lundi 12 mars 2012

BD - Viking vs krökken dans le premier tome d'Asgard de Nury et Meyer




Un monstre marin, un krökken dans l'imaginaire viking, terrorise un village de pêcheurs. Pour le mettre hors d'état de nuire, les chefs décident de faire appel à Asgard. Surnommé " Pied-de-fer ", c'est un paria car estropié de naissance. Sur un drakkar spécialement aménagé, en compagnie d'un noble, d'un poète, d'une maîtresse femme et d'une orpheline débrouillarde, il va tenter de piéger la bête.

Écrite par Fabien Nury, cette histoire abordant le thème des différences, est dessinée par Ralph Meyer. Les scènes de combat lui permettent de donner toute latitude à l'amplitude de son trait, sec et précis. Depuis " Berceuse Assassine ", tout ce qu'a entrepris ce dessinateur est marqué du sceau " chef-d'œuvre ".


« Asgard » (tome 1), Dargaud, 13,99 €


vendredi 9 mars 2012

BD - Iznogoud, 25 histoires pour les 50 ans


25 histoires d’Iznogoud signées René Goscinny et Jean Tabary pour marquer les 50 ans du personnage. Parues entre 1962 et 1978, ces histoires de 2 à 16 planches sont des bijoux d’humour et de dérision. On peut y retrouver la première planche avec Iznogoud, dans sa version originale, en noir et blanc, parue dans le journal Record, puis sa version redessinée et en couleur parue dans Pilote, 11 ans plus tard. Un album de 280 pages présentant également la genèse des personnages, des portraits des auteurs historiques, un lexique des personnages et même une compilation des meilleurs calembours et jeux de mots dont la série est truffée.
Enfin, Anne Goscinny a retrouvé dans les affaires de son père le dernier scénario d’Iznogoud. Pour lui rendre hommage, elle publie la version écrite en vis-à-vis de la planche dessinée par Jean Tabary.
Une façon de découvrir comment travaillait ce génie de l’humour dont on ne dira jamais assez combien sa disparition prématurée à 51 ans nous a privés de milliers de pages hilarantes.

« Iznogoud, 25 histoires de Goscinny et Tabary », Imav Editions, 29,90 euros.


jeudi 8 mars 2012

BD - De Jean à Nicolas : la filiation Tabary

Pour dessiner le nouvel album d'Iznogoud, Anne Goscinny n'a pas eu besoin de chercher un illustrateur coulant son trait dans celui de Jean Tabary. La succession était déjà en cours. Nicolas, le fils de Jean, après s'être approprié le personnage dans quelques gags, a signé la précédente histoire longue, « Les mille et une nuits du calife ». C'est donc un Iznogoud quasi identique graphiquement au personnage connu qui a débarqué cette semaine chez les libraires.



Nicolas, pourquoi cette reprise du dessin d'Iznogoud ?
A la base je travaillais dans la publicité. Je faisais des dessins pour des institutions. Mais je travaillais avec mon père, on était très proche. Quand j'ai dessiné des strips d'Iznogoud, il m'a donné des conseils et je les ai suivis. Je respectais tellement son travail que je voulais que cela corresponde exactement à ce qu'il attendait. Mais je n'ai pas copié mon père. J'ai dessiné la série dans son esprit, sans systématiquement me référer à ses précédents albums. Je ne me suis pas forcé à prendre son graphisme. Si je dessine comme mon père c'est que j'aime dessiner de cette façon-là parce que j'ai baigné dedans toute ma vie depuis ma plus tendre enfance.

Comment s'est passé votre collaboration avec Nicolas Canteloup et Laurent Vassilian.
Le scénario était très intéressant car plein de nouveaux personnages, Iznogoud toujours dans tous ses états, pleins de jeux de mots. J'ai respecté le scénario mais au niveau graphisme et univers, j'ai eu carte blanche. Au niveau des personnages, j'ai pris du plaisir à dessiner leurs expressions. J'aime beaucoup la tête des personnages. Des fois, rien qu'en voyant la tête d'un personnage qui réagit, de voir sa tronche, on sourit car on le voit tout déformé. C'est quelque chose qui me tient à coeur, c'est de faire vivre les expressions.

