samedi 10 février 2007

BD - "Kia Ora", dramatique exil austral par Jouvray et Efa


"Kia ora"
cela veut dire au revoir en maori, la langue des tribus de Nouvelle-Zélande. Le premier tome raconte les déboires de Nyree, une fillette arrachée à son milieu d'origine. Un récit touchant et sensible. Au début du XXe siècle, une jeune institutrice se souvient. 

Quand elle n'était qu'une fillette, rechignant à apprendre, turbulente. Ses parents parviennent difficilement à subvenir aux besoins du foyer. Quand le père se retrouve au chômage, la situation semble désespérée. C'est à ce moment qu'un Anglais débarque dans le petit village Maori. Il cherche à présenter au public européen des spectacles typiques de cette région du monde. 

Il propose donc aux membres de la troupe de danse du village de partir six mois en Europe pour donner une dizaine de représentation de danses guerrières. Le salaire est correct et surtout il est payé d'avance. Le père et la mère de Nyree décident de partir, laissant la fillette, avec l'argent, aux grands-parents. 

Olivier Jouvray a écrit le scénario avec son épouse, Virginie Ollagnier-Jouvray. Efa, dessinateur catalan, installé en France assure le dessin. (Vents d'Ouest, 13 €) 

vendredi 9 février 2007

BD - Elsie tape dans l’œil de Kurdy


Le monde dans lequel évolue Jeremiah est plein de paradoxes. Dans le petite ville de Langton se côtoient une armée de voleurs, des commerçants opulents, de riches propriétaires, des flics intègres, des puritains, des putains, des ambitieux, des lâches. 

Toute une Humanité en réduction dans laquelle l'arrivée de Jeremiah en compagnie de Kurdy et de la jeune et naïve Milova va provoquer un beau chambardement. Jeremiah s'est installé chez sa tante Martha. 

La vieille femme acariâtre a Kurdy dans le nez. Ce dernier, est en mal d'affection. Il la trouvera dans les bras d'Elsie, voleuse en rupture de ban. Elsie, personnage libre et calculateur, héroïne de cette 27e aventure. Elle découvrira tout le potentiel de Milova, trahira puis se rachètera.

C'est violent, âpre, sans concession : c'est du Hermann. Cet auteur à part n'aura jamais infléchi ses histoires en fonction d'un politiquement correct de plus en plus de mise de nos jours. Il nous en met toujours plein la vue avec ses cadrages dynamiques, son souci du détail et surtout ses couleurs directes. (Dupuis, 9,80 €) 

jeudi 8 février 2007

BD - Le tueur et le flic : Malone de Michel Rio et Rovero


Le commissaire Francis Malone n'intervient que dans les dernières pages du premier tome de l'adaptation du roman "Faux pas" de Michel Rio. Les 3/4 de l'album se résument à un face à face entre un tueur implacable et sa victime désignée. Dessin réaliste au cordeau de Pierpalo Rovero, longues séquences muettes, cette BD offre au lecteur cette ambiance typique des œuvres de Michel Rio qui a signé l'adaptation. 

Dans un pavillon de banlieue, le tueur, après avoir visité les lieux de fond en comble, s'installe dans le bureau, regarde longuement une photo de famille (une mère et sa fille), prend un livre dans la bibliothèque et se met à lire. Plus tard, quand le propriétaire des lieux pénètre dans sa maison, le tueur lui explique qu'il est là pour le tuer, mais qu'il a la possibilité de racheter le contrat. 

Il suffit de lui donner la photo de sa femme et de sa fille en échange de la vie de l'homme qui a payé pour l'éliminer. Drôle de marché, qui se termine dans un bain de sang. Une dizaine de cadavres, bonne raison pour demander à Malone de s'occuper du problème. (Casterman, 9,80 €) 

mercredi 7 février 2007

BD - Nina, fille de la favela


La vie de Nina n'est pas enviable. Cette petite fille habite dans une favela. Sa mère, très malade, ne peut plus subvenir à leurs besoins. Nina va donc aller avec les autres enfants travailler. Un travail éprouvant et dangereux : récupérer des objets dans un immense champ d'ordures régulièrement approvisionné avec les restes de la grande ville. Mais Nina n'est qu'une fillette. 

Au lieu de se précipiter sur les meilleures pièces, elle cherche de quoi s'amuser. En fouillant, elle découvre une petite main qui dépasse des gravats. Elle dégage un adorable nounours, pratiquement intact, comme jamais elle n'aurait rêvé en posséder. 

