dimanche 21 janvier 2007

BD - Nouvelle adaptation de Boro


Les aventures de Boro, reporter photographe, imaginées par Jean Vautrin et Dan Franck pour les éditions Fayard, a ressuscité le roman feuilleton historique. Un beau succès de librairie qui se prolonge donc en bande dessinée avec une adaptation graphique signée Marc Veber. 

Mais le jeune dessinateur n'est pas seul à la tête de cette entreprise périlleuse. Franck a supervisé le scénario, Bilal (qui a signé toutes les couvertures des romans) a pris en charge la direction artistique et Nicolas Wintz s'est chargé du storyboard. Toute une équipe au service de cette intrigue animée par des personnages inoubliables. 

Boro, jeune photographe original, se rend à Berlin pour retrouver une vieille connaissance, la belle Maryika Vremler, sa cousine, devenue star du cinéma allemand en pleine propagande nazie. Car pour ceux qui ont oublié le roman de Franck et Vautrin, la Dame de Berlin se passe au début des années 30, quand un homme politique allemand très ambitieux commence son ascension vers les sommets de l'Etat. Un bouleversement géopolitique placé en filigrane de cette saga. (Casterman, 9,80 €)

samedi 20 janvier 2007

BD - Violence autour de Rosangella

 

Corbeyran et Berlion, le duo à l'origine de « Lie-de-Vin », se reforme pour raconter une histoire de femme. Rosangella a trois enfants. De deux pères différents. Mais cela fait longtemps qu'elle les élève seule. Max, le premier, est parti quand l'aîné avait 7 ans. 

Max, charmeur, flatteur, mais aussi manipulateur et violent. Une violence qui, malgré les années passées, reste encore très présente dans l'esprit de Rosangella. Quand Max revient pour fêter les 18 ans de sa fille, on sent le drame arriver. Ce grand récit de 80 pages prend le lecteur aux tripes. 

Développé par Corbeyran sur une idée de Berlion, il permet à ce dernier de faire admirer sa parfaite maîtrise de la couleur.

Rosangella, Dargaud, 15 euros

vendredi 19 janvier 2007

BD - Révolution rouge dans "Le cycle d'Ostruce"

Un oeuf de dragon, une amazone tout de rouge vêtue, une charmante voleuse et une révolution sanglante : tels sont les ingrédients du premier tome du « Cycle d'Ostruce », nouvelle série de la collection Portail du Lombard. Le récit est signé Nicolas Pona, le dessin Christophe Dubois. La toile de fond c'est donc la révolution russe du début du 20e siècle. 

Mais le tsar est un dragon et un descendant est sauvé par Ajjer, une redoutable amazone, un oeuf, symbole de l'espoir du camp tsariste. Dans les terres enneigées, elle tente de mettre l'oeuf à l'abri. En chemin elle héritera de la protection d'une jeune voleuse car Ajjer massacre à tour de bras...

Le cycle d'Ostruce, Le Lombard, 13 euros

jeudi 18 janvier 2007

BD - Monde parallèle enfantin chez Dupuis


Les éditions Dupuis lancent deux nouvelles collections pour ce début d'année 2007. Deux collections pour les plus jeunes. Puceron à partir de 3 ans, Punaise à partir de 6 ans. Dans cette dernière, le début de la série « Les enfants d'ailleurs » est remarquable.

 Une bande de copains, dans un petit village, décident d'aller explorer la maison d'un vieil original qui vient de mourir. Trois garçons et une fille. Cette dernière, Rebecca, n'est autre que la petite fille du redouté père Gab. 

Dans le bâtiment quasiment vide à part des milliers de livres, ils découvrent une sorte de projecteur de cinéma. En l'allumant, Rebecca ouvre une porte vers un monde parallèle. Elle s'y retrouve prisonnière avec Maxime. 

Ecrite par Bannister et Nikko, cette histoire à cheval entre aventures urbaines et bataille d'heroic-fantasy se révèle passionnante. Une BD à lire à partir de 6 ans, mais qui devrait également passionner les adolescents et même les adultes. (Dupuis, 12,50 €)

mercredi 17 janvier 2007

Roman - Les amoureuses de Mustapha

Mustapha, jeune beur d'un quartier défavorisé, se rêve coiffeur. Il espère même ouvrir sa boutique un jour à Tanger, épouser la belle Aïcha et lui faire quatre enfants. Mustapha a des rêves simples. Pourtant il peut beaucoup plus. Car Mustapha a quelques chose que toutes les femmes remarquent au premier coup d'oeil : il est beau comme un prince. Jane Eland, avant d'être romancière, a commencé sa vie professionnelle comme top model. Elle connaît bien ce milieu du paraître et de l'argent facile. Car très vite elle va changer l'avenir de son jeune et charmant héros. 