Votre prénom Nicolas vient-il de l'autre personnage de Goscinny.
Je n'en ai pas parlé directement avec mes parents, mais je pense qu'ils ont été inspiré car le petit Nicolas a été créé bien avant ma naissance. Quand mes parents se sont mariés, j'étais déjà dans le ventre de ma mère. Et c'est marrant car Goscinny et Charlier étaient témoins au mariage. En plus, mon parrain c'est Gotlib. Sans parler de mes oncles, pierre, qui signait des illustrations sous le nom de Peter Glay dans Pilote et Jacques qui dessinait les aventures d'un magicien et les modes d'emploi des gadgets dans Pif. Donc je suis vraiment tombé dans la BD comme Obélix dans la potion magique...


mercredi 7 mars 2012

BD - Iznogoud entre en campagne

Iznogoud, personnage de bande dessinée emblématique, revient sur le devant de la scène dans un album dont le scénario est signé Nicolas Canteloup et Laurent Vassilian.


Lassé de ne pouvoir devenir calife à la place du calife, Iznogoud a une idée géniale pour enfin accéder au pouvoir suprême : il va se faire élire président ! Le fil conducteur de ce nouvel album des aventures du personnage le plus ignoble et méchant de la bande dessinée est directement tiré des événements qui ont secoué les pays arabes en 2011. Mais si la démocratie tient une place prépondérante, ce n'est pas au détriment de l'humour. Et Iznogoud va vite se rendre compte que pour être élu, il faut être aimé du peuple. Hors, les premiers sondages le créditent d'un petit 0%. « Pour l'instant c'est encore faible, constate Iznogoud, mais la bonne nouvelle c'est qu'on ne peut que remonter. »

Scénaristes inspirés

Anne Goscinny, fondatrice des éditions IMAV, est à l'origine de cette reprise d'Iznogoud. Et c'est elle qui a choisi les nouveaux scénaristes. « Je revendique la paternité du casting. Je me suis demandé « Qui me fait rire ? » Or je n'ai pas le rire facile. Mais la réponse s'est imposée assez rapidement, c'est Nicolas Canteloup et ses auteurs qui me font marrer le matin sur Europe 1. Parce qu'ils ont du talent, qu'ils ne sont jamais ni grossier ni méchant. J'ai trouvé que leur humour coïncidait bien avec les codes que mon père avait mis en place » Restait à les convaincre de se lancer dans une aventure nouvelle, alors qu'ils étaient déjà surchargés de travail (chronique quotidienne à la radio et à la télévision, spectacles en tournée...). Le personnage d'Iznogoud étant si riche, si proche de leur univers, ils ont accepté « naturellement » d'en reprendre l'animation.

« Ce personnage il est très étrange, admet Anne Goscinny. Tout le monde le connait. Il a acquis une popularité incroyable sur la base d'une seule formule. Cela a un côté un peu magique. Laurent Canteloup et Laurent Vassilian connaissaient le personnage mais n'avaient pas précisément l'univers et les calembours en tête. »

Une excellente reprise

A la lecture de ces 48 pages riches et mouvementées, on peut dire que la greffe a parfaitement pris. Les gags, clins d'oeils, références détournées sont incessantes. Une seule lecture ne suffit pas à en faire le tour. Sans trop en dévoiler, sachez qu'Iznogoud, au niveau machiavélisme, est presque battu par le mage Lâkan, une sorte de magicien qui par sa seule parole, parvient à changer la mentalité des gens. Le bourreau, par exemple, ne veut plus tuer mais monter sur les planches.

Clin d'œil aussi aux nouvelles technologies. La mode à Bagdad c'est d'avoir un bouc coiffé d'un fez. Il parle, permet d'avoir des amis. C'est le fez-bouc. Et pour qu'il n'y ait pas de jaloux, Twitter aussi jouera un rôle dans l'histoire. Et au final, comme de bien entendu (on ne change pas une formule qui marche), Iznogoud ne sera pas « calife à la place du calife » et encore moins président...

« Iznogoud président » au éditions IMAV, 11 euros.


lundi 5 mars 2012

Si maman l'a dit... ou quand Twitter fête les mères en avance

« Les phrases cultes de ma mère » ont inondé Twitter ces deux derniers jours. Régulièrement, des thèmes sont lancés sur ce réseau social. Les ados et jeunes adultes adorent s'amuser à ce petit jeu, surtout quand il leur donne la possibilité de décrire leur quotidien.
L'observateur y trouve un sondage grandeur nature sur l'état d'esprit de la jeunesse. Et les inquiétudes des mamans perdurent de génération en génération. On perçoit beaucoup de tendresse dans ce petit florilège.
L'habillement : « Tu vas pas sortir comme ça j'espère ? » Les relations : « Tu parles pas à des inconnus sur Internet, hein ? », « Y'a des mecs à la soirée ? Tu les connais ? Pas de bêtises hein ! » « Si tu continues je te mets en pension ... »
Le ménage : « T'as vu ta chambre ? », « Je te donne 15 minutes pour ranger ta chambre sinon tout passe par la fenêtre ».
L'école : « Je m'en fous de la note des autres c'est toi qui m'intéresse. »
Internet : « Laisse ton ordinateur se reposer », « Mathieuuuuu, comment on fait un copier/coller déjà ? »
L'avenir : « C'est quand que tu te maries ? » « Vous verrez quand vous aurez mon âge... » « Arrête d'acheter des vêtements et va ouvrir un compte épargne logement » « C'est quand que tu me fais des petits-enfants ? »
Et comme sur Twitter, tout finit par du second degré, savourez cette dernière phrase culte : « Je vous déclare mari et mari. » Mais elle n'est pas de ma mère puisque c'est Noël (Mamère) qui l'a prononcée le 5 juin 2004...
(Chronique "ça bruisse sur le net parue ce vendredi dans l'Indépendant)

