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dimanche 10 septembre 2023

Cinéma - “Club Zéro”, allégorie sur la faim des jeunes

Film angoissant sur la manipulation des jeunes par une prof extrémiste, "Club Zéro" de Jessica Hausner était en compétition au dernier festival de Cannes.

Certains films, sans la moindre goutte de sang, de monstre avide de chair humaine ou de tueur en série machiavélique, font encore plus peur au spectateur que ces productions formatées pour effrayer. C’est exactement ce qui se passe quand on voit Club Zéro, film de Jessica Hausner.

Une histoire toute simple entre une prof et une poignée de ses élèves. Un problème de manipulation et d’influence sur fond de mysticisme et de trouble alimentaire. Recrutée pour enseigner la diététique, Miss Novak (Mia Wasikowska), fascine certains élèves d’une très réputée (et coûteuse) école privée. Un petit groupe sensible à ses cours expliquant qu’il faut manger en pleine conscience. Pour moins manger, ne plus avoir faim, retrouver la forme.

Les jeunes l’écoutent comme un gourou, tentant sans cesse d’aller plus loin que ce qu’elle leur demande. Ne plus ressentir la faim, comme pour se réapproprier son corps, ses sensations, sa vie. Le film décortique le travail de sape de l’enseignante, entraînant le groupe dans une dérive nihiliste jusqu’à le persuader que l’avenir appartient à ceux qui intègrent le Club Zéro, celui des « élus » qui cessent complètement de s’alimenter. Une folie qui n’alerte pas la chef d’établissement (Sidse Babett Knudsen) ni certains parents (Elsa Zylberstein).

C’est à partir de ce moment, quand le retour en arrière semble impossible, que le film devient effrayant. Car des potentiels membres d’un Club Zéro, on en connaît tous, dans notre entourage proche, jeunes et moins jeunes. Un film brillamment intelligent sur les risques de la manipulation d’esprits influençables.

Film de Jessica Hausner avec Mia Wasikowska, Sidse Babett Knudsen, Elsa Zylberstein

 

jeudi 24 novembre 2016

Cinéma : "La fille de Brest", l'affaire du Médiator, du sang et des larmes

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Emmanuelle Bercot adapte le combat d’Irène Frachon contre le médicament des laboratoires Servier. Une fiction aussi forte qu’un documentaire.

Fille de chirurgien, Emmanuelle Bercot, avant de devenir cinéaste, a longtemps voulu marcher sur les traces de son père. Elle confie dans le dossier de presse que ses « loisirs préférés du mercredi, du samedi, c’était d’aller voir mon père opérer. Dès l’âge de 10-12 ans, j’ai passé beaucoup de temps dans les blocs opératoires. » Au bloc, on y entre dès les premières scènes. Une opération à cœur ouvert. Irène Frachon (Sidse Babett Knudsen), pneumologue, y assiste car l’opérée est une de ses patientes, une de ces femmes qui ont pris du Médiator pour maigrir et qui se retrouvent avec une déficience des valves cardiaques. Une première scène choc, où le travail des soignants est filmé cliniquement. Un cœur malade, du sang et le Médiator, véritable bombe à retardement qui donnera par la suite beaucoup de larmes. Irène Frachon est considérée à juste titre comme une des premières lanceuses d’alerte française. Rien ne destinait cette médecin à devenir une justicière de la santé. Le film raconte comment elle a découvert le point commun à beaucoup de malades cardiaques au CHU de Brest où elle officie.
Le Médiator, médicament antidiabétique prescrit par les médecins comme coupe-faim revient régulièrement. Un peu trop. Elle alerte les autorités sanitaires. En vain. Tout change quand elle parvient à convaincre une équipe de chercheurs menée par le professeur Antoine Le Bihan (Benoît Magimel, étonnamment sobre dans son jeu pour une fois) à mener une étude sur un cas clinique. Les résultats sont effrayants. Non seulement le Médiator rend malade, mais il cause la mort de plusieurs personnes. La preuve avec la seconde scène difficilement supportable du long-métrage, l’autopsie d’une des victimes du médicament. Quand Irène Frachon tient dans ses mains ce cœur inerte, on comprend qu’elle ira jusqu’au bout de son combat, quitte à mettre en danger sa vie privée, son couple et l’équilibre de ses enfants.
■ Colères et grimaces
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Film aussi austère que le climat breton, « La fille de Brest » est pourtant loin d’être une démonstration laborieuse du difficile combat des « petits » contre les « grands ». Surtout en raison de l’interprétation de Sidse Babett Knudsen, totalement investie dans son rôle. Quand plus rien ne va, elle sait forcer le trait de son personnage. Colères homériques avec force injures en Danois ou grimaces outrancières pour tenter de mettre un peu de légèreté dans le drame, c’est toujours dosé au millimètre, crédible et efficace.
Et le plus fort reste le fait que cette histoire compliquée de molécule, de pressions et de scandale sanitaire, parvient à émouvoir le spectateur. Quand enfin les médias, tous les médias, s’emparent du scandale, comme Irène Frachon, on est soulagé, comme récompensé de ces sacrifices continuels. Et on a une pensée pour les centaines de victimes, la seule énergie qui fait fonctionner ce bout de femme tenace et infatigable.