vendredi 15 février 2013

BD - L'enfant et les Dieux dans "Indicible"

« Les Dieux noirs », premier tome de la série « Indicible », a des airs de super production américaine. De ces films qui ne lésinent pas sur les destructions de villes et les explosions en tout genre. Comme c'est de la BD, cela coûte beaucoup moins cher. Et quand c'est bien dessiné, c'est encore plus efficace. Efficace, un terme qui colle parfaitement au travail de Ruizgé, l'illustrateur de cette série de SF de Patrick Renault. Tout commence par une expérience ratée dans un centre de recherche de l'armée américaine. 
Ensuite des phénomènes étranges détruisent des villages puis des villes. Panique au plus haut niveau quand un homme apparaît dans la pièce où se trouve le président des USA. Une négociation débute. L'homme détruira la planète si on ne lui remet pas le jeune Kyle. Kyle, rescapé d'un accident de voiture, prend la fuite. Une course poursuite semée de morts. Du grand spectacle pour une BD très sombre.
« Indicible » (tome 1), Soleil, 13,95 €


jeudi 14 février 2013

BD - Vie de Poilus chez les Godillots



La guerre 14/18, immense carnage sur lequel se sont bâtis les fondations de l'Europe, a toujours inspiré les auteurs de BD. Tardi en a dessiné toute l'horreur. Pour la première fois (si on excepte une courte série de gags de Mouminoux dans les années 70), l'humour s'invite dans les tranchées. 
Les Godillots de Olier (scénario) et Marko (dessin) ce sont trois soldats, venus des quatre coins de la France, unis pour le meilleur et pour le pire. Palette, le gradé, le plus âgé et clairvoyant, le Bourhis, le ch'ti, fort et taciturne, Bixente, le jeunot, Basque bondissant, manquant d'expérience mais pas de vaillance. Un trio qui devra, dans ce second tome, franchir les lignes ennemies pour récupérer leur capitaine, bien décidé à solder une affaire d'honneur. Avec beaucoup de finesse, les auteurs racontent la grande histoire par de petits détails. Les planches de Marko, en couleurs directes, sont d'une belle luminosité. La gazette des Godillots, journal du front très réaliste, est offerte en supplément avec la première édition.
« Les Godillots » (tome 2), Bamboo, 13,50 €


mardi 12 février 2013

Billet - Hippocampe surgelé à la façon Findus

Le cheval est affublé de cornes, le bœuf est un pur-sang... Comment s'y retrouver dans ce scandale de lasagnes ? Pour une fois, internet n'offre ni réponses ni explications à cet embrouillamini de première. On découvre tout et son contraire. Au concours de « C'est pas moi, c'est lui ! », impossible de trouver un responsable, encore moins un coupable. Mais est-ce si grave que cela ? 

En France, bien des gastronomes apprécient la viande de cheval. Un plaisir de plus en plus difficile à satisfaire car les boucheries chevalines sont en voie de disparition. Espérons que les amateurs de lasagnes « mixtes » ont eu le temps de dévaliser les rayons de surgelés avant le retrait des produits car habituellement la viande de cheval n'est pas vraiment bon marché ! Le scandale, venu de Grande-Bretagne, où manger du cheval équivaut à déguster une vache sacrée en Inde, aurait pu prendre une tout autre ampleur si par malheur on avait mélangé du porc à la viande bovine... Et dans les questions sans réponses : les chevaux étaient-ils hallal ?

Mieux vaut se rabattre sur le poisson, l'autre spécialité de Findus. Néanmoins, qui nous assure que les carrés panés surgelés ne contiennent pas de chair d'hippocampe, version maritime du cheval ? Ou pire, que les poissons élevés ont engraissé en ingurgitant des farines animales issues de carcasses de chevaux sur le retour ?

Non, franchement, mieux vaut parfois ne pas savoir ce que l'on a dans son assiette. Mais perso, ce soir, je me contenterai de pâtes au beurre bio.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.  

lundi 11 février 2013

Billet - Concours de philosophie à deux balles sur Twitter

Les réseaux sociaux, un peu comme l'alcool, font tomber toutes les inhibitions. Il suffit d'un compte et de plus de 20 abonnés pour se croire autorisé à diffuser sa pensée comme le Messie sa parole ou le pilier de bar ses brèves de comptoir. La philosophie en 140 signes, voilà la nouvelle mode sur Twitter. Les amateurs d'humour n'y perdent rien au change, même si les auteurs, eux, prennent leurs « pensées » très au sérieux. 

