mercredi 13 avril 2016

morris, exposition, angoulême, lucky comics, dargaud
Un génie du trait juste et du mouvement. Le dessin de Morris, de pataud à ses débuts, s'est rapidement affirmé pour devenir une référence dans le style franco-belge. Pour les 70 ans de son seul et unique personnage, le festival d'Angoulême a présenté une exposition de grande ampleur avec pas moins de 150 planches et dessins originaux. L'occasion de voir l'évolution de l'art de Morris au fil des décennies. Cette exposition inaugurée en janvier dernier à la Cité internationale de la Bande dessinée d'Angoulême est toujours visible et ce jusqu'au 18 septembre. Pour l'accompagner, le beau livre sobrement intitulé "L'art de Morris" retrace sa carrière et ses influences, sous un écrin luxueux sur plus de 300 pages richement illustrées. Avec des interventions savantes de Jean-Claude Menu et du dessinateur Blutch.
"L'art de Morris", Lucky Comics, 45 euros

Polar : Les Poulets sont lâchés

hénaff, albin michel, police, capestan
Comme dans toutes les professions, il y a des bons et des mauvais policiers. Ceux qui se retrouvent affectés à la brigade d’Anne Capestan font, en théorie, partie de la seconde. En réalité ce sont de bons flics, mais qui ont connu un problème dans leur carrière. Au bout de quelques semaines de cure de repos, ils sont mis au placard dans cette unité spéciale. Cela donne une dizaine de spécimens bizarres, dans la veine d’un Bérurier, avec l’efficacité en plus. Leur première enquête a connu un beau succès (“Poulets grillés” vient de sortir au Livre de Poche) et Sophie Hénaff remet le couvert, avec une histoire de flic abattu en pleine rue. Son ex-beau-père aussi. Ce qui explique qu’elle hérite de l’enquête. 
« Rester groupés» de Sophie Hénaff, Albin Michel, 18,50 euros.

BD : Un demi-génie au service des Schtroumpfs


Ils n'ont pas changé. Les Schtroumpfs poursuivent leur aventures dans cette fiorêt magique. Pour ce 34e album, le Schtroumpf costaud et le Schtroumpf à Lunettes partent cueillir des myrtilles. Mais en chemin ils découvrent une amphore. En l'ouvrant ils libèrent un petit génie qui se met à leur service. Mais il rate tous ses tours. En fait il a un jumeau, et ils n'exhaussent véritablement les vœux qu'ensemble. Un jumeau devenu l'esclave de l'abominable Gargamel. Une jolie histoire sur l'entraide, la famille et surtout les dégâts de la cupidité.
"Les Schtroumpfs" (tome 34), Le Lombard, 10,60 euros

Livre de poche : de Blanès à Londres, vers l'apocalypse


Un dimanche passé à Blanès, ville balnéaire près de Barcelone, change radicalement la vie d'Éva. Elle va y retourner et s'y installer pour tenter de comprendre. Voyage au bord de la folie, ce premier roman de Hedwige Jeanmart est souvent déconcertant. L'auteur semble parfois dépassée par son sujet. Mais elle reprend les commandes de son héroïne. Reste au final l'envie urgente d'aller visiter Blanès.
"Blanès", Folio, 7,70 euros

Quatre accidents d'avion, trois survivants. Des enfants... La presse s'emballe, des fanatiques parlent des cavaliers de l'Apocalypse. Ce thriller de Sarah Lotz, écrit sous forme de témoignages, articles de presse ou extraits de livres, est phénoménal. Un succès mondial qui se prolonge avec la publication chez Fleuve éditions de "Jour quatre", se déroulant cette fois au cours d'une croisière.
"Trois", Pocket, 7,90 euros

Londres, 1942. Profitant du couvre-feu, un tueur hante les rues de la ville. En quelques jours, il assassine et mutile quatre femmes. Son modus operandi interpelle Scotland Yard et la presse, qui le surnomme aussitôt le Blackout Ripper. Michel Moatti réussit à mélanger fait divers réel, fiction et fantastique. Son nouveau roman, "Alice change d'adresse", vient de paraître chez HC éditions.
"Blackout Baby", 10/18, 8,10 euros

