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lundi 19 août 2024

“Dead for a dollar”, un western de Walter Hill en DVD et blu-ray


Walter Hill, vétéran du cinéma américain (Driver avec Isabelle Adjani, toute jeune, ou 48 heures), malgré ses 83 ans n’a pas raccroché la caméra. Il réalise Dead for a dollar, un western pur et dur qui sort directement en vidéo (DVD et blu-ray chez M6 Vidéo).

Presque un hommage au genre. Une caricature pour les moins gentils. Le casting propose deux rôles en or à Christoph Waltz et Willem Dafoe. Une histoire de chasseur de primes engagé par un mari dont la femme a été enlevée.

Dans le désert du Nouveau-Mexique, il retrouvera la femme et le kidnappeur (Rachel Brosnahan et Elijah Jones) ainsi que son pire ennemi. Les explications seront mouvementées, le final tonitruant. Comme dans tout western qui se respecte…

mercredi 10 janvier 2018

Cinéma : Devenir petit pour voir plus grand dans "Downsizing"

Le nouveau film d’Alexander Payne est la première belle découverte cinématographique de cette année 2018. Refusant de s’intégrer dans une catégorie trop précise, il surfe entre science-fiction, brûlot écologiste, comédie et belle histoire d’amour. Au final, il reste une œuvre qui fait beaucoup réfléchir et l’histoire d’un homme trop souvent perdu dans ses choix et la répétition de ses erreurs.

Matt Damon est parfait en Américain moyen plein de doutes, le reste du casting donnant du corps et de l’intelligence à cette réussite indéniable. Tout débute en Norvège. Des chercheurs, pour trouver des solutions à l’épuisement des ressources naturelles de la Terre, se lancent sur plusieurs pistes. L’une d’elles prend le problème à l’envers. La population mondiale augmente trop. Il est hors de question de limiter les naissances. Alors, pourquoi ne pas la réduire non pas en nombre mais en taille ?

Tout petit et très seul

Le downsizing, un procédé est mis au point pour diminuer un être vivant. Dans les faits, un homme de 1 m 80 et 80 kg est transformé en un homoncule de 12 cm et de 12 grammes. Certes, il faut lui aménager un habitat spécial, mais une fois la réduction effectuée, il ne produit quasiment plus de déchets et mange très peu. Pour beaucoup, c’est effectivement la solution à la surpopulation. Mais cela a un coût. Et seuls les plus aisés peuvent se payer un « downsizing ». Même si tout devient relatif, puisqu’un cadre moyen, devient millionnaire dans son futur miniature. Une fois le principe énoncé, on entre dans le vif du sujet. Paul (Matt Dillon) arrive à persuader sa femme (Kristen Wiig) de faire le grand saut. Ils vendent tous leurs biens, disent au revoir à leurs amis du monde des grands et se rendent dans un centre médical se faire réduire.

Paul se réveille cinq heures plus tard. Seul. Au dernier moment, sa femme a changé d’avis. Un mauvais cinéaste aurait pu se contenter de rallonger ce passage. La culpabilité de la femme, la colère puis le désespoir du mari, devenu minuscule, à la merci de sa femme gigantesque. Mais Alexander Payne voit plus loin, et de fa- çon plus intelligente. Il plonge Paul dans ce monde de maisons de poupées où le luxe est omniprésent. L’ennui aussi. Comme si on vivait sous une cloche, sans la moindre liberté. Paul va mettre longtemps à reprendre goût à la vie. Surtout à admettre que cette opération irréversible, est la pire erreur de sa vie, lui qui en a déjà fait pas mal.

Américain moyen à l’esprit étriqué, Paul va s’ouvrir quand il rencontre Dusan (Christoph Waltz), Serbe magouilleur à la philosophie de vie très libérale et libertine. Ce n’est pas parce qu’on est petit qu’il ne faut pas voir grand...

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Hong Chau crève l’écran


Absente de la première partie du film, Hong Chau crève l’écran dès qu’elle entre dans l’histoire et la vie de Paul. Dissidente vietnamienne, à la tête d’un mouvement populaire contre l’expropriation de villages entiers, Ngoc Lan Tran a été emprisonnée durant deux ans dans les geôles asiatiques. Et le gouvernement, pour la faire définitivement taire, la réduit sous la contrainte. Dans l’affaire elle perd une jambe. Comment continuer la lutte politique quand on ne mesure plus que 12 cm ? Une solution expéditive qui prouve au monde que le downsizing, présenté comme une solution pour sauver la planète, peut aussi se révéler une redoutable arme politique pour les dictatures.