Parmi les hashtags populaires ce dimanche, deux ouvrent des boulevards aux théoriciens de pacotille. L'idée est de débuter une phrase, à vous de lui donner tout son sens en l'achevant. « La vie serait moins pénible si... » semble l'exemple type. « … quand tu aimes vraiment quelqu'un, cet amour est automatiquement réciproque » espère un certain @Sunshine13300 à l'inexpérience criante. Moins profonds et plus prosaïques les espoirs de Sandra « … on pouvait se lever tous les jours a 13h » ou de Calvin « … j'aurais pas de français a faire. » (mais dans son cas, on peut douter de la pertinence !) 

Ce jeu sur Twitter mise beaucoup sur le « je ». Ils sont nombreux à se dévoiler en prolongeant le hashtag « #MoiJeVeuxEtre ». Chachou, très égocentrique, espère être « morte juste un ou deux jours pour voir qui pleurerait pour moi. » D'autres se voient « éternelle », « un bon père », ou « amoureuse ». Un conseil aux philosophes à deux balles, achetez « Pensées étranglées » de Cioran (Collection Folio 2€). D'une autre portée intellectuelle et pile poil dans votre budget. 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant. 

dimanche 10 février 2013

Billet - "Origine du monde", Liberté...", des toiles sur la Toile


Étrange cette fascination des internautes pour l'art. Deux histoires de toiles ont animé la Toile ces dernières 48 heures. 
Hier, tout le monde s'offusque de l'attentat subi par « La Liberté guidant le peuple » de Delacroix. Une femme, fragile psychologiquement, écrit au feutre indélébile sur le tableau exposé au musée du Louvre de Lens. Un tag mystérieux, qui ne reste pas longtemps secret. AE911. Ce n'est pas le code d'un colorant chimique, ni d'une autoroute en Belgique. Les initiés reconnaissent immédiatement le nom d'un site internet de « complotistes ». Ils tentent de démontrer que les attentats du 11 septembre ne sont qu'une mise en scène du pouvoir. Raison de plus pour donner une résonance amplifiée à cette histoire de tableau maculé. 
Jeudi, c'est un visage qui fait jaser sur Twitter et Facebook. Un scoop de Paris Match : on a découvert la tête de « L'origine du monde » de Courbet. La toile sulfureuse, montrant en gros plan un sexe de femme hyper réaliste, aurait été découpée. Le haut du tableau, le visage du modèle, viendrait d'être retrouvé. Cela casse un peu la force de la composition et immédiatement le débat a fait rage car beaucoup  prétendent que ce n'est que pure invention.
Plus prosaïquement, j'ai une autre explication à ces subites passions pour le grand art. La Liberté montre une femme aux seins nus et pour l'Origine, pas la peine de faire un dessin. Enfin, si cela peut aider à faire venir les jeunes dans les musées...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue samedi en dernière page de l'Indépendant

samedi 9 février 2013

BD - Violence pure dans le nouveau Jeremiah de Hermann


Pour la 32e fois, Jeremiah et Kurdy promènent leur carcasse dans le monde post apocalyptique imaginé par Hermann. Aux guidons de leurs motos, ils vont de ville en ville, sans cesse en danger. Dans « Le Caïd », ils sont en panne. Immobilisés, ils sont témoins d'une rixe. Jeremiah, comme à son habitude, intervient pour aider le plus faible. Il se fera un ennemi redoutable. Bloqués dans cette ville partagée entre deux gangs, ils vont devoir trouver refuge dans un vieux parc d'attraction pour l'explication finale.
Avec un scénario réduit à sa plus simple expression, ces 46 pages sont juste un prétexte pour dessiner des décors sombres et inquiétants, cadres d'un déchaînement de violence pure. Du Hermann, dans toute sa splendeur.
« Jeremiah » (tome 32), Dupuis, 12 €

vendredi 8 février 2013

BD - L'amour tout simple selon un "maladroit sentimental"


Gérard Latuile porte bien son nom. Il n'a pas de chance. Gaffeur invétéré, il est acteur. 33 ans toujours célibataire, il cherche la femme de sa vie. Et pour une fois, il a l'impression que la chance lui sourit. Florence, une relation de travail, semble parfaite. Il hésite beaucoup et finalement surmonte sa timidité pour l'inviter. Et là il découvre que Florence, en plus d'être plus âgée que lui, a trois enfants... Tout ce que Gérard déteste. Mais l'amour, tout simple, est le plus fort. 
Les deux vont lentement s'apprivoiser puis s'aimer. 
C'est cette fusion qui est racontée dans cet album très sensible, écrit par Zabus et dessiné par Casanave. Beaucoup plus qu'une bluette, c'est une remarquable tranche de vie qui est proposée dans ces chroniques.
« Les chroniques d'un maladroit sentimental » (tome 1), Vents d'Ouest, 11,50 €

Billet : R.I.P. le CD

Exit le CD. Le fossoyeur du vinyle et de la cassette n'a pas régné longtemps sur le monde de la musique. Une étude récente de la société Gfk montre que le CD ne représente plus que 24 % de l'écoute moyenne de musique.