Un trophée qu'elle serre sur son cœur et refuse de céder. Un rayon de soleil qui va cependant lui coûter cher. Des voyous vont tenter de s'en emparer, et pour se venger d'avoir échoué, ils tuent la maman de Nina. La fillette, désespérée, se croit seule et abandonnée quand elle découvre que le nounours parle et se déplace. Il s'agit d'un prototype aux pouvoirs immenses.

Une BD pour les plus jeunes, dessinée par Loïc Sergeat et mise en couleurs par Emmanuel Lepage. (Albin Michel, 12,50 €)

mardi 6 février 2007

BD - Or sale dans les "Secrets bancaires" de Richelle et Dominique Hé


Comment transformer des détournements de fonds et de blanchiment d'argent en histoire passionnante ? Philippe Richelle, le scénariste de cette série, a certainement longuement hésité avant de se lancer dans l'aventure. 

Il y a matière à raconter, mais comment transformer le tout en ensemble cohérent et intéressant ? La solution est simple : l'argent n'est rien sans les gens qui le convoitent. Il est donc question de billets, de lingots d'or dans « Secrets bancaires », mais les véritables héros ce sont les nombreux protagonistes gravitant dans ce milieu. Dans le troisième épisode, premier du second cycle, l'or est en vedette. Thomas Charvet charge des lingots en provenance d'Uruguay. 

Des lingots qui passent également par les mains d'un ferronnier d'art. En parallèle un jeune commerçant exhibe devant son cousin de province sa réussite sociale, essentiellement due à un trafic de grosses coupures vers la Suisse. Mais quand il tente de truander son fournisseur, tout dégénère. 

Pistes multiples pour une intrigue complexe mise en images par Dominique Hé.

 ("Secrets bancaires", Glénat, 9,40 €) 

lundi 5 février 2007

BD - "London Calling" de Runberg et Philcil : les aventuriers de la pop perdue


Au début des années 90, nombre de jeunes Français ont tenté l'expérience de l'Angleterre. Les passionnés de musique électronique ont transformé Londres en un temple incontournable. Thibault et Alex, les héros de "London Calling", série écrite par Sylvain Runberg et dessinée par Philcil, font partie de ces aventuriers de la Pop perdue. 

Thibault a un avantage : il a passé une année outre Manche dans le cadre du programme Erasme. Il espère que son correspondant de l'époque, Andrew, pourra l'héberger comme il l'avait promis au moment des adieux. Grosse désillusion pour les deux Marseillais : Andrew a bien changé, il leur conseille d'aller squatter un appartement vide. 

Une pratique devenue courante dans cette Angleterre très libérale, ne laissant plus beaucoup de choix aux plus pauvres pour se loger. Ce récit, largement inspiré de l'expérience personnelle du scénariste, montre les différentes facettes de la perfide Albion : lutte politique violente, créativité débordante, conservatisme à tout crin et multiculturalité omniprésente. 

Une première partie de cet album avait été publiée dans la défunte collection 32. Dorénavant la couverture est cartonnée, mais le format plus petit. (Futuropolis, 13,50 €)


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dimanche 4 février 2007

Roman - "L’Eternel sentit une odeur agréable" de Jacques Chessex chez Grasset


Dans ce roman sans tabou de Jacques Chessex, Jules-Henri Mangin, se remémore sa vie entière à traquer les odeurs de femmes, et surtout un certain été de 1960. 

Un été jurassien, sec, enflammé, jaune. Cet orphelin tranquille servait la messe et aidait à la mise en scène d'une pièce de Roger Vailland. Entre le garçon qu'obsèdent les odeurs du vice et le l’écrivain libertin au regard froid, se noue une amitié faite d'initiation progressive au plaisir. On découvre une facette cachée du romancier français. Avec sa compagne, il profite de week-ends enflammés avec la complicité de jeunes gens consentants. Toute la question est de savoir si Jacques Chessex raconte des faits historiques ou romance des impressions. 

Dans quelques interviews publiées après ce roman, il ne donne pas les clés, au contraire, cherchant à encore plus brouiller les cartes. On doit donc se contenter de la vie étriquée de Jules-Henri, gentil gestionnaire la journée, monstre de lubricité la nuit. Jules-­Henri, à la retraite, retrouve l'une des complices de cette comédie qui a mal tourné, l'es­pagnole et brune Maria Elena. Tout recommence, dans l'attrait du péché. Jusqu’au dérapage qui risque de faire cauchemarder ce bourgeois bien pensant, attaché aux apparences.

