lundi 10 août 2009

BD - Vie et mort du capitaine Kidd d'après Daniel Defoe


Le capitaine William Kidd n'est peut-être pas le pirate le plus connu (Barbe-Noire ou Rackam le rouge sont certainement plus célèbres), mais son parcours sur tous les océans du monde s'est transformé en une rivière de sang tant ses victimes ont été nombreuses. Inspiré d'un récit authentique signé de Daniel Defoe, l'auteur de Robinson Crusoé, cet album est scénarisé par Brrémaud et dessiné par Lematou. 

William Kidd débute a carrière maritime comme marin respectable, au service du roi d'Angleterre. Il basculera dans la piraterie sur le tard, après avoir été victime d'une mutinerie. Il écumera l'Océan indien à la recherche du trésor de John Avery. Ses période sanguinaires seront entrecoupées de moment plus calmes, installé dans des îles isolées, vivant en parfaite harmonie avec les autochtones. Mais il voudra retrouver femme et enfants aux Amériques. Il reviendra au pays et sera alors accusé de piraterie et exécuté en place publique. 

Cet album permet de découvrir Lematou, jeune dessinateur réaliste extrêmement talentueux, à la précision digne d'un Jean Giraud ou plus récemment de Mathieu Bonhomme.

« Histoire des plus fameux pirates » (tome 1), 12,90 € 

dimanche 9 août 2009

Roman - "Quatre soldats" d'Hubert Mingarelli


La guerre est génératrice de peur, parfois de bravoure, la plupart du temps d’attente. Le soldat doit être discipliné et patient. Dans cette longue nouvelle d’Hubert Mingarelli, quatre soldats russes de l’Armée rouge apprennent à se connaître, à s’apprécier et se soutenir dans les longues périodes d’attente entre deux mouvements et une attaque pendant l’année 1919.

Le narrateur, Bénia, est un orphelin qui travaillait dans une scierie. Sa mobilisation a changé sa vie, sa conception de l’amitié. Un jour, au cours d’une marche forcée, il est le témoin d’une scène violente entre un simple soldat et un sous-officier dépassé par les événements. Cela suffit pour qu’il se rapproche de Pavel. Pavel devient son ami, son alter ego. Devenus inséparables, les deux soldats se comprennent et seront rejoints peu de temps après par Kyabine, "un grand con d’Ouzbek" qui perd tout le temps son tabac aux dés. Après il le mendie à ses deux amis.

L’hiver arrive, il faut se retirer dans une forêt, construire une cabane de bois et tenter de survivre. Le trio accueille dans son giron Sifra, jeune et timide. La petite bande se soudera définitivement dans la rigueur de l’hiver russe. Une cabane astucieusement construite, des corvées de bois judicieusement réparties et cette vie devient plus supportable.

Avec des mots simples et justes, Hubert Mingarelli raconte la lente construction de cette amitié. Bénia, qui de tout temps était condamné à la solitude, apprécie particulièrement cette complicité. Les habitudes qui rythment les journées immobiles. L’heure de la soupe, la balade vers un étang, la baignade, les parties de dés et les cigarettes longuement dégustées. Ces petits riens qui font tout dans la vie des soldats. A quelques kilomètres de là, sur le front, on s’entre-tue. Pourquoi ? Les quatre amis n’ont pas de réponse. Ils savourent simplement ces moments de tranquillité.

Un jeune volontaire sachant écrire sera chargé par le quatuor de noter dans son cahier à spirales ces moments de bonheur, comme pour les figer à jamais dans leur mémoire. Jusqu’à ce que la guerre les rattrape et bouscule ce fragile édifice patiemment construit par une amitié forte et sans limite.

« Quatre soldats », Hubert Mingarelli, Seuil, 15 € (5,50 € en édition de poche chez Points) 

samedi 8 août 2009

Roman historique - "Un amour de Jeanne" de Michel Ragon


Jeanne la Pucelle, Gilles l'écorcheur. Ce couple improbable a pourtant chevauché la campagne française durant de longs mois en 1430. Jeanne D’Arc, petite paysanne de Domrémy venue se mettre au service du futur roi de France, séduit immédiatement Gilles de Rais, un des plus puissants seigneurs de Charles VII. Le noble chevalier tombe sous le charme et l'effronterie de la jeune fille autant que de son côté garçon manqué.

