lundi 3 janvier 2022

BD - Fin du cauchemar



Cinquième et dernier tome de La Brigade des Cauchemars, série imaginée par Franck Thilliez. Un savant a mis au point une machine permettant à certains jeunes de se déplacer dans les rêves des dormeurs.

Dans cet ultime épisode ils vont défier Léonard, grand amateur de cauchemars et qui garde prisonnière dans son esprit la femme du savant. Le but de la brigade est simple : la libérer. Yomgui Dumont au dessin a parfaitement animé graphiquement cette série qui passe de la banale réalité à un monde des rêves extraordinaire.

« La brigade des cauchemars » (tome 5), Jungle, 13,95 € 

dimanche 2 janvier 2022

BD - Bretons contre Écossais

 

Nicolas Cado, dessinateur breton, est également entraîneur de lancer de marteau. Dans sa Bretagne natale, il coache des jeunes bercés par les légendes celtes. Quand il leur propose de participer aux highland games en Écosse, ils acceptent immédiatement.

Dans ces jeux écossais il y a effectivement le lancer de marteau, mais aussi de la botte de foin ou du tronc d’arbre. Une histoire vécue, romancée par Fabien Grolleau, dessinée par Nicolas Cado et qui raconte essentiellement une belle histoire d’amitié.

« Highland Games », Delcourt, 19,99 € 

samedi 1 janvier 2022

De choses et d’autres - Un jour comme un autre

 


En ce premier jour de l’année, faut-il se retourner pour analyser 2021 ou garder le regard braqué vers l’avenir et faire des spéculations sur 2022 ? Ces questions, purement théoriques, ne résistent pas à la routine.

 

On est samedi, un jour comme un autre, pas très différent des 365 qui viennent de s’égrener et sans doute très comparable aux 365 qui s’annoncent. Réveillon et cotillons seront oubliés après-demain, lundi, rentrée des classes des plus jeunes et reprise du boulot pour beaucoup. On se demandera juste, comme la semaine dernière, si on va encore réussir à passer à travers. A travers les gouttes de la pandémie.

Malgré la vaccination, malgré les gestes barrières, malgré une prudence de Sioux, le virus gagne du terrain. On se sent comme cerné par le vilain variant qui se joue de toutes les ruses élaborées pour en rester éloigné. Plusieurs collègues infectés, encore plus dans la famille, les voisins claquemurés, par précaution ou obligation : ce samedi ressemble à vendredi et jeudi derniers et leurs 200 000 cas de Covid-19 relevés en France.

Pourtant, la grande majorité d’entre vous a fait la fête vendredi. Mais finalement, n’est-ce pas ce que les Humains ont toujours fait dans l’adversité. Je comprends mieux désormais pourquoi l’orchestre du Titanic a joué jusqu’à la dernière seconde.

Donc en ce samedi, jour comme un autre, je ne me permettrais pas de vous souhaiter une bonne année, chers lecteurs et auditeurs. Juste espérer qu’elle soit un peu moins pire que les deux précédentes.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 1er janvier 2022

BD - Edgar P. Jacobs intime


 

Il a marqué l’histoire de la bande dessinée. Pourtant Edgar P. Jacobs a longtemps préféré le chant au dessin. Une vie extraordinaire racontée dans ce roman graphique de François Rivière et Philippe Wurm. Le premier, scénariste, a parfaitement connu le créateur de Blake et Mortimer.

Toutes les anecdotes sont garanties authentiques et souvent de la bouche même du célèbre Belge. Wurm, au dessin, coule son graphisme dans une ligne claire de circonstance. Les vrais fans préféreront la version luxe, en noir et blanc et agrémentée d’un gros dossier, pour le prix de 49,50 €.

« Edgar P. Jacobs, le rêveur d’apocalypse », Glénat, 22,50 € 

samedi 4 décembre 2021

De choses et d’autres - Voyage silencieux

Avez-vous remarqué combien les voitures de nos jours sont moins bruyantes qu’il y a dix ou vingt ans ? Parfois, dans la rue, si comme ces derniers jours la tramontane est impétueuse, on n’entend quasiment pas un véhicule qui arrive par-derrière. Excepté les excités de l’accélérateur qui ne peuvent s’empêcher de faire ronfler leur moteur, comme s’ils prouvaient ainsi à la face du monde entier leur extrême virilité.