 L’écriture de Jacques Chessex, très talentueuse et aboutie, ne parvient cependant pas à totalement gommer le sentiment de gêne, voire de dégoût, qui ressort de certaines scènes trop crues.

« L’Eternel sentit une odeur agréable », Jacques Chessex, Grasset, 18 € 

samedi 3 février 2007

BD - L'Argentine violente et romantique racontée par Trillo et Domingues sdans "La marque du péché"


L'histoire de l'Argentine a toujours été très agitée. Cette colonie espagnole est passée par plusieurs étapes de rébellion et de guerres civiles avant de connaître un semblant de stabilité depuis quelques décennies. L'action de cette nouvelle série se déroule en 1850. 

L'Argentine et l'Uruguay sont en conflit ouvert. Le général Rosas, dictateur sanguinaire, règne sur Buenos Aires. Les révolutionnaires tentent de le renverser. Dans cet imbroglio, Thomas Vida, dessinateur satirique fuyant les persécutions du régime de Louis Philippe, va se trouver confronté à un ange. Blessé, il est secouru par la belle Angustias. La jeune femme est veuve depuis peu. Quelques minutes après son mariage, son époux est abattu. 

Un sort tragique commun à tous les hommes qui l'approchent. Mais avec Thomas, c'est une nuit d'amour frénétique qui l'attend. Il va falloir maintenant aux tourtereaux éviter le courroux du frère, bras droit de Rosas. 

Écrite par Trillo, cette histoire romantique et passionnée, donne l'occasion à Domingues de dessiner les courbes tentantes et enchanteresses de la belle Angustias. 

"La marque du péché", Albin Michel, 13,90 € 

vendredi 2 février 2007

BD - Retour à la planète berceau pour la série "Nova Genesis" de Chabbert et Boisserie


Dernier épisode pour la série Nova Genesis écrite par Pierre Boisserie et dessinée par Eric Chabbert. Will, de banal étudiant américain, est devenu pilote d'un vaisseau spatial extraterrestre. Le jeune homme, pourchassé par l'armée comprend enfin d'où il vient et quel est son rôle. 

Dans cette quatrième partie, Will et ses amis, Bob, son guide et Lolita, sa petite amie, débarquent sur Nova, la planète d'origine. Mais il ne trouvent qu'une vile déserte. Les « Purs », la caste dominante, semblent s'être évaporés. 

Une simple illusion d'optique, les Purs ne sont pas complètement détruits mais l'équilibre de Nova, lui, n'est plus qu'un lointain souvenir. La caste inférieure, les Alpha, s'est révoltée. Les ruines sont nombreuses sur la planète ravagée. Mais le retour de Will va permettre de résoudre le principal problème de la population de Nova : l'impossibilité de procréer pour prolonger une civilisation en train de s'éteindre. 

Une série de science-fiction qui, après des épisodes particulièrement mouvementés, laisse beaucoup de place aux explications, parfois hermétiques, préparation d'une chute originale. (Glénat, 12,50 €)

jeudi 1 février 2007

BD - La planète détraquée c'est le "Biotope" de Brüno et Appollo


Biotope est une planète entièrement recouverte de forêt. Une base peuplée de scientifiques permet d'étudier ce milieu vierge. Seule une navette mensuelle relie Biotope à la Terre. La dernière arrivée débarque trois policiers. 

Un meurtre a été commis dans la section recherche géologique. Le commissaire Toussaint est chargé de découvrir pourquoi un chercheur a tué un collègue (et par ailleurs amant) avant de se suicider. Trois policiers noirs qui rapidement ne se sentent pas à leur place dans cet univers clos et aliénant. L'éloignement et le manque de communication joue imperceptiblement sur l'équilibre psychique des chercheurs. 

De plus, la forêt, impénétrable, omniprésente, comme vivante et douée de raison, semble jouer un rôle actif dans les événements. Et quand la nouvelle navette arrive, tout bascule pour le commissaire Toussaint. 

Le scénario d’Appollo fait savamment monter le sentiment de paranoïa ambiant. Brüno, dessinateur très seventies, entre base moderne et nature vierge, plante le décor d’une série prometteuse. (Dargaud, 9,80 €)