mercredi 4 janvier 2012

Science-fiction - Virus en mutation dans "Rifteurs" de Peter Watts

Une explosion atomique dans les profondeurs de l'Océan Pacifique a ravagé la côte Ouest des USA. Dans ce chaos, l'Humanité tente de survivre.

Après le huis-clos au plus profond des abysses (« Starfish » paru en 2010 au Fleuve Noir), Peter Watts prolonge sa saga de science-fiction au grand air. Son héroïne, Lenie Clarke a survécu. Après l'explosion et le tsunami qui en a résulté, elle s'est tapi au fond de l'océan. Technicienne chargée d'entretenir ces nouvelles centrales électriques utilisant l'énergie géothermique, elle a a été « améliorée » pour résister aux grandes pressions et respirer sous l'eau. C'est à pied qu'elle rejoint la cote américaine. Et ce qu'elle découvre ne ressemble plus au monde qu'elle a connu avant. « Le fond était entièrement recouvert de cadavres. Qui semblaient eux aussi couvrir plusieurs générations. Certains se réduisaient à  des agglomérats symétriques d'algues. » Des millions de morts, des pans entiers du pays disparu : l'Amérique peine à se redresser.

Camps de réfugiés

Mais dans ce futur proche, des repères restent. Les rares parties côtières épargnées sont toujours longées par un mur infranchissable. Un mur édifié pour empêcher aux réfugiés venus de toutes parts de pénétrer dans cet Eldorado rêvé. Lenie Clarke, en sortant de l'eau, telle une divinité antique, devient un sujet de conversation, puis d'admiration pour les milliers de réfugiés survivant au bord de l'eau. Parqués, mais pas abandonnés. Des machines les nourrissent au quotidien. Un magma de protéines, coupé avec de puissants médicaments pour abolir toute velléité de rébellion. Un homme, tout en se méfiant de Clarke, va lancer un vaste mouvement de grève de la faim. Cela permet aux réfugiés de libérer leur conscience, de retrouver cette volonté d'avancer, de conquérir le pays.

Le Maelström prend le pouvoir

Ce monde apocalyptique, où le clivage entre nantis et moins-que-rien est de plus en plus grand, est surveillé par des drones-robots pilotés par des techniciens bien au chaud dans leurs maisons high-tech. Le roman nous fait découvrir les interrogations d'une de ces surveillantes toute puissante : Sou-Hon. Elle tente de contacter Lenie Clarke alors qu'au même moment des incendies ravagent des régions entières et que le Maelström, l'immense réseau informatique ayant succédé à internet, voit se développer des intelligences artificielles de plus en plus autonomes.

Peter Watts, écrivain canadien, est biologiste marin de formation. Avec ce roman, il quitte son domaine de prédilection pour la terre ferme. Mais ses spéculations sur des thèmes d'actualité (gestion des réfugiés, maîtrise de l'information, nouveaux dangers bactériologiques) cachent un thème plus universel : l'exploration de la psychologie humaine. Il nous avait épaté dans « Starfish », tous les personnages étant des « déviants » (serial-killers, violeurs...). Cette fois, ils sont plus dans la norme, mais tous potentiellement sujets à de graves psychoses. Le constat n'est pas très optimiste. Mais en prendre conscience permettra peut-être d'éviter quelques catastrophes planétaires.

« Rifteurs », Peter Watts, Fleuve Noir, 24 € 

mardi 3 janvier 2012

BD - Mafioso en devenir chez Soleil

Comment rembourser 5 milliards de dollars à l'Etat ? Jérôme Caravelle était trader. Il a multiplié les coups fumants. Pris par la patrouille il est condamné à 107 ans de prison et à cette amende colossale. Rapidement remis en liberté (il a dénoncé tous les dealers de la prison), il lui faut quand même payer l'amende. 

La solution vient naturellement : devenir mafieux. Un trader au pays de la mafia cela donne un scénario d'une noirceur absolue. Il est signé Yannick Dahan, journaliste télé, producteur et réalisateur de cinéma. On retrouve dans les dialogues de cette BD sa verve devenue légendaire sur TPS dans la quotidienne du cinéma. 

Les dessins sont signés Amazing Ameziane dont le trait doit beaucoup aux comics américains.

« Devenir mafieux », Soleil, 9,95 € 

lundi 2 janvier 2012

Sketchtravel : le livre migrateur

Sur l'initiative des illustrateurs Daisuke Tsutsumi et Gérald Guerlais, 71 artistes internationaux de la BD, de l'illustration et de l'animation se partagent depuis 2006 un carnet de croquis. Sketchtravel est le résultat de cette extraordinaire aventure humaine. Poétiques et souvent drôles, les illustrations rassemblées dans cet ouvrage totalement inédit sont aujourd'hui offertes à tous, avant que le carnet original ne soit vendu aux enchères (70 000 euros) au profit de l'association Room to Read le 17 octobre dernier. Ce livre a une histoire, chaque dessinateur racontant comment il l'a reçu des mains d'un collègue, photo à l'appui.

