mercredi 10 janvier 2007

BD - Horreur glacée

Dans le grand nord canadien, Steeve, Mary et Johnny, trois teenagers américains tentent de se faire oublier. Le deux premiers sont suspectés d'avoir assassiné plusieurs personnes. En fuite, ils ont reçu l'aide de Johnny qui est, mais ils ne le savent pas encore, le véritable serial killer. 

En cours de route ils ont perdu Ed, le plus jeune des trois suspects, mordu par un loup-garou, il est lui aussi devenu une créature poilue et affamée à chaque pleine lune. Dans ce Canada presque désertique, Steeve et Mary, de nuit, renversent un vieillard. Ils lui portent secours et le conduisent à un hôpital isolé dans les neiges. Début de la troisième aventure, ou plutôt du troisième cauchemar venu d'Outre tombe intitulé « Trois petits tours et puis s'en vont ». Imaginée par Jean et Simon Léturgie (père et fils), cette série est illustrée par Richard Di Martino. 

Les « Léturgie » puisent dans les classiques de l'horreur, mis à la mode gore et humour. Di Martino, tout en conservant un trait franco-belge classique, signe quelques scènes aussi rigolotes que violentes. (Vents d'Ouest, 9,40 €) 

mardi 9 janvier 2007

SF - Dantec, noir visionnaire du futur

1957, lancement de Spoutnik, premier satellite artificiel. 2057, sur la base spatiale de Grande Jonction, la Cosmos Incorporated s'apprête à fêter le centenaire de cet événement. 

Un jour anniversaire qui correspond également à la date qu'a choisi Plotkine pour exécuter son contrat : tuer le maire de cette ville autonome coincée entre ce qui reste des Etats-Unis et le Québec. De la science-fiction et de l'action, les prémices du roman de Maurice G. Dantec semblent on ne peut plus classiques. Mais l'auteur français exilé au Canada quitte rapidement les sentiers battus du genre. 

Parfois cynique, souvent désespérante, cette histoire mêlant religion et science se termine par un message d'espoir malgré cette réflexion du personnage principal : "Plotkine laissa s'installer le silence. Il n'y avait pas le moindre souffle de vent, il n'entendait aucun insecte, pas un bruit ne provenait de la masse agglutinée des réfugiés. La fin du monde serait probablement d'un grand calme." Dantec, écrivain polémique aux positions souvent très tranchées, signe un grand roman de SF. (Cosmos Incorporated, Le Livre de Poche, 7,50 €) 

lundi 8 janvier 2007

Roman - Une « Douce France » inaccessible

Prise dans une rafle de sans papiers, une jeune Française découvre les centres de rétention. Karine Tuil raconte cette descente aux enfers.

A la base, Claire voulait simplement aménager une bibliothèque dans son studio. Un ami lui avait expliqué qu'elle trouverait, devant un magasin de bricolage discount en région parisienne, de la main-d'oeuvre pas chère. Au moment où elle découvre la trentaine de personnes attendant le bon vouloir d'un patron français, la police débarque. Contrôle d'identité. Tout le monde est embarqué. Même elle qui était sur le point d'interroger un ouvrier. Arrivée au commissariat, Claire se rend compte qu'elle n'a pas ses papiers sur elle. Elle remarque aussi Yuri, un sans papier prétendant être biélorusse, taciturne et au charme certain. Quand elle affirme qu'elle est Française, les policiers ne la croient pas.

Cette jeune romancière, dont les parents sont absents actuellement de Paris, se dit que visiter un centre de rétention peut être intéressant. Elle est donc conduite dans le centre de Mesnil-Amelot, juste à côté de l'aérogare d'où décollent les avions qui reconduisent les « irréguliers » hors des frontières françaises. Les gendarmes chargés de surveiller les « retenus » se persuadent que Claire est Roumaine. Elle ne dément pas, usurpe l'identité de l'ancienne femme de ménage de son grand-père et peut ainsi rester dans le centre, le découvrir au plus près et mieux connaître Yuri...

