mercredi 12 septembre 2007

BD - Spirou s'engage contre le racisme


A ne pas manquer  dans les kiosques et maisons de la presse, le numéro 3622 de Spirou HeBDo. Un numéro intitulé "Même pas peur, Spirou s'engage contre le racisme et toutes les exclusions" réalisé en collaboration avec la Ligue des droits de l'Homme. La preuve que les journaux pour la jeunesse, les illustrés, peuvent également s'engager pour un monde meilleur. 

Plusieurs histoires, notamment d'après les témoignages de jeunes, racontent comment la discrimination ou le racisme s'installent insidieusement dans la vie des enfants. Mais le choc de ce numéro est le cahier de 16 pages "de BD bien rangées et disciplinées". Exercice de style, vous y trouvez des séries et gags qui pourraient devenir une réalité dans le futur si on n'y prend pas garde. 

Les quatre pages de Cap'tain Morale sont exemplaires. Elles sont décryptées par la Ligue des droits de l'Homme qui dénonce les amalgames, le racisme ambiant, la délation... 

mardi 11 septembre 2007

BD - A la pêche aux monstres marins

Chasseur de trésor dans la mer des Caraïbes, il y a pire comme métier. Pourtant ce n'est pas parce qu'on est presque perpétuellement dans l'eau à 28° que la vie est belle. La belle Erin Kelley le sait. Elle est au bord de la faillite. Il lui faut rapidement des résultats. Chance, elle met la main sur un galion aux cales remplies de lingots d'or. Malchance, l'épave est squattée par un poulpe gigantesque de plus de 20 mètres. 

Comment neutraliser l'animal pour récupérer le trésor ? Elle a la bonne idée de faire appel, à son ex petit ami, Russell Chase, universitaire expert en cryptozoologie. 

Après le Loup de Tasmanie et le yéti, cette troisième aventure du héros imaginé par Richard D. Nolane et dessiné par Pasquale Del Vecchio, s'attaque aux monstres des profondeurs. Il devra déployer un luxe d'ingéniosité pour neutraliser la bête sans la tuer. Et suffisamment de temps pour que l'équipe d'Erin puisse plonger dans les entrailles du galion. 

L'intrigue pourrait être basique si le scénariste n'ajoutait dans les parages l'épave d'un petit avion contenant une mystérieuse mallette activement recherchée par des Américains, puissants et secrets.

 ("Russell Chase", tome 3, Les Humanoïdes Associés, 10,40 €) 

lundi 10 septembre 2007

Roman - Le raconteur d'histoires

François Darré, beau parleur, ne fait pas rêver son auditoire, il l'escroque. Un roman-vie épique signé Charles Dantzig.

« François Darré, l'homme qui a volé trois milliards ». C'est le titre d'un reportage télévisé, le document qui l'a mis pour la première fois sous la lumière des projecteurs sous sa véritable identité. François Darré, accusé, condamné... Mais avant de devenir cette icône de l'escroquerie mondiale, le petit Français a fait beaucoup de chemin... et de victimes. Charles Dantzig, dans ce roman retraçant la vie d'un homme aimant avant tout inventer des histoires dont il est le héros récurrent aux mille identités, fait revivre également toute une époque, du début des années 80 à l'an 2000.

Tout commence à Tarbes, préfecture triste et arriérée des Hautes-Pyrénées. Le jeune François, fils d'une créature de la nuit, honteux de son père alcoolique, essaie déjà de se fabriquer une autre vie. Pour rater l'école, il invente les excuses les plus incroyables. Comme cette fois où il prétend avoir joué avec l'équipe du Canada de hockey sur glace à Anglet. Et qu'il s'est blessé en plein match, n'hésitant pas à laisser tomber un parpaing sur son pied pour rendre plus crédible le bobard.

