mardi 10 août 2010

BD - Miss Annie va vous faire craquer


Il parait qu'il suffit, pour qu'un blog fonctionne sur internet, d'y mettre quelques photos ou dessins de chatons. Si la recette fonctionne de la même façon dans l'édition, ce « Miss Annie » de Flore Balthazar (dessin) et Frank Le Gall (scénario) est promis à un bel avenir. 

Miss Annie c'est le nom de cette adorable petite chatte qui pour l'instant n'a pas encore quitté la maison de ses maîtres. Mais cela ne saurait tarder. Elle a quatre mois et commence à être « mature ». Les premiers chapitres, comme une mise en bouche, content la vie de cloitrée de Miss Annie. 

La petite chatte tourne en rond et fait donc de plus en plus de bêtises. Quand, par miracle, elle découvre une fenêtre entrouverte, elle en profite immédiatement pour sauter sur la branche d'un arbre voisin. Et en avant pour la grande aventure. Elle rencontrera les autres chats du quartier qui vont se charger de son éducation féline. Cette histoire, toute simple, dessinée sans effets, est d'une grande tendresse. 

Ceux qui ont eu une petite chatte dans leur foyer s'y retrouveront certainement.

« Miss Annie », Dupuis, 13,50 €

lundi 9 août 2010

Souvenirs - Pas commode le père Léandri

Bruno Léandri se souvient de son père. Surtout de ses colères et éructations. Un beau récit de la vie des banlieusards des années 50/60.


Cela fait des années que Bruno Léandri hante les pages de Fluide Glacial. Dans le mensuel « d'umour et bandessinées » il signe une nouvelle, parfois un roman-photo dont il est le héros et une rubrique répertoriant trouvailles et inventions loufoques de ces dernières années. Large lunettes, front dégarni, moustache touffue et tombante, Bruno Léandri fait partie de ces iconoclastes qui ont toujours quelque chose à apprendre, à vous apprendre. Dans « Encyclopédie de mon père », il parle de son enfance de banlieusard dans les années 50/60, mais surtout de son père, Pierre. Un portrait tout en colères et en éructations, entre rires et larmes.

« Gueulements intempestifs »

Devenu adulte, vivant de sa plume, Bruno Léandri écrit quelques superbes pages sur son paternel, comme tout le monde devrait pouvoir le faire, histoire de soulager le trou de la sécu de quelques séances chez les psys. Le père Léandri est « soupe au lait ». Il en faut peu pour qu'il sorte de ses gonds. N'importe où, n'importe comment. « Par ses gueulements intempestifs en public, mon père avait la sale manie d'attirer sur lui l'attention des foules et sur nous la honte. » L'opposé absolu de Bruno, le petit dernier, discret, malingre, renfermé. Mais il profitait du spectacle continu qu'était la vie de son père. A l'adolescence, cela s'est compliqué : « Après la puberté, l'hostilité qui s'installa entre mon père et moi connut un paroxysme de deux ans. Je l'ai haï très fort, méprisé, rejeté, agoni d'insultes. Et puis ça s'est calmé peu à peu, les premiers vols planés hors du nid relativisent beaucoup les drames de vermisseaux et de coquilles d'œufs ».

Une France d'antan

Le père Léandri était un comptable qui, en raison de son caractère entier, changeait souvent d'employeur. A l'époque, retrouver une place était chose aisée. Le foyer ne roulait pas sur l'or, mais avait suffisamment pour se payer des vacances au pays, la Corse. Bruno se souvient de la tension qui précédait ces expéditions durant la bagatelle de 48 heures (une nuit de train, une journée à Marseille, une nuit en ferry pour la traversée, et pour finir quelques heures en bus pour rejoindre le village du sud de l'île). Il raconte cette véritable odyssée avec cet humour et cette légèreté qui a fait le succès de ses nouvelles dans Fluide Glacial.