Un monde totalement clos

D'un côté les femmes, de l'autre les hommes. Peu de confort, pas de chauffage, le tout entouré de grillages et de fils de fer barbelés. « Il faut quand même dissuader les gens de revenir en France » explique la fonctionnaire chargée de la gestion du centre. Un centre de rétention qui n'est pas le pire existant selon les déclarations de certains habitués. « C'était un monde totalement clos mais sans vocation carcérale; une organisation réglementée, contrôlée jusqu'aux moindres détails, sans but répressif, une société qui affichait ses contradictions : il s'agissait de retenir contre leur gré des individus qui n'avaient commis aucun crime, en préservant leurs droits les plus élémentaires tout en les privant de l'essentiel, en restant inhospitaliers ».

Elle découvre qu'elle n'est pas la seule à se fabriquer une identité. Tout est bon pour ne pas quitter la France. En devenant Roumaine, elle se raconte une histoire, toutes les histoires de sa famille, immigrés juifs fuyant perpétuellement. « Je revêtais des centaines de masques, en affublais les autres, le centre devenait le lieu du Roman, celui où convergeaient tous les imaginaires possibles, où étaient autorisées toutes les affabulations, et nous détournions le réel, travestissions la vérité au nom du principe de survie ». Et puis il y a Yuri. Il n'y a pas pire endroit pour tomber amoureuse.

Le roman de Karine Tuil, tout en donnant une vision très réaliste des centres de rétention, offre en plus au lecteur un parallèle affolant avec un passé récent montrant d'autres endroits clos, lieux de passage avant une destination redoutée. « Douce France » est un récit d'actualité, au titre très provocateur...

« Douce France » de Karine Tuil. Editions Grasset. 14,90 euros

dimanche 7 janvier 2007

BD - Nao et les araignées

Si vous avez la phobie des araignées, n'ouvrez pas cette BD. Les "méchants" sont des extraterrestres à la forme très arachnéenne. Cailleteau, le scénariste, a beaucoup puisé dans les us et coutumes de ces insectes pour décrire les sévices infligés au beau Nao, le héros de la série Aquablue. 

Vaincu par la reine Marachna, il est presque entièrement vidé de toute vie sur l'autel du dieu Arakh. Laissé inconscient dans le désert, il ne doit son salut qu'à l'arrivée impromptue de pillards. Il devra puiser dans ses dernières forces pour expliquer ce qui vient de lui arriver. Le final, dans la forteresse des sables, est grandiose. 

Série de science-fiction phare du catalogue Delcourt, dessinée par Siro depuis peu, Aquablue délaisse un peu son crédo, l'écologie, pour plus d'action. Une édition limitée de 96 pages de ce tome 11 propose, en plus de l'histoire, crayonnés, croquis et story-board. (Delcourt, 12,90 €, 17,50 € pour l'édition limitée)

samedi 6 janvier 2007

BD - Les nanotechnologies illustrées

Les nouvelles technologies sont au centre de cet album de la série STAR contant les aventures, techniques et mouvementées, de quatre scientifiques de haut vol. Basés à Bruxelles, ils sont sollicités pour retrouver un attaché-case en provenance des Etats-Unis et dérobé dans un grand hôtel de la capitale européenne. Avec un message impératif à faire passer aux ravisseurs : ne pas ouvrir la malette. Ce que bien évidemment les malfrats s'empressent de faire... 

Le scénario de Patrick Delperdange, tout en restant accessible au commun des mortels, aborde un thème très pointu : les nanotechnologies. Des machines microscopiques qui peuvent être introduites dans les corps des malades pour y effectuer des réparations au niveau des cellules. 