De Paris à Los Angeles

A Tarbes tout semble petit, étriqué. Il n'attend pas sa majorité pour tenter sa chance à plus grande échelle. Direction Paris. Première épreuve pour le jeune provincial, perdre son accent. Et faire plus âgé que ses 16 ans. Face à l'adversité il se découvre des trésors de ressources qu'il transforme en autant d'opportunités. Rapidement il captive son auditoire, flaire le gogo plus passionné que les autres, le ferre et trouve un moyen pour lui emprunter une belle somme d'argent. Mais jamais trop. Il sait être « raisonnable ». Il découvre aussi que ses beaux mensonges lui permettent d'avoir beaucoup de succès auprès des femmes. Il en mettra quelques-unes dans son lit, jouant pour elles des rôles sur de très longues périodes. Avec l'argent arrivent les plaisirs nocturnes de la capitale. Il raconte les débuts du Palace. Comment il est parvenu à entrer la première fois dans ce temple du paraître.

Ce jeu risqué, il l'assume complètement, sachant parfaitement qu'il ne fait que répondre à une attente : « Les gens s'ennuient et je leur apporte de l'inattendu, de l'extraordinaire, du merveilleux. Je les amuse. Je les charme. Le charme est convaincant. Il est si rare qu'il étonne : on ne pense pas à le contredire. Pas tout de suite. J'ai eu le temps de passer ».

Parfois ce temps presse. Il doit littéralement fuir Paris ayant pratiquement essoré tout ce que la capitale compte de crédules. Il part aux USA. Après un petit temps d'adaptation, il va se lancer de nouveau dans l'interprétation, en live, de nouveaux personnages. Jusque sur les marches d'Hollywood.

Ensuite, Charles Dantzig raconte la chute, la prison. Mais même là François parvient à étonner et rebondir. Son retour en France n'en sera que plus prestigieux et tonitruant. Un roman se lisant comme une véritable biographie.

« Je m'appelle François », Charles Dantzig, Grasset, 18,90 € 

dimanche 9 septembre 2007

BD - Les imaginaires plus forts que la réalité ?

Oeuvre graphique originale et unique que ce second tome d'une histoire imaginée et dessinée par Daphné Collignon. On retrouve Emma, écrivain, à la recherche de tranquillité ou d'inspiration. Dans une pension de famille ou chambre d'hôte perdue dans une région froide et humide, en plein cœur de la Meuse, elle sent sa raison défaillir en constatant qu'elle ne fait plus la différence entre sa réalité et la vie imaginaire de ses personnages de papier. 

Longs dialogues, peintures pleines pages, portraits au pinceau : la beauté graphique de ces planches est évidente. Elle rattrape d'ailleurs une histoire parfois confuse, le lecteur lui aussi se perdant entre rêve et réalité. Une création à part entière, preuve que la BD peut également permettre à des peintres de s'exprimer.

("Coelacanthes", Vents d'Ouest, 13 €) 

samedi 8 septembre 2007

BD - L'autre Allemagne en résistance

A chaque rentrée littéraire, il y a un album de BD qui sans aucun problème pourrait concourir dans les différents prix. Cette année, le troisième tome d'"Amours fragiles" racontant la vie de Maria, par son récit, son contexte, sa rigueur et sa vérité historique implacable aurait largement sa place dans certaines présélections. 

Cette série raconte les amours de ces jeunes Allemands pris dans la tourmente de la seconde guerre mondiale. Martin, officier dans le Sud de la France, profite de son statut pour protéger Katarina, une jeune juive. En Allemagne, près de Coblence, Maria est secrétaire d'un médecin. 

En 1943, le régime nazi semble chanceler. Mais face aux débuts de remise en cause, la Gestapo frappe fort. Maria va intégrer un groupe d'opposants. Ils dénoncent la folie de Hitler, alertent leurs concitoyens sur ce qui se passe dans les camps de la mort. 

Ce thème de la résistance au Führer, rarement abordé en France, est au centre de cette série écrite par Richelle et dessinée par Beuriot. Des illustrations très réalistes et élégantes. Une finesse du trait en opposition complète avec la lourdeur du climat de l'Allemagne de l'époque. Une fragilité qui cédera face à la violence du régime aux abois. Un album essentiel.

