mercredi 2 octobre 2013

NET ET SANS BAVURES - GTA Vs sextoy


Sorti il y a deux semaines, le cinquième opus du
jeu vidéo GTA (Grand Theft Auto), en plus de rapporter des centaines de millions à ses concepteurs, est certainement la cause de quelques milliers de divorces. Plutôt destiné aux hommes, GTA s'avère d'emblée très addictif. Au point que certains en oublient complètement la vraie vie. Et délaissent leur compagne. Si tel est votre cas madame, allez donc faire un tour sur le site internet de vente d’accessoires sexy « Coquin-Malin » avant de contacter un avocat. Pensez auparavant à subtiliser la pochette du jeu. Vous pourrez, pour le prix d'une simple photo, gagner un sextoy d'une valeur de 16 euros. Le principe est enfantin. Vous -la délaissée- vous mettez en scène avec la jaquette du jeu GTA V. L'idéal : montrer combien ce jeu vous désespère depuis que votre mari-concubin-compagnon préfère explorer les bas-fonds de Los Santos dans une voiture volée en titillant sa manette au lieu de le faire sur toute partie de votre anatomie en manque de câlins... Ensuite, il vous suffit de publier la photo sur la page Facebook de Coquin-Malin ou de l’envoyer en remplissant directement un formulaire sur le site. Après tirage au sort, les pauvres laissées pour compte (chanceuses) pourront recevoir un « sextoy réaliste », à l'opposé de ce jeu virtuel.

Alors messieurs il est temps de vous reprendre. Et à ceux qui pensent que j'ai changé de camp, j'avoue le piège diabolique : le concours est terminé depuis le 30 septembre !

Chronique parue ce mercredi en dernière page de L'Indépendant. 

mardi 1 octobre 2013

BD - Mariage et conséquences dans "Vivisection" de Cisko K et Matt Dunhill


Être biologiste, chercheur sur la régénérescence des cellules de tritons exactement, n'aide pas spécialement à emballer des filles. Théo, Français expatrié en Suède, est de retour au village pour le mariage de sa sœur. L'occasion peut-être de rencontrer une belle cavalière ? Banco, il repère dans l'assistance un superbe blonde esseulée. Jackpot, c'est la mère de Théo qui la lui présente. Patatras, Claire, 15 ans, est sa cousine... 
Ce roman graphique entre science, psychanalyse et blagues potaches est écrit par Cisko K et dessiné par Matt Dunhill. Le premier est avant tout cinéaste. Il a travaillé sur nombre de courts-métrages et développe une série télé pour la jeunesse. C'est dans ce milieu qu'il a rencontré Matt Dunhill, illustrateur freelance, prof de bande dessinée à Paris. Une première collaboration étonnante, parfois déroutante, mais au final très aboutie. Le personnage de Théo, adulte encore oppressé par une mère castratrice, va s'épanouir dans ce mariage lourd de conséquences pour son avenir.

« Vivisection », Treize Étrange, 15 €

SF - Mondes wuliens à redécouvrir


Stefan Wul, après quelques années d'oubli, revient sur le devant de la scène. Une intégrale des œuvres de cet écrivain de SF français vient de sortir chez Bragelonne.

Il n'a pas beaucoup « produit ». Et sur un temps très court. Il a pourtant influencé plusieurs générations d'auteurs, de Laurent Genefort à Jean-Claude Mézières, parmi les plus connus. Stefan Wul est un maître de la SF française. Cette reconnaissance à rebours n'est que méritée.
Au commencement, il y a un jeune dentiste qui s'amuse à écrire des romans populaires durant ses loisirs. Nous sommes dans les années 50, l'espionnage est un genre en plein essor. Pierre Pairault aimait raconter cette anecdote et Laurent Genefort, dans une postface très instructive, la reprend. La femme de Pierre lit un roman de SF et s'exclame « Nom d'un chien, ce que c'est mauvais ! Tu devrais essayer, tu ferais bien mieux ! » Pairault la prend au mot : « Je vais t'écrire un roman de SF, et celui-là sera bon ! ». Quelques jours plus tard, sous le pseudonyme de Stefan Wul, le texte « Retour à O » est finalisé. Proposé au Fleuve Noir, il est accepté dans la collection Anticipation en plein développement. Ce premier essai n'est que l'adaptation d'un précédent roman d'espionnage. Pour le second, Stefan Wul se prend au jeu et se lâche au niveau imagination. Ce sera « Niourk », premier titre de cette intégrale et chef d'œuvre devenu classique.