Voilà pourquoi ces paradeurs à essence ne seront jamais des adeptes des véhicules électriques. Trop discrets, quasi invisibles acoustiquement parlant. Quand une voiture électrique passe près de vous, elle ne fait pas plus de bruit que, dirait Bérurier l’adjoint graveleux de San-Antonio, « un pet glissant sur une toile cirée ».

Au volant, personnellement, j’aime que le moteur soit discret. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Les constructeurs ont visiblement reçu plus de critiques que de compliments puisque certaines marques ont décidé de proposer en option des amplificateurs du bruit du moteur.

Deux possibilités : le bruit est plus fort dans l’habitacle. Cela passe simplement par les haut-parleurs qui normalement servent à diffuser de la musique ou la radio. Ou, plus rare, le bruit plus fort du moteur est destiné aux passants par des haut-parleurs extérieurs supplémentaires. Étrange paradoxe quand on sait que certaines associations militent pour l’installation en ville de radars contre la pollution sonore.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 4 décembre 2021 

vendredi 3 décembre 2021

De choses et d’autres - Patates et célébrités

Les Parisiens résidant dans le XXe arrondissement, s’ils ont une subite envie de frites ou de purée, ne seront jamais à court de patates. Pas grâce aux épiceries de nuit ni aux supermarchés mais tout simplement car ils sont à proximité du cimetière du Père-Lachaise.

Un lieu qui abrite la tombe d’Antoine Parmentier, le promoteur de la pomme de terre. Depuis ses obsèques, des fans de ces tubercules en déposent quotidiennement sur le rebord de la tombe de Parmentier. Avec des petits mots gentils, comme « Merci pour les frites ! », gravés dans la patate.

Cette habitude pourrait être étendue à d’autres tombes de personnalités inhumées au Père-Lachaise. Je me vois bien déposer mon vieux transistor sur la tombe de Pierre Bellemare que j’ai tant écouté, enfant, à la radio. Envie d’une petite douceur ? Il suffirait que les amateurs de littérature déposent sur la tombe de Marcel Proust des madeleines. Si possible emballées individuellement…

Une célébrité originaire des Pyrénées-Orientales, François Arago, pourrait voir sa tombe servir de réceptacle pour des lunettes, lui qui a tant fait pour les progrès de l’optique.

Moins utile, mais plus symbolique en ces temps peu riants, on pourrait recouvrir la tombe d’Achille Zavatta de milliers de nez rouge pour conserver une âme d’enfant. D’autres petits rigolos auront sans doute l’idée de fleurir la tombe de Maurice Thorez, célèbre responsable communiste, de bouquets confectionnés avec des faucilles et des marteaux.

Mais la plus utile des tombes restera celle de Jean-Pierre Bacri. En hommage au plus bougon des comédiens français, il suffira d’y déposer sa mauvaise humeur et repartir l’esprit léger.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 3 décembre 2021

jeudi 2 décembre 2021

De choses et d’autres - Joue-t-on encore aux cowboys et aux Indiens ?

Quand l’information a fuité en début de semaine, tout le monde a cru à un vieux poisson d’avril : les restaurants Buffalo Grill vont changer de nom pour être renommés Napaqaro. Submergé de discours contre le wokisme, j’ai dans un premier temps pensé que ces restos qui ont fait du western et de la cuisine américaine une spécialité, montraient là une volonté de rendre hommage aux peuples indigènes massacrés par les colons.

Peut-être que Napaqaro est le nom original d’un chef indien puisqu’il y a des totems à l’entrée de tous les restaurants. N’oublions pas que le véritable nom de Sitting Bull est Tataka Iyotake et que Blueberry chez les Apaches répond au nom de Tsi-na-Pah, traduction de Nez-Cassé.

En fait j’avais tout faux, les propriétaires de la chaîne de restauration, qui détient également Courtepaille, ont simplement décidé de renommer non pas les restaurants mais le groupe de ce mot qui n’est que la traduction phonétique de « nappe à carreaux », tissu bien français présent sur toutes les tables. Il reste que Buffalo Grill va un peu s’éloigner de la culture américaine. Car, selon un des responsables du groupe, « Les cowboys et les Indiens, ça ne parle plus à mes enfants qui sont jeunes, il n’y a plus de westerns qui passent à la télé… »

Alors là je m’inscris en faux. Hier soir sur C8 les amateurs ont pu voir La rivière rouge avec John Wayne. Hier encore, Jane Campion a dévoilé son nouveau film sur Netflix, The power of the dog, un western, le premier de cette grande réalisatrice primée à Cannes.