Chargé de l'escorter dans ses premières missions, Gilles se plaît à discuter avec Jeanne qui avoue se contenter d'obéir à "ses voix". Sa mission : conduire le dauphin à Reims pour qu'il soit couronné et chasser les Anglais de France.

Ce roman de Michel Ragon, tout en présentant la relation forte entre la Pucelle et le noble, explique également les trouvailles stratégiques de Jeanne, totalement ignorante des règles de la guerre. Elle aura d'ailleurs quelques frictions avec plusieurs seigneurs peu enthousiastes face à ses ordres. Quand elle demande à bombarder les rangs des archers anglais avec des catapultes, le duc d'Alençon prétend que « ce n'est pas conforme aux usages de la guerre ». Heureusement La Hire, fidèle serviteur de Jeanne réplique : « Les usages de la guerre, quelle plaisanterie. On y tue comme on peut, tous les moyens sont bons. » Quelques heures plus tard Jeanne pénètre dans la ville en conquérante. Son audace a payé. Elle enchaînera les victoires, mais Charles, une fois couronné à Reims, doit tempérer les ardeurs de la fière jeune fille. 

Gilles de Rais, toujours amoureux de la belle, lui offre même un château, et plus si elle le veut. Mais elle refusera, retournera sur les routes pour combattre, attendant inéluctablement sa dernière vision : la trahison. Faite prisonnière, elle brûlera sur le bûcher. Gilles de Rais restera quatre années prostré, dégoûté de la vie. Pourtant il reste persuadé d'avoir fait le bon choix : « On ne pouvait pas aimer charnellement Jeanne sans rompre son pacte avec les anges ».

Michel Ragon nous plonge dans cette époque insensée, entre furie guerrière et prières dévotes, entre Dieu et Satan. Gilles de Rais aussi finira mal. Sur un bûcher. Comme Jeanne, son amour impossible.

« Un amour de Jeanne » de Michel Ragon, Albin Michel, 15 € (5 € au Livre de Poche) 

vendredi 7 août 2009

Roman - Une "Résolution" à méditer


 Exercice périlleux que celui de Pierre Mari. Dans ce premier roman, il tente de raconter la restructuration, vue de l'intérieur, d'une grande entreprise. Le héros et narrateur, jeune cadre dynamique aimant relever les challenges, se retrouve propulsé dans le service des ressources humaines. Il a en charge une cellule d'évaluation du personnel pour proposer formation et reclassement en fonction des compétences de chacun. Tâche exaltante dans les premiers temps - elle permet de donner une seconde chance à certains employés enfermés dans une routine- elle devient de plus en plus ingrate en fonction des mauvaises nouvelles distillées par la direction sur la santé de l'entreprise.  Des investissements non maîtrisés mettent la trésorerie en difficulté. Les entretiens d'évaluation se transforment rapidement en antichambre, au mieux d'une retraite anticipée, au pire d'un reclassement non souhaité.

L'ambiance se détériore, les collègues parlent de plus en dans son dos, les règlements de compte laissent quelques cadavres au cours de réunions houleuses. Lui-même se pose de plus en plus de questions et sombre dans un profond découragement face au gâchis évident à mettre à l'actif de la direction.

Roman social, parfois ardu en raison des thèmes assez pointus, "Résolution" de Pierre Mari montre que personne n'est à l'abri des conséquences d'un accident industriel.

"Résolution", Actes Sud, 15 € 

jeudi 6 août 2009

BD - L'argent de la mort


Matthias Gnehm, jeune auteur suisse alémanique, aborde dans cette BD en deux parties ce que ses compatriotes ont de plus cher : les banques. Une attaque en règle de ce milieu, trop habitué à flirter avec la légalité et surtout dénué de toute humanité. Le vieux Gruber, à la tête de sa banque, apprend qu'il va bientôt mourir. N'importe qui aurait pris cette nouvelle avec une certaine fatalité. Lui n'y voit qu'une occasion supplémentaire de faire fructifier le capital de sa société. Il décide même de faire jouer la libre concurrence, mettant en compétition ses deux principaux actionnaires dans cette ultime partie de poker menteur. La direction de la banque reviendra à celui qui trouvera le meilleur moyen de transformer la mort de Gruber en investissement profitable. Sur cette base, l'auteur va mettre en place une machination aux multiples facettes et ramifications, avec chantage, fausses accusations et coup de théâtre final. L'action se déroule dans une grande ville, sorte de Genève mâtinée de Zurich, où les apparences sont essentielles, tout en sachant que le culte du secret est roi. Une vision cynique et particulièrement noire du capitalisme moderne. Une histoire à redécouvrir à l'occasion de la sortie de ce coffret richement illustré.

