vendredi 20 juin 2014

BD - Les nouvelles ailes de Walthéry


Natacha a fait rêver des générations de petits garçons devenus depuis de vieux bonshommes qui n'ont plus souvent l'occasion de s'envoyer en l'air. François Walthéry, tout en continuant à animer les aventures de la sublime hôtesse de l'air, tente un nouveau décollage avec une héroïne tout aussi craquante. 1935. Nora Stalle fait partie de l'élite des pilotes de la toute jeune flotte de l'aviation civile. Cette brune, coiffée à la garçonne, aime les défis. Quand sa compagnie Air Zénith décide de tester un nouvel appareil sur une ligne en projet entre Paris et l'Extrême-Orient, elle est bien évidemment candidate. 
Choisie, elle est enthousiaste. Moins quand elle apprend qu'elle devra embarquer un mécanicien chargé de surveiller l'avion prototype. Un mécano qu'elle a déjà croisé. Théo Norville, anarchiste contestataire, porté sur la boisson, a le chic pour se mettre dans des embrouilles carabinées. Le duo, lors de son premier vol entre la Pologne et la France, va ramener un passager clandestin dans ses soutes (un opposant politique à Hitler) qui a des documents prouvant l'intention de l'Allemagne de conquérir l'Espagne. Espions, pannes, bagarres : pas un moment de répit dans ce premier tome écrit par Borgers, dessiné par Walthéry et encré par Bruno Di Sano.

« L'aviatrice » (tome 1), Paquet, 13,50 €

DE CHOSES ET D'AUTRES - La dent dure


Une découverte médicale va bientôt nous changer la vie. Terminées les roulettes, fraises et autres instruments de torture pour réparer les dents cariées. En pointant un laser sur une dent abîmée, les chercheurs sont parvenus à enclencher un phénomène d'auto-réparation qui lui redonne toute sa santé. Les dentistes, profession la plus honnie de la planète, augmenteront de plusieurs degrés au baromètre des métiers sympas. Par contre, les opposants aux expérimentations animales risquent de s'offusquer car cette avancée découle d'un essai préalable sur des rats. Et là, mon esprit cartésien est saisi d'un gros doute. Si mes souvenirs sont bons, les rats sont des rongeurs. Ces bestioles ont la particularité de devoir en permanence manger des aliments durs pour limer leurs dents qui ne cessent jamais de grandir... Je sens la grosse entourloupe. Comment constater que le laser est efficace alors que les dents testées se régénèrent naturellement ?
Je me doutais que c'était trop beau. Car en fait, dentiste est la couverture de prédilection d'une ribambelle de sadiques en liberté. Même en vous faisant la piqûre d'anesthésique, ils semblent prendre du plaisir à vous perforer la gencive. Si ce laser est véritablement efficace, il aura pour conséquence de laisser dans la nature des milliers de tortionnaires en état de manque. Le nombre de meurtres horribles subira sans doute une hausse considérable.
Mais là, je sens que c'est moi qui noircis un peu trop le tableau. Le rendez-vous que j'ai ce matin chez mon dentiste n'y serait-il pas pour quelque chose ?

jeudi 19 juin 2014

Polar -"L'affaire tequila" de F. G. Haghenbeck repris au format chez Folio Policier


Vous êtes plutôt « El diablo » ou « Rhum swizzle » ? Le premier cocktail est à base de téquila blanche alors que le second est un mélange de rhum doré et jus de fruits. Leur point commun ? Ils sont tous les deux dégustés par Sunny Pascal, le détective privé américano-mexicain dont les aventures sont écrites par F. G. Haghenbeck. Deux cocktails parmi la trentaine dont la recette et l'historique sont relatées en début de chaque chapitre de « L'affaire Tequila ». 
Donc, on boit beaucoup dans ce roman policier d'action. Le héros mais aussi les quelques stars que l'auteur se permet de mettre en scène dans son roman. Dont Johnny Weissmuller, couvert de dettes, mais vivant quand même dans un luxueux hôtel.
(Folio Policier, 7,90 €)


