mardi 26 avril 2016

Livre : Roland, le voisin mort et si encombrant

Roland, voisin discret, meurt la tête dans la gamelle de son chien. Début des soucis pour le narrateur.

Nicolas Robin joue sur le comique de répétition pour plonger le lecteur dans ce roman aux airs farfelus et légers mais d'une étonnante profondeur humaine. Chaque chapitre (il y en a 27) débute par la phrase "Roland est mort". Roland c'est le voisin du narrateur, un trentenaire, chômeur, se remettant mal d'une histoire d'amour foireuse. Tout ce qu'il souhaite, lui, c'est qu'on le laisse tranquille, à siroter son Campari tout en matant du porno. Mais les pompiers font du raffut en cassant la porte du voisin pour constater sa mort, depuis une semaine. Ils emportent le corps et confient au voisin de palier le caniche du mort. Une vieille femelle, qui répond au doux nom de Mireille. Comme Mireille Mathieu, Roland adorait les tubes de la chanteuse française à la coupe au bol, seuls sons que le narrateur entendait en provenance de l'appartement mitoyen. Que faire de ce chien ?
Le début du roman raconte les différentes tentatives de se débarrasser de l'animal puant. Mais les ennuis s'aggravent quand un croque-mort remet au voisin une urne contenant les cendres de Roland. Sans famille ni ami, cet employé au tri postal était un solitaire. "Quand la solitude prend racine, elle est plus tenace que le chiendent", constate le narrateur, en prenant conscience qu'il ressemble de plus en plus au mort.
Le roman de Nicolas Robin alterne scènes cocasses (un anniversaire de vieux copains ou un mariage en péril) avec de vrais moments d'émotion comme le retour chez les parents ou la rencontre avec Chantal, la seule 'amie' de Roland.
"Roland est mort" de Nicolas Robin. Anne Carrière. 17 euros.

lundi 25 avril 2016

Poches : meurtres à travers les âges et le temps

10/18, folio, pocket

Paris, en l'an 1584. Une année troublée par la mort de "Monsieur", le frère du roi, et par l'assassinat du prince d'Orange. Tandis que rumeurs et pamphlets circulent sur les pratiques occultes du roi, le jeune commissaire au Châtelet Jean du Moncel, imaginé par Viviane Moore, est chargé d'enquêter sur un vol de cadavres au gibet de Montfaucon.

"L'homme au masque de verre", inédit, 10/18, 8,10 euros
10/18, folio, pocket
Brooklyn, 1922. En pleine nuit, un petit garçon se terre au fond de son lit : quatre hommes viennent de tuer sa mère et d'enlever son père. Réfugié en Irlande, il jure de revenir chercher son père. 90 ans plus tard, le vol d'une vieille montre cassée intrigue. Une montre qui s'est arrêtée une certaine nuit de 1922. Un thriller à travers les âges signé par Peter James.
"Que sonne l'heure", Pocket, 7,40 euros
10/18, folio, pocket
Jeune journaliste ambitieuse, Nola rêve du prix Pulitzer mais est confinée aux pages Loisirs d'un quotidien de La Nouvelle-Orléans. Jusqu'au jour où on lui confie un reportage sur les délinquants sexuels libérés au moment de l'ouragan Katrina et qui, depuis, sont toujours dans la nature. Un premier roman policier saisissant de Joy Castro qui publie 'Au plus près' ce mois-ci dans la Série Noire.
"Après le déluge", Folio, 8,20 euros

DE CHOSES ET D'AUTRES : Sacré bœuf au paradis

prince, papa wemba, bowie, lemmy, paradisParfois me vient l'envie de croire au Paradis. Et tant qu'à faire m'y rendre illico presto. Parce que franchement, s'il existe, il doit être drôlement animé depuis le début de l'année. L'hécatombe des chanteurs et musiciens permet de composer un orchestre incroyable dans un ailleurs possible, peut-être.
En premier, Lemmy Kilmister, le chanteur guitariste de Motorhead. Il n'est pas resté longtemps seul, David Bowie le suivait de quelques semaines. Le duo se transforme en trio avec l'arrivée de Prince.
Et comme le producteur des Beatles, George Martin, a lui aussi cassé sa pipe, il fallait un quatrième musicien hors normes pour former un groupe d'exception. Le sort a décidé que Papa Wemba (décédé samedi), icône de la rumba congolaise s'y collerait.
Ces quatre ne sont plus sur terre pour enchanter leurs fans, mais le petit Jésus doit avoir des fourmis dans les jambes en entendant leurs compositions (surtout en ces temps de résurrection). Et je les imagine, à fond dans un bœuf pour Saint-Pierre et ses anges, les veinards.
Plus prosaïquement, on peut se demander pourquoi cette année 2016 est si propice aux décès de célébrités. Des statisticiens ont enquêté et ont tout simplement mis le phénomène sur le dos du babyboom. La génération née après la seconde guerre mondiale approche des 70 ans. Or, c'est dans cette tranche d'âge (qui représente près d'un quart de la population) que l'on trouve le plus d'hommes et de femmes ayant "réussi" ces dernières décennies.
Donc, sans être un devin, on peut objectivement croire que l'au-delà résonnera de plus en plus de musiques d'exception.