« Mort d'un banquier » (coffret), EP éditions, 26,90 € 

mercredi 5 août 2009

BD - Christ asiatique


Toute la chrétienté repose sur la résurrection de Jésus Christ après sa crucifixion par les Romains. Mais que deviendrait l'Eglise catholique si cette thèse était remise en cause ? C'est le point de départ de cette série d'aventure signée Roberto Dal Pra' (scénario) et Paolo Grella (dessin). 

Durant les années 50, en pleine guerre froide, un chercheur américain découvre au Tibet un manuscrit relatant la présence du Christ au Tibet alors qu'il avait entre 17 et 30 ans. Un Christ asiatique au parcours très différent de celui que nous connaissons. Une découverte capitale qu'il n'a pas le temps de divulguer, l'armée chinoise envahit le Tibet et brûle le monastère où le manuscrit était caché. Les Chinois d'un côté, mais aussi des défenseurs du catholicisme qui ne veulent pas une remise en cause de leur religion : le vieux professeur est en situation délicate. Il peut cependant bénéficier de l'aide de sa fille, Elen, flanquée d'un détective privé, Kevin McBride qui n'a pas froid aux yeux. 

De l'action pure, un zeste de politique, un peu de spiritualité : le cocktail est savoureux et passionnant, d'autant que le dessin de Grella, efficace et très détaillé, est totalement au service de cette riche intrigue.

« Le manuscrit interdit » (tomes 1 & 2), Delcourt, 13,95 € chaque volume 

mardi 4 août 2009

BD - Le retour d'Arkel de Desberg et Hardy


A la fin des années 80, un drôle de héros a fait son apparition dans les pages de Spirou. Arkel était un ange. Tombé amoureux de la belle Estelle, il constatait avec dépit que cette dernière préférait les mauvais garçons. Elle est même allée danser le sabbat avec des diables. Une incartade de trop pour les responsables du Paradis qui la punissent. Plus d'ailes et surtout un monstre à ses trousses pour lui ôter la vue, la parole et l'ouïe. Arkel, n'écoutant que son cœur, aide Estelle à fuir. 

Une fuite du haut vers le bas imaginée par Desberg qui déjà se sentait à l'étroit dans les habits de scénariste de Tif et Tondu. Côté dessin, c'était Hardy qui tentait autre chose que son classique Pierre Tombal. Une série qui a connu un certain succès d'estime mais qui a finalement été abandonnée. Desberg, devenu scénariste prisé, a écrit le dernier tome des aventures d'Arkel. Hardy, après 20 ans de pause, a repris les personnages. 

Le premier tome est donc une reprise alors que le second est une nouveauté. C'est encore un peu trop enfantin mais cet univers mériterait d'être développé. Quant à Hardy, il prouve-là tout son talent. On le verrait bien aux commandes d'un Donjon...

« Ange et diablesses » (tomes 1 & 2), Dupuis, 13,50 € chaque volume 

lundi 3 août 2009

Polar - DOA raconte des vignes sanglantes dans la région de Moissac

Paysans racistes, truands colombiens, tueur en cavale : cela s'anime dans le vignoble de Moissac, décor de ce polar signé DOA.


Cela débute comme un roman de terroir. Mais le lecteur sait que cela ne devrait pas continuer : une Série Noire sans cadavre cela ferait tâche. Pourtant tout commence en pleine cambrouse, du côté de Moissac, Tarn-et-Garonne, capitale du chasselas, ce raisin de table bénéficiant d'une appellation d'origine contrôlée. C'est l'hiver. Les vignes sont en sommeil. En pleine nuit, Baptiste Latapie, représentant typique de l'autochtone s'active dans les vignes de son voisin, Omar Petit. Avec un sécateur, il sectionne méthodiquement tous les fils de fer supportant les pieds de vigne. Et tout en effectuant sa tâche, il se répète : « Un macaque à Moissac ! Un nègre chez eux ! Qui voulait faire du grain AOC ! Coupe ! C'était leur raisin ! Leur païs ! Coupe ! Pas de macaque paysan ! Coupe ! » DOA, l'auteur, dans cette introduction, plante un décor qui malheureusement est criant de vérité. La France est un beau pays, mais peuplé d'un peu trop de racistes.