Thierry Cayman, le dessinateur, après les aventures médiévales de Sylvain de Rochefort, est tout aussi à l'aise dans cette ambiance beaucoup plus hightech. Une bonne série intelligente à découvrir. (Casterman, 9,80 €) 

vendredi 5 janvier 2007

BD - A l'école de la célébrité

Devenir célèbre. Riche et célèbre ! C'est le rêve de tous les candidats franchissant l'entrée de l'agence Casting Prod'. Un rêve qui parfois devient réalité. Mais il faut avouer que c'est rare, très rare. Ce ne sont pas les compétences professionnelles des employés de l'agence qui sont en cause, mais plutôt les qualités artistiques des postulants. 

La télé réalité et son lot de bras cassés imbus de leur personnalité est passée par là. Imaginés par Cazenove et dessinés par Bloz, les déboires de Casting Prod' utilisent souvent la mine inépuisable de cette télé poubelle, particulièrement la Star Academy et ses chèvres hurlantes à tue-tête. Autre programme qui a beaucoup inspiré les auteurs, les émissions médicales américaines sur la chirurgie esthétique. 

Les candidates au relooking complet sont nombreuses, mais les résultats ne sont pas toujours à la hauteur de leurs espérances. Les gags sont parfois cruels. Mais c'est si bon... (Bamboo, 9,45 €) 

jeudi 4 janvier 2007

BD - Cosey soutient toujours le Tibet

Cosey, auteur complet suisse, a débuté sa carrière en racontant les aventures de Jonathan dans les neiges du Tibet. Trente ans plus tard, Cosey est toujours fidèle à ce pays résistant au joug chinois, puissance occupante totalitaire. 

Dans le second tome du Bouddha d’Azur, vaste saga de plus de 100 pages, on retrouve Gilford, le héros d'origine américaine. Il est maintenant âgé d’une vingtaine d’années et espère toujours retrouver Lhal, la jeune fille qu’il a croisée quelques années plus tôt dans une lamasserie. Il croit toucher au but quand Lhal, cinquième réincarnation d’une célèbre divinité, annonce qu’elle va faire une importante déclaration pour le peuple tibétain. Gilford va enfin retrouver son amour de jeunesse. 

Mais ce ne sera pas évident pour filer le parfait amour. Une histoire alternant romantisme et combat politique sur fond de droits de l'Homme. Sans oublier la recherche du fameux Bouddha d'Azur, fil rouge de la série. Une des œuvres les plus abouties de cet auteur au trait juste et épuré. (Dupuis, 13,50 €) 

mercredi 3 janvier 2007

BD - Coraline, le Top


Il paraît que Terry Dodson, dessinateur américain, excelle dans la représentation des femmes pulpeuses et sensuelles. Avec la parution du premier tome des « Songes », série écrite par Denis-Pierre Filippi ayant pour vedette Coraline, c’est une évidence. 

Coraline, préceptrice du jeune Vernère, est chargée de redonner le goût de jouer à cet adolescent un peu trop sérieux. Il passe de longues heures dans ses ateliers à imaginer des machines savantes mais manquant de poésie. Cela laisse plus de temps à Coraline pour bronzer en petite tenue, prendre des douches, se baigner… 

Bref, Coraline est souvent peu vêtue. Encore moins dans ses rêves. Des rêves torrides qui semblent presque réels. La jeune femme commence à se poser des questions, le lecteur, lui, attend impatiemment le prochain rêve…

« Songes », Les Humanoïdes Associés, 12,90 euros 

mardi 2 janvier 2007

BD - L' aventure au Grand siècle


Sous le règne de Louis XIV, être un gueux n’est pas tous les jours réjouissant. Alphonse en est l’exemple frappant. Flanqué d’une mégère, il a sombré dans l’alcoolisme. Son seul plaisir ? Aller livrer quelques victuailles chez le chevalier de Beaumont et y apercevoir sa fille. Mais e matin-là, en arrivant dans la grande demeure, il découvre la famille aux prises avec trois malandrins. 