 ("Amours fragiles", Casterman, 13,95 €) 

vendredi 7 septembre 2007

BD - Miss Endicott, conciliatrice nocturne

La prestigieuse collection "Signé" du Lombard renaît de ses cendres en ressortant l'intégrale de "A la recherche de Peter Pan" de Cosey et surtout le premier tome de Miss Endicott, création de Derrien (scénario) et Fourquemin (dessin). Un long récit de plus de 80 pages, se terminant sur un suspense haletant, mais pour une fois, vous n'aurez pas trop à attendre puisque le second et dernier tome est annoncé pour début octobre. 

Miss Endicott est une jeune Anglaise qui revient à Londres pour les obsèques de sa mère. Elle devient gouvernante d'un jeune garçon mais surtout reprend la charge de sa mère, conciliatrice de la capitale anglaise. La nuit, elle reçoit les petites gens et résout leurs problèmes. Une double vie qui ne va pas sans poser quelques problèmes. Notamment quand le peuple des bas-fonds décide de prendre sa revanche sur les habitants à l'air libre... 

La pagination permet aux auteurs de bien détailler les aventures de cette jeune femme intrépide. Un découpage plus riche et très prenant donnant une ampleur rarement atteinte par une BD. 

("Miss Endicott", Le Lombard, 15 euros) 

jeudi 6 septembre 2007

BD - Création destructrice

De toutes les séries intégrant la collection "Secrets" imaginée par Frank Giroud, "L'écorché" est une des plus réussie. Dessins lumineux de Pellejero et surtout intrigue parfaitement maitrisée du scénariste qui a travaillé en duo avec Florent Germaine. 

Tristan Paulin, fouffrant d'une malformation de la machoire inférieure, est un monstre. Il ne parle pas et travaille dans la boucherie de ses parents. Mais il a un don, un talent. Paulin est un peintre visionnaire. Une jeune femme, Mathilde Maraval, une galeriste, le découvre et le pousse dans cette voie. Dans le second tome de ce diptyque, 20 ans après la première exposition, Paulin raconte au mari de Mathilde pourquoi il a quitté Paris en catastrophe après avoir découvert le secret le liant avec Mathilde. Ce secret, le lecteur ne le connaîtra que dans les dernières pages. 

Une histoire de famille, avec infamie et culpabilité. Un très grand récit, recréant ce Paris populaire ou bourgeois de la fin du XIXe siècle, le milieu des artistes en perpétuelle recherche. Pellejero, trait noir, couleurs vives, est très à l'aise dans cet exercice.

 ("L'écorché" tome 2, Dupuis, 13,50 €) 

mercredi 5 septembre 2007

BD - Avec le lard et la manière

La coupe du monde de rugby débute cette semaine, mais les rugbymen du Paillar Athlétic Club sont déjà à pied d'oeuvre sur les pelouses. Une série phénomène, rencontrant un succès de plus en plus grand. Béka (pseudonyme de deux Toulousains, Bertrand Escaich et Caroline Roque) et Poupard, dans ce cinquième recueil de gags, collent à l'actualité puisque leur héros vont aller à Paris assister à quelques matches du tournoi mondial et finiront même par un petit voyage en Nouvelle-Zélande, paradis de l'Ovalie. 

On retrouve avec plaisir ces caricatures de sportifs nourris à la charcuterie et au cassoulet. Loupiote, la Couenne, la Teigne ou Bourrichon. En ouverture, dans une histoire complète, vous découvrirez comment cette bande de copains a découvert les joies du rugby et de l'esprit d'équipe en salle de classe. On appréciera particulièrement les gags avec les All Blacks. 

Le PAC, remarqué par sa vaillance, aura l'insigne honneur de servir d'équipe d'opposition aux Néo-Zélandais. Un entraînement bref, qui conduira tous les membres de la formation à l'hôpital, mal en point mais heureux... 