Ce récit, s'il fait la part belle à ce tonitruant papa, est aussi l'occasion pour Bruno Léandri de raconter ses nombreuses madeleines, du cinéma de quartier aux fauteuils de velours rouge, à l'épicier chez qui ont faisait les courses au quotidien, sans oublier les feuilletons radiophoniques et les albums de Tintin reçus en cadeau à Noël. C'est toute une époque qui revit sous sa plume. Il n'a pas son pareil pour nous remettre en mémoire ces petits moments précieux que tout un chacun (de plus de 45 ans) a déjà vécu, de la communion en aube blanche au pique-nique improvisé, un beau dimanche de printemps, avec salade, œufs durs et tranches de jambon au menu. Une France heureuse et simple. Dieu, qu'elle semble loin aujourd'hui...

« Encyclopédie de mon père », Bruno Léandri, Flammarion, 18 € 

dimanche 8 août 2010

Thriller - Enlèvement, basculement, avec « Les quatre fins dernières »

Aucune nouvelle, aucune piste, la petite Lucy Appleyard s'est volatilisée laissant ses parents dans un immense désarroi.


Un sang d'encre -titre de la collection aux Presses de la cité- est bien l'expression qui convient à ce roman d'Andrew Taylor paru en 2003.

Quoi de plus atroce pour une maman d'aller chercher sa fille de quatre ans chez sa nounou et, en lieu et place de l'ambiance tranquille des habituels jeux, de fins de journée, de trouver une maison en pleine effervescence, grouillant de policiers et de voisins. Lucy a disparu.

Dans sa petite tête rêveuse d'enfant de quatre ans, elle a chipé le porte-monnaie de la nounou dans l'intention d'aller s'acheter la boîte de magie tant convoitée.

Trois minutes d'inattention de la nounou et Lucy se retrouve dans la cour de la maison, seule, hésitant à franchir le portail interdit. Juste le temps et l'opportunité qu'attendait Eddie. Depuis plusieurs semaines, avec sa compagne Angel (comme quoi il ne faut jamais se fier aux apparences, même d'un prénom !), il connaît sur le bout des doigts l'emploi du temps de la petite fille et de ses parents. Et même si l'enlèvement n'était pas programmé ce jour-là, il a réussi au-delà de toutes les espérances d'Eddie et Angel la tyrannique.

Remises en question

A partir de ce moment, les policiers sont sur la brèche. Même Michaël, le père de Lucy, policier lui aussi, se lance dans une recherche désespérée malgré l'interdiction de sa hiérarchie, le considérant trop. impliqué pour effectuer un travail objectif. Quant à Sally, première femme pasteur de l'Eglise anglicane de la petite communauté de quartier de Kensal Yale et mère de Lucy, elle se retrouve en proie à des interrogations et des doutes qu'elle n'aurait jamais crus possibles sur l'essence même de sa foi.

Les interventions du parrain de Michaël, ecclésiastique lui aussi et comme la majorité, opposé à l'ordination des femmes, ne font qu'envenimer une situation déjà tendue à l'extrême.

Pour tout arranger, au lieu de les rapprocher dans l'épreuve, les relations entre Sally et son mari se détériorent rapidement, mettant à nu une tension latente depuis plusieurs mois.

Ange ou démon ?

Dans cette histoire a double face - celle des ravisseurs et celle des victimes – les personnalités ressortent avec une virulence teintée d'une palette aux mille nuances, soulignant là tout le talent de l'auteur.

Si l'on a rapidement catalogué Angel parmi les « méchants », Eddie lui est présenté comme un pédophile, certes, et donc condamnable à 200% ; mais par de nombreuses facettes, tant dans son comportement que dans son caractère, l'auteur arrive à le rendre presque sympathique, en tout cas susceptible de provoquer la pitié du lecteur.

Incroyable et d'autant plus dérangeant que l'actualité bien réelle celle-là, n'épargne pas enfants et parents.

On ne peut néanmoins que saluer Andrew Taylor pour la finesse d'analyse des personnalités multiples de tous les protagonistes ainsi que le rythme tantôt lancinant, tantôt haletant de l'intrigue. .

Tel un morceau de musique bien orchestré, les pianissimos s'entremêlent aux fortes pour se terminer en un crescendo fortissimo.