DE CHOSES ET D'AUTRES - Ressembler au héros

Livre, film, BD, série télé : s'identifier au héros est inévitable. On commence gamin (personnellement j'ai failli éborgner quelques copains en tentant de manier la Fronde comme Thierry) et on continue devenu adulte, tel un jeu qui nous replonge en enfance.
Attention quand même à ne pas trop en faire. Ne vous retrouvez pas comme Sheldon de « Big Bang Theory » (le contre-exemple idéal pour la non-identification) à parler parfaitement le guttural klingon, langue des belliqueux aliens de Star Trek. Les plus jeunes, dans peu de temps, pourront prendre des cours de dothraki, la langue de la belle sauvageonne Daenerys de Game of Thrones. Pour ma part je maîtrise déjà assez bien le parler Hodor, langue du géant éponyme. Vous me direz, l'effort n'est pas surhumain puisqu'il n'a qu'un mot à son vocabulaire : hodor... Un geek jusqu'au-boutiste propose même un logiciel pour implanter un clavier virtuel hodor (à une touche) sur son ordinateur...
Les personnages des séries ont parfois des influences étonnantes sur nos vies. Je me souviens avoir accepté de porter des lunettes de lecture après avoir vu dans Lost, Sawyer (Josh Holloway) chausser, avec une certaine classe, des bésicles usagées pour dévorer ses romans à l'eau de rose.
Dernière expérience d'identification, la plus récente ; ce week-end j'ai regardé les 8 épisodes de « True Detective ». Effet subliminal radical : tel le détective Rust interprété par Matthew McConaughey, j'ai fumé deux paquets de cigarettes.

mercredi 18 juin 2014

DVD - Suivre les aventures des deux flics particulièrement tenaces de "True detective"

Certaines séries télé valent un bon film. « True Detective », tournée en 35 mm, place la barre très haut.


L'intégrale de « True Detective » en DVD et blu-ray vient de paraître chez WarnerBros. Les huit épisodes de la première saison avec quelques bonus dont les explications du scénariste Nic Pizzolatto et du réalisateur Cary Fukunaga vous permettent de plonger dans les tréfonds de l'âme humaine, quand les ténèbres gagnent sur la lumière. Considérée à juste raison comme la meilleure série de ces dix dernières années, « True Detective » chamboule le spectateur par son intrigue et ses personnages complexes et attachants.

L'histoire se déroule en Louisiane sur deux lignes de temps différentes. Un peu comme une expérience mystique, le visionnage du premier épisode s'apparente à la découverte d'une drogue totalement addictive. Dès les premières minutes ont est happé par l'ambiance crépusculaire de l'enquête de ces deux flics tenaces. Martin Hart (Woody Harrelson) forme la partie terre à terre du binôme. Marié, deux petites filles, il semble efficace et équilibré. On ne peut pas en dire de même de Rust Cohle (Matthew McConaughey) taciturne et très torturé.

Ils arrivent ensemble sur une scène de crime. Au milieu des champs de canne à sucre, au pied d'un arbre, une femme nue, attachée, violée, poignardée à mort, porte une couronne formée de branchages et de bois de cerfs. Nous sommes en 1995. Plus rien ne sera comme avant pour les deux détectives. L'enquête est racontée indirectement par Martin et Rust, lors d'un interrogatoire en 2012. Martin a perdu pas mal de cheveux, Rust, au contraire, arbore une tignasse longue et filasse, les yeux injectés de sang, il fume cigarette sur cigarette tout en descendant des bières. Comment Rust est-il devenu cette épave ? Pourquoi sont-ils mis sur le gril si longtemps après les faits ? Ce premier interrogatoire se double d'une enquête sur ce qui ressemble à s'y méprendre à un rite sataniste. Et comme dans toutes les bonnes histoires il y a un monstre. Celui de « True Detective » hantera longtemps vos nuits de cauchemar...

Acteurs au sommet
Réalisé comme un film, avec des acteurs habitués au cinéma (Matthew McConaughey a obtenu l'Oscar du meilleur acteur cette année pour son rôle dans « Dallas Buyers Club »), une musique hypnotisante et une image léchée de cette Louisiane tiraillée entre les grands sites industriels et les bayous inchangés depuis la nuit des temps, la série de Nic Pizzolatto est particulièrement bien écrite. Rust, écorché vif, au passé douloureux, ne vit plus que pour cette affaire. Marty, homme faible sous une image de flic dur à cuire, n'en finit plus de céder à ses pulsions, comme un suicide social à petit feu par « pétasses » interposées. Tout oppose les deux hommes. Ils vont pourtant trouver un terrain d'entente pour « achever » cette affaire qui n'a que trop duré. Une suite est annoncée pour janvier 2015 sur la chaîne câblée HBO. En fait Nic Pizzolatto va raconter une autre histoire autour de nouveaux flics. Rien n'a filtré du casting, mais il se pourrait qu'il y ait trois personnages principaux. Seule certitude, l'action se déroulera en Californie, mais sûrement pas dans les beaux quartiers d'Hollywood.


