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jeudi 25 juin 2015

Cinéma - Dans la tête d'une petite fille avec "Vice Versa"

Formidable idée que celle de « Vice Versa ». Les émotions d'une petite fille sont personnalisées dans son esprit. Un dessin animé plus adulte qu'il n'y paraît.  


Riley a 11 ans. Fille unique, elle a tout pour être heureuse. Des parents aimants, des amis fidèles, une passion pour le hockey sur glace et une propension à rêver, insouciante. Si cet épanouissement semble naturel, il doit en fait beaucoup aux émotions qui coordonnent l'esprit de Riley depuis le poste de commandement de son esprit. Les cinq premières minutes de « Vice Versa » expliquent comment cela fonctionne. Cinq émotions principales sont à l'œuvre en permanence. Peur, Colère, Dégoût, Tristesse et Joie. Cette dernière est la dominante de l'humeur de Riley. Virevoltante, toujours à l'affût de trouvailles pour embellir le quotidien de la petite fille, elle fait tout pour que chaque journée soit réussie et se termine par de bons souvenirs. Généralement, c'est très facile. Mais à 11 ans, Riley n'est plus tout à fait une petite fille sans encore être une adolescente. Cela bouillonne dans sa tête parfois, Colère l'emporte, Dégoût a son mot à dire aussi.
Alors quand les parents annoncent à Riley qu'ils vont quitter leur Minnesota un peu perdu pour s'installer à San Francisco, Joie tente de conditionner Riley pour qu'elle profite de ce changement. Mais dans les faits, les contraintes sont les plus fortes. La maison est moins belle, les amies sont trop loin, les écoliers sont hostiles et sa chambre sinistre. Rien ne va plus dans le centre de commandement. Malgré tout son enthousiasme, Joie semble dépassée. Et Tristesse prend le dessus involontairement. La personnalité de Riley va-t-elle être changée au point de perdre tous ses repères, tant sur le plan familial qu'en terme d'amitié ? Tout le suspense du film est dans cette course contre la montre de Joie.

Deux univers
L'idée du film est venue à Pete Docter (réalisateur de Là-haut) en regardant ses enfants grandir. Et de se demander souvent, face à leurs réactions parfois déroutantes, « Mais que se passe-t-il dans leur tête ? » Et d'imaginer l'esprit de Riley, fonctionnant comme un gros ordinateur piloté par plusieurs entités. Les deux mondes ne se rencontrent jamais, mais sont totalement interdépendants. Deux univers, deux styles pour un même film. Si Riley est animée de façon très classique, les cinq émotions sont elles beaucoup plus cartoonesques. Couleurs criantes (vert brocolis pour Dégoût), formes caractéristiques (Colère est carré comme une brique, Peur filiforme et fuyant comme un serpent) et exagérations sans limites caractérisent l'esprit de Riley. Même si en théorie c'est le monde de l'infiniment petit, c'est là que les décors les plus gigantesques sont créés, des îles de la personnalité au monde de l'imaginaire en passant par le pays des rêves. Toutes les possibilités de l'animation sont exploitées dans ces séquences particulièrement réussies.
Mais « Vice Versa » reste un film intelligent et pédagogique, d'une grande utilité pour les parents. Il décortique le fonctionnement de la pensée, la construction d'une personnalité, comment on parvient à surmonter ses peurs et déceptions. Et quand l'émotion prend le dessus sur l'humour, on sait que l'on se trouve face à un petit chef-d'œuvre de subtilité.  
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Les voix de l'esprit

Les émotions qui évoluent dans l'esprit de Riley, la petite fille, bougent, s'agitent et surtout parlent. Le casting voix du film est donc essentiel pour la réussite d'un tel film. Dans la version française, les producteurs ont fait le choix d'acteurs en plein devenir. Joie, qui a le rôle le plus important et le plus compliqué revient à Charlotte Le Bon. La jeune Canadienne, ancienne Miss Météo à Canal+, met tout son dynamisme au service de cette tornade qu'est Joie. Tristesse, l'autre personnalité essentielle du film, est « interprétée » par Marilou Berry. Timide, hésitante, toujours désolée, elle est tout en retenue. Autant Joie peut hurler et chanter, autant Tristesse pleure et gémit. Le duo fonctionne idéalement. Durant une bonne partie du film elles sont perdues dans la mémoire centrale de Riley, impuissantes face à ses changements de personnalité, perdues dans ce dédales de souvenirs inutiles.