Aïcha d'abord. Elle ne rêve que de conquête de Hollywood. Donc la proposition de Mustapha de retourner au pays ne l'enchante pas beaucoup. Elle sera la seule à se montrer indifférente à son charme. Par contre, la directrice de l'école saute sur l'aubaine. Elle initiera le jeune garçon aux choses du sexe. 

Un premier contact au cours duquel il découvrira son pouvoir. Mais la grande occasion ce sera quand il se fera renverser par une Ferrari. La conductrice, Violette, riche veuve, s'accaparera du blessé et l'entraînera dans un tourbillon de luxe et de sexe. Le jeune coiffeur découvrira l'argent facile, l'oisiveté et les vices qui vont de pair.

Un roman toujours à la limite. Du drame ou de la comédie. Certainement car le personnage semble irréel, comme rêvé par des femmes en quête de beauté et de naïveté. Un simple jouet. Sophistiqué certes, mais dont on se lasse forcément à plus ou moins brève échéance.

« Beau comme un prince », Jane Eland, Calmann-Lévy, 14 €

lundi 15 janvier 2007

Roman français - Libertinage chez Voltaire

Réflexion sur le théâtre, la tolérance et la guerre, ce court roman de Jacques-Pierre Amette offre de plus quelques scènes torrides.

« Le fanatisme de Mahomet », pièce de Voltaire, avait reçu un accueil très mitigé lors de sa création. Le philosophe, déçu, a décidé de donner une seconde chance à ce texte qu'il considère comme essentiel dans la dénonciation des intégrismes. En plein été 1761, alors qu'il profite de la douceur de vivre de son domaine de Ferney en Suisse, il fait venir de Paris deux actrices italiennes renommées pour participer aux premières répétitions de cette histoire toujours aussi controversée de nos jours. 

Jacques-Pierre Amette ne s'est pas trop appesanti sur la pièce et son message préférant, dans ce court roman, raconter la vie quotidienne de cette petite société, lettrée, intelligente, mais très éloignée des réalités de l'Europe du 17e siècle. Autour de Voltaire, chef de tribu, pièce maîtresse et pensante du domaine, on retrouve quelques intellectuels, religieux, militaires et artistes.

Les amours de Gabriella et Zanetta

Dans cette dernière catégorie, le romancier consacre beaucoup de pages aux deux artistes italiennes, aussi belles l'une que l'autre mais aux caractères diamétralement opposés. Gabriella, exubérante, sûre d'elle, séductrice implacable, tombe rapidement sous le charme du comte Fleckenstein, officier prussien envoyé par Frédéric II pour négocier un traité de paix par l'intermédiaire de Voltaire. Le comte oubliera sa mission dès qu'il franchira la couche de Gabriella. 

Cette dernière profitera goulûment de l'émissaire comme le laisse entendre cet extrait : « Elle souleva le drap, découvrit les cuisses, les jambes, les pieds. Elle songea longtemps sur le sexe assoupi. Un corps parfait. Elle repoussa le linge pour jouir de ce si beau corps. Elle fut saisie, troublée, enthousiaste : des bras admirables, un sexe adouci par l'ombre de la cuisse. D'infimes petites contractions des muscles l'émerveillent ».

Mais il n'y a pas que Gabriella à Ferney. Zanetta, l'autre comédienne, plus timide, ténébreuse, rêveuse, s'intéresse elle aussi au militaire. Le bel été va s'écouler au rythme des répétitions et des tentatives de séduction de deux belles invitées. Ce sont les meilleurs passages de ce roman très sensuel, avec aussi les quelques apparitions du peintre Goussier, si leste pour croquer (au sens propre et au figuré) les plantureuses servantes des cuisines.

« Un été chez Voltaire », Jacques-Pierre Amette, Albin Michel, 15 €

dimanche 14 janvier 2007

BD - Etranges voisins

Un immeuble ordinaire dans une ville comme les autres. Le n° 109. Un couple et son bébé aménagent au second. Et mauvaise surprise, les déménageurs se sont trompés et 80 % des meubles sont partis vers Lourdes. Dans leur appartement vide, ils ne savent pas quoi faire. Mais ce serait sans compter avec la proverbiale solidarité entre voisins. 