DE CHOSES ET D'AUTRES - Mélanges malencontreux

Il y a des jours où l'on mélange tout. Une confusion tenace s'installe telle une crise aiguë d'Alzheimer précoce. C'est ce qui a dû arriver hier à la personne chargée d'écrire les « urgents » en bas de l'écran de BFMTV. En pleine affaire
de fuites des sujets du bac sur Twitter, une dépêche AFP annonce la sortie de Michaël Schumacher du coma consécutif à son accident de ski. Un coup de shaker plus tard, on peut lire cette incrustation qui bat toutes les précédentes fautes de français collectées sur un site internet : « Alerte info : Il n'y a pas eu de fuites des sujets de philosophie avant le début des épreuves, a affirmé Michael Schumacher. » On ne va pas jeter la pierre au pauvre malheureux, victime d'un court-circuit cérébral durant son opération de copier-coller. Cela peut arriver à tout le monde.
Par exemple, moi, hier matin. Je reçois deux courriers administratifs. Le premier du centre de dépistage du cancer du colon. Le second d'une société de convention d'obsèques. D'un côté ils ne veulent pas que je meure. De l'autre ils me disent clairement qu'il n'y a aucun espoir et qu'il vaut mieux que je prépare mes funérailles dès maintenant. 
La lecture attentive des modalités pratiques pour expédier, par la poste, un échantillon de mes « selles (caca) » (sic), me provoque un fou rire incoercible. Conséquence, moi aussi j'ai tout mélangé. Voilà pourquoi les croque-morts ont failli recevoir pour unique réponse à leur proposition de convention... des petites languettes recouvertes d'excréments.

mardi 17 juin 2014

BD - Entrailles spatiales


« Le temple du passé », nouveau roman de Stefan Wul adapté en bande dessinée (Hubert au scénario, Etienne Le Roux au dessin), n'a pas pris une ride depuis sa parution en 1957. Un vaisseau spatial rencontre une avarie. L'équipage est réveillé en urgence. Mais cela n'empêche pas l'engin d'être avalé par une sorte de trou noir. Après un choc énorme, il ne reste plus que trois survivants à bord. Massir le pilote, Jolt médecin stagiaire et Raolt, quartier-maître. Ils découvrent que leur astronef a été englouti par un gigantesque monstre marin évoluant dans une mer de chlore recouvrant en partie une planète inconnue. A force de manipulations génétiques, ils parviennent à faire évoluer le gros poisson en une sorte de reptile qui ne peut s'empêcher de rejoindre la terre ferme. 
Cette histoire, assez visionnaire à son époque, a depuis été maintes et maintes fois réutilisée dans diverses œuvres de SF. Les auteurs actuels y ont rajouté la description d'une société qui a de quoi donner la nausée à Christine Boutin : l'homosexualité est la règle ; être attiré par le sexe opposé est considéré comme une tare rédhibitoire...

« Le temple du passé » (tome 1), Ankama, 13,90 €

lundi 16 juin 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Rions du ballon rond

L'entrée en lice hier soir de la France marque pour nous le véritable début de ce Mundial 2014. On va enfin pouvoir s'y intéresser à fond, et pour de bonnes raisons. Car pour l'instant, je n'ai retenu de ces premiers matches que quelques anecdotes juste pour le fun.
Par exemple la déroute de l'équipe d'Espagne. Ou plus exactement du gardien Casillas. Notamment le 4e but par Van Persie sur un contrôle totalement raté du goal espagnol après une passe en retrait. On pensait le gardien de but jamaïcain inégalable en terme d'inefficacité (8 fois il est allé chercher le ballon au fond des filets contre la France), mais Casillas place la barre très haut. Une "branlée" en match amical ne laisse pas de traces, celle de l'Espagne au second jour du Mundial risque d'en laisser de durables.
Avant il y a la bourde de Marcelo, le Brésilien. Le défenseur a l'honneur d'être le premier joueur à marquer dans cette édition. Mais contre son camp.... Le plus marrant reste le déchaînement sur Twitter contre un homonyme. Les Cariocas, par dizaines, ont reproché à Marcello (avec deux L) de twitter durant le match, ce qui expliquerait sa bévue.
Le meilleur, comme toujours, vient du camp français. Ribery aurait déclaré forfait... car il a peur des piqûres. Le joueur du Bayern de Munich a officiellement démenti la rumeur. Exactement, son mal au dos récurrent aurait dû être traité par des injections de cortisone. Non il n'a pas peur des piqûres dans la fesse comme un gamin trouillard. C'est la cortisone et ses effets secondaires qui l'effraient... Une nuance qui change tout.

Livre - Échapper aux griffes de l'Autre

Sous la coupe d'un pervers narcissique, l'héroïne du roman de Sylvie Le Bihan profite des événements pour se libérer.