mardi 12 avril 2016

BD : Petits magiciens cachés


Il faut avouer un petit air d'Harry Potter à cette BD écrite par Kid Toussaint et dessinée par deux auteurs italiens, Quattrocchi et La Barbera. Le jeune héros, Léo, débarque dans un nouveau collège. Il est immédiatement harcelé par les 'caïds'. Mais Léo n'est pas un enfant comme les autres. Il a un pouvoir magique lui permettant de converser avec les fantômes. Il se croit seul exceptionnel mais croise dans ce collège deux autres élèves originaux : Hamelin qui comprend le langage des animaux et Farah, capable de lancer des boules de feu avec ses mains. Ils sont trois dans ce premier tome, mais au total ils seront sept. Ce sera le fil rouge des autres albums à paraître cette année, le second tome en juin et le troisième en octobre. Frais et distrayant.
"Magic 7" (tome 1), Dupuis, 9,90 euros

lundi 11 avril 2016

BD : Zap Collège, les champions du rire


Les BD prenant pour personnages principaux des adolescents sont parfois un peu mièvres. Ce n'est véritablement pas le cas de Zap Collège de Téhem dont le 8e tome vient de paraître. La petite bande de Jean-Eudes se défoule en jouant aux Dumball. Un sport entre foot et... rien de connu. La balle, énorme, est habitée par un concurrent. Et il y en a une par équipe. Original et physique, ce sport encore peu connu (et totalement imaginaire) vient de sacrer les champions de France. L'équipe de Jean-Eudes. Avec à la clé une qualification pour le championnat du monde qui se déroule au Watar. Encore faut-il trouver le financement pour payer le voyage. Sur cette trame de recherche de sponsoring, Téhem utilise les atouts de ses personnages, des capacités culinaires de Hayat aux conseils de relookage d'Ecoline. Hilarant mais aussi émouvant avec l'arrivée dans l'équipe de Graziella, gymnaste incomprise, folle amoureuse d'Eddy, le benêt au bonnet.
"Zap Collège" (tome 8), Glénat, 9,99 euros


dimanche 10 avril 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Poire ou qpjsf ?

code romain, message chiffre, journal
La semaine dernière, j'évoquais ici même les messages codés trouvés dans un exemplaire du « Journal » paru en janvier 1902. Quelques amateurs perspicaces ont « craqué » le code avec une étonnante facilité.
Il paraît qu'il était déjà utilisé au temps de l'empire romain pour faire passer des consignes secrètes. Jacques B. sur Facebook, est persuadé que je me suis moqué des lecteurs et décodant « J'ai rarement vu aussi poire que toi » , m'écrit « Merci de votre humour je m'y suis fait piéger. » Je n'ai pourtant rien inventé, l'annonce est authentique et jamais je ne me permettrais de rire des lecteurs de l'Indépendant.
Un autre habitué de la chronique, par mail, m'explique comment décrypter ces annonces secrètes : « Le code est assez simple, c'est une transposition d'une lettre vers l'avant (a devient b, b devient c ...) sauf pour le v ». Donc « Kbj sbsfnfou xu bvttj qpjsf rof upj » signifie en réalité « Jai rarement wt (VU ?) aussi poire que toi ». Finalement j'ai eu chaud, car au lieu de parler de poires, j'aurais pu, sans même m'en rendre compte, traiter tout le monde de « dpo » voire de « cboef ef cbdijcpyapvt », même si je suis persuadé que cette expression n'était pas encore usitée au début du XXe siècle.
Ce petit jeu m'a donné l'idée de profiter de l'occasion pour vous faire une déclaration que ma timidité m'empêche d'écrire en clair. Sachez donc, chers lecteurs que « kf wpvt bepsf. Nbjt kf qsfoet vof tfnbjof ef wbdbodft. Sfoefa-wpvs mf mvoej 18 bwsjm. »

DE CHOSES ET D'AUTRES : Debout ou couché ?

nuit debout, couché, pétrole, pau, république
Je ne comprends plus rien aux activistes de l'ultra-gauche. Faut-il manifester debout ou couché ? En fait, tout dépend du lieu et de la cause.
À Paris, on se doit de passer la "Nuit debout" pour montrer son opposition au gouvernement, au capitalisme, à la finance, à la loi Travail, aux pollueurs, aux intégristes... La liste des maux de notre planète semble infinie. Presque plus longue que les participants à ces nuits qui veulent se donner des airs de Podemos à la française. Le concept, donc, passer la nuit debout, place de la République à Paris, pour débattre du futur de notre société. Noble idée mais pas pratique pour ceux qui bossent toute la journée, voire la nuit et le week-end s'ils ont la chance, comme moi, d'œuvrer dans la presse quotidienne qui paraît sept jours sur sept.
Je ne rejette pas l'idée en bloc. J'attendrai simplement juillet pour me faire une idée. Avec un peu de chance je serai en vacances, il ne fera pas trop froid et surtout les nuits sont courtes.
Debout la nuit à Paris, couché la journée à Pau. Durant trois jours, la ville accueille le Congrès international du pétrole. Des activistes, pour dénoncer le massacre de la nature, s'allongent sur la chaussée devant le Palais Beaumont. 400 cadavres virtuels hurlent "Stoppons les fossoyeurs du climat !". D'autres, pour retarder l'arrivée des congressistes, s'étendent devant les roues des minibus chargés des navettes.
"Debout !" "Couché !". Il ne manque plus que les révoltés décident d'un "sit-in" et la contestation de gauche deviendra experte en dressage de chien.

