Les amateurs de poésie sud-américaine seront comblés par ce gros (1 600 pages) recueil des œuvres de Pablo Neruda paru chez Quatro. Cinquante ans après sa mort, le Prix Nobel de littérature en 1971, s’impose encore en mythe monumental, en « témoin ardent » des événements politiques qui ont traversé le siècle : guerre d’Espagne, espoir (puis crise) communiste, lutte contre l’impérialisme nord-américain en Amérique latine, arrivée au pouvoir de Salvador Allende…
Ce volume contient, entre autres, Crépusculaire - Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée - Tentative de l’homme infini - L’Habitant et son espérance, « Neruda et ses masques », préface de Stéphanie Decante et enfin une vie & œuvre illustré.
Même si elle se fait de plus en plus rare en hiver, la neige est une source d’émerveillement pour les enfants. Elle est très présente dans deux albums récemment parus.
Paulo sous la neige de Jean Leroy et Giulia Bruel, pour les plus jeunes, raconte comment le poussin Paulo veut aller jouer dans la neige fraîche. Sa maman ne veut pas mais son papa trouve la solution : un bonnet et une écharpe.
Dans Alors, on dort ? aussi il neige. Cela donne envie à Boum le chien d’hiberner. Il va donc chercher des conseils auprès des spécialistes de ce sport particulier.
Avec les frères Passiflore, il rencontre loir, hérisson et chauve-souris. Une jolie histoire écrite et dessinée par Loïc Jouannigot.
Jolie variation graphique sur l’amitié entre lycéennes que ce manga de la jeune autrice Kon Kumakura. Blank Space, entre vie quotidienne et merveilleux, décrit la naissance de la relation entre deux jeunes filles que pourtant tout oppose.
Shoko, exubérante, fleur bleue et un peu trop romantique ose adresser la parole à Sui, discrète, introvertie et solitaire.
Elles vont devenir amies et Sui va partager son secret avec Shoko : elle a le pouvoir de matérialiser les objets qu’elle assemble dans son esprit.
Elle s’abrite ainsi sous un parapluie invisible. Mais elle va aller un peu trop loin et prend le risque de se faire du mal, ou de détruire son lycée, en créant des armes puissantes.
Un premier tome prometteur, finement dessiné avec des héroïnes attachantes.
« Blank Space », 176 pages, Casterman Sakka, 8,45 €
La mode semble à la redécouverte des classiques de la littérature populaire. Les éditions 10/18 profitent de cette fin d’année pour ressortir des titres emblématiques de leur catalogue.
Plongez dans La vallée de la peur, dernier roman mettant en scène Sherlock Holmes. Conan Doyle sort son héros de sa zone de confort pour un affrontement final face à Moriarty en Amérique.
Également à retrouver Double assassinat dans la rue Morgue d’Edgar Allan Poe et Wilkie Collins de Charles Dickens. Sans oublier le titre injustement méconnu La fille du temps de Josephine Tey, paru en 1951 et souvent considéré comme le meilleur roman policier de tous les temps.
Chien Pourri et Chaplapla découvrent une poubelle à remonter le temps. Une chance pour le chat écrabouillé dans sa jeunesse. Il profite de l’aubaine pour retourner dans le passé, avant l’accident.
Mais Chien Pourri découvre que son ami, qui répond au nom de Châtaigne, n’est qu’un chaton, qu’il ne se souvient pas de son copain le chien et vit dans l’opulence. Encore un petit roman hilarant (le 14e !) signé Colas Gutman avec des illustrations de Marc Boutavant.
Les deux compères affrontent les dédales du temps, de l’oubli et du pas toujours vrai : « C’était mieux avant ! ».
« Chien Pourri et la poubelle à remonter le temps », L’école des Loisirs, 8 €
Côté manga, il va falloir de plus en plus compter sur les auteurs français. Mathieu Reynès signe le premier tome de La théorie du KO, série alliant science-fiction, combats, pandémies et crise écologique. Dans un futur proche, les virus se multiplient.
Un monde ultra-contrôlé où la jeune Beck, experte en art martial, va mettre ses poings à contribution pour retrouver son « maître ».
Dessins et décors très recherchés, intrigue palpitante et personnages attachants : cette première livraison, dans un format un peu plus grand, prouve qu’un bon dessin et une intrigue originale se moquent des modes et sauront toujours passionner les amateurs de pure narration graphique.
« La théorie du KO » (tome 1), Vega Dupuis, 200 pages, 12,50 €
Un policier dépressif tente de découvrir pourquoi cinq jeunes filles ont été assassinées dans les années 70. Enquête dans le passé et la folie des hommes.