Fabienne Huart

« Les quatre fins dernières » de Andrew Taylor aux Presses de la Cité, 18,90 euros

samedi 7 août 2010

BD - De la volaille à plumer


Avouons-le, parfois, cela fait du bien de se moquer de la maréchaussée. « Les Poulets du Kentucky » a cet effet salutaire car il a pour héros des policiers américains assez calamiteux. Dommage que les auteurs (Richez au scénario et Saive au dessin) n'aient pas francisé leur concept. « Les poulets de la Bresse » auraient été tout aussi marrants, voire plus...

Donc nous sommes au Kentucky, dans une ville moyenne qui ne vit que par et pour l'industrie du poulet, le gallinacée. Les policiers locaux ont fort à faire, notamment l'agent Garcia, une hispanique fière et très à cheval sur les principes. Son premier souci, paradoxalement, c'est son coéquipier, Peeper. Avant tout il est roux. A cette tare suprême, il faut y rajouter le fait qu'il est raciste, fils du gouverneur, idiot, obsédé sexuel et pour finir persuadé que Garcia est sa sœur... Ce duo, classique dans toute histoire comique, fonctionne parfaitement. Il est vrai que Pepper est un condensé de bêtise ambulante et que ses initiatives sont toujours plus foireuses les unes que les autres. 

De la prise d'otages à la demande de rançon en passant par le simple tapage nocturne, il n'a pas son pareil pour transformer la moindre enquête ou mission en catastrophe qui salira l'honneur de la police pour les dix siècles à venir. Les gags sont souvent efficaces et Saive, au dessin, arrondit un peu son trait pour entrer dans le moule d'une école belge (de Marcinelle en l'occurrence) redoutable d'efficacité et de lisibilité.

« Les poulets du Kentucky » (tome 2), Dupuis, 9,95 € 

vendredi 6 août 2010

BD - Léa ne sait plus vivre...


Album très littéraire que cet énigmatique « Léa ne se souvient pas comment fonctionne l'aspirateur ». Beaucoup moins étonnant quand on sait que c'est Corbeyran qui a scénarisé cette belle histoire dessinée par un petit prodige coréen, Gwangjo. 

Une BD littéraire dont le personnage principal est Louis Levasseur. Ce prototype d'écrivain fauché et en mal d'inspiration trouve son salut dans les poubelles de ses voisins. Un soir, il récupère un cahier d'écolier dans lequel Léa raconte ses malheurs. Une maladie en fait. Léa est incapable de se souvenir comment fonctionne les appareils ménagers. De l'aspirateur à la cafetière électrique en passant par le lave-linge. 

Cette jeune épouse au foyer confie au cahier sa détresse. Elle ira même consulter une voyante pour tenter de trouver une solution. Ce qu'il est advenu de Léa, le cahier ne le dit pas, mais Louis va l'imaginer et signera ainsi un best-seller international qui lui permettra de changer de vie. Quelques années plus tard, l'écrivain, par hasard, tombe sur Léa. Il va tenter de la séduire, comme pour s'excuser de s'être enrichi avec ses difficultés. Il découvrira une femme plus complexe que prévue, fière et indépendante. 

Cela aurait pu être une petite bluette dans l'air du temps avec fin heureuse et jolie morale. Corbeyran y met beaucoup plus, s'attaquant à un fait de société qui risque d'en surprendre plus d'un. Ces 128 pages sont dessinées au crayon à papier par un jeune dessinateur maîtrisant à la perfection toutes les nuances de gris de sa palette.

« Léa ne se souvient pas comment fonctionne l'aspirateur », Dargaud, 19 € 

jeudi 5 août 2010

BD - Boiscommun nous donne des murs pour horizon


Dans un futur que l'on ne souhaite à aucun de ses descendants, les hommes et les femmes vivent séparés dans une ville entourée de hauts murs. Cette société, très policée, ne laisse pas la place à l'amour, la compassion, la joie. 

Régulièrement, hommes et femmes sont tirés au sort pour vivre quelques journées ensemble. Si en surface la police du Présideur fait régner la terreur, dans les sous-sols il en est tout autrement. Des « infidèles » entendent redonner espoir à la population en se battant pour qu'enfin vienne le temps de la Cité de l'Arche. 