Adaptation en BD chez Ankama
Dans un monde post-apocaliptique, les humains ont régressé. Ils vivent en tribu comme à la préhistoire. Le héros est un enfant noir, rejeté par son clan en raison de sa couleur. Il va partir à l'aventure, sillonnant les villes abandonnées et les vestiges de la civilisation. Une écriture fluide, des sentiments forts et des décors frappants : toute l'efficacité de Wul est déjà présente dans Niourk. On peut lire le roman ou en découvrir l'adaptation BD faite par Olivier Vatine pour les éditions Ankama.
Le premier tome de l'intégrale reprend deux autres romans de Wul, « La peur géante », archétype du space opéra, genre dans lequel l'auteur français excellait, et « La mort vivante », plus marqué par le fantastique. Dans un château abandonné au cœur d'une chaîne de montagne un vieux savant mène des expériences de clonage le rapprochant de Dieu. Un texte pessimiste en diable, où l'angoisse est omniprésente. Et puis en fin de volume, ne manquez pas les pépites que sont les nouvelles signées Wul. Il n'a pas beaucoup signé de textes courts, il avait besoin de temps, d'espace et de lignes pour développer ses mondes, mais on retrouve dans cette dizaine de nouvelles toute sa faconde. Il y a un petit air Fredric Brown dans certaines idées, comme « Echec au plan 3 » ou « Expertise ». « Jeux de vestales » est plus axée sur les paradoxes temporaux.
La collection « Trésors de la SF », lancée avec Julia Verlanger (alias Gilles Thomas) ne pouvait qu'accueillir en son sein Stefan Wul. La dizaine de romans promet encore au moins deux autres gros volumes, dont le cultissime « Noô », roman fleuve publié en 1977, sorte de testament de Stefan Wul. Pierre Pairault a repris le dessus, le dentiste s'est remis au travail à plein temps. Et une fois à la retraite, il s'est contenté de cultiver son jardin. Comme s'il avait entièrement tarit sa source d'imagination. Mais il a créé suffisamment de mondes pour permettre à plusieurs générations de lecteurs de s'évader loin, très loin....
Michel LITOUT

« L'intégrale Stefan Wul » (tome 1), Bragelonne, 22 €

NET ET SANS BAVURES : la séance photo de l'Indépendant

Dans le numéro historique de l'Indépendant du jour, vous avez l'insigne privilège de découvrir les bobines des femmes et des hommes qui œuvrent chaque jour à la fabrication de ces 40 pages d'informations locales et variées. Le résultat est superbe, mais la réalisation de ces clichés fut une véritable épopée. La semaine dernière, notre rédactrice en chef adjointe, encore plus souriante qu'à l'accoutumée, arrive vêtue d'une tunique si joliment colorée qu'à côté, Desigual donne dans le costume d'obsèques. Elle m'explique qu'elle va faire « la » photo. Dans la foulée, mon rédacteur en chef arrive, un peu bougon... et en veston. Lui aussi va faire « la » photo. Je me moque copieusement de lui, persuadé que cet honneur est réservé à nos instances dirigeantes. 

Je n'aurais pas dû : tout le monde doit y passer. Sur le champ, révolutionnaire (de pacotille) dans l'âme, je clame haut et fort que celui qui me fera poser pour une photo de studio n'est pas encore né. L’esprit d’équipe mis en avant par mon chef de service me fait plier. Me voilà figé devant l’objectif à tenter de sourire intelligemment, crayon à papier dans la bouche, smartphone en main et clavier d'ordinateur... autour du cou. J'espère, par ce subterfuge pathétique, attirer l'attention du lecteur sur l'ustensile au détriment du modèle... 