Omar le paisible

Omar Petit est d'origine sénégalaise. Né en France, marié à Stéphanie, héritière de cette propriété. Cela fait quelques années que le couple tente de vivre de leur exploitation. Mais c'était sans compter l'hostilité des voisins, Latapie et ses copains, chasseurs et pompiers volontaires. Omar refuse de rendre les coups. Il fait le dos rond : « Dans cette guerre stupide, c'étaient les seules armes dont disposait Omar, le colosse paisible. Trop paisible. Sa sérénité, qui avait séduit Stéphanie quand ils s'étaient rencontrés, passait aujourd'hui pour de la passivité ou pire, de la lâcheté. ».

Le problème pour Latapie, c'est que ce soir-là, il n'était pas le seul à travailler de nuit dans les parages. Trois hommes, en provenance d'Espagne, ont rendez-vous. Le chef, Javier Creo-Perez, un jeune Colombien, vient prendre un premier contact avec des truands français pour vendre sa cocaïne dans l'Hexagone. Ils sont en avance. Et tombent sur un motard, blessé, énigmatique. Ils n'ont pas le temps de parler, laissant cet honneur à leurs armes. Bilan trois morts, dont le baron de la drogue en mission pour son père. Le motard, blessé, prend la fuite. Tout cela sous les yeux de Latapie qui reste figé sur place.

Tod le sadique

Qui est ce motard ? Pourquoi a-t-il abattu les trois hommes froidement ? Les premières questions ne restent pas sans réponse pour ceux qui ont lu le précédent polar de DOA, « Citoyens clandestins ». Les autres découvriront la personnalité du tueur, homme en cavale trouvant refuge dans la ferme des Petit. Durant trois jours, nécessaires à sa guérison partielle, il va retenir en otage le couple et leur petite fille.

Pendant ce temps, la gendarmerie sera sur les dents. D'autant qu'arrive à Toulouse, en jet privé, un certain Tod – la mort – Niemeyer. Il est au service du père du Colombien. Il a pour mission de faire le ménage et de notamment retrouver et châtier les tueurs.

Chinois par sa mère, Allemand par son père, c'est un expert en tortures.

Quand il retrouve, en compagnie de son contact en France, Néris, la dernière prostituée qui a eu le malheur de partager le lit de Javier, il a une technique infaillible pour la faire parler : « la pointe du Ka-Bar (un couteau de combat) entailla la peau du torse de la jeune femme, juste en dessous de la poitrine. Elle gueula de façon si inhumaine et stridente que Néris se boucha les oreilles. Avec une efficace brutalité, la lame de Tod fouilla sous le sein droit et souleva une langue de chair. Néris se plia en deux pour vomir. » Voilà, on a quitté les bucoliques coteaux de Moissac pour plonger dans la violence et la peur d'une Série Noire d'exception. L'action va aller crescendo, avec la rencontre de presque tous les personnages chez les Petit puis un final dans Moissac qui, s'il avait véritablement eu lieu, ferait encore parler aujourd'hui.

« Le serpent aux mille coupures », DOA, Série Noire Gallimard, 15,90 € (« Citoyens clandestins » vient d'être repris en Folio Policier, N° 539, 8,10 €)

dimanche 2 août 2009

Humour - La tarte académie présidée par Noël Godin


Adeptes du politiquement correct et du bien pensant, passez votre chemin. Dans ce roman débridé, vous ne trouverez rien de convenable. Au contraire, chaque phrase risque de vous faire hérisser les cheveux sur la tête. Par contre les iconoclastes, rieurs de tout (et de rien), anarchistes refoulés et autres révolutionnaires à la petite semaine se régaleront de cet enchaînement de situations aussi cocasses qu'invraisemblables. 

