samedi 14 mai 2016

Livres de poche : trois belles histoires de femmes


1938. Alors que le destin de l'Europe s'apprête à basculer, un voilier accoste sur l'Île-aux-Moines. À son bord, Marge. La jeune Anglaise rencontre Blaise et son meilleur ami Mathias. De la débâcle à l'épuration, de la guerre d'Indochine aux Jeux olympiques de 1964, ce trio amoureux imaginé par Gilles Martin-Chauffier traverse un quart de siècle où la petite histoire se mêle à la grande.
"La femme qui dit non", Folio, 7,70 euros

Après la mort de leur amie Sonja, Rebecka, Susanne et Maggan découvrent qu'elles sont les uniques héritières de sa fortune, dont elles ignoraient tout… à la condition expresse de changer de vie et de laisser derrière elles tous leurs soucis. Les trois quinquagénaires décident de relever le défi ! Ce roman optimiste d'Asa Hellberg prouve qu'il n'y a pas d'âge pour réaliser ses rêves de jeunesse.
"Amusez-vous en pensant à moi", Pocket, 6,95 euros

Suzanne Stone a tout d'une vie parfaite : la beauté, la jeunesse, une jolie maison et un mari qui la vénère. Mais elle veut la gloire. Star d ela télévision locale, lorsque son époux est retrouvé mort, la veuve éplorée, point de mire des caméras, devient rapidement suspecte. Enigmatique, capricieuse, est-elle pour autant l'arriviste perverse que certains dénoncent ? Étude de mœurs subtile signée Joyce Maynard.
"Prête à tout", 10/18, 8,40 euros

Un livre sur l'entourage de Marilyn Monroe

marilyn monroe,cauchon,stock

Quintessence de la vedette hollywoodienne, Marilyn Monroe, plus d'un demi-siècle après sa mort prématurée, reste un mystère, une légende. Tout (et son contraire) a déjà été écrit sur sa vie, son œuvre et surtout les derniers mois de sa vie. Sébastien Cauchon, présenté comme un "cinéphile et collectionneur, spécialiste de Marilyn Monroe", apporte un nouvel éclairage sur les dernières semaines de la vie de l'actrice. Pour cela il dresse le portrait de douze proches ou collaborateurs, ayant partagé les derniers moments de l'inoubliable interprète de "Certains l'aiment chaud" ou des "Misfits". Il y a Eunice, sa femme de compagnie, celle qui lui a trouvé la maison à Hollywood où elle a tenté de retrouver le goût de vivre, en vain. Inez, la comptable, Ralph, le psychanalyste ou Evelyn la doublure. Tous étaient dans le premier cercle, employés mais aussi amis de la jeune actrice en plein doute existentiel. Était-elle finie comme certains le prétendaient ? Sa beauté du passé, son talent une vue de l'esprit ? Sans donner de véritable explication sur le suicide, Sébastien Cauchon, en décrivant l'entourage, la vie quotidienne, plante un décor et une intrigue qui ne peut que se terminer de cette façon...
"Marilyn 1962" de Sébastien Cauchon. Stock. 18 euros.

vendredi 13 mai 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Souffler dans le vide

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Éoliennes et panneaux solaires représentent les meilleurs atouts de la France pour sortir (un peu) du nucléaire. Pourtant tout n'est pas aussi rose qu'il n'y paraît. Le Canard Enchaîné révélait il y a peu que la moitié des éoliennes installées en France tournent à vide. Elles brassent de l'air pour rien car toujours pas connectées au réseau d'ERDF. Pour une fois, le Canard s'est un peu emmêlé les palmes. Sur la foi d'un document spécifiant que plus de 10 000 Mw sont "sur la file d'attente", le journal a cru que ces éoliennes étaient inutiles.
En réalité, comme dans le bâtiment, il s'agit essentiellement de permis de construire, des projets encore en développement. D'autres sources expliquent qu'une éolienne, dès qu'elle tourne, est raccordée au réseau. Et qu'en moyenne, entre l'achèvement des travaux et la connexion, il ne passe pas plus d'un mois. En y réfléchissant, c'est logique. Les investisseurs, même dans les énergies renouvelables, ne sont pas des philanthropes. Ils dépensent plusieurs millions pour des machines high-tech, la simple majesté de ces nouveaux moulins à vent n'a rien à y voir. Ils veulent rentrer dans leurs frais. Le plus vite possible. Si EDF rechignait à leur acheter l'électricité produite, ils se montreraient plus vindicatifs.
Par contre, loin de me prétendre spécialiste es-économie, je peux affirmer sans trop de risque que la production des éoliennes en France reste quantité négligeable... quand il n'y a pas de vent. De même, la rentabilité des centrales solaires est proche de zéro... la nuit.

