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vendredi 7 avril 2023

Biographie - Dominique Bona dans les pas de Joseph Kessel et Maurice Druon, « Les Partisans »

 Auteurs du Chant des Partisans, l’hymne des Résistants, Joseph Kessel et Maurice Druon sont au centre de cette biographie parue chez Gallimard et signée Dominique Bona.

S’ils ne sont que deux dans le titre et la photo illustrant la couverture du nouveau livre de Dominique Bona, c’est en réalité l’épopée d’un trio qui est racontée dans cette somme de plus de 520 pages. Car en plus de Joseph Kessel et de son neveu Maurice Druon, l’académicienne met la lumière sur le rôle de Germaine Sablon, chanteuse, maîtresse de Kessel, combattante de la France Libre et première interprète de cette chanson devenue symbole national.

Originaire des Pyrénées-Orientales, Dominique Bona n’en oublie pas son pays catalan et y trouve le début très épique de cette triple biographie. Fin décembre 1942, ils sont trois à se rendre à Perpignan pour rencontrer un passeur. Un certain José, Catalan du cru chargé de conduire en Espagne ces Français désireux de rejoindre le général De Gaulle à Londres. De nuit, dans le froid, ils vont passer le col au niveau du Perthus, parvenant à éviter les patrouilles allemandes.

Un long et dur périple très inhabituel pour ces trois habitués au confort et au luxe. Joseph Kessel est un journaliste et écrivain reconnu. Il a longtemps pu continuer à travailler dans la France occupée par l’armée allemande malgré ses origines juives. Mais le durcissement du régime de Vichy l’oblige à faire un choix. Il décide de quitter ce pays qu’il a déjà servi lors de la première guerre mondiale. Direction Londres. Il emmène Maurice Druon, son neveu, fils caché de son défunt petit frère. Pour compléter l’attelage, Germaine Sablon. Une des nombreuses maîtresses de Kessel, chanteuse et comédienne célèbre, au franc-parler redoutable. Une fois à Londres, ils se mettent au service de la France Libre.

« Un feuillet dans l’Histoire » 

C’est dans ce cadre que Kessel et Druon, en une journée (le 30 mai, jour de la sainte Jeanne d’Arc), écrivent le texte du Chant des Partisans. « Il faut à la Résistance un symbole fort et un repère unificateur. Les maquis de France en ont besoin. […] Kessel a le don de parler à tous, sa prose est simple et vivante. » Il sera aidé par Maurice Druon pour la mise en vers, la musique sera tirée d’une chanson russe et c’est Germaine Sablon qui l’enregistrera la première, le 31 mai aux studios d’Ealing. Les deux écrivains, l’oncle et le neveu, ont conscience de l’importance de cette chanson, « C’est peut-être tout ce qui restera de nous » dira Kessel à Druon. Lequel réplique, plus solennel, « Nous venons de glisser un feuillet dans l’Histoire. »

Si la création du Chant des Partisans est au centre de cette biographie, Dominique Bona n’occulte pas le reste de la carrière du trio. On redécouvre un grand écrivain en la personne de Joseph Kessel, homme fougueux, habitué aux esclandres, capable de menacer de jeter sa maîtresse par la fenêtre, gaulliste convaincu.

Maurice Druon, après un Goncourt à 30 ans, est devenu célèbre avec sa saga des Rois maudits. Devenu ministre des Affaires culturelles, il a par la suite marqué l’Académie française, même « s’il échoue à faire élire le chanteur Charles Trenet. »

Mais la plus belle découverte de ces Partisans reste le parcours de Germaine Sablon. Une femme forte, capable de résister à De Gaulle, libre et indépendante, follement amoureuse de Kessel et de son pays.

« Les partisans, Kessel et Druon une histoire de famille » de Dominique Bona, Gallimard, 24 €

samedi 9 mai 2015

Cinéma - Notre père le manipulateur dans "Partisan" avec Vincent Cassel

Un père aimant et exigeant, transforme ses enfants en machines à tuer dans “Partisan” avec Vincent Cassel.



Scénario, réalisateur et capitaux australiens, « Partisan » a pourtant été entièrement tourné en... Géorgie. L’ancienne république soviétique a conservé son architecture bétonnée et ses terrains vagues. Idéal pour planter le décor de ce film semblant se passer dans un futur quasi post-apocalyptique. Tout est gris, terne, froid, la peur sourde des murs en ruines. Dans cet univers de violence larvée, Gregori (Vincent Cassel), tente de se construire son paradis. Une communauté retirée, inaccessible si ce n’est par un dédale de souterrains.
Gregori recueille des femmes seules qui viennent d’accoucher. Il leur propose gîte, couvert et sécurité. Pour elles et les enfants. Elles sont une petite dizaine, comme un harem insouciant, et autant d’enfants coupés du monde, en autarcie. L’homme fait figure de père, d’instituteur, de Dieu aussi quand il se met à manipuler ces jeunes consciences vierges de toute morale.

Petits sicarios
Ariel Kleiman, le réalisateur de ce très étrange film, filme cette petite communauté comme un lieu sûr et épanouissant. Les enfants jouent entre eux, s’amusent, apprennent, respectent leur mère.


Une réalité trop belle. Car la finalité de Gregori est tout autre. Pour assurer la tranquillité de son petit monde, il lui faut de l’argent. Et pour le gagner, il utilise ses gamins si obéissants. Régulièrement, un homme lui remet des chemises avec à l’intérieur des indications précises. Où trouver un homme ou une femme, à quelle heure exacte, comment l’aborder. Dans le film c’est Alexandre (Jeremy Chabriel), 11 ans, qui s’en charge. Sa cible : un banal garagiste. Une fois qu’il s’est assuré de son identité, il sort de son sac à dos un pistolet et l’abat froidement. Bien éduqués, ces enfants sont des tueurs. Parfaits car totalement coupés du monde extérieur. Pour eux, ce n’est pas faire du mal, juste obéir au père...
L’idée du film est venue au réalisateur australien en visionnant un reportage sur les jeunes « sicarios » colombiens. Des enfants formatés par les trafiquants de drogue pour exécuter leurs basses œuvres. Sans montrer froidement la violence, « Partisan » glace le sang. Juste par le regard des enfants, leur innocence perdue. Pourtant la machine va se dérégler. Alexandre, à la faveur d’un événement inattendu, va saisir la réalité de la situation. Il aura alors le choix : continuer l’œuvre de Gregori ou retrouver un peu d’humanité. La fin, déroutante, laisse un goût amer dans la bouche. Tout n’est que fiction dans “Partisan”, mais la réalité, dans nombre de pays en guerre notamment, est encore pire.