Affichage des articles dont le libellé est anorexie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est anorexie. Afficher tous les articles

dimanche 10 septembre 2023

Cinéma - “Club Zéro”, allégorie sur la faim des jeunes

Film angoissant sur la manipulation des jeunes par une prof extrémiste, "Club Zéro" de Jessica Hausner était en compétition au dernier festival de Cannes.

Certains films, sans la moindre goutte de sang, de monstre avide de chair humaine ou de tueur en série machiavélique, font encore plus peur au spectateur que ces productions formatées pour effrayer. C’est exactement ce qui se passe quand on voit Club Zéro, film de Jessica Hausner.

Une histoire toute simple entre une prof et une poignée de ses élèves. Un problème de manipulation et d’influence sur fond de mysticisme et de trouble alimentaire. Recrutée pour enseigner la diététique, Miss Novak (Mia Wasikowska), fascine certains élèves d’une très réputée (et coûteuse) école privée. Un petit groupe sensible à ses cours expliquant qu’il faut manger en pleine conscience. Pour moins manger, ne plus avoir faim, retrouver la forme.

Les jeunes l’écoutent comme un gourou, tentant sans cesse d’aller plus loin que ce qu’elle leur demande. Ne plus ressentir la faim, comme pour se réapproprier son corps, ses sensations, sa vie. Le film décortique le travail de sape de l’enseignante, entraînant le groupe dans une dérive nihiliste jusqu’à le persuader que l’avenir appartient à ceux qui intègrent le Club Zéro, celui des « élus » qui cessent complètement de s’alimenter. Une folie qui n’alerte pas la chef d’établissement (Sidse Babett Knudsen) ni certains parents (Elsa Zylberstein).

C’est à partir de ce moment, quand le retour en arrière semble impossible, que le film devient effrayant. Car des potentiels membres d’un Club Zéro, on en connaît tous, dans notre entourage proche, jeunes et moins jeunes. Un film brillamment intelligent sur les risques de la manipulation d’esprits influençables.

Film de Jessica Hausner avec Mia Wasikowska, Sidse Babett Knudsen, Elsa Zylberstein

 

mardi 21 avril 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - La mauvaise image de la santé

Dans la catégorie « image la plus sexiste de l'année », le conseil général des Bouches-du-Rhône remporte la palme haut la main avec la couverture du carnet de santé remis à tous les jeunes parents du département. Un document tout ce qu'il y a de plus officiel, estampillé du logo du CG13 en bas à gauche. Et en couverture la photo de deux enfants. Le garçon, large sourire, regarde l'objectif, la main dix centimètres au-dessus de la tête, pour figurer une toise imaginaire. Un peu en retrait, une petite fille, yeux baissés, a l'air de s'arracher les cheveux en scrutant le centimètre de couturière passé autour de sa taille. Le premier semble dire « Je veux grandir », la seconde « Je ne veux pas grossir ». 
Incroyable que cette image, tout sauf innocente, ait passé toutes les épreuves de sélection d'une administration départementale.
On en arrive au triste constat que personne ne se sente concerné ni par la cause féministe, ni par les troubles alimentaires. Heureusement quelques « lanceuses d'alerte » ont soulevé le problème sur internet et une pétition circule. Donc, pour certains responsables, une fille en bonne santé en 2015 surveille son tour de hanche comme le lait sur le feu. On voudrait promouvoir l'anorexie (qui est une maladie grave, ne l'oublions pas), on ne s'y prendrait pas autrement.
Pendant que les mannequins trop maigres se retrouvent interdits de podium grâce à la loi récemment votée, d'autres élus font l'apologie de la maigreur. Comme si, dans les Bouches-du-Rhône, il était souhaitable que les garçons soient grands et forts et les filles, petites et menues.

dimanche 23 juillet 2006

BD - Lucille, la fuite et la faim


Le livre est presque aussi lourd que son héroïne. 544 pages écrites et dessinées par Ludovic Debeurme, racontant le passage à l’âge adulte de Lucille, une adolescente anorexique. Lucille va rencontrer Arthur, autre adolescent mal dans sa peau. Au début, ces deux écorchés vifs vivent leurs malheurs chacun de leur côté. Lucille est devenue un squelette ambulant pour ressembler à sa poupée longiligne alors qu’elle était une fillette plutôt grassouillette. Arthur rejetant son père, son métier de marin et surtout son alcoolisme chronique. Ils vont se croiser une première fois à l’hôpital. Et puis ce sera le coup de foudre et l’envie de partir ensemble, le plus loin possible. Ce sera l’Italie et sa douceur de vivre. Mais ce n’est pas parce que l’on change d’horizon que l’on n’emmène pas avec soi ses problèmes. Certes ils sont maintenant deux et peuvent s’épauler, reste que les blessures sont trop profondes pour guérir en si peu de temps. Roman graphique dépouillé, Lucille permet à Ludovic Debeurme de démontrer tout son talent de montreur d’âmes. (Futuropolis, 27,90 €)