("Les rugbymen", Bamboo, 9,45 €) 

mardi 4 septembre 2007

Nouvelles - Petites mi-temps

Il existe deux rugbys. Celui des pros, que vous verrez dans la coupe du monde qui débute la semaine prochaine, et celui des villages, ressemblant plus parfois à un combat de gladiateurs qu'à un sport collectif. 

À travers quelques nouvelles pleines d'humour et de tendresse, Michel Embareck nous entraîne dans les vestiaires ou sur les terrains de rugby, sport aussi rude qu'élégant. Des textes vifs, remplis de ces expressions entendues sur les mains courantes autour des stades comme « Macarel » ou « Quel bouchon ! ». 

Dans la nouvelle « Gracieusetés », l'auteur donne la définition anglaise du mot provocation : « Il s'agit d'une plaisanterie virile, expliquée sournoisement à main nue, et à laquelle ne pas répondre par un sourire devient une circonstance aggravante. ».

("Le temps des citrons", Folio, 2 €) 

lundi 3 septembre 2007

Roman - Béances familiales

Dans « Nuit ouverte » de Clémence Boulouque, une actrice, en interprétant le rôle d'un rabbin femme, découvre quelques vérités peu glorieuses sur sa famille.


Les hasards de la vie nous jouent parfois d'étranges tours. Elise Lermont, actrice reconnue, est pressentie pour interpréter le rôle de Regina Jones. Cette Allemande, assassinée à Auschwitz, était devenue en 1935 la première femme rabbin. C'était en Allemagne, deux années après la prise de pouvoir d'Hitler.

Elise Lermont se plonge dans la vie de cette femme, discrète, méconnue, refusant de fuir pour rester auprès des siens. Au même moment, Elise est contactée par André, un homme prétendant être son grand-oncle, le demi-frère de son grand-père. Il ignorait son existence. Et en le rencontrant, comprend pourquoi il a été occulté de l'histoire familiale.

Au service de l'envahisseur

C'était également durant la guerre. Dans la France occupée, cette famille de producteurs de champagne n'a pas longtemps hésité. Suivant Pétain et son gouvernement, ils se mettent au service de l'envahisseur. Réceptions à Paris, collaboration ouverte : cela a le don de dégoûter André. A la Libération il a préféré abandonner ce passé, cette famille, courir le monde.

A l'aube de ce nouveau siècle, il entreprend de raconter la véritable histoire familiale à Elise. Incrédule, la jeune femme admet pourtant ce côté sombre de ses grands-parents. Et inconsciemment va tout faire pour racheter ce passé trouble. « J'ai découvert ma famille quelques mois avant d'obtenir le rôle de Regina Jones. J'ai su cette béance des miens. Il est plus facile de rejeter des héritages odieux que d'en accepter la gêne ».

Du rose au vert-de-gris

Le roman de Clémence Boulouque appuie là où cela fait le plus mal. Se berçant de belles histoires familiales, trop souvent le rose vire au vert-de-gris. L'auteur, dans la première partie du roman, par petites touches, des chapitres courts et presque cliniques, raconte la brève vie de Regina Jones en alternance avec les révélations d'André. La dernière partie du roman est centrée sur Elise Elle veut absolument interpréter Regina Jones, la faire revivre : « Je n'avais rien pour arracher ce rôle, mais je ne voulais le laisser à personne. On les expie comme on peut, les culpabilités ». Une actrice qui pour mieux investir le personnage, va aller sur ses traces, dans cette Allemagne qui a totalement changé. Roman de la mémoire décalée, des errances de la famille, « Nuit ouverte » confirme le talent de Clémence Boulouque, parvenant à jongler avec les mondes et les milieux. Après « Chasse à courre » sur les milieux d'affaires, elle donne un tour plus personnel et humain à un texte ne pouvant laisser personne insensible face au destin de Regina Jones.

« Nuit ouverte », Clémence Boulouque, Flammarion, 18 €




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