Roman : Castes du futur dans "Newland" de Stéphanie Janicot

newland, janicot, albin michel
Dans quelques siècles, l'humanité se divisera en trois castes. L'amour n'existera plus dans le "Newland". A ceux qui se plaignent sans cesse de la déshumanisation de notre société, lisez donc "Newland" de Stéphanie Janicot avant d'endosser votre rôle de pleureuse sur la mort du libre-arbitre et de chouiner sur l'air du "c'était mieux avant". L'Europe décrite par la romancière semble un paradis, mais c'est l'enfer. Face aux conflits religieux, à l'explosion démographique et l'épuisement des ressources, les états du vieux continent ont pris des mesures drastiques. Limitation de la population, découpage en 100 territoire autonomes, mise en place d'un système de castes. A l'adolescence, chaque individu est affecté à un rôle précis, en fonction de ses gènes. Les Blancs, l'élite, seront les décideurs et fourniront semence et ovocytes pour perpétuer l'espèce. Les Bleus, stérilisés, seront chargés d'élever les enfants. Les Noirs, la majorité, eux aussi stérilisés avant même la puberté, s'occuperont du fonctionnement de la société dans un semblant de liberté.
Marian, la Noire
Pour comprendre ce fonctionnement à la Orwell, Stéphanie Janicot suit le parcours de Marian, brillante jeune fille, persuadée qu'elle sera Blanche et qui se retrouve versée chez les Noirs. Elle va se rebeller et mettre son intelligence au service de sa vengeance. Marian, à l'origine mystérieuse (elle cherche qui sont ses parents, un tabou dans cette société), peut-elle changer de caste, devenir la première Noire à avoir du pouvoir ? Elle séduira hommes et femmes pour atteindre son but, passant même par la case voyage dans le temps, un passage qu'apprécie Stéphanie Janicot qui sort d'une immense saga sur les civilisations, "La mémoire du monde". Marian va-t-elle changer ce monde ? Plus facilement qu'elle ne le croit car "on avait beau lisser l'humain, lui retirer ses aspérités, ses imprévisibilités, sa sexualité, ses humeurs, on ne parvenait pas à l'apaiser complètement." La morale du roman ? Tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir. Donc n'oubliez pas d'en profiter tant que c'est encore possible.

jeudi 12 mai 2016

Cinéma : faites votre propre festival de Cannes (vidéos)

Si les stars du cinéma sont à Cannes, quelques films présentés en exclusivités sur la croisette sortent dans la foulée. Woody Allen ce mercredi, Jodie Foster jeudi et le Bruno Dumont vendredi.
Jusqu'au 22 mai, la planète cinéma vivra sur le tempo imposé par le festival de Cannes. Des œuvres fortes, des auteurs originaux, des acteurs d'exception... Le tout réservé aux festivaliers. Enfin pas complètement car le Festival de Cannes, chaque année, permet à quelques films de profiter de cette exposition médiatique mondiale pour assurer une promotion à leur sortie française. Et cette année, le public est chanceux car de nombreux films, le jour même de leur présentation sur la Croisette, seront à l'affiche dans les salles.

Le film d'ouverture, hors compétition, sera le premier à ouvrir le bal dès aujourd'hui. "Cafe Society", de Woody Allen, se passe à Hollywood dans les années 30. Un jeune Américain, devenu coursier, tombe amoureux d'une starlette. Amours compliquées dans un milieu où tout est possible. Cette comédie au cours de laquelle Woody Allen retrouve les USA et l'époque bénie de la gloire du cinéma, met en vedette Jesse Eisenberg et Kristen Stewart. Du moins ce sont les têtes d'affiche jeunes et bankables présentées sur les marches. Dans le film, ce sont surtout Steve Carell et Blake Lively qui sont sur le devant.