dimanche 24 avril 2016

DVD et blu-ray : Que la Force envahisse votre télé

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Après la conquête du monde à travers les salles obscures, le septième volet de Star Wars débarque chez vous, en blu-ray et DVD. Un peu plus de 10 millions de spectateurs ont acheté un ticket pour aller découvrir la suite très attendue de la saga de George Lucas.
Cinq mois après sa sortie au cinéma, le film de JJ Abrams s'attaque au marché du DVD et du blu-ray. Une déferlante impressionnante part à l'assaut des foyers français. Impossible d'éviter le phénomène, même dans les coins les plus reculés des campagnes. Petit rappel : une vingtaine d'années après la fin du premier cycle, la République se bat toujours pour la liberté. À la tête des armées, la Princesse Leia joue son rôle de force tranquille. Le côté obscur est mené par Snoke avec pour factotum Kylo Ren (Adam Driver). Pour le contrer, la jeune Rey aidée de Finn, un soldat renégat. Le trio de "jeunes" face aux trois anciens. Si Han Solo joue un rôle central et continu, Luke Skywalker n'intervient qu'en dernier ressort, comme pour donner l'envie de voir la suite.
Le scénario ne brille pas par son originalité, mais est le plus fidèle aux trois premiers films de George Lucas. La nostalgie joue à fond, avec cependant suffisamment de nouveautés pour attirer les jeunes spectateurs. Cette édition vidéo propose quantité de bonus (uniquement avec le blu-ray). On peut notamment découvrir quelques scènes coupées qui n'apportent rien à l'intrigue, mais prouvent combien JJ Abrams s'est investi dans ce projet dantesque.
Très instructif également la genèse de BB8, le robot rond et véloce, fidèle à Rey et parfait dans le rôle de compagnon numérique. On apprend notamment qu'il est né sur un coin de nappe, de la main même du réalisateur et comment il est animé par des marionnettistes surdoués.

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Trois conditionnements

Le réveil de la Force bénéficie de trois conditionnements. Le DVD est le moins cher mais il n'y a aucun bonus. Donc réservé aux rares qui n'ont pas déjà vu le film lors de sa sortie. Les bonus sont par contre très copieux pour la version blu-ray. De plus la haute définition est préférable pour un film bourré d'effets spéciaux. Sur le blu-ray réservé aux bonus, un long documentaire sur le « réveil de la saga », quelques scènes coupées et surtout un reportage sur la première lecture du scénario, avec autour d'une table les anciens et les nouveaux personnages. Les passionnés feront certainement l'acquisition de ces même blu-ray, mais dans un boitier métal du plus bel effet. Par contre, il ne semble pas exister encore de version 3D ou 4K.


Rendez-vous le 14 décembre
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Depuis son rachat par Disney, l'univers Star Wars est très présent. La machine, lancée par le 7e volet, est également l'occasion de développer des histoires parallèles. Si l'épisode 8 est attendue fin 2017, les fans ne resteront pas sur leur faim avec dès le 14 décembre 2016 la sortie de « Rogue One ». Situé entre les épisodes III et IV de la saga originelle, ce film de Gareth Edwards (Godzilla) racontera comment un commando rebelle se lance dans une mission pour voler les plans de l'Etoile Noire. L'occasion de découvrir de nouveaux personnages, de retrouver des robots connus et peut-être d'en savoir un peu plus sur l'origine de Rey...