dimanche 4 mars 2012

BD - La main du mort, second volet de "Poker Face" de Fonteneau et Arnoux




Jean-Louis Fonteneau, scénariste de l'inspecteur Bayard, série tout public, change totalement de genre avec « Poker Face ». Une série sur les jeux d'argent, avec de la violence et du sexe : le grand écart est complet. Pour illustrer cette histoire de vengeance il a fait confiance à Éric Arnoux qui pour l'occasion s'est adjoint les service d'un jeune apprenti, Chrys Millien. Yan Duarte, le héros, retrouve son père après des années d'absence. Mort. Une balle dans la tête. Les policiers ne mettent pas en doute le suicide car il est en possession d'une lettre annonçant son geste. A cause de ses dettes de jeu. Mais Yan est sceptique. Il va tenter de mieux comprendre le milieu dans lequel son père évoluait. Yan va aller de surprise en surprise, découvrant que l'addiction au jeu peut entraîner certains sur des terrains extrêmes. De Paris à Barcelone en passant par Narbonne, Yan, toujours entouré de jolies femmes (et peu vêtues) va mieux comprendre son père et savoir enfin pourquoi il est mort. Un bon thriller, palpitant, avec une grosse dose de méchants, vraiment affreux.

« Poker Face » (tome 2), Jungle, 12,50 €

vendredi 2 mars 2012

BD - "Spécial Branch" : des policiers tenaces racontés par Hamo et Seiter




Ils ont inventé la police scientifique. Ils ne lâchent jamais leur proie. Même des années après un crime, ils font tout pour démasquer l'assassin. Les flics de Spécial Branch sont de retour dans cette enquête au long cours écrite par Seiter et dessinée par Hamo. Un cadavre momifié a été découvert dans la double coque d'un transatlantique en cours de démolition dans le port de Liverpool. Robin se charge de l'interrogatoire des témoins, Charlotte, sa sœur, de l'analyse des viscères du mort.
Ce dernier, non seulement a été tué d'une balle dans la tête, mais a en plus été drogué avant l'exécution. Pour tenter de découvrir l'identité du cadavre et surtout ce qui s'est passé durant cette traversée en 1967, 22 ans avant, Robin va rechercher les passagers. Et en constatant que Jules Verne en fait partie, il convoque immédiatement l'écrivain français. Le génial visionnaire se souvient parfaitement du voyage au cours duquel il a pris des notes dans l'optique de rédiger un de ses romans intitulé « Une ville flottante ».
Le second volet de cette série est passionnant. Enquête, déduction, témoignage, complot, on ne n'ennuie pas une seconde. Et un ultime coup de théâtre final nous rend encore plus impatient de découvrir le 3e et dernier volet.

« Spécial Branch » (tome 2), Glénat, 13,50 €


jeudi 1 mars 2012

BD - "Boule à zéro", craquante petite malade de Zidrou et Ernst




Attention préparez vos mouchoirs. Si vous n'avez jamais pleuré (ou du moins écrasé une larme) en lisant une BD, « Boule à zéro » risque de vous bouleverser. Zita est une petite fille de 13 ans. Elle n'en paraît que 10 et tout le monde autour d'elle l'appelle Boule à Zéro. Zita est malade, elle vit depuis 9 ans dans l'hôpital où ont tente de la soigner. Ernst (dessin) et Zidrou (scénario) ne forcent pas le trait. Au contraire, malgré sa maladie, Zita est extraordinairement active.
 Durant les premières planches, on la suit dans les couloirs de l'hôpital alors qu'elle distribue les invitations à son anniversaire. On croise les infirmières, les docteurs, les autres petits malades et même les pensionnaires du service gériatrie, toujours enchantés de voir une tornade de jeunesse. Car Zita a parfois tendance à en faire un peu trop. Résultat c'est son cœur qui se met au chômage. Heureusement elle ne quitte jamais l'hôpital. Pour les premiers secours, c'est plus pratique. 
Le problème de Zita, après sa maladie, c'est sa mère. Elle ne vient plus la voir. Et c'est là, dans cet amour perdu que les auteurs nous fendent le cœur. La justesse de ton de cet album en fait un des titres indispensables de ce début 2012.

