Il était une fois, dans un monde imaginaire, une forêt magique. Un immense arbre, en son milieu, assurait l’équilibre de tous les habitants, de la plus petite bestiole aux humains en passant par les êtres fantastiques. Un fragile bonheur surveillé par Automne, sorte de jeune sorcière rousse. Quand elle devine l’arrivée d’une ville mouvante du peuple de fer dans la forêt magique, elle décide de tout faire pour arrêter ces pilleurs de ressources. Si la trame du scénario de cet “Automne” à forte valeur ajoutée écologique semble un peu réductrice, c’est pour la bonne raison que le danger, dans la fiction mais aussi dans la vraie vie, est très réel.
Le peuple de fer veut atteindre la forêt, non pas pour y vivre en paix mais bien pour en massacrer toutes les ressources. Juste le temps de vivre dans l’abondance durant une génération. Ensuite ? Nouvel exil et recherche d’une nouvelle mine à exploiter.
Comment contrer l’inéluctable ? En intégrant juste un peu d’amour. Romance entre Automne et le beau jeune homme qui est éclaireur du peuple de fer. Il va succomber au chrome d’Automne et réfléchir aux conséquences de ses actes. Une petite prise de conscience qui ferait beaucoup pour l’avenir de notre planète si elle était partagée par un peu plus de monde.
On peut reprocher le simplisme de la démarche des deux auteurs. Et pourtant… Quelle solution différente peut changer durablement l’avenir de notre société ? Une BD qui bénéficie du talent des deux auteurs, Cécile et Lionel Marty, ensemble dans la vie et qui ont fait le choix de vivre loin des dégâts de l’urbanisation. Un quotidien en accord avec son travail artistique. Chapeau ! “Automne”, Delcourt, 64 pages, 16,50 €
Deux vieilles amies (Hélène Vincent et Josiane Balasko) cherchent des champignons dans les forêts de Bourgogne quand vient l‘automne. Ces retraitées ont travaillé ensemble à Paris. Elles partagent ainsi un secret qui perturbe leurs familles.
Ce film de François Ozon, sur la fin de vie, les remords et la réputation, est profondément humain. Il permet à deux « anciennes » du cinéma français de rendre une copie parfaite.
La sortie en vidéo chez Diaphana est l’occasion d’une floraison de bonus. Les classiques entretiens avec réalisateur et comédiennes, les scènes et prises coupées ou les essais des costumes.
Enfin, vous pourrez voir le clip de la chanson Le large, interprétée par Françoise Hardy et réalisé par François Ozon.
Thriller à la Simenon, « Quand vient l’automne » de François Ozon offre un superbe premier rôle à Hélène Vincent, 81 ans.
L’automne dont il est question dans ce film de François Ozon, c’est d’abord la saison, quand la campagne humide se prépare à se mettre en sommeil. Mais c’est aussi métaphoriquement l’automne de la vie des deux personnages principaux, Michelle (Hélène Vincent) et Marie-Claude (Josiane Balasko).
Elles vivent dans la même petite ville de Bourgogne, entourée de bois et de champs. La première dans une grande bâtisse avec un immense jardin, la seconde dans un petit pavillon. Deux femmes seules, qui ont un même secret lié à leur passé. Michelle a une fille, Valérie (Ludivine Sagnier) et Marie-Claude un garçon, Vincent (Pierre Lottin), tous les deux adultes.
La première est mariée, en instance de divorce, mère d’un jeune Lucas qui adore sa mamie. La situation est plus compliquée pour Marie-Claude. Vincent, après quelques « bêtises », se retrouve en prison. Quand il sort, il retourne chez sa mère et accepte de travailler dans le grand jardin de Michelle. Le début du film, pose les bases de l’histoire et se révèle déjà très intrigant. La réalisation, toute en délicatesse, en non-dits, plante l‘ambiance, renforcée par une musique obsédante de Evgueni et Sacha Galperine.
Le premier choc vient quand Valérie manque de mourir. Un midi, chez sa mère, elle a mangé des champignons ramassés la veille dans les bois. Elle seule en a mangé. Et frôle la mort. Elle quitte le soir même la maison de sa mère, refusant de lui laisser Lucas durant les vacances comme convenu. C’est aussi à partir de ce moment que l’on doute. Accident ou acte délibéré ? Michelle, sous ses airs de mamie gâteau ne cache-t-elle pas de profondes fractures psychologiques ?
L’explication viendra peut-être du métier qu’elle exerçait à Paris avant de se retirer à la campagne. Un climat, un sentiment de doutes et de soupçons, renforcés par l’attitude de Vincent. Le spectateur se pose beaucoup de questions au sujet de cet être, a priori frustre, joué avec naturel par Pierre Lottin. Un condensé de violence contenue d’où affleure une gentillesse désarmante.
La suite du film, surprenante, voire déconcertante tant François Ozon pousse loin le curseur de la rupture avec le politiquement correct, nous entraîne dans ces limbes de l’automne, quand la nature s’endort et que de sous les feuilles mortes sortent les champignons. Bons ou mauvais.
Film de François Ozon avec Hélène Vincent, Josiane Balasko, Ludivine Sagnier, Pierre Lottin.
Une semaine. Je me suis octroyé sept jours pleins de vacances tel un enseignant épuisé après six semaines de cours. Rien de prémédité. Une opportunité à saisir. Constatant la persistance d'un temps estival, je me suis dit que finalement, faire le plein de vitamines D en octobre est encore mieux qu'en juillet (où de toute manière bronzer restait une gageure...). Autant profiter de ce fichu réchauffement climatique pour se promener bras nus, par 30 degrés, dans des vignes rougeoyantes et des forêts transpercées de lumière aux rais obliques dans lesquelles ne pas marcher sur des cèpes relève de l'exploit.
Mais jeudi dernier, à l'entrée de mon village, la dure réalité du calendrier a repris le dessus. Encore tout transpirant de la longue balade en plein air, je ralentis en voyant une camionnette, garée au milieu de la rue, tous gyrophares allumés. Une nacelle transporte un homme en hauteur. Des travaux sur le réseau électrique ? L'installation de la fibre promise lors des élections ? La vérification du bon fonctionnement des lampadaires ? Rien de tout cela. En ce 27 octobre, ces ouvriers sont tout simplement en train de monter et brancher les illuminations de Noël. Des myriades d'ampoules et des guirlandes de petites leds (diodes électroluminescentes) qui transforment joliment, chaque fin d'année, la rue principale en mini Champs-Elysées.
Voilà comment ma modeste semaine de vacances s'est transformée en gouffre spatio-temporel qui m'a directement transporté de la fin de l'été au début de l'hiver. Les trois mois d'automne, ma saison préférée ? Je reviendrai tenter ma chance l'année prochaine.