Pour Peur, Pierre Niney est méconnaissable, Mélanie Laurent apporte la distinction et le dédain nécessaire à Dégoût et Colère explose grâce aux jurons de Pierre Lellouche. Enfin Didier Gustin apporte sa fantaisie à Bing Bong, l'ami imaginaire de Riley, mélange d'éléphant et de chaton avec un corps en barba-papa...

jeudi 30 avril 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - De la puissance comique de Barack Obama

Quand Barack Obama ne sera plus président des États-Unis, se posera la question de sa reconversion. Il pourrait, comme Blair ou Sarkozy, courir les conférences privées rémunératrices.

Franchement, ce serait dommage car il a un talent incontestable pour la comédie. La preuve le week-end dernier quand il donne un véritable show au traditionnel dîner de l'association des correspondants de la Maison Blanche. La coutume veut que le président y prenne la parole dans un discours plein d'autodérision. Il a placé la barre très haut cette année en s'adjoignant la complicité du comédien Keegan-Michael Key, en "traducteur colérique" d'Obama.

Calme et imperturbable, le président débite de jolies phrases politiquement correctes. Derrière lui, son traducteur, yeux exorbités, grimaçant, exprime en hurlements son réel ressenti. "C'est quoi ce dîner ? Et pourquoi je suis obligé d'y aller ?" Tout y passe, de la presse aux Républicains sans oublier Hillary Clinton, future candidate démocrate saluée par un tonitruant ""Khaleesi is coming to Westeros !" ("La Khaleesi arrive à Westeros !") en référence à la série très sexe et violence "Game of Thrones".
Obama reste d'un calme imperturbable, mais petit à petit hausse le ton, pour lui aussi se mettre dans une colère homérique. Affolé, Keegan-Michael Key lui rappelle alors son rang et le remet sur les rails.
Écrit au millimètre, joué à la perfection, ce sketch devrait rester dans les annales. Et être montré à tous les élus de la planète : faire rire volontairement n'est pas rédhibitoire ni incompatible avec l'exercice du pouvoir.

mercredi 6 mars 2013

BD - La colère d'un fantôme masqué

100 ans. 100 ans que la figure de Fantomas a commencé à hanter les nuits de lecteurs aimant se faire peur. Le personnage, premier super méchant avec cape et collant, redevient l'abominable monstre de ses origines. Oubliés les films comiques et autres dérives ringardes, la BD retrouve la force du feuilleton et la noirceur du personnage. « La colère de Fantomas » est plus qu'un hommage, c'est une continuation parfaite de l'esprit d'origine. Tueur et manipulateur, Fantomas est toujours dans la surenchère. 

L'histoire débute en plein procès. Le fantôme masqué est accusé du meurtre de Lord Beltham. Il se défend seul. Et prouve que l'arme du crime est d'une rare efficacité. Décapité au petit matin, il ne nuira plus. A moins que... Juve et Fandor sont invités à assister à une pièce reprenant les exploits du criminel. C'est là qu'il réapparaît et annonce son intention de se venger. Fantomas est en colère ! 

Une histoire de Bocquet mis en images par Julie Rocheleau, une dessinatrice canadienne jouant parfaitement des couleurs pour recréer cette ambiance du début du XXe siècle.

« La colère de Fantomas » (tome 1), Dargaud, 13,99 €