Demain jeudi, nouvelle sortie décalée dans les cinémas de la région avec Monster Money, nouveau film de la très francophile Jodie Foster. Celle qui a fait ses premiers pas à Cannes dans les années 70, encore adolescente (notamment dans Taxi driver), revient présenter son film, lui aussi hors compétition. Casting de rêve pour ce film avec George Clooney et Julia Roberts. L'histoire d'un présentateur vedette de la télé américaine qui donne des conseils financiers à ses auditeurs. Mais l'un d'entre eux, ruiné, décide de prendre en otage en direct son mauvais conseiller. Le film a des airs de réquisitoire contre les médias et la finance. A découvrir dès demain.
Drôles de flics
Vendredi, place à Ma Loute" de Bruno Dumont. Premier film en compétition qui sort le jour même de sa présentation au jury présidé par George Miller (lire ci-contre). Cannes synonyme de prise de tête ? Pas toujours puisque dimanche c'est "The Nice Gys" qui sera dévoilé et programmé dans la foulée dans les cinémas de la région.

Le film de Shane Black est une comédie qui s'annonce désopilante avec deux monstres du cinéma américain en contre-emploi : Ryan Gosling et Russel Crowe. Ils interprètent des détectives privés calamiteux chargés d'enquêter sur le prétendu suicide d'une starlette. Humour à tous les niveaux avec côté féminin la sublime Kim Basinger et la non moins charmante Margaret Qualley, vue dans Palo Alto et fille d'Andy McDowell.
Enfin mardi soir, sortie du nouveau Pedro Almodovar, "Julieta", également en compétition au festival. Mais nous en reparlerons la semaine prochaine...
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"Ma Loute", un Bruno Dumont burlesque
Certains réalisateurs, une fois primés à Cannes, reviennent régulièrement au festival. Cette année plusieurs habitués sont dans la sélection, de Xavier Dolan aux frères Dardenne en passant par Olivier Assayas et Bruno Dumont. Ce dernier, multiprimé avec La vie de Jésus, L'Humanité ou Flandres, change totalement de genre.

Vendredi "Ma Loute" sera diffusé pour la première fois et immédiatement programmé dans les cinémas de la région. Bruno Dumont, cinéaste du Nord (devenus "Hauts de France"...) plante une nouvelle fois ses caméras sur la côte d'Opale. Il abandonne le drame social pour le burlesque. Une seconde incursion après le feuilleton "Mon p'tit Quinquin" diffusé avec succès sur Arte. Dans les années 1910, il suit quelques extravagants bourgeois interprétés par Fabrice Luchini, Juliette Binoche et Valeria Bruni Tedeschi. Une histoire de passeurs, de belles maisons mais aussi de meurtre et d'enquête policière. Comme dans la série télé, les deux flics, interprétés par des acteurs amateurs, semblent totalement surréalistes. Un duo comique absolu où l'on retrouve toute l'originalité du réalisateur qui aime plus que tout les gueules cassées, sortant du cadre, du moule. C'est aussi le cas de Brandon Lavieville, incroyable interprète du personnage qui donne son nom au film. A ne pas manquer, dès vendredi dans vos salles !

BD : Une Amérique rêvée


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Dans 'Le pouvoir des innocents', Luc Brunschwig imagine une histoire parallèle aux USA. Dans son monde, dessiné par Nouhaud, Jessica, l'amie des pauvres, est devenue maire de New York. Son poulain Lou McArthur est élu gouverneur. Tout semble aller pour le mieux avec ces forces de progrès, mais en coulisses l'establishment ne supporte pas l'émergence de ce parti des petits. Et à l'élection présidentielle suivante, le candidat républicain, fils d'un ancien président qui tire toujours les ficelles, l'emporte sur le fil. Une série politique passionnante à lire d'urgence alors que la vraie présidentielle US se prépare activement pour novembre.
"Le pouvoir des innocents" (cycle 2, tome 4), Futuropolis, 13 euros.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Elle voit des chapeaux partout

