher un illustrateur coulant son trait dans celui de Jean Tabary. La succession était déjà en cours. Nicolas, le fils de Jean, après s'être approprié le personnage dans quelques gags, a signé la précédente histoire longue, « Les mille et une nuits du calife ». C'est donc un Iznogoud quasi identique graphiquement au personnage connu qui a débarqué cette semaine chez les libraires.



Nicolas, pourquoi cette reprise du dessin d'Iznogoud ?
A la base je travaillais dans la publicité. Je faisais des dessins pour des institutions. Mais je travaillais avec mon père, on était très proche. Quand j'ai dessiné des strips d'Iznogoud, il m'a donné des conseils et je les ai suivis. Je respectais tellement son travail que je voulais que cela corresponde exactement à ce qu'il attendait. Mais je n'ai pas copié mon père. J'ai dessiné la série dans son esprit, sans systématiquement me référer à ses précédents albums. Je ne me suis pas forcé à prendre son graphisme. Si je dessine comme mon père c'est que j'aime dessiner de cette façon-là parce que j'ai baigné dedans toute ma vie depuis ma plus tendre enfance.

Comment s'est passé votre collaboration avec Nicolas Canteloup et Laurent Vassilian.
Le scénario était très intéressant car plein de nouveaux personnages, Iznogoud toujours dans tous ses états, pleins de jeux de mots. J'ai respecté le scénario mais au niveau graphisme et univers, j'ai eu carte blanche. Au niveau des personnages, j'ai pris du plaisir à dessiner leurs expressions. J'aime beaucoup la tête des personnages. Des fois, rien qu'en voyant la tête d'un personnage qui réagit, de voir sa tronche, on sourit car on le voit tout déformé. C'est quelque chose qui me tient à coeur, c'est de faire vivre les expressions.

Votre prénom Nicolas vient-il de l'autre personnage de Goscinny.
Je n'en ai pas parlé directement avec mes parents, mais je pense qu'ils ont été inspiré car le petit Nicolas a été créé bien avant ma naissance. Quand mes parents se sont mariés, j'étais déjà dans le ventre de ma mère. Et c'est marrant car Goscinny et Charlier étaient témoins au mariage. En plus, mon parrain c'est Gotlib. Sans parler de mes oncles, pierre, qui signait des illustrations sous le nom de Peter Glay dans Pilote et Jacques qui dessinait les aventures d'un magicien et les modes d'emploi des gadgets dans Pif. Donc je suis vraiment tombé dans la BD comme Obélix dans la potion magique...