Donc maintenant vous savez que le drôle de type des informations générales qui tente de s'étrangler avec un cordon de clavier d'ordinateur n'est autre que l'étrange olibrius qui signe cette chronique au quotidien. Vous comprenez mieux désormais où je vais chercher toutes ces idées tordues ?





lundi 30 septembre 2013

Billet - Jimmy, le boss du commerce sur internet

Si vous avez la bosse du commerce, passer par le net est devenu une nécessité. Une boutique en ligne bien référencée vaut parfois plus qu'un pas de porte idéalement placé. Hier, mon village était bloqué par un immense vide-greniers. Tôt le matin, d'étranges personnages, mine patibulaire et rarement souriante, arpentent les rues nerveusement munis de lampes torches suffisamment puissantes pour permettre à un Boeing 747 de se poser sans encombre. Ils n'attendent même pas que les exposants s'installent, fouillent les coffres des voitures à la recherche de l'objet rare. Livre, bibelot, jouet... même les pin's s'arrachent à prix d'or sur internet. Ces acheteurs matinaux, pour beaucoup, vivent de la revente de ces raretés dénichées dans l'obscurité. L'un d'entre eux m'a raconté avoir acheté pour moins d'un euro un livre de Guy Debord revendu, le jour même à l'autre bout de la France, 100 fois plus cher. A un adolescent peu nostalgique (mais heureusement soigneux), un autre a racheté 50 centimes un album de Richard Scarry parti chez un collectionneur pour une quarantaine d'euros...



Tout se revend sur internet. Enfin, si c'est légal. Ne faites pas comme Jimmy, 23 ans, de Guéret, bientôt convoqué devant les juges. Le commerce, il aime. Le cannabis aussi. Alors il s'est mis à vendre de l'herbe sur le net. Pour optimiser ses affaires, il a même créé son propre site. Et comme Jimmy ne semble pas être un foudre de guerre, il l'a baptisé... vendeurdedrogue.com. 

BD - Fantastique Chine dans le 1er album de Pascal Magnat

« Mad in China » est le premier album de Pascal Magnat. On pourrait en douter car ses histoires courtes sont parfaitement abouties, tant au niveau du dessin (un réalisme tirant vers Moebius par moment) que du scénario. « Mad in China » est une boutique où tous les gadgets sont un peu magiques. Le vendeur, un peu caricatural, explique systématiquement aux clients sceptiques que ce stylo/bonzaï/livre... est magique. La suite du récit complet (entre 5 et 10 pages) lui donne raison. Ainsi ce vieux monsieur en achetant un stylo ne croit pas le vendeur. D'autant plus qu'il est un peu sourd. Pourtant le stylo pourra réaliser quatre vœux correspondant aux premiers mots écrits. Conséquence, le vieillard qui n'en a même pas conscience en faisant ses mots croisés, se retrouve immortel, riche, dans le corps d'Hitler et sur la planète Mars. Le reste est à l'avenant, avec parfois une bonne dose d'horreur (le sablier) ou de mysticisme (la tirelire). Coup d'essai, coup de maître. S'il garde son ton très conte fantastique, Pascal Magnat est un auteur qui devrait durer.

« Mad in China », Glénat, 18,50 €

dimanche 29 septembre 2013

BD - Triple adrénaline grâce à Doggybags chez Ankama

Une dose de survie sur une île déserte, un peu de dame blanche (pas le dessert mais le fantôme du bord de route) et du spectre musulman : tel est le menu éclectique et garanti « violence 100 % graphique » du quatrième volume de Doggybags. Imaginée par Run, cette revue regroupe à chaque parution trois récits d'une trentaine de pages. Hommage aux « pulps » américains, ils font office de défouloir à certains, de banc d'essai à d'autres.
Eldiablo écrit la première histoire pour Nicolab. Un riche marchand d'armes fait naufrage sur une île déserte. Il n'est pas seul survivant. Il va redécouvrir les joies de la sélection naturelle en compagnie de son cuisinier russe (2 mètres, 140 kg de muscles) et sa jeune femme. Run est à l'origine des deux autres histoires. Il dessine même « Lady in white » dans cette Amérique profonde rude et sans pitié. 
Par contre c'est Singelin qui met en images « Geronimo », cauchemar de la traque et de l'élimination de Ben Laden. Réservé aux lecteurs avertis, comme de bien entendu...