Des voisins assez étranges, notamment ceux qui sont sur le même palier. Amateurs de rock gothique, ils vivent continuellement dans le noir, ont pour animal de compagnie un hérisson et contrairement à leur apparence cauchemardesque, sont d’une gentillesse à toute épreuve. 

Dès la première histoire complète, Nini Bombardier et Coyote, les auteurs de cette nouvelle série comique, séduisent le lecteur avec leurs trouvailles. Les autres voisins sont tout aussi délirants : le gardien, Musclor toujours accompagné de son chien-loup, mais si doux avec sa femme slave, le comédien raté, homosexuel refoulé n’ayant toujours pas rompu le cordon ombilical avec ses parents, la vieille mégère acariâtre, la catholique pratiquante, délaissant son mari pour le nouvel abbé, jeune, musclé et si bon entraîneur du club de natation.

Bref tout un échantillon de l’Humanité, avec ses défauts, ses frustrations mais aussi son bon fond. Egalement disponible "Le dessous des voisins", par les mêmes auteurs. (Le Lombard, 9,80 €)

samedi 13 janvier 2007

BD - Une petite guerrière impitoyable

Zarla, comme le laisse entendre le titre de son premier album, est une « Guerrière impitoyable ». C'est surtout une petite fille inconsciente, persuadée de pouvoir affronter tous les dangers puisque ses parents étaient des chasseurs de dragon. Ce qu'elle ne sait pas, et qui fait tout le ressort humoristique de la série, c'est que son chien, le brave Hydromel, est chargé de la protéger. 

Dès qu'elle est en danger, de vieux toutou fatigué, il se transforme en guerrier bestial et sans pitié. Gare à ceux qui osent menacer Zarla. Toute la difficulté pour Hydromel, est de ne pas se faire surprendre en guerrier par Zarla qui ne doit pas se douter qu'elle est sous sa protection. 

Imaginée par Janssens, cette série d'héroïc fantasy devient un peu plus dramatique dans les dernières pages, quand le lecteur comprend que Zarla a effectivement quelques dons pour le combat. Zarla est dessinée par Guilhem, dessinateur d'origine aveyronaise (c'est le frère de Christophe Bec) qui signe son entrée dans le catalogue Dupuis. (Dupuis, 8,50 €) 

vendredi 12 janvier 2007

BD - Un enfant sème la panique chez les Schtroumpfs

Panique chez les Schtroumpfs : un enfant turbulent fait son irruption dans le village. Mais comment est-il arrivé là ? Cette 25e histoire des Schtroumpfs intègre dans le récit un élément humain qui faisait parfois défaut dans les précédentes aventures. Les plus jeunes pourront certainement s'identifier au petit Jeanty, qui porte si mal son nom. Car l'enfant en question est une véritable catastrophe. 

Un teigneux de la pire espèce, râleur, coléreux et prêt à tout pour obtenir immédiatement ce qu'il convoite. Quand il arrive dans le village, Jeanty est paniqué. Mais quand il comprend que les Schtroumpfs ne font pas le poids contre lui, il en profité et détruit méthodiquement les maisons en forme de champignons. Il faut que le Grand Schtroumpfs sorte de son laboratoire une potion de son invention pour calmer le gamin. 

Mais plutôt que de le chasser, il va tenter de le rendre meilleur en lui apprenant les bonnes manières. Il y a du travail ! Scénario plaisant, sans être trop moralisateur de Culliford et Diaz Vizoso, dessiné dans la tradition de Peyo par De Coninck. (Le Lombard, 8,70 €) 

jeudi 11 janvier 2007

BD - Le crépuscule du Donjon

L'univers de Donjon a de nouveaux dessinateurs. Donjon Zénith a été confié à Boulet et Donjon Crépuscule à Kerascoët. Mais les scénarios sont toujours du duo le plus novateur de la bande dessinée française : Lewis Trondheim et Joann Sfar. Dans cet épisode, le numéro 105 de Crépuscule, Marvin Rouge est particulièrement à l'honneur. 

Le lapin rouge, acariâtre et coléreux, devient presque un sauveur pour les armées de dragons du maître de Vaucanson. Il est en effet le seul à maîtriser la technologie Nitro qui permet aux armures de se transformer en engins volants. Une option essentielle pour vaincre les troupes de la forteresse noire. Dans cette aventure, toujours aussi dense, il est également question de complot, de trahisons familiales, de jalousie et de viol de soubrette. 

Kerascoët, pseudonyme de deux jeunes dessinateurs passés par l'école Estienne, se sont parfaitement appropriés cet univers merveilleux comptant de plus en plus de fans et d'exégètes. (Delcourt, 9,80 €)