La peur, irrationnelle, n’a pas de frontière. Lire pour frémir est une expérience partagée par les lecteurs de toutes les origines. Exemple avec ces deux romans qui viennent d’Islande et de Chine.
Arnaldur Indridason abandonne le héros qui l’a révélé au monde entier (Erlendur), pour désormais se consacrer à un autre flic, encore plus compliqué : Konrad. Dans Le mur des silences, il poursuit son enquête sur le meurtre de son père des dizaines d’années auparavant mais est surtout obnubilé par la découverte dans le mur d’une maison du corps d’une femme assassinée. Cette maison est au centre du roman. Les propriétaires et locataires s’y succèdent depuis des années et tout le temps, les femmes se sentent mal à l’aise. Exemple avec le récit de cette jeune propriétaire fait à une amie de Konrad, une médium qui croit aux esprits : « Je n’entends aucune voix et je n’ai pas non plus de visions. Je me sens oppressée, c’est tout. J’ai l’impression que des choses affreuses se sont passées entre ces murs. C’est un sentiment qui me submerge. Une profonde anxiété. » Que s’est-il passé dans cette maison ? Des fantômes prolongent-ils le cauchemar de pauvres victimes ? Ce polar avec de faux airs de fantastique est d’une redoutable efficacité. Arnaldur Indridason prouve roman après roman qu’il est le meilleur dans le genre noir nordique.
Des spectres et de l’angoisse, il y en a également à revendre dans ce thriller de Cai Jun, écrivain chinois. Comme hier, titre du roman, est également le nom d’une sorte de jeu vidéo. Une interface qui permet de plonger dans ses souvenirs et de revivre grâce à la réalité virtuelle les moments forts de son existence.
Cheveux rouges et chien noir
C’est un professeur d’informatique qui a mis au point ce code. Il est retrouvé assassiné dans son appartement le 13 août 2017 par le policier Ye Xiao. Aussi désabusé que Konrad, il semble dépassé par les événements. Car il y a pile 5 ans, il était chargé de l’enquête sur le meurtre d’une collégienne dans la même rue. Deux affaires reliées entre elles par la présence de Sheng Xia, la véritable héroïne du roman. Cette lycéenne aux cheveux rouges, fan de boxe thaï, hacker toujours accompagnée d’un grand chien noir, était la meilleure amie de la collégienne assassinée et élève appréciée du professeur assassiné. Sheng Xia que tout le monde surnomme la Démone : « Selon la légende qui courrait dans le lycée, tous les ans, en été, à trois heures du matin dans la rue Nanming, si on apercevait une mystérieuse jeune fille tenant en laisse un gros chien noir, c’était le fantôme de la Démone. » Elle va utiliser Comme hier pour tenter de remonter le temps, découvrir la vérité dans ces réalités parallèles. Entre pur fantastique et anticipation technologique, cette histoire dépayse le lecteur français mais parvient aussi à lui glacer les sangs.
« Le mur des silences » d’Arnaldur Indridason, Métailié, 22 €
« Comme hier » de Cai Jun, XO, 21,90 €


Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire