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jeudi 31 décembre 2015

DVD : Joann Sfar filme une très jolie oie blanche qui se rebelle

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Adapté d'un roman de Sébastien Japrisot, 'La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil' est un thriller esthétique.


Dans la catégorie des films que l'on aime avant même de le voir, 'La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil' cumule plusieurs atouts. Le titre. Long et explicite sans en dire trop. Le réalisateur. Joann Sfar, génial avec 'Gainsbourg', toujours très inspiré dans ses bandes dessinées. L'actrice principale. Freya Mavor, rousse incandescente aux jambes interminables et l'air mutin. L'origine. Le script est tiré d'un roman de Sébastien Japrisot. Mais à l'arrivée, on est un peu déçu, comme frustré de ne pas exactement retrouver ce que l'on espérait dans cette somme d'ingrédients alléchants. L'explication on la trouve dans les bonus du DVD. Joann Sfar dans un long entretien de près de 30 minutes, revient sur le projet. Il n'aimait pas le scénario. Mais adorait le roman. Alors il a tenté de trouver un compromis. D'autant que son producteur ne voulait pas qu'il fasse du Sfar. Mais il ne sait rien faire d'autre. Alors il a tourné un film comme il aurait aimé en voir quand il était jeune. Un long clip vidéo de 90 minutes dans lequel on ne peut que tomber amoureux de l'actrice principale. Peu de moyens, zéro figurants, décors sommaires et manquant de liant entre eux, c'est finalement le montage final qui a sauvé le projet de la catastrophe selon le réalisateur qui semble presque renier ce troisième film dans sa carrière, toujours le plus difficile à faire.
S'inventer une vie
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Pourtant, la jeune Dany restera longtemps dans les mémoires de ceux qui ont vu ce thriller ouvertement esthétique (et pas esthétisant). Dany (Freya Mavor) est une secrétaire effacée dans une société de publicité. Elle tape au kilomètre des projets et rapports dictés par son patron Michel (Benjamin Biolay). Ce dernier lui demande de venir chez lui taper un long texte qu'il doit rendre le lendemain. Elle accepte. Ce sera aussi l'occasion de revoir Anita (Stacy Martin), son ancienne collègue qui a terminé dans le lit du patron et l'a épousé. Dany, rousse, naïve, myope et seule, s'imagine dans les bras de son patron. Mais ce dernier l'ignore. Le lendemain, il lui demande de le raccompagner à l'aéroport avec sa voiture américaine, une Thunderbird. Au retour, Dany ne retourne pas à Paris, met le cap au sud pour voir la mer. S'inventer une vie, des aventures… Elle sera servie, se demandant si c'est elle qui a tué cet homme dans le coffre de la voiture. Au point de se demander sir elle n'est pas folle. Véritable film psychologique, faux thriller (même s'il y a effectivement des morts, du sexe et de la violence), 'La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil' est entièrement porté par Freya Mavor. L'actrice anglaise, surtout connue pour son rôle dans la série 'Skins', d'une beauté époustouflante, est filmée avec délicatesse par un Joann Sfar très inspiré.
'La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil', Wild Side Vidéo, 19,99 euros le DVD, 24,99 euros le blu-ray.

jeudi 12 mars 2009

Polar - Cœurs de flics

Deux policiers tombent sous le charme d'un témoin et d'un suspect, transformant une enquête criminelle en affaire très personnelle.



Les flics aussi ont un cœur. Mais il est souvent difficile de concilier vie sociale et affective équilibrées avec un métier où l'on est toujours sur la brèche. Le commissaire Martin et son adjointe Jeannette vont en faire les frais dans ce polar d'Alexis Lecaye. Cet auteur français a déjà signé « Dame de cœur » et « Dame de Pique » avec les mêmes personnages. On les retrouve donc, avec leurs soucis quotidiens.

Martin vient de se faire plaquer par sa jeune compagne, Marion, avec qui il vient d'avoir un enfant. Le flic bourru prend presque comme un soulagement ce départ. Cela signifie dans les faits qu'il n'aura pas à assumer ses devoirs de père.

Enlevée et relâchée

Jeannette est elle aussi séparée du père de sa fille. Une enfant qui passe beaucoup de temps chez sa grand-mère car la policière est du genre stakhanoviste. Ces deux écorchés vifs, en pleine crise existentielle, se raccrochent donc à leur métier, leur devoir. Agressions dans la rue, femme battue... du menu fretin jusqu'à ce qu'une belle blonde d'une trentaine d'année, Véronique, vienne déposer plainte pour enlèvement. Un homme l'a kidnappée à son domicile. Il l'a attachée, dans un lieu clos, l'a déshabillée, l'a caressée et l'a finalement relâchée sans la blesser ni la violer. Des circonstances étonnantes qui interpellent Martin.

Jeannette, elle, se plonge dans les archives et fait un travail de fourmi de comparaison et de recoupement. Elle découvre qu'au cours des cinq dernières années six autres jeunes femmes blondes ont disparu, probablement enlevées alors qu'elles étaient seules chez elles. Le premier enlèvement aurait eu lieu dans les environs de Bordeaux. Le duo descend dont au Sud et rencontre le mari de la disparue. Un premier entretien qui sera suivi par ceux des proches des autres disparues, dans l'Est de la France et à Paris.

Ambiguïté

Petit à petit Martin et Jeannette se persuadent qu'ils ont affaire à un même criminel. Ils progressent lentement mais sûrement. Leur vie sociale s'étant considérablement réduite, il n'est pas étonnant qu'ils tombent sous le charme de certaines de leurs rencontres professionnelles. Ainsi Martin craquera pour Véronique alors que Jeannette ne sera pas insensible à la mélancolie du mari de la première disparue, ce médecin bordelais passionné de voile.

Mais comment ne pas provoquer de conflit d'intérêt quand le chef de l'enquête couche avec un témoin que le meurtrier tente d'assassiner et que son adjointe finit sa nuit dans les draps du médecin girondin, par ailleurs suspect idéal ? Alexis Lecaye a construit tout son roman sur cette ambiguïté. Sans cesse, les deux enquêteurs, qui ont aussi un cœur, sont à la limite du hors jeu. Un thriller qui va aller en s'accélérant au fur et à mesure des découvertes du duo policier. L'un comme l'autre vont se retrouver en porte-à-faux, risquant même leur carrière et leur vie pour une enquête hors normes se transformant en affaire personnelle. Un roman policier français parfaitement maîtrisé par un auteur qui aime donner de l'épaisseur à ses personnages principaux.

« Dame de Carreau », Alexis Lecaye, Editions du Masque, 20 €

samedi 12 août 2006

Polar - Dame de pique gagnante

Le commissaire Martin, héros de ce polar français d'Alexis Lecaye, passe par tous les états dans ces 360 pages.

Zonant dans son appartement en vieux survêtement, le commissaire Martin est en pleine dépression. Dans sa précédente aventure ("Dame de coeur"), il avait failli mourir. Il garde encore des séquelles physiques de cet ultime afrontement. Mais c'est surtout au niveau du moral que cela dérape. L'arrêt maladie se prolonge. Pourtant côté vie privé il a tout pour être heureux. Sa compagne, Marion, attend un enfant de lui. Et sa fille est elle aussi enceinte et vit chez lui depuis quelques semaines. Deux femmes actives, énergiques, optimistes mais qui se trouvent totalement désarmées face aux noires pensées de leur "homme". 

Tueuse implacable
Côté boulot, c'est l'adjointe de Martin, Jeannette, qui a pris les rênes du service. Et du boulot, il y en a. Les cadavres continuent de fleurir en différents lieux de la capitale. En premier lieu celui d'un détective privé retrouvé dans un chantier. Tué de deux balles. Des balles introuvables puisque retirées du corps avec des instruments chirurgicaux par le tueur. Une tueuse exactement. Le lecteur le sait puisqu'il a assisté à la scène. La jeune femme, sortie pour faire un jogging, a vite remarqué qu'elle était suivie. Ce que le détective ne pouvait pas savoir, c'est qu'il avait pris en filature une redoutable tueuse. Quand elle a découvert l'identité et la profession de sa victime, la tueuse a décidé de faire un peu de ménage. Forcément un "client" a payé le détective pour la suivre. Qui ? Elle ne le sait pas. Méthodiquement elle a recherché dans les archives du privé et a relevé nom et adresses des dix derniers contrats. Elle va torturer puis tuer ces hommes et femmes pour découvrir qui s'intéresse à elle. Chaque nuit elle part en chasse et laisse un cadavre derrière elle. 
Jeannette, la première parvient à identifier le premier cadavre et a l'intuition que ces morts sont liées entre elles. Une affaire qui a le don de redonner le goût de l'enquête à Martin. Du jour au lendemain il va faire une croix sur son état dépressif, remettre son bleu de chauffe et se lancer sur les traces de ce tueur mystérieux. Mais il sera stoppé dans son élan. Un soir, il discute avec la psychologue de la PJ. Le lendemain, elle est retrouvée dans le coma, sauvagement frappée dans son bureau. Or, il semble être le dernier à l'avoir vue et se retrouve très vite principal suspect. Malgré ses dénégations il est suspendu et devra, en dehors de tout cadre légal, tenter de se disculper et arrêter la tueuse.

Omniprésence féminine
Si le polar imaginé par Alexis Lecaye, dans sa structure et son intrigue, reste dans le classique, ce roman sort de l'ordinaire sur la dimension psychologique des personnages. Martin en premier lieu. Ses errements, doutes et remises en cause apportent une dimension principale à ce héros par ailleurs sans peur et sans reproche. Et il est presque le seul homme de cet univers dominé par les femmes. Celles qui ont le beau rôle comme Jeannette, Marion ou sa fille, et la "méchante" de service, tueuse implacable, froide, calculatrice, au passé trouble et traumatisant. Le lecteur, au fil des meurtres, découvre ses motivations. Et ne peut s'empêcher d'être attiré par cette beauté fatale. 

"Dame de pique", Alexis Lecaye, Editions du Masque, 20 €