Et toujours sur Netflix, le créateur de la série Son of Anarchy (sur les bisbilles dans des bandes de Hells Angels) a révélé travailler sur un projet se déroulant dans l’ouest américain vers 1850. Non, le western n’est pas mort. Au contraire, en ces temps où tout le monde se réfère avec beaucoup de nostalgie au passé, même si on ne l’a pas directement vécu, l’épopée de la conquête américaine n’est pas prête à cesser de faire rêver partout dans le monde, même dans nos assiettes.

Chronique parue (en partie) en dernière page de l’Indépendant le jeudi 2 décembre 2021

mercredi 1 décembre 2021

De choses et d’autres - Suis-je un umarell ?

Depuis quelques semaines, je marche beaucoup. Je me promène, exactement, tôt le matin pour améliorer ma condition physique. Et parfois, je me surprends à progresser, pensif, les deux mains jointes dans le dos.

Exactement comme mon père qui, lui aussi, marchait beaucoup. Cette position, caractéristique des personnes âgées, m’est revenue à l’esprit, quand j’ai découvert le mot « umarell ». Dérivé d’un dialecte typique de Bologne, en Italie, il désigne « les hommes à l’âge de la retraite, qui passent le temps à regarder les chantiers de construction, en particulier les travaux routiers, leurs mains jointes dans le dos. » Même si je ne suis pas un fan de travaux, suis-je un umarell ?

Car il ne fait pas le moindre doute que j’aime avoir les mains jointes dans le dos. Cela me permet de repenser à mon père et je n’ai pas à me demander quoi faire de mes bras (mains dans les poches, simplement ballants…).

En prolongeant un peu les recherches sur les umarells de Bologne, je découvre qu’ils forment, presque, un clan et qu’il existe un titre de seigneur. Certains sont devenus tellement célèbres qu’ils ont fait de la pub et ont même eu droit à des BD racontant leurs exploits. Moins réjouissant, la véritable raison de leur présence quotidienne devant les chantiers : généralement, ils sont chassés de la maison par leurs femmes qui ne désirent pas les avoir, en permanence, dans leurs pieds.

Et, dans la région aussi, on a nos umarells. Ce ne sont pas les chantiers qu’ils squattent, mais les bancs des villages, les mains appuyées sur leur canne. De l’umarell au sénateur, il n’y a qu’un pas. 

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 1er décembre 2021

mercredi 21 octobre 2020

Cinéma - “Adieu les cons” : la cavale ultime

Toujours aussi acerbe, Albert Dupontel brocarde de nouveau notre société devenue folle.

Le suicidaire (Albert Dupontel), la condamnée (Virgine Efira) et l’aveugle (Nicolas Marié), le trio improbable de la cavale du film Adieu les cons.  Jérôme Prébois - ADCB Films


Depuis toujours, Albert Dupontel a un faible pour les ratés, les oubliés de la vie, les imparfaits et autres inadaptés à notre société du toujours plus beau, toujours plus brillant. Il puise dans ces personnages des idées de scénario où toute sa loufoquerie couplée à un anarchisme radical permet de transformer le banal en extraordinaire. Adieu les cons n’échappe pas à cette règle, avec cependant de plus en plus de tendresse pour ces handicapés de la vie sociale.

Tout débute dans le cabinet d’un médecin. Suze Trappet (Virginie Efira) découvre les radios de ses poumons. Elle trouve ça très joli. Le toubib, lui, s’égare en circonvolutions pour ne pas avouer de but en blanc qu’elle est condamnée. JB (Albert Dupontel), informaticien austère, est mis au placard pour laisser la place à un jeune diplômé plus dynamique. Désespéré, il décide de se suicider. Cela tourne mal et le voilà en fuite avec Suze, qui va lui demander de retrouver le fils qu’elle a abandonné quand elle était adolescente. Pour cela ils vont avoir besoin de l’aide de M. Blin (Nicolas Marié), un archiviste rendu aveugle après une bavure policière. Ces Pieds Nickelés vont déjouer tous les pièges des forces de l’ordre et localiser le médecin qui a accouché Suze. Le docteur Lint (Jackie Berroyer), souffre de démence sénile, mais cette histoire lui permet de retrouver un peu de lucidité et finalement, après bien des péripéties improbables (qui font tout le sel du film), le trio va enfin mettre la main sur ce fils disparu et l’aider à mieux gérer sa vie sentimentale de geek coincé et introverti.

