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mercredi 31 juillet 2024

Cinéma - “Le moine et le fusil”, fable du Bhoutan sur la démocratie

Il paraît qu’on vote en France ce dimanche. Une habitude très récente au Bhoutan. Ce petit pays enclavé entre Inde et Chine a demandé pour la première fois à son peuple de se prononcer sur son avenir en… 2008. Le film Le moine et le fusil de Pawo Choyning Dorji raconte cette transition démocratique peu évidente. Car dans les campagnes, au fond des vallées coincées entre les sommets de l’Himalaya, le mot même d’élection est inconnu de la grande majorité de la population.

Alors pour lui expliquer, l’administration organise des élections blanches avec faux candidats. Une fonctionnaire est envoyée dans un petit village pour superviser cette répétition. Une localité qui recèle un véritable trésor, un fusil datant de la guerre de Sécession. Pendant que les villageois s’amusent à faire semblant de détester le camp adverse (en France, pas la peine d’entraînement, on atteint des sommets depuis quelques semaines) comme dans toute démocratie qui se respecte, un moine bouddhiste veut absolument ce fusil pour son supérieur, un lama, décidé à remettre le pays sur le bon chemin.

Arme également désirée par un riche Américain, collectionneur, fanatique des armes, riche à millions, déboussolé dans un pays qui ne mesure pas sa bonne santé démocratique aux indices économiques du produit intérieur brut mais à celui, plus poétique, de bonheur national brut. Un film malicieux, qui a le grand avantage d’ouvrir les yeux des Occidentaux que nous sommes.

Non, notre modèle de société n’est pas forcément le meilleur du monde. Oui, James Bond fait parfois rêver, mais cela reste un banal tueur. Oui, vous verrez un phallus de plus d’un mètre de long dans Le moine et le fusil et vous éclaterez de rire. Oui, au Bhoutan aussi, les gendres ont des problèmes avec leurs belles-mères. Non, contrairement à tout film américain, les armes à feu ne sont pas glorifiées, bien au contraire.

Et franchement, ça fait du bien un film apaisé, pacifiste et positif alors que partout ailleurs, même en France, on explique doctement que la solution est le réarmement…

Film de Pawo Choyning Dorji avec Tandin Wangchuk, Kelsang Choejay

jeudi 31 décembre 2015

DVD : Joann Sfar filme une très jolie oie blanche qui se rebelle

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Adapté d'un roman de Sébastien Japrisot, 'La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil' est un thriller esthétique.


Dans la catégorie des films que l'on aime avant même de le voir, 'La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil' cumule plusieurs atouts. Le titre. Long et explicite sans en dire trop. Le réalisateur. Joann Sfar, génial avec 'Gainsbourg', toujours très inspiré dans ses bandes dessinées. L'actrice principale. Freya Mavor, rousse incandescente aux jambes interminables et l'air mutin. L'origine. Le script est tiré d'un roman de Sébastien Japrisot. Mais à l'arrivée, on est un peu déçu, comme frustré de ne pas exactement retrouver ce que l'on espérait dans cette somme d'ingrédients alléchants. L'explication on la trouve dans les bonus du DVD. Joann Sfar dans un long entretien de près de 30 minutes, revient sur le projet. Il n'aimait pas le scénario. Mais adorait le roman. Alors il a tenté de trouver un compromis. D'autant que son producteur ne voulait pas qu'il fasse du Sfar. Mais il ne sait rien faire d'autre. Alors il a tourné un film comme il aurait aimé en voir quand il était jeune. Un long clip vidéo de 90 minutes dans lequel on ne peut que tomber amoureux de l'actrice principale. Peu de moyens, zéro figurants, décors sommaires et manquant de liant entre eux, c'est finalement le montage final qui a sauvé le projet de la catastrophe selon le réalisateur qui semble presque renier ce troisième film dans sa carrière, toujours le plus difficile à faire.
S'inventer une vie
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Pourtant, la jeune Dany restera longtemps dans les mémoires de ceux qui ont vu ce thriller ouvertement esthétique (et pas esthétisant). Dany (Freya Mavor) est une secrétaire effacée dans une société de publicité. Elle tape au kilomètre des projets et rapports dictés par son patron Michel (Benjamin Biolay). Ce dernier lui demande de venir chez lui taper un long texte qu'il doit rendre le lendemain. Elle accepte. Ce sera aussi l'occasion de revoir Anita (Stacy Martin), son ancienne collègue qui a terminé dans le lit du patron et l'a épousé. Dany, rousse, naïve, myope et seule, s'imagine dans les bras de son patron. Mais ce dernier l'ignore. Le lendemain, il lui demande de le raccompagner à l'aéroport avec sa voiture américaine, une Thunderbird. Au retour, Dany ne retourne pas à Paris, met le cap au sud pour voir la mer. S'inventer une vie, des aventures… Elle sera servie, se demandant si c'est elle qui a tué cet homme dans le coffre de la voiture. Au point de se demander sir elle n'est pas folle. Véritable film psychologique, faux thriller (même s'il y a effectivement des morts, du sexe et de la violence), 'La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil' est entièrement porté par Freya Mavor. L'actrice anglaise, surtout connue pour son rôle dans la série 'Skins', d'une beauté époustouflante, est filmée avec délicatesse par un Joann Sfar très inspiré.
'La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil', Wild Side Vidéo, 19,99 euros le DVD, 24,99 euros le blu-ray.