Radio et télévision font la course en tête (50 %) et la musique dématérialisée représente plus d'un quart avec 26 %. Téléchargement légal et streaming ont pris le dessus. Essentiellement sur des ordinateurs. Le phénomène ne peut que s'amplifier avec le succès des smartphones et des tablettes...  Dans les années 80, le CD était devenu l'arme ultime du mélomane. Enfin un support pour profiter parfaitement du travail de l'artiste, de l'arrangeur et du producteur. Inusable, il semblait être appelé à durer des siècles. Moins de 20 ans plus tard, la rondelle de plastique brillant est complètement obsolète. Juste bonne à accrocher aux branches des arbres fruitiers pour effrayer les oiseaux... 

Si vous êtes de la génération CD et que vous regrettez ses emballages  impossibles à ouvrir, soyez patients. Dans quelques années, il devrait revenir sur le devant de la scène. Du moins si l'histoire se répète. Les derniers chiffres de ventes aux USA montrent une baisse de 13 % pour les CD, une  augmentation de 14 % pour le numérique et l'explosion (+ 17%) des ventes de... vinyles. La bonne vieille galette noire et craquante fait un retour en force dans les rayons. Des rééditions mais aussi quelques nouveautés.

Donc, en 2030, le CD sera de nouveau tendance ! 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

jeudi 7 février 2013

Billet - Petit cours de rap pour les nuls


Depuis quelques jours, une polémique entre rappeurs français prend une dimension jamais atteinte. Relayée par les réseaux sociaux, elle oppose Booba au duo Rohff et La Fouine.
Vous n'y comprenez rien ? Rassurez-vous, moi non plus. J'ai dû réviser mon « rap pour les nuls » pour avoir une petite chance de démêler les fils.
Il était une fois trois petits gars de la banlieue. Ils n'ont pas la langue en poche. Leurs rimes sont riches mais violentes. Les oreilles chastes sont choquées. Les autres apprécient. Succès et argent changent la vie des rappeurs. Ils entrent dans une autre dimension. Mais dire du mal de la France, des policiers et autres symboles de la société ne suffit plus. En septembre dernier, Booba prend pour cible les autres rappeurs. Pour être sûr qu'ils saisissent le message, la chanson est truffée de gros mots. Rohff se sent directement visé. Sur la même musique, il attaque en frontal Booba, paroles tout aussi explicites à l'appui. Le duel (qui a failli se régler sur un ring) accueille un troisième larron, La Fouine, dézingué par Booba qui rappelle ses démêlés judiciaires d'antan.
A ce stade, on pourrait en rire, trouver que cela ressemble à une querelle de cour de récréation, niveau CE1. Problème, il y a longtemps que ces lascars ne sont plus des gamins. Quand l'un ressort une vieille affaire d'agression sexuelle, l'autre se fait tirer dessus au petit matin.
Prochaine étape ? La sortie d'un album. De trois exactement. Ce serait idiot de ne pas profiter de toute cette publicité gratuite...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce jeudi.  
 

BD - Le commandant Achab, un flic tenace


Maigret n'a qu'à aller se rhabiller. Les nouveaux flics ont un peu la même dégaine bonhomme, mais ce n'est qu'une apparence. Prenez le commandant Cohen, surnomme Achab, il a une jambe de bois, une mauvaise humeur permanente à peine atténuée par sa forte consommation de cannabis. Achab est en vacances. Il décide de passer quelques jours au Havre en compagnie de son adjoint, Karim. Il tente de résoudre une vieille histoire de trahison. Mais quand son supérieur apprend sa présence dans la ville normande, il lui ordonne d'enquêter sur le meurtre, tout chaud, du maire de la ville. Les voilà embarqués dans une histoire de tueur en série aux motifs obscurs. 
Stéphane Piatzszek, le scénariste, renouvelle le genre avec brio. Douay, au dessin, apporte juste la petite touche de noirceur rendant le tout encore plus crédible.
« Commandant Achab » (tome 3), Casterman, 13,95 €