Cette nouvelle série de Boiscommun est particulièrement riche. Graphiquement d'abord. Il mélange vieille ville et technologie du futur, robots et créatures cauchemardesques. Pour ce qui est du scénario, on découvre les rigueurs de cette société à travers les yeux d'un jeune homme qui est tombé amoureux d'une femme aperçue de loin.

« La Cité de l'Arche » (tome 1), Drugstore, 13,90 € 

mercredi 4 août 2010

BD - Le jour sans du Chevalier maudit


Si vous êtes à la recherche de héros positif et exemplaire, n'ouvrez pas cette BD de Rémy Benjamin (scénario) et Pero (dessin). Par contre, si vous êtes à la recherche de preuves sur la noirceur de l'âme humaine, vous vous délecterez de cette histoire de chevalier maudit. 

Au Moyen Age, Roland, un châtelain, se prépare à partir pour les croisades. Officiellement au nom de Dieu et pour porter la bonne parole, officieusement pour tuer, piller et violer. Il laisse sa femme seule au château. En Croisade, il est accompagné de ses gens, soldats qui vont se fondre dans l'immense cortège. Une croisade qui ne sera pas de tout repos pour Roland, constatant au fil des jours qu'il n'a pas de chance. Accident de chariot, cheval mort, chutes, sans oublier ces oiseaux qui se soulagent sur lui. Rapidement le rumeur court : Roland est-il maudit ? 

Dès les premières défaites cela devient une évidence pour tous. Roland est obligé de fuir, la malédiction augmentant sur le chemin du retour. Une histoire habile et un dessin en devenir sont les atouts de cette BD.

« Un jour sans », Ankama Editions, 12,90 € 

mardi 3 août 2010

BD - Le Tueur de Matz et Jacamon peut-il s'humaniser ?


Le Tueur poursuit son œuvre sur les terres vénézuéliennes. Passé à la solde de Cuba, il abat plusieurs responsables de la junte ayant renversé le président élu. Pour une fois, il semble être du bon côté. Cela ne l'empêche pas de tuer méthodiquement, sans états d'âme. Que cela soit des militaires sanguinaires l'indiffère. Il a pourtant un peu l'impression d'œuvrer pour l'avenir de la planète et de ses habitants. 

Il se trouve que le Tueur est devenu père. Est-ce pour son fils qu'il s'humanise ? Matz, le scénariste, y apporte un embryon de réponse quand il relève que « au XXe siècle, les guerres génocides et massacres ont fait plus de 170 millions de morts. Et la plupart de ces gens ont été tué par de bons pères de famille, sûrs de leur bon droit et de leur force... Parfois même au nom de leurs enfants ». 

La série, toujours dessinée par Jacamon ne fait pas dans la dentelle. « L'homme est-il bon ? » se demandait Moebius. Il est méchant, tout simplement.

« Le Tueur » (tome 8), Casterman, 10,40 € 

lundi 2 août 2010

Roman - Carcans britanniques malmenés par Alan Bennett

La vie en couple entraîne une sclérose des sentiments. Pour Alan Bennett, l'auteur de ce roman, rien de tel qu'un cambriolage pour casser les carcans.

Une plongée vertigineuse dans le quotidien d'un couple anglais : tel est le menu principal de ce court roman d'Alan Bennett. L'auteur, connu pour ses séries télé, pièces de théâtre et désormais romans, décrit la vie de ses compatriotes avec une rare acuité.

Maurice et Rosemary Ransome semblent être les archétypes des Anglais bon teint, stricts et coincés. Le seul plaisir de Mr Ransome est l'écoute de la musique classique. Après une soirée à l'opéra, ils tombent des nues en constatant qu'ils ont été cambriolés. Leur appartement a été vidé. De fond en comble. Jusqu'aux rideaux et au papier toilette... « Le vol d'une chaîne hi-fi est parfaitement banal. Celui d'une moquette l'est moins. »

Exit les habitudes

Passé la surprise, il faut réagir. Alors que Mr Ransome cherche une cabine téléphonique pour prévenir la police (qui ne viendra que 5 heures plus tard), Mrs Ransome attend, « assise le dos au mur à l'endroit où elle se serait normalement allongée si leur lit n'avait pas disparu. » La force des habitudes...