samedi 9 avril 2016

Roman : Henri Pick, écrivain célèbre malgré lui

Jolie parabole sur le monde de l'édition, "Le mystère Henri Pick" de David Foenkinos entre rires et pleurs.
mystère, pick, foenkinos, gallimardÊtre publié. Le rêve de tout écrivain du dimanche se transforme souvent en immense déception. David Foenkinos, romancier reconnu et qui n'a plus de problème à ce niveau, raconte la petite histoire de ces manuscrits qui ne franchiront jamais les librairies. L'occasion aussi pour ce pro de l'édition de détailler tous les petits métiers de ce milieu culturel si particulier, de l'éditeur au bibliothécaire en passant par le représentant et l'écrivain, bien entendu. A Crozon, petite ville de Bretagne, Jean-Pierre Gourvec, en hommage à Brautigan qui l'a imaginé dans un de ses livres, décide de créer la bibliothèque des manuscrits refusés. Une dernière occasion pour ces livres sans avenir d'être lus.
Seule condition pour y être admis : que l'auteur remette en main propre le texte. "Il y avait ainsi une grande valeur symbolique à parcourir des centaines de kilomètres pour mettre en terme à la frustration de ne pas être publié. C'était une route vers l'effacement des mots."

En vacances dans la région, Delphine, jeune éditrice parisienne, découvre dans les rayonnages un roman d'une force incroyable. Signé Henri Pick, elle décide de la publier. Et de raconter le parcours de cet écrivain inconnu pour assurer le lancement marketing. Car Henri Pick était le patron de la pizza de Crozon. Mort depuis quelques années, les droits iront à sa veuve. Énormes droits, le roman remporte un succès phénoménal.
Entre alors en scène Jean-Michel Rouche, critique littéraire en disgrâce, persuadé que le pizzaïolo n'a pas écrit le roman mettant en scène les dernières heures du poète russe Pouchkine.
Présenté comme une "comédie pétillante", le mystère Henri Pick est effectivement très distrayant mais se dévore comme un polar, avec enquête, révélations, coups de foudre et retournement de situation dans les dernières pages.
« Le mystère Henri Pick » de David Foenkinos. Gallimard. 17,50 euros

Poches : grandes sagas et polar du réel


Rien ne va plus au 44 Scotland Street ! Las de supporter jour après jour la tyrannie de sa maniaco-névrosée de mère, Bertie décide de prendre des mesures drastiques et de se mettre en vente sur eBay. Ajoutez-y de nouveaux chassés-croisés amoureux et des décisions rocambolesques et vous obtenez le nouvel épisode des Chroniques d'Edimbourg, feuilleton haut en couleurs d'Alexander McCall Smith.
"Le blues de Bertie", 10/18, 7,80 euros

Premier roman de Christophe Molmy, "Les loups blessés" est diaboliquement réel. Normal, avant de raconter le périple de ce flic usé et d'un criminel de haut rang, l'auteur a fait une longue carrière à la BRI de Paris, service spécialisé dans la lutte contre le grand banditisme. Le roman est une longue traque qui pourrait se solder par une rédemption. Mais pourquoi la fiction serait-elle plus belle que la réalité ?
"Les loups blessés", Points, 7,50 euros

Avant de signer des polars ruraux, Bernard Simonay s'est imposé comme un des meilleurs représentants de la science-fiction française. "L'archipel du Soleil" est le second tome de sa trilogie sur les enfants de l'Atlantide, qui plonge le lecteur au cœur de la civilisation atlante. Une extraordinaire saga entre rêve et réalité se déroulant six mille cinq cents ans avant Jésus-Christ.
"L'archipel du Soleil", Folio SF, 9,20 euros