Comme quelques auteurs, Anouk Shutterberg a changé de maison d’édition. Mais pas d’éditrice. Elle a suivi Céline Thoulouze quand cette dernière a décidé de créer les éditions Récamier. Dans La nuit des fous, on retrouve le héros récurrent qui a lancé cette romancière.
Il est mal en point le commandant Stéphane Jourdain. Une troisième enquête mais sans sa coéquipière habituelle, Lucie, sa fille. Morte. Par sa faute. Il déprime, se bourre d’anxiolytique et a accepté un poste moins prestigieux à l’Office central pour la répression des violences aux personnes. Une sorte de petit FBI français qui peut intervenir partout en France.
Quand des ouvriers découvrent cinq caisses en bois contenant des cadavres, Jourdain se rend sur place dans le Jura. Il découvrira, avec l’aide d’une policière locale dynamique que ce sont cinq jeunes filles, internées dans un hôpital psychiatrique voisin, disparues depuis une nuit d’été en 1975. En parallèle à l’enquête classique, la romancière raconte comment Élise, une jeune femme solitaire, retrouve sa tante qui passe une retraite paisible dans une ferme isolée dans les Cévennes. Quel rapport entre les deux affaires ?
C’est une véritable enquête dans le passé et la folie des hommes qui est proposée au lecteur. On apprécie la description de la dépression de Jourdain, flic efficace mais humain sensible. Son équipe, composée essentiellement de femmes, va tout faire pour le remotiver. Juste ce qu’il faut pour qu’il tente d’arriver à temps pour sauver une victime et son bébé. Un polar aux personnages habités par la force, la volonté ou la folie.
Qui assassine des femmes de petite vertu dans le ghetto juif de Copenhague ? Nous sommes en 1905 et la police semble peu concernée par cette série de crimes.
Pour résoudre l’affaire, Benni Bodker (scénario) et Christian Hojgaard (dessin) imaginent une enquêtrice peu banale. Nathan, dactylo au commissariat, elle-même juive mais ne vivant pas dans le ghetto, va tenter de remonter la piste de ce tueur sadique. Elle va traîner dans les milieux défavorisés de ce quartier abandonné de tous. A ses risques et périls. Car dans le ghetto, à l’époque, le clan des bouchers et les policiers corrompus font régner la terreur.
Entre reconstitution historique, enquête policière et histoire fantastique terrifiante, cette copieuse BD intitulée Meschugge, en noir et blanc, permet au lecteur de prendre conscience que les auteurs danois ne sont pas uniquement excellents en littérature noire, ils assurent également en BD.
De nos jours, Morten et Mini, deux petits cambrioleurs, doivent récupérer dans le coffre d’un vieil homme des pièces d’or qui ont tapé dans l’œil d’un receleur. Pour être sûrs de réussir leur coup, ils demandent de l’aide à Alva.
Une jeune fille qui a la faculté de grimper avec aisance tout immeuble de cette grande ville suédoise. Sur place, ils trouvent bien les pièces, mais par mégarde libèrent également Sidsel, une sorcière géante qui aime la chair humaine.
Ce thriller en noir et blanc écrit par Aksel Studsgarth et dessiné par Daniel Hansen, expert en story-board, verra Alva découvrir ses véritables origines quasiment divines, d’où vient son don et comment elle va tenter de vaincre Sidsel. Sans oublier la guerre avec les Artisans, des hommes chargés d’éliminer tout rescapé du Peuple des Nuages. Un roman graphique d’exception, qui devrait avoir une suite. Joie !
Repris par Yann au scénario et Vignaux au dessin, Thorgal continue sa longue quête d’aventures dans le Grand Nord. Il quitte enfin la zone du vaisseau spatial qui l’a amené sur terre pour replonger dans des légendes nordiques qui constituent le cœur de la série créée par Van Hamme et Rosinski il y a déjà 46 ans.
Sur un frêle esquif, avec Jolan son fils et la compagne de ce dernier Boréale, ultime rescapée du vaisseau spatial, il s’échoue sur un récif. Il va chercher du secours dans un village terrorisé par un chef despotique. Il devra ramener une roche garnie des yeux d’un millier d’habitants d’Asgard.
Entre des traîtres, des vipères rouges, des charlatans et une jeune guerrière désirant se venger, le héros a beaucoup à faire. Un épisode dense, à la narration parfaite comme toujours avec Yann, et des dessins qui s’éloignent de plus en plus du style de Rosinski. En réalité, on a l’impression que Vignaux, le dessinateur, manie le pinceau aussi bien qu’un René Follet voire un Raymond Poïvet.