Trio équilibré

Cela semble touffu résumé de cette façon, et pourtant le film est d’une fluidité absolue. Les désespoirs de Suze, l’honnêteté de JB, les bravades de M. Blin permettent à chacun de tirer le meilleur de l’autre. Une réelle complicité, tendresse aussi, se noue entre les trois. A noter que dans le rôle de la petite amie du fils de Suze, Marilou Aussiloux, comédienne originaire de Narbonne, prouve qu’elle est aussi à l’aise en tailleur chic qu’en robe d’époque qu’elle porte dans La révolution série diffusée sur Netflix. Autre petit rôle remarqué (et remarquable), Terry Gilliam des Monty Python interprète d’un vendeur d’armes à feu qui pourrait faire de l’ombre à Trump. 

Et la morale de l’histoire me direz-vous ? Elle se résume par le titre du film : Adieu les cons !

Film français d’Albert Dupontel avec Virginie Efira, Albert Dupontel, Nicolas Marié



mercredi 9 septembre 2020

Cinéma - Isabelle Huppert, daronne au pays des dealers

Isabelle Huppert joue à la Daronne qui berne flics et dealers dans ce film dont l’autre héros est le Paris populaire.


Ce film de Jean-Paul Salomé devait sortir initialement en mars. La Daronne bénéficie finalement d’une meilleure exposition puisque, depuis deux semaines, la fréquentation des salles de cinéma repart nettement à la hausse. Et cette comédie policière tirée d’un roman d’Hannelore Cayre devrait logiquement remplir les salles tant son côté drôle et irrévérencieux arrive à point nommé après une séquence de plusieurs mois de sinistrose sanitaire.

La Daronne, c’est Patience Portefeux (Isabelle Huppert). Interprète judiciaire, elle doit retranscrire en français les écoutes téléphoniques des dealers parisiens originaires du Maghreb. Sa parfaite connaissance de l’arabe lui permet de tout savoir sur les mouvements de cannabis entre Maroc et région parisienne.

Le début du film la montre lors d’une intervention au petit matin. Une descente où elle doit être au plus près pour indiquer aux policiers ce que se disent les suspects. Le reste de son travail est tout ce qu’il y a de plus tranquille. Très routinier même. Écouter les conversations de petits dealers n’est pas la chose la plus épanouissante. Mais c’est très instructif. Surtout quand on a quelques dettes laissées par un défunt mari.

Un rôle en or

Si Patience franchit toutes les lignes jaunes, c’est avant tout pour aider Khadidja (Farida Ouchani), l’aide-soignante qui s’occupe très bien de sa mère souffrant de la maladie d’Alzheimer. Son fils va être interpellé au cours d’une opération où plus d’une tonne de cannabis va être saisie. Patience va faire échouer l’opération et récupérer la marchandise.

A la tête de ce véritable trésor, elle va mettre au point une stratégie audacieuse pour le transformer en petites coupures pour assurer une fin de vie digne à sa mère et retrouver un peu de luxe dans sa vie. Patience va se transformer en Daronne (surnom donné par les policiers qui surveillent les trafics), une femme forte qui va devoir se faire une place dans ce milieu de machos qui n’apprécient que moyennement cette concurrence soudaine.

Fidèle au roman, le film offre un rôle en or à une Isabelle Huppert impeccable, entre petite-bourgeoise effacée quasiment fonctionnaire et dealeuse sans foi ni loi. Un film qui baigne dans le Paris populaire, où les communautés coexistent tant bien que mal dans une ville bigarrée et foisonnante. Avec notamment une superbe scène dans les rayons de Tati, grand magasin parisien qui depuis a fermé ses portes. Film sur le réveil d’une femme, on ressort de La Daronne avec des envies de bousculer le train-train du quotidien.

Film français de Jean-Paul Salomé avec Isabelle Huppert, Hippolyte Girardot, Farida Ouchani.