Avant de planter le cadre de cette histoire, présentons le héros : Alias. Ce criminel sans foi, ni loi ni limites, a vu le jour il y a une dizaine d'années dans une collection entièrement dédiée à ses aventures au Fleuve Noir. Sur le modèle du Poulpe, il a vécu quelques péripéties sous les plumes de plusieurs auteurs. Alias, machiavel moderne, utilise les dernières évolutions technologiques pour arriver à ses fins : faire s'effondrer notre société de consommation, capitaliste et individuelle. Il aime les belles femmes qui ont du caractère, tue sans aucune émotion et apprécie, entre ses spectaculaires opérations, jouir de tous les plaisirs de la vie. Alias, sous la plume de Noël Godin, prend un côté surréaliste supplémentaire.

Godin, dans la vraie vie, s'est contenté d'entartrer quelques prétentieux et autres "pompeux cornichons", Alias va beaucoup plus loin. Installé dans une luxueuse chambre de l'hôtel Martinez à Cannes en plein festival, il va pirater la projection du film d'un philosophe, tourné en Amérique centrale avec une star française sur le retour... Pour une fois, Godin ne nomme pas la cible, mais les indications savamment distillées au gré des chapitres permettent de rapidement se faire une idée de la personne visée, la même que Renaud brocarde dans son dernier disque... 

A l'opposé, de nombreuses autres personnalités font des apparitions en guest-stars dans ce roman. Ainsi dans les couloirs du Martinez on croise quelques producteurs, des actrices, des journalistes et même un médecin. Cette aventure, partie sur les chapeaux de roues dans les premières pages, s'essouffle un peu par la suite. On assiste notamment à la fuite d'Alias dans les couloirs du palace durant près de 100 pages. Il est accompagné de deux superbes femmes (une masseuse et une soubrette) ainsi que de son fidèle assistant, La Morve, qui a caché sous sa chaise roulante pas moins d'une dizaine de cadavres (il n'y a pas de petits profits pour cette horreur à roulette qui aime boulotter ses victimes). Ils font du surplace, donnant l'occasion à Godin de faire tourner la tête au lecteur avec ses longues énumérations et ses dialogues dignes parfois d'un vaudeville du plus bas étage. Mais on se doute que l'animal est assez brillant et intelligent pour se délecter de la rage du lecteur s'emberlificotant sur ces quelques mètres de moquette souillée par le sang des victimes et autres rejets de la Morve qui porte si bien son nom. Bien évidemment il ne faut chercher aucune morale dans ce roman destructeur.

Au contraire, comme le proclame un jingle diffusé dans la salle de cinéma après le sabotage du film : "Alias, Alias, Alias, et l'ordre moral trépasse !". Alors vous aussi laissez-vous entraîner sur la pente de la subversion et osez lire ce brûlot entre rire jaune et ricanement glauque.

"Armons-nous les uns les autres !", Noël Godin, Flammarion, 18 euros 

samedi 1 août 2009

BD - Victimes de la fonction publique


Il est si facile de se moquer... Notamment des fonctionnaires, têtes de turcs préférées des Français (après les Belges...). Pas étonnant donc si la collection des Guides de Vents d'Ouest propose un recueil sur cette espèce encore bien représentée dans nos administrations mais en voie de disparition depuis l'arrivée d'un certain N. S. à leur tête et qui visiblement a été traumatisé dans sa jeunesse par un de leurs représentants... On rit donc des fonctionnaires, mais plus pour longtemps... Profitons de notre bonheur en compagnie de Christian Godard et Cédric Ghorbani. 

Le premier, vieux routier de la BD, signe le texte de ces gags incisifs et parfois très près de la réalité. Le second excelle dans cet exercice où la principale difficulté est qu'il n'y a pas de personnage principal. Il faut donc inventer des visages pour chaque situation. Cela fait facilement plus d'une centaine de tronches à imaginer. Ghorbani s'en tire à merveille, trouvant même l'occasion de dessiner des pulpeuses créatures (celles qui cherchent de la promotion canapé dans les ministère) interdisant la lecture de cet album aux plus jeunes. Godard au scénario, ce n'est pas une première pour lui qui signe également « Les postiers » chez Bamboo. 

Certains pensent que c'est gâcher son talent. N'oublions pas qu'il est l'auteur complet de Martin Milan et le scénariste de la Jungle en folie ou du Vagabond des Limbes, succès de librairie des années 70/80. Mais Godard, qui était des débuts de Pilote, l'hebdo, est un grand travailleur. Il a traversé l'âge d'or de la BD et l'accompagne dans son évolution. Chapeau l'artiste !

« Le guide des fonctionnaires », Vents d'Ouest, 9,40 €