« Boule à zéro » (tome 1), Bamboo, 10,95 €


mercredi 29 février 2012

Science-fiction - "Les chroniques de Genikor" pour se méfier de la génétique

Libérez les recherches en génétique et le monde sera dominé par une société, Genikor. « Ad Noctum » en est le catalogue.

Pas vraiment un roman, un peu plus qu'un recueil de nouvelles, « Ad Noctum, les chroniques de Genikor » de Ludovic Lamarque et Pierre Portrait, est un miroir à facettes de notre futur. Un avenir où la génétique s'est affranchie de toutes les barrières éthiques. Une génétique sans limite, au service de l'homme, de ses envies, ses plaisirs, ses folies.

Tout a commencé quand il a fallu trouver des solutions pour arrêter le massacre des soldats. Le monde occidental, entraîné dans une guerre avec la Chine, subit d'importantes pertes. Genikor propose de mettre au point des combattants hybrides. Des machines à tuer. Sans états d'âme. Ce sont les ogres, des satyres créés de toute pièce massacrant femmes et enfants. Une arme de terreur massive. Dans un village, la nuit, une mère venant calmer les pleurs de son bébé, est la première à les apercevoir : « Avec leur fourrure hirsute, leurs babines pendantes, leurs crocs acérés luisants de bave, leur sexe long et courbe comme un sabre de samouraï, elle croit voir surgir les démons des légendes anciennes. » Une de ses chimères, de retour au pays s'échappe. La terreur change de camp.

Chasseur et amants

De toutes les séquences proposées par les deux auteurs, deux sortent du lot. « Hallali » décrit la chasse dans la zone où normalement plus personne de peut vivre en raison des radiations. La société des chasses Zaroff permet à quelques citoyens fortunés de tuer mammouth, manticore (créature légendaire issue de la mythologie perse) ou cro-mag. Dans ce paysage de fin du monde parfaitement décrite, on s'énerve en constatant la bêtise du chasseur. Persuadé de la toute puissance de ses armes, il va se confronter à des êtres n'ayant que leur désespoir pour se défendre. Son accompagnatrice, au contraire, est d'une rare humanité. Elle est quasi en osmose avec son traqueur, un cerbère de Genikor, animal hybride à trois têtes.

Enfin, laissez-vous emporter par l'étonnante histoire d'amour entre Axel et Anne dans « Le cri de la chair ». La nouvelle est constituée de lettres enflammées que s'adressent au quotidien les deux amoureux. Ils sont au service de Carla, leur maîtresse. Carla une ponte de Genikor ayant reçu en cadeau cette merveille de la technologie : un androclone. Il change de sexe en absorbant le produit adéquat. Carla a donc un homme pour la journée, une femme pour la nuit. Axel et Anne. Deux entités pour un même corps, n'étant jamais ensemble, ne communiquant et ne s'aimant que grâce à ces lettres cachées dans les recoins de la chambre. Mais comment va réagir Carla ? Peut-on accepter que son « mari » vous trompe avec sa propre « maîtresse » en sachant que les deux êtres sont la même et unique personne ? C'est plus fort que Roméo et Juliette, mais cela ne finira pas mieux...

« Ad Noctum, les chroniques de Genikor », Ludovic Lamarque et Pierre Portrait, Denoël Lunes d'encre, 20,50 €

mardi 28 février 2012

BD - "Minus" de Rica chez Drugstore : cachez ce monstre !



Minus, les personnage principal de cette BD de Rica est tout, sauf recommandable. Jeune adulte, travaillant par obligation, il cache ses sentiments. Ses obsessions exactement. Totalement addict au sexe (merci internet...) il termine parfois la soirée avec des conquêtes féminines. Mais il est obligé de réfréner ses ardeurs. Il trouve la solution en achetant des mannequins criant de vérité. Minus est un monstre. Une bête que chaque mâle aurait tapi au plus profond de son subconscient. 
L'album nous apprend comment il apprivoise son désir, et la meilleure façon de donner le change. Une BD très dure, à réserver aux adultes, mais qui finalement semble se terminer bien... Mais avec Minus, méfions-nous des apparences.

« Minus », Drugstore, 17,25 €