« Sketchtravel », Editions du Chêne, 192 pages, 29,90 €

- Une édition collector d'une valeur de 150 euros propose un fac-similé du carnet, un livre retraçant l'aventure et un tiré-à-part original de Nicolas de Crécy.

dimanche 1 janvier 2012

BD - 2012 : feu sur Sarkozix, la caricature signée Bazile et Lupano chez Delcourt


2012 sera une année charnière pour Sarkozix. Ça passe ou ça casse. Sarkozix c'est la caricature gauloise de notre cher président de la république par Lupano (scénario), Bazile (dessin) sur une idée originale de Guy Delcourt. Sous forme de gags, vous pourrez revivre les grands moments de l'année passée, de la chute de Benalis à la prise de Carthago en passant par la réforme des retraites. 

Sarkozix a une manie, le remaniement. Chaque jour il voudrait changer son équipe menée par Fillus. Il doit en plus faire avec cette invention romaine, la démocratie. Ses adversaires sont de plus en plus nombreux. 

Craignant pour son avenir il fait une incantation aux dieux. Priape l'entend et fait chuter le plus redoutable : Stroskanix. Une satire hilarante. Ô joie, un nouveau recueil est annoncé pour mai 2012. En pleine campagne présidentielle...

« Les aventures de Sarkozix » (tome 3), Delcourt, 9,95 €

vendredi 30 décembre 2011

Voici les vidéos les plus vues en 2011 sur internet

En 2011 vous avez toujours autant regardé la télévision, mais les images se consomment aussi de plus en plus sur internet. Les plateformes de partage de vidéos remportent un succès croissant. Youtube fait la course en tête, avec en moyenne deux milliards de vidéos vues... chaque jour. Des chiffres énormes qui ne doivent pas éclipser le contenu des films eux-mêmes. Et là, c'est nettement moins réjouissant.
En tête, toutes catégories confondues, le clip « Friday » de la chanteuse Rebecca Black. Ce tube à l'envers a été élu plus mauvaise chanson de tous les temps. On y voit une adolescente toutes dents dehors, lèvres glossy à outrance, partir faire la fête et se réjouir que l'on soit vendredi car « demain, c'est samedi et dimanche vient juste après... ».

Elle devance une vidéo d'un chien doté de la parole. Enfin, c'est un trucage, mais avouons que là c'est très réussi et particulièrement comique.

En 5e place, « Nyan Cat » a tout pour rendre fou. Un animation pixelisée montre un chat courir dans le ciel. Image répétitive sur une musique encore plus horripilante. La version originale dure un peu plus de trois minutes. La torture ultime c'est de tenter de supporter la vidéo rallongée. 100 heures...

En France, les vidéos les plus vues sont essentiellement des sketchs spécialement conçus pour le net. « Norman fait des vidéos », avec un minimum de moyens, truste 7 places dans le Top 10. Un jeune s'adressant aux jeunes à travers un support qu'ils apprécient. En voilà un qui a tout compris.

mardi 27 décembre 2011

Les Centaures, des militaires volants par Herzet et Loutte au Lombard


La BD militaire, et plus spécialement d'aviation a toujours eu le vent en poupe. De Dan Cooper aux Chevaliers du ciel en passant par Buck Danny, plusieurs générations de petits garçons ont rêvé aux exploits des pilotes de chasse. « Centaures » est complètement dans cette veine. Éric Loutte, le dessinateur, a fait ses premières armes sur la reprise de Biggles. Emmanuel Herzet, le scénariste, s'est rodé sur la série Alpha et « La branche Lincoln ». Deux pros de la BD au service des pros de la guerre.
L'action de ce premier tome intitulé « Crisis » débute aux îles Amandine. Cet archipel, ancienne colonie française ayant conservé des accords de coopération militaire, est au centre d'un coup d'État. Premiers visés, les militaires français. Deux pilotes, TNT et Starbuck, parviennent à prendre la fuite à bord d'un Jaguar. Leur avion touché, ils se retrouvent aux mains des rebelles. De Paris, une opération est lancée pour les libérer.
Les auteurs ont passé une semaine sur le porte-avions Charles de Gaulle pour un maximum de vérité. Un album augmenté virtuellement, des QR codes permettant au lecteur de découvrir des reportages sur cet univers de l'armée de l'air française.

« Centaures » (tome 1), Le Lombard, 11,95 €

vendredi 23 décembre 2011

Billet - Trois faits divers insolites pour passer Noël aux armes


Est-ce le solstice d'hiver ou l'esprit de Noël ? Ces trois faits divers prouvent que ce n'est pas fête pour tout le monde. Par contre, côté armes, c'est un festin, du fusil au nunchaku en passant par l'arc de compétition.