Le quotidien parfaitement réglé et morne des Ransome se trouve donc bouleversé. Le lendemain matin, Maurice, avoué, se fait un point d'honneur à aller travailler comme si de rien n'était. « Il n'était pas lavé, pas rasé, il avait le derrière en compote et s'était contenté pour le petit déjeuner d'un filet d'eau froide, au robinet de l'évier. Toutefois, aucun des arguments qu'aurait pu avancer Mrs Ransome ne l'aurait empêché de se rendre héroïquement à son travail. Elle savait du reste, instinctivement que, même dans ces circonstances sans précédent, son rôle consistait à flatter le noble dévouement de son mari. »

La vraie vie

Alan Bennett brosse avec brio le portrait de ces deux spécimens assez particuliers. Maurice, tout en principe et rigueur, semble inébranlable. Ce n'est pas le cas de Rosemary qui finalement va profiter de cet événement pour sortir de son train-train. Pour remeubler l'appartement, elle va découvrir d'autres magasins, notamment cette épicerie pakistanaise dont elle n'osait pas franchir le seuil et qui se révèle une caverne d'Ali-Baba pour s'assurer un minimum de confort. Par exemple ces poufs, elle dit des « balles de haricots », remplacent avantageusement les vieux fauteuils. Elle va se mettre à cuisiner des curry, porter de fausses perles, envisager de peindre les murs en blanc. Et regarder la télévision l'après-midi. « Affalée sur sa balle de haricots au milieu du parquet dénudé de son salon, Mrs Ransome découvrit qu'elle n'était pas malheureuse, que sa situation présente avait une réalité bien plus grande et que, indépendamment du confort que chacun est en droit d'attendre, ils allaient désormais pouvoir mener une vie moins douillette... » Une prise de conscience augmentant quand ils vont enfin découvrir pourquoi on les a cambriolés.

La force du texte d'Alan Bennett n'est pas dans cette révélation mais bien dans la seconde naissance de Mrs Ransome. De victime passive de sa vie écrite à l'avance elle va se transformer en décideuse dominante. Mr Ransome n'est pas au bout de ses surprises.

« La Mise à nu des époux Ransome », Alan Bennett, Denoël, 12 € 

dimanche 1 août 2010

Fantastique - Terreur au château de Shirley Jackson


« Je m'appelle Mary Katherine Blackwood. » C'est la première phrase de ce roman. Une jeune fille de 18 ans, surnommée Merrycat par sa sœur Constance. Merrycat qui raconte à la première personne leur déchéance. Merrycat que le lecteur n'est pas prêt d'oublier. Séduit dans un premier temps par cette sauvageonne rêveuse, il sera petit à petit terrorisé en découvrant ses véritables pensées et la façon bien particulière qu'elle a de se venger quand on la punit.

Ces deux sœurs vivent dans une grande maison isolée au milieu d'un parc interdit au public. Il est vrai que leurs relations avec les villageois se limitent au strict minimum. Merrycat se contente d'aller en ville deux fois par semaine pour faire des courses. Constance vit cloîtrée dans sa maison depuis des années. Un terrible drame a bouleversé leur vie. Depuis, les

dernières descendantes de la famille Blackwood sont devenues les têtes de turc de toute la contrée. Insultes, humiliations, plaisanteries grasses et quolibets, rien ne leur est épargné. Une ambiance exécrable qui se détériore au fil des pages, augmentant le sentiment d'oppression qui ne peut qu'aboutir à une explosion de violence.

Shirley Jackson a dû mettre beaucoup d'elle-même dans le personnage de Merrycat. Si dans un premier temps elle a essentiellement écrit des livres pour enfant, elle a rencontré un succès considérable aux U.SA dès qu'elle a abordé la littérature d'horreur. Personnage excentrique s'autoproclamant sorcière, on peut également lire d'elle (toujours chez Pocket) « La loterie » et « Maison hantée. »

« Nous avons toujours habité le château.», Shirley Jackson, Pocket, (chronique parue une première fois en février 1999)