Un homme, une femme. Dans couple, il y a « coup ». L'amour, trop souvent, se transforme en haine. Le roman de Sylvie Le Bihan a pour ambition de faire comprendre au lecteur comment une idylle devient un cauchemar. La force de ce texte, c'est de replacer cette histoire banale au centre d'événements extraordinaires. Comme pour prouver que tout malheur peut virer au bonheur dans certains cas particuliers. 
En ce mois de septembre 2011, Emma va devoir revivre la journée particulière du 11 septembre 2001. Dix ans que les tours se sont effondrées sous les attaques des terroristes. Dix ans que des milliers d'innocents ont trouvé la mort en étant au mauvais endroit au mauvais moment. La narratrice explique sa panique quand elle reçoit cette invitation à une journée de commémoration. Ce médecin français est invitée personnellement par la présidence des USA. Mais avant de comprendre pourquoi, Emma raconte au cours de longs retours en arrière sa vie insouciante d'avant.
Étudiante en médecine à Strasbourg, elle profite pleinement de la vie. Belle, libre, brillante. Pour décompresser elle accumule les conquêtes masculines. Sans lendemain. Elle y trouve même un certain plaisir. « Tu aimes bien faire mal, un peu, beaucoup, passionnément, juste ce qu'il faut pour donner du relief à des histoires de cul insipides. Pour exister. » Dans le cadre de sa formation et de sa spécialisation en gynécologie, elle part six mois dans une clinique londonienne. Cantonnée au service gériatrie, elle améliore son anglais, pas ses connaissances médicales.

Engrenage mortel
Le soir, avec des collègues, elle va de pub en pub. Un soir, elle tombe sur l'Autre, cet homme qu'elle ne nomme jamais et qui va vampiriser sa vie. Un trader, français comme elle, venu à la City pour faire le plus de bénéfices possibles. Il est distingué, presque vieux jeu. Une cour discrète. Prévenant. Elle se met à rêver à l'homme parfait. S'en persuade. Fait tout pour le garder, le posséder, le montrer à ses amis strasbourgeois, sa famille. Pour se défaire de l'étiquette de femme inconstante et futile.
Habituée à se comporter de façon parfois odieuse avec les hommes, elle n'a pas vu immédiatement qu'il était sa copie parfaite. Mais lui, pervers narcissique assoiffé de domination, fait dans le long terme.
Quand elle accepte de l'épouser, de se lier à lui, elle a bien un doute, mais la volonté de briller est plus forte. « Au fond de toi tu savais que l'Autre ne ferait jamais l'unanimité, mais tu étais déterminée à aller jusqu'au bout, pour prouver à ceux qui t'avaient déjà jugée que tu ne t'étais pas trompée et que cette fois-ci ça allait durer. Ton orgueil, un engrenage qui a failli te tuer. Tu as mis bas les armes, tu as cédé et maintenant tu sais que c'est à ce moment que tout à basculé. » De plus en plus sous la coupe de l'Autre, Emma est comme un jouet dont il dispose dans l'intimité. En public, il brille, semble parfait. Dès la porte de la chambre refermée, il la rabaisse, l'humilie. En aout 2001, ils prennent des vacances. Lui va jouer au golf près de New York avant de prendre son poste, pour quelques semaines dans les bureaux de sa banque au sommet du World Trade Center. Elle passe le temps en le trompant.
Dix années plus tard, Emma panique à quelques mètres du couple Obama. Que s'est-il passé en ce jour maudit dans l'histoire des USA ? C'est tout le propos de ce roman dur et sombre, qui s'achève pourtant en libération. Libération qu'il faut souhaiter à toutes les femmes tombées dans les griffes d'un Autre pervers narcissique.

« L'autre », Sylvie Le Bihan, Seuil, 16 €

dimanche 15 juin 2014

Livre - "Étranges rivages" édité au format poche chez Points

Erlendur revient. Le héros policier d'Arnaldur Indridason est de retour. Une double enquête dans les fjords glacés de l'est de l'Islande. 
Une petite voiture rouge, une nécrologie dans le journal barrée du mot « ordure », une ferme en ruine. Ce sont quelques-uns des morceaux du puzzle de ce roman policier signé Arnaldur Indridason. 
L'écrivain islandais renoue avec son héros du début, le policier Erlendur. Un flic pragmatique, torturé de culpabilité, incapable d'être heureux, de vivre simplement en oubliant les fantômes du passé. 
Dans ces terres de l'est il va déterrer quelques cadavres, imagés ou bien réels... (Points, 7,60 €)