Recueillie par des familles d’accueil de « petits » dans les mini villes américaines, Ngoc Lan Tran sera finalement oubliée. Rejetée, elle termine dans un quartier populaire, obligée de faire des ménages pour survivre. C’est la prothèse, mal réglée qui va interpeller Paul. Ce petit bout de femme, autoritaire et en permanence en action, en plus de son travail quotidien, se transforme à la fin de ses journées en bienfaitrice des plus pauvres des «petits». Son travail dans les maisons de riches lui permet de récupérer nourriture et médicaments pour les plus nécessiteux. Humanitaire un jour, humanitaire toujours. Cette touche de tendresse, de don de soi, dans ce monde aseptisé transforme le film en véritable bombe émotive. Hong Chau, fille de boat people, est née dans un camp de réfugiés en Thaïlande. Arrivée aux USA elle a fait des études de cinéma et a été remarquée dans quelques séries télé. Mais c’est avec Downsizing qu’elle obtient son premier grand rôle.

 ➤ Comédie d’Alexander Payne (USA, 2 h 16) avec Matt Damon, Hong Chau, Kristen Wiig, Christoph Waltz.

jeudi 19 mars 2015

Cinéma - Mensonges et création dans "Big Eyes", le nouveau film de Tim Burton


Être ou se rêver artiste : ce dilemme est au centre du nouveau film de Tim Burton retraçant l'incroyable imposture artistique des époux Keane.


Le biopic est devenu un genre à part entière du cinéma contemporain. Il se concentre dans deux directions bien définies : la vie d’une célébrité connue de tous (Yves Saint-Laurent, Truman Capote, Steve Jobs) ou d’un inconnu qui mérite d’être remis en lumière. Walter et Margaret Keane, les personnages principaux de « Big Eyes » de Tim Burton sont passés par tous les statuts d’un bon biopic. Inconnus à leurs débuts, ils sont devenus de véritables stars dans leur domaine, puis sont redescendus de leur piédestal rattrapés par leur escroquerie. Cette histoire de mensonges et de création ne pouvait qu’inspirer Tim Burton, lui qui s’est déjà illustré en revisitant l’œuvre et la carrière d’Ed Wood, le « plus mauvais cinéaste de tous les temps ».

Du scandale Keane, le réalisateur en a surtout conservé la problématique du mythomane pervers narcissique, capable de placer la femme qu’il aime sous sa coupe au point de transformer toute son existence en un mensonge sans fin.
A la fin des années 50, divorcer, même aux États-Unis, n’est pas chose aisée. Surtout si c’est l’épouse qui décide d’abandonner le foyer. Margaret (Amy Adams) quitte son mari et père de sa fille Jane. Elle rejoint une amie à San Francisco et décroche un petit job dans une fabrique de meubles. Mais son ambition, c’est de vivre de sa peinture. Dotée d’un bon coup de crayon, elle passe ses dimanches dans un parc à monnayer ses portraits exécutés au fusain en quelques minutes. Des sommes dérisoires, mais qui permettent à cette femme seule de maintenir la tête hors de l’eau. Elle tente aussi de vendre ses tableaux, des portraits d’enfants, de face, tristes et aux grands yeux sans lesquels on a l’impression de se noyer. C’est dans ce parc qu’elle rencontre Walter Keane (Christoph Waltz), grand baratineur devant l’Éternel, barbouilleur de scènes typiques des rues de Paris.

Vente directe
Agent immobilier dans le civil, il séduit sans peine Margaret, l’épouse alors qu’il tente en vain de percer sur le marché de l’art. Meilleur publiciste que peintre, il a l’idée de s’affranchir des galeries en exposant ses croûtes dans un club de jazz. Paris ne rencontre pas beaucoup de succès, mais les enfants aux « Big Eyes » de Margaret interpellent, elle qui a décidé de signer ses toiles de son nom de femme mariée : Keane. Une erreur fatale.
Walter, constatant le succès de ces compositions étranges et fascinantes, prétend en être l’auteur. Margaret, comme tétanisée, accepte de lui laisser endosser les honneurs, elle, dans le grenier, à l’abri des regards, se contentera de peindre des centaines de portraits rapportant des milliers de dollars.
Le film est fascinant dans la description méthodique de l’enfermement de Margaret dans le mensonge. Elle voudrait dire la vérité, mais redoute que sans le bagou de Walter, ses œuvres ne se vendent plus. Or, ce qui lui importe le plus, c’est d’offrir une certaine sérénité matérielle à sa fille. Dans le rôle de Walter, Christoph Waltz fait une composition très convaincante. Ivre de célébrité, il quitte la réalité, s’enfermant lui aussi dans un déni complet. Une œuvre, deux auteurs, un scandale : Tim Burton transforme le tout en un film touchant et attachant.
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L'art au féminin