Début de la tournée de Noël par Mons-en-Barœul. La Voix du Nord relate comment cet homme, vexé d'avoir été mis dehors par un vigile, est revenu au Lidl armé d'un nunchaku. Il s'est attaqué à la vitrine et aux caisses. Pas de blessés dans l'aventure, mais un arrêt à la case prison avant une expertise psychiatrique. Le remède ? Qu'il arrête de regarder des films de ninjas.

A Oloron-Sainte-Marie, dans les Pyrénées-Atlantiques, c'est à un remake de Rambo que des passants ont assisté. Un homme de 25 ans, revenu récemment d'Afghanistan, « s'est élancé à la poursuite de sa compagne, en treillis et armé d'un arc de compétition » raconte le journaliste de la République des Pyrénées. La jeune femme s'est réfugiée dans une école avant que le déséquilibré ne soit maîtrisé par les gendarmes. Enfin, méditons sur cette histoire de Père Noël armé d'un fusil, semblant directement inspirée du film de la bande du Splendid.

A Bordeaux, relate Sud-Ouest, « sur le marché de Noël des Allées de Tourny, le personnage préféré des enfants a menacé avec une arme non chargée le vendeur de sapins installé à côté de son chalet. » Toujours déguisé en Père Noël, l'agresseur a passé une journée en garde à vue... De quoi traumatiser toute une génération de petits Bordelais. 

mercredi 21 décembre 2011

BD - Gyakushu : la vengeance du voleur selon Dan Hipp

Il est jeune et ambitieux. C'est le plus habile des voleurs. En dérobant un livre rare, il découvre la légende de cette vallée isolée. Le voleur a maintenant un but, passer le reste de sa vie au calme près de sa famille. « Gyakushu » débute comme une gentille fable. Mais Viktor, le propriétaire du livre va vouloir récupérer son bien. Le voleur sera impuissant face à ces hordes de guerriers assoiffés de sang. Son paradis sera brûlé, sa femme assassinée, son fils enlevé. Lui sera laissé pour mort, amputé, défiguré. 

La suite de la BD conte la quête de vengeance du voleur le corps entièrement recouvert de bandelettes. Viktor, après son attaque, a pris goût à la violence et au pouvoir. Dan Hipp est un auteur américain ayant déjà travaillé pour nombre de maisons d'édition. Il signe la première partie d'une trilogie toute en baston. Il excelle dans le noir et blanc, certaines compositions de ses planches faisant penser à du Andréas. Une nouvelle pépite pour la jeune et prometteuse collection Hostile Holster de chez Ankama.

« Gyakushu ! », Ankama, 14,90 € 

mardi 20 décembre 2011

Un couple d'enfer au sommaire du nouvel album des Nombrils de Delaf et Dubuc


Mais qu'est-il arrivé à Karine, l'infortunée héroïne de la série « Les Nombrils » de Delaf et Dubuc ? Après avoir rejeté son amour de toujours, Dan, elle décide de changer de personnalité. Jenny et Vicky, les deux pestes aimant tant l'humilier, en tombent des nues. Elle a oublié son tee-shirt trop court et son bas de survêtement informe pour un ensemble noir et sexy accordé à sa nouvelle couleur de cheveux. En virant gothique, Karine est le miroir de nombre d'adolescentes traversant une crise d'identité. Et comme dans la réalité, cette métamorphose n'est pas venue d'elle mais provoquée par une relation. Karine est en train de tomber amoureuse d'Albin, le chanteur albinos. Un blond mystérieux devenant de plus en plus énigmatique au fil des gags repris dans ce 5e recueil. Vicky et Dan vont s'unir, temporairement, pour en savoir un peu plus sur le nouveau mentor de Karine, prêt à tout, même à la prendre comme choriste dans son groupe. Après quelques éclats de rire (souvent dus à la bêtise de Jenny, la fille la plus bête du monde), l'histoire prend un tour un peu plus dramatique. Albin, dont le vrai prénom est Alain, a un passé loin d'être immaculé.

« Les Nombrils » (tome 5), Dupuis, 10,45 €

BD - Créatures fantasmagoriques au cœur de l'univers des Stryges


Prévenons d'emblée les lecteurs : le 14e épisode de la série « Le chant des Stryges » ne contient quasiment pas de scènes avec ces créatures fantasmagoriques, mi anges, mi démons. La priorité est donnée aux hybrides, ces hommes et femmes ayant hérités génétiquement de l'immortalité des Stryges. 


Corbeyran, le scénariste, utilise cet album pour placer ses pions, comme s'il s'agissait des phases préparatoires d'une longue partie d'échecs. Il y a des rebondissements, de la violence, des alliances, des trahisons; bref tout ce qui fait le sel de ce feuilleton gothique. 

Guérineau, le dessinateur, est irréprochable. Son trait précis et expressif fait aussi beaucoup pour le succès de cette série qui devrait encore durer quatre tomes...

« Le chant des Stryges » (tome 14), Delcourt, 13,50 €