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lundi 16 septembre 2024

Cinéma - Tim Burton ressuscite “Beetlejuice” l’iconoclaste

Certains héros ne meurent jamais. Dans le cas de Beetlejuice c’est évident. Plus de 30 ans après sa première apparition, il est de retour. Toujours aussi effrayant… et marrant. 

Tim Burton n’est plus le jeune cinéaste visionnaire de ses débuts. Mais il reste un incorrigible rêveur, bourré d’imagination, incapable de marcher droit. En partie révélé avec Beetlejuice sorti en 1988, le réalisateur américain fait le grand écart en proposant une suite à ce conte fantastique. Il n’est jamais facile de retrouver l’alchimie qui transforme une bonne idée en chef-d’œuvre. Un exercice au cours duquel on a beaucoup plus de chances de se fracasser contre un mur de redites que de retrouver le chemin du succès. En retrouvant plusieurs des comédiens du premier opus (Michael Keaton, Winona Ryder, Catherine O’Hara), Tim Burton parvient à faire le lien avec le Beetlejuice de 1988.

De nos jours, Lydia Deetz n’est plus l’adolescente gothique que Beetlejuice veut épouser mais une célèbre animatrice d’un show télé sur les fantômes. Elle a une fille, Astrid (Jenna Ortega), mais ne s’en occupe pas réellement, préférant se consacrer à sa carrière sous la coupe de son fiancé Rory (Justin Theroux). Elle doit retourner dans la maison hantée pour les obsèques de son père.

Un déchirement pour Astrid qui adorait ce grand-père un peu poète, le seul de la famille qui semblait normal à cette jeune fille rationnelle niant farouchement l’existence de spectres et autres esprits surnaturels.

Si la première partie du film est un peu longue, notamment pour présenter les nouveaux personnages et rappeler le contexte, la suite devient plus percutante, digne du film d’origine. Dès que la maquette de la ville dans le grenier est débarrassée du drap blanc la cachant au monde des vivants, la folie Beetlejuice s’exprime pleinement. Avec péripéties et monstres en tout genre. Winona Ryder, de gamine rebelle, se transforme en maman aimante, mais totalement terrorisée à l’idée de croiser de nouveau la route d’un Michael Keaton toujours méconnaissable sous le maquillage.

Lydia va pourtant devoir de nouveau faire appel à sa malice pour délivrer l’ado des griffes d’un méchant fantôme. Et pour corser le tout, Tim Burton invente une première épouse à Beetlejuice. Très possessive, elle veut retrouver son mari. Monica Belucci offre ses traits parfaits à cette vamp en morceaux.

L’inventivité du réalisateur semble alors débridée, entre scènes sanglantes, pastiche de Dune et critique féroce des influenceurs, tous renvoyés dans les limbes de leurs écrans de pacotille. C’est dynamique, horrible, marrant, novateur et terrifiant. Du pur Tim Burton !

Film de Tim Burton avec Michael Keaton, Winona Ryder, Jenna Ortega, Justin Theroux

lundi 22 avril 2024

En vidéo, les huit épisodes de “Mercredi” dans un coffret

 


Huit épisodes et un succès planétaire inégalé. la série Mercredi, qui vient de sortir en vidéo chez Warner, doit beaucoup à Jenna Ortega, interprète principale. Mais c’est avant tout la vision de Tim Burton qui a permis à cette histoire issue de la célèbre Famille Adams de marquer les esprits lors de sa sortie en 2022 sur Netflix.

Dans le boîtier de deux blu-ray ou trois DVD on retrouve tous les épisodes, évidemment, mais malheureusement pas le moindre bonus. Pourtant? il y aurait sans doute beaucoup à montrer sur la genèse de la série, le tournage (en Europe, exactement en Roumanie au cœur des Carpates) ou le casting. On se contentera donc de la bouille craquante de Jenna Ortega et de ses aventures fantastiques et assez sombres.
Quant à la saison 2, elle a été confirmée, mais toujours pas sa date de diffusion.

jeudi 19 mars 2015

Cinéma - Mensonges et création dans "Big Eyes", le nouveau film de Tim Burton


Être ou se rêver artiste : ce dilemme est au centre du nouveau film de Tim Burton retraçant l'incroyable imposture artistique des époux Keane.