En filigrane du film « Big Eyes », Tim Burton a également abordé le problème de la création artistique au féminin. Parmi les arguments de Walter pour convaincre sa femme de continuer de signer ses toiles de son seul nom, sans son prénom, la difficulté pour une femme d'être reconnue par la critique. Dans les années 60, le milieu de l'art est dominé par les hommes. C'est toujours vrai, mais moins flagrant. Pourtant les peintures des « Big Eyes » sont d'une facture complètement à l'opposé du monde de Walter Keane. Il a beau dire qu'il ne fait que reproduire les visages des enfants victimes de la guerre (un bobard parmi tant d'autres), ce n'est pas du tout crédible.
Margaret Keane, après avoir divorcé, s'est lancée dans un long et difficile procès pour récupérer son honneur. Certes elle a menti durant des années, cautionnant l'histoire mise au point par son mari pour gagner le maximum avec les toiles et les reproductions, mais elle a finalement gagné. Une évidence pourtant compliquée à démontrer.
Aujourd'hui elle est toujours en vie. Une vieille dame qui continue à peindre ses chers enfants et qui fait une petite apparition dans le film de Tim Burton.

lundi 30 juin 2014

Cinéma - Terry Gilliam et l'infini du rien du Théorème Zéro

Un peu comme une sorte de suite de « Brazil » désenchantée, « Zero Theorem » de Terry Gilliam parle d'abstractions et d'amour.

Il s'habille en noir, n'aime pas la foule, les gens, le travail au bureau et la lumière du jour. Cloîtré dans son ancienne église transformée en loft, entre ordinateurs high-tech, vieilles statues et fientes de pigeons, Qohen Leth (Christoph Waltz) panique dès qu'il doit s'éloigner de son téléphone fixe. Il attend un appel. L'Appel. Celui qui enfin « expliquera le sens de la vie » lui dira « notre raison d'exister ». Écrit par Pat Rushin, le scénario de « Zero Theorem » a été accommodé à la sauce Terry Gilliam. L'ancien membre des Monty Python a reconnu son univers dans ce script. On retrouve notamment beaucoup de références à l'univers étouffant de « Brazil ». Qohen est une sorte de programmateur dans une multinationale du plaisir. Il est chargé d'ordonner des abstractions mathématiques comme d'autres classent des trombones par couleur. Un travail qui s'apparente à un jeu vidéo, avec écran, manettes de commandes... et pédalier pour fournir l'énergie nécessaire. Qohen ne supporte pas de travailler à horaires fixes dans un box sous la surveillance constante d'un petit chef, Joby (David Thewlis). Il réclame à cor et à cri le droit de rester chez lui, de faire du télétravail. Il évitera ainsi de côtoyer les autres humains, engeance qu'il exècre.

Tous cinglés ?
Il obtiendra gain de cause auprès du grand chef, Management (Matt Damon, méconnaissable), mais en contrepartie devra travailler sur le théorème zéro. Cette suite mathématique, impossible à démontrer, affirme que l'univers, issu de rien, retournera un jour à cet état d'origine. De quoi perdre la raison pour Qohen. Mais était-il véritablement sain d'esprit avant de s'engager sur ce chemin ?

Cette intrigue complexe, quasi métaphysique, Terry Gilliam lui donne un aspect visuel étonnant, avec des décors aux fortes variations chromatiques, des personnages tous un peu cinglés et une sorte d'ange, dernière présence humaine véritable, douée de sentiment : la call-girl Bainsley (Mélanie Thierry). D'un côté la solitude, le rien, le vide; de l'autre la plénitude d'une relation à deux, de l'amour et de l'interdépendance. Qohen est tiraillé. A moins que tout cela ne soit qu'une machination supplémentaire de Management, expert en instrumentalisation de ses employés.
Bourré de trouvailles, notamment visuelles, « Zero Theorem » est l'antithèse du film de science-fiction positif et optimiste. Mais Terry Gilliam n'a jamais été l'un de ces créateurs tentés par un message à la « Bisounours » pour faire passer la noirceur de notre existence. Au contraire, il a toujours mis en avant les dérives de nos sociétés. Le fond est pessimiste. Ou simplement réaliste. Cela dépend uniquement du point de vue du spectateur.

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Publicités et sexe omniprésents


Le futur décrit par « Zero Theorem » semble nous pendre au bout du nez. Reclus dans son église désaffectée, loin du bruit et de la lumière, Qohen peut vivre en paix. Mais dès qu'il sort, il est assailli par les publicités numériques. Comme si le modèle économique des pubs intempestives sur les sites internet avait fait des petits dans la rue. Chaque mur, transformé en affiche interactive, s'adresse directement au passant. Pour une banque, des aliments, du rêve virtuel ou du sexe sans danger.

Le sexe est aussi omniprésent dans cet avenir. L'église de Qohen est accolée à un sex-shop où les expériences semblent extrêmes au vu de l'évacuation des clients en ambulance. Bainsley, interprétée par Mélanie Thierry, parfaite gravure glamour, va beaucoup plus loin sur son site internet. Et encore plus si on accepte d'endosser une combinaison virtuelle pour se retrouver plongé dans un monde idéal où se toucher, faire l'amour, passe par des flux de pixels à travers des fibres optiques. Cela n'empêche pas la jeune femme de pleurer sur son sort et sa propension à tomber amoureuse. Et de constater qu'elle est décidément 100 fois plus belle avec son rimmel dilué dans les larmes qu'en infirmière aguicheuse ou naïade en bikini.