Depuis longtemps, je suis fâché avec les chapeaux. Pas les couvre-chefs qui servent à se protéger du soleil, mais ces petits appendices que la langue française a imaginés pour que l'on se souvienne d'un "s" disparu. Un chapeau plus connu sous le nom d'accent circonflexe et qui orne, par exemple le mot "fâché" écrit quelques lignes plus tôt. Je l'ai oublié, comme trop souvent. Par contre mon "tôt" était bien orthographié. Si dans la copie finale le "a" de fâché est correct, c'est grâce à la vigilance de ma femme, correctrice en chef des chapeaux (et plus...) de ces chroniques. Elle ne se prive jamais de me faire remarquer mes lacunes en matière d'accentuation. Mais à force, elle-même a tendance à se mélanger les pédales. Car non seulement j'oublie des accents, mais parfois j'en rajoute là où il n'en faut pas. Jeune journaliste, j'étais très fier d'un long reportage sur le travail de la gendarmerie maritime au large de la Martinique. Jusqu'à ce qu'un collègue (perfide le collègue) me fasse remarquer que le a de "bateau" ne prenait pas d'accent. Faute répétée une dizaine de fois dans la pleine page... La honte absolue. J'essaie d'oublier cette triste anecdote, mais elle reste très prégnante dans mon esprit. D'autant que l'autre jour, en corrigeant une chronique pas encore publiée, mon épouse se demande à haute voix : "il ne faut pas un chapeau à bateau ?" Non ! Trois fois non ! S'il y a bien un mot que je sais écrire désormais, c'est bien bateau. Et elle de s'écrier : "je vois des chapeaux partout !"

mercredi 11 mai 2016

BD : Enquêtes savantes

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Avant Maigret, avant Sherlock Holmes, qui aurait pu endosser les habits d'un détective féru de science ? Luca Blengino (scénario) et Stefano Carloni (dessin) ont trouvé les héros parfaits. Ils imaginent que deux savants italiens de la Renaissance unissent leurs connaissances pour résoudre une énigme. Copernic, le vieux et Paracelse, le jeune, sont réquisitionnés par la milice pour tenter de démasquer le meurtrier d'un professeur de l'université de Ferrare. Entre l'astrologue et l'alchimiste, le courant ne passe pas toujours mais leurs grandes connaissances permettront de résoudre cette mystérieuse histoire de plomb transformée en or.
"Les savants" (tome 1), Soleil Quadrants, 14,95 euros.


DE CHOSES ET D'AUTRES : Les coiffeurs cachent bien leur jeu

Grosse indignation il y a quelques jours après une décision du conseil des prud'hommes de Paris qui considère que le terme de "PD" adressé à un coiffeur n'est pas homophobe car "il est reconnu que les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles". Les associations de lutte contre l'homophobie montent au créneau pour dénoncer un cliché lamentable. Même la ministre du Travail Myriam El Khomri a qualifié de "scandaleux" et "choquant" ce jugement.
Pourtant, un lecteur régulier de cette chronique, qui a durant 20 ans coupé les cheveux de ses clients et clientes, ne le prend pas de façon si dramatique. Au contraire, il m'a confié qu'il se réjouissait de la réputation de son corps de métier. "Parce qu'il ne faut pas oublier qu'il y a des coiffeurs qui aiment se transformer en femme et d'autres qui aiment les femmes."
Car à l'époque, le cliché du "figaro gay" était encore plus répandu qu'en nos temps de politiquement correct : les maris confiaient leurs épouses aux mains d'hommes qu'ils ne considéraient pas comme des rivaux. Mais certains cachaient bien leur jeu et profitaient de leur position pour faire mentir les statistiques. On commence par un shampooing, suivi d'un massage du cuir chevelu. Puis on joue avec les mèches, on touche la nuque, les oreilles... autant de zones érogènes en puissance. Après, si la cliente se relâche un peu, tout peut aller très très vite.
Résultat, non seulement certains coiffeurs ne sont pas "PD", mais en plus se révèlent meilleurs amants que les maris cocufiés.

mardi 10 mai 2016

BD : La mort arrive par les airs


Alors que tous les élevages de canards du sud-ouest sont en vide sanitaire pour encore de longues semaines, cette BD fait froid dans le dos. Jean-Pierre Pécau, le scénariste, a simplement brodé sur une mise en garde de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). "La question n'est pas de savoir si le virus de la grippe aviaire risque de muter pour devenir mortel pour l'homme, mais quand ?". Cette série de science-fiction apocalyptique dessinée par Damien débute quinze années après le début de l'épidémie. Le héros, un ancien militaire, tente de rejoindre la Suisse, seul pays épargné selon les rumeurs. Il avance dans les Alpes avec sa mule mécanique, un robot de défense qui détecte tout ce qui bouge dans les airs. Car dans ce monde où la vie est devenue rare, le danger vient du ciel. Le moindre corbeau qui approche de trop près est inexorablement abattu. Ce premier épisode revient sur le passé du héros, son désenchantement, ses cauchemars et sa nouvelle mission : retrouver dans les Pyrénées un point d'extraction vers une station spatiale épargnée. Efficace et passionnant.
"Soleil froid" (tome 1), Delcourt, 14,50 euros