La fille et le père sont assassinés, Alphonse, sauve le plus jeune à ses risques et périls. Pris en chasse par le trio, il trouve refuge dans une tribu de gitans. Sa vie change, exit le train-train, bonjour la grande aventure. 

Un premier album signé Simon Andriveau : intrigue plaisante, dessin de classe, difficile de ne pas tomber sous le charme.

« Le grand siècle », éditions Delcourt, 12,90 euros 

lundi 1 janvier 2007

Thriller - Six « Transgressions » de très grands écrivains

Sous l'égide d'Ed McBain, ces six grosses nouvelles réunies en deux tomes offrent le meilleur de la littérature anglo-saxonne contemporaine.


Donald E. Westlake, Anne Perry et Joyce Carol Oates pour le volume 1, Walter Mosley, Sharyn McCrumb et Ed McBain pour le second : la fine fleur de la littérature de genre anglo-saxonne est au sommaire de ces "Transgressions" qui annoncent pour les tomes suivants la participation de Stephen King et de John Farris. Un peu plus que des nouvelles, ces six textes ont été "commandés" et réunis par Ed McBain. Il raconte dans la préface qu'à ses débuts, il écrivait beaucoup de ces "nouvellettes" qui lui étaient payées 500 dollars. Moins long qu'un roman, mais necessitant quand même une bonne intrigue et de nombreux personnages, ce genre est un peu tombé en désuétude. C'était donc souvent un véritable exercice de style pour plusieurs de ces auteurs contemporains. Totalement libres (en dehors de la longueur), ils ont concocté des histoires tragiques, comiques, haletantes ou fantastiques, au gré de leurs humeurs.

Véritables faux billets

Premier à entrer en scène, Donald Westlake. Il a naturellement choisi son héros préféré, Dortmunder, pour cette histoire intitulée « Des billets sur la planche ». Le petit truand new-yorkais est contacté par un ancien taulard qui projette un coup en or. Reconverti dans une imprimerie en province, il peut, en une nuit, imprimer des milliers de billets d'une monnaie d'Amérique centrale. Des billets vrais puisque le marché est soustraité par son entreprise. Cela semble effectivement un bon plan, mais Dortmunder, sceptique et pragmatique, cherche quand même le détail qui pourrait transformer la belle occasion en entourloupe. Un premier récit qui vaut surtout par sa description des moeurs de cette Amérique provinciale, avec quelques personnages hilarants comme le mari, complètement paranoïaque, de la directrice d'une petite agence de voyage. Un texte appréciable également par sa morale finale très éloignée d'une certaine pensée unique...

Anarchiste et pasteur

Vous trouverez également dans ces deux livres de près de 400 pages un anarchiste totalement délirant. Archibald Lawless est sorti de l'imagination de Walter Mosley, reconnu comme l'un des artisans de la renaissance de la littérature noire américaine. Felix, un étudiant en quête d'un petit boulot, va découvrir un univers insoupçonné où la maxime « sans foi ni loi » a toute sa valeur. De foi par contre il en est beaucoup question dans la nouvelle « Otages » d'Anne Perry. Un pasteur irlandais, leader du camp protestant, se retire une semaine avec sa femme dans une maison isolée en bord de mer. Une semaine de vacances, une semaine pour décompresser. Mais le couple est pris en otage par des activites modérés. Qui a trahi ? Comment réagir face à leurs propositions parfois pleines de bon sens ? Anne Perry a beaucoup soigné l'ambiance et le portrait psychologique de la femme du pasteur.

La contribution d'Ed McBain est plus classique. Avec New York pour scène principale, un tueur en série s'attaque aux chauffeurs de taxis. Et il signe ses crimes d'une étoile de David peinte sur le capot des véhicules.

Au final, la formule de ces « Transgressions » est idéale pour les lecteurs amateurs de diversité rechignant à se plonger dans de trop gros romans semblant parfois sans fin.

« Transgressions », tome 1 et 2, éditions Calmann-Lévy, 22 euros chaque volume.