« Doggybags » (numéro 4), Ankama, 13,90 €

samedi 28 septembre 2013

Billet - Une bonne paire de baffes

Séances de baffes gratuites. Merci Twitter !
Un journaliste américain de Washington publie une série de messages sur un humoriste. Il se moque ouvertement des gags un peu lourds et datés de Dan Nainan connu dans le milieu du stand-up. Dan aime se gausser de ses compatriotes, apprécie très moyennement de se retrouver de l'autre côté de la barrière. Il aurait pu répondre par des répliques assassines donnant lieu à l'un de ces « tweetclashs » qui font la renommée du réseau social. Mais Dan, peut-être à court d'imagination, préfère utiliser d'autres arguments. Frappants. Une bonne paire de baffes. Données en public dans un club où le journaliste sarcastique sirotait tranquillement un verre. Dommage, le tout n'a pas été filmé. Les amateurs auraient bénéficié d'une séquence de choix, à partager.

Côté humoristes violents, la France n'est pas en reste. Les vrais et les faux. Nicolas Bedos ne plaisante plus quand il insulte des policiers venus lui porter secours après un accident de scooter. Comme Dan, il finira au poste. Le cas d'Elie Seimoun est plus complexe. Sur le plateau du Grand Journal de Canal Plus, en pleine interview, il n'apprécie pas la réflexion d'un spectateur. Ni une ni deux il lui saute sur le râble et la baston se termine en coulisse. Après coup, la production avoue qu'il s'agit d'un coup monté, juste un incident fabriqué (et assez mal joué...) de toute pièce pour donner un peu de piquant à un talk show trop morne. Finalement, Elie Seimoun la mériterait bien cette paire de baffes.


BD - La vengeance absolue made in Vautrin et Moynot


Emmanuel Moynot,
après trois aventures de Nestor Burma, délaisse Léo Malet pour Jean Vautrin. Avec un point commun : une noirceur absolue du récit. Mais là où Malet donnait toujours une chance à Burma, régulièrement tabassé mais toujours vivant à la fin du roman, Vautrin est beaucoup plus expéditif pour ses personnages. 
Les cadavres tombent comme des PV sur vos pare-brises après la publication d'une circulaire du ministère de l'Intérieur réclamant de « meilleurs résultats ». 

François-Frédéric, bon chic bon genre, vient de passer trois années en prison. Abus de biens sociaux. Il a porté le chapeau pour son beau-père. Qui pour le remercié lui a piqué sa fiancée. C'est peu dire que François-Frédéric est colère. Il achète un flingue et décide d'assassiner sa vie : tuer froidement tous ceux qui l'ont côtoyé. 
Cela va de la vieille servante à sa première femme en passant, bien sûr, par le beau-père. 100 pages hyper violentes, avec heureusement une intrigue secondaire pour « adoucir » le récit.
« L'homme qui assassinait sa vie », Casterman, 18 €

vendredi 27 septembre 2013

Billet - Déconnexion

A trop baigner dans internet au quotidien, chronique oblige, j'ai tendance à croire à l'universalité du réseau. Grosse erreur. Comme il existe encore quelques foyers ou la télévision n'a pas droit d'entrée, il y a nombre de personnes qui ne sont pas du tout connectées. Pour preuve, une récente étude démontre que 15 % des Américains n'utilisent pas internet. Et parmi cette minorité, ils sont 92 % d'irréductibles qui n'ont pas l'intention de se connecter dans un avenir proche. En passant ces chiffres à la moulinette de l'équation subjective mais souvent vraie démontrant qu'en « France on a toujours deux ans de retard sur les USA », on peut raisonnablement penser que ces 15 % avoisinent les 20 % dans l'Hexagone.


Des millions de nos compatriotes ne connaissent pas les joies de l'amitié made in Facebook se contentant de personnes en chair et en os. Ils n'ont pas d'adresse mail et n'auront jamais la chance de recevoir ces publicités douteuses sur des produits miracles « for enlarge your penis », ni d'hériter d'un pactole (placé sur un compte en banque en Côte d'Ivoire) en échange de leurs coordonnées bancaires. Il passent à côté de ce qui se fait de mieux en matière de musique et de danse, du « Gangnam Style » de Psy en passant par le Harlem Shake. On peut les plaindre. Ou, en y réfléchissant bien, les envier...

Mais le pire dans le lot, ce sont les quelques lecteurs de l'Indépendant qui s'obstinent à lire cette chronique depuis deux ans sans en comprendre la moitié des mots.