Le biopic est devenu un genre à part entière du cinéma contemporain. Il se concentre dans deux directions bien définies : la vie d’une célébrité connue de tous (Yves Saint-Laurent, Truman Capote, Steve Jobs) ou d’un inconnu qui mérite d’être remis en lumière. Walter et Margaret Keane, les personnages principaux de « Big Eyes » de Tim Burton sont passés par tous les statuts d’un bon biopic. Inconnus à leurs débuts, ils sont devenus de véritables stars dans leur domaine, puis sont redescendus de leur piédestal rattrapés par leur escroquerie. Cette histoire de mensonges et de création ne pouvait qu’inspirer Tim Burton, lui qui s’est déjà illustré en revisitant l’œuvre et la carrière d’Ed Wood, le « plus mauvais cinéaste de tous les temps ».

Du scandale Keane, le réalisateur en a surtout conservé la problématique du mythomane pervers narcissique, capable de placer la femme qu’il aime sous sa coupe au point de transformer toute son existence en un mensonge sans fin.
A la fin des années 50, divorcer, même aux États-Unis, n’est pas chose aisée. Surtout si c’est l’épouse qui décide d’abandonner le foyer. Margaret (Amy Adams) quitte son mari et père de sa fille Jane. Elle rejoint une amie à San Francisco et décroche un petit job dans une fabrique de meubles. Mais son ambition, c’est de vivre de sa peinture. Dotée d’un bon coup de crayon, elle passe ses dimanches dans un parc à monnayer ses portraits exécutés au fusain en quelques minutes. Des sommes dérisoires, mais qui permettent à cette femme seule de maintenir la tête hors de l’eau. Elle tente aussi de vendre ses tableaux, des portraits d’enfants, de face, tristes et aux grands yeux sans lesquels on a l’impression de se noyer. C’est dans ce parc qu’elle rencontre Walter Keane (Christoph Waltz), grand baratineur devant l’Éternel, barbouilleur de scènes typiques des rues de Paris.

Vente directe
Agent immobilier dans le civil, il séduit sans peine Margaret, l’épouse alors qu’il tente en vain de percer sur le marché de l’art. Meilleur publiciste que peintre, il a l’idée de s’affranchir des galeries en exposant ses croûtes dans un club de jazz. Paris ne rencontre pas beaucoup de succès, mais les enfants aux « Big Eyes » de Margaret interpellent, elle qui a décidé de signer ses toiles de son nom de femme mariée : Keane. Une erreur fatale.
Walter, constatant le succès de ces compositions étranges et fascinantes, prétend en être l’auteur. Margaret, comme tétanisée, accepte de lui laisser endosser les honneurs, elle, dans le grenier, à l’abri des regards, se contentera de peindre des centaines de portraits rapportant des milliers de dollars.
Le film est fascinant dans la description méthodique de l’enfermement de Margaret dans le mensonge. Elle voudrait dire la vérité, mais redoute que sans le bagou de Walter, ses œuvres ne se vendent plus. Or, ce qui lui importe le plus, c’est d’offrir une certaine sérénité matérielle à sa fille. Dans le rôle de Walter, Christoph Waltz fait une composition très convaincante. Ivre de célébrité, il quitte la réalité, s’enfermant lui aussi dans un déni complet. Une œuvre, deux auteurs, un scandale : Tim Burton transforme le tout en un film touchant et attachant.
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L'art au féminin

En filigrane du film « Big Eyes », Tim Burton a également abordé le problème de la création artistique au féminin. Parmi les arguments de Walter pour convaincre sa femme de continuer de signer ses toiles de son seul nom, sans son prénom, la difficulté pour une femme d'être reconnue par la critique. Dans les années 60, le milieu de l'art est dominé par les hommes. C'est toujours vrai, mais moins flagrant. Pourtant les peintures des « Big Eyes » sont d'une facture complètement à l'opposé du monde de Walter Keane. Il a beau dire qu'il ne fait que reproduire les visages des enfants victimes de la guerre (un bobard parmi tant d'autres), ce n'est pas du tout crédible.
Margaret Keane, après avoir divorcé, s'est lancée dans un long et difficile procès pour récupérer son honneur. Certes elle a menti durant des années, cautionnant l'histoire mise au point par son mari pour gagner le maximum avec les toiles et les reproductions, mais elle a finalement gagné. Une évidence pourtant compliquée à démontrer.
Aujourd'hui elle est toujours en vie. Une vieille dame qui continue à peindre ses chers enfants et qui fait une petite apparition dans le film de Tim Burton.