DE CHOSES ET D'AUTRES : Mon QG a déménagé

En février 2014, je vous ai raconté dans cette même rubrique comment deux jeunes - Vincent et Sébastien - ont repris le Café du Midi de mon village. Un endroit chaleureux, où l'on mange très bien pour pas cher. Il est rapidement devenu notre "cantine", notre "QG" selon l'expression de mon épouse. Deux années plus tard, le Café du Centre déménage. Une migration de quelques centaines de mètres, vers la mairie. Le QG s'appelle désormais Café Brasserie de l'Europe, comme la place à l'entrée du village et l'équipe s'est adjointe le charme et l'efficacité de Sandra. Exit les vieux murs et la salle sans ouverture. Place à un espace clair et fonctionnel, aux larges baies vitrées, à la terrasse en permanence ensoleillée et un grand parking à deux pas. La municipalité de Pollestres a lancé un programme de revitalisation du village en construisant des locaux commerciaux près de la mairie. En plus du café, le tabac-librairie y a trouvé refuge, ainsi qu'une fleuriste et une boulangerie. Un ensemble de commerces de proximité si agréable pour redonner un peu d'âme à ce bourg en pleine expansion mais qui ne veut surtout pas devenir un simple dortoir à quelques kilomètres de Perpignan. Certains nostalgiques de l'ancien temps pourraient regretter le déplacement de l'animation hors du vieux village. Mais franchement, il n'y a pas photo. Et tout le monde s'y retrouve. Pour preuve, le Café de l'Europe dans ses nouveaux murs a créé des emplois. Nouveau départ, nouveau défi, nouvelles ambitions. Mais ça reste notre QG.

samedi 23 avril 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Géopolitique du sac

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En juillet, ils seront totalement interdits. Les sacs en plastique à usage unique sont condamnés, ainsi en a décidé Ségolène Royal, ministre de l'environnement.
Apparus depuis plusieurs décennies, ils ont rapidement séduit les ménagères. Une chaîne de supermarché avait même décidé il y a quelques années, pour offrir un plus à ses clients, de demander aux caissières de ranger les achats dans ces sacs. Un de ses concurrents avait vu plus juste en les bannissant et en proposant, bien avant la mode de l'écologisme-responsable, des cabas réutilisables. La mort programmée des sacs plastiques nous laisse cependant une interrogation : pourquoi ne portent-ils pas le même nom partout ?
Si dans l'Aude et les Pyrénées-Orientales le terme "sac" semble évident, il n'en va pas de même dans d'autres régions. Preuve que la fusion entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon est une hérésie, à Toulouse on parle de "poche" alors qu'à Montpellier on demande un "sac". Si on n'est pas d'accord sur l'appellation d'un produit aussi basique, comment espérer trouver un consensus sur le nom de la "Grande région" ?
Plus étrange, dans l'ouest (Bretagne essentiellement) ce sont les "pochons" qui ne viendront plus polluer les campagnes. Les zones limitrophes de la Suisse utilisent des "cornets" et il existe même une région en Normandie où le sac est connu sous le vocable de "nylon".
Étrange France aux multiples différences où la boulangère dispose des chocolatines dans une poche à un endroit et des pains au chocolat dans un pochon ailleurs.

Roman : Steampunk et Homunculus


Lauréat du prix Philip K. Dick, "Homunculus" de James P. Blaylock est le roman parfait pour découvrir l'univers du steampunk. Deux groupes s'affrontent pour acquérir un homoncule, créature fantastique dotée de tous les pouvoirs. D'un côté, un milliardaire avide de pouvoir aidé d'un savant fou, de l'autre des scientifiques éclairés menés par Langdon St. Ives. Un affrontement dans une ville de Londres de la fin du XIXe siècle, où morts-vivants, dirigeables et petit peuple côtoient des inventeurs de génie capables de construire un moteur au mouvement perpétuel.
Un roman passionnant et un livre au charme indéniable. Couverture et tranche dorées, enluminures en tête de chapitre : l'objet aide aussi au dépaysement.
"Homunculus" de James P. Blaylock. Bragelonne. 25 euros.


vendredi 22 avril 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Boire ou cuisiner

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Les Québécois ont inventé le concept : demander à un personnage public de confectionner une recette tout en ingurgitant quantité d'alcool. Appelées "Recettes pompettes", Eric Salvail les présente depuis deux ans. Les quelques extraits vus sur le net sont, avouons-le, désopilants. Tout l'intérêt consiste à observer l'évolution du comportement de l'invité. Sobre au début, il se déride au fur et à mesure, confirmant le formidable effet de désinhibition de l'alcool.
Ne manquez pas le numéro avec Stéphane Rousseau. Déjà impayable en temps normal, l'humoriste se déchaîne littéralement après quelques "shoots".

Les Recettes Pompettes S02E01 Stephane Rousseau... par jp116
De la même façon, Xavier Dolan, le cinéaste, repousse très loin les limites. Mais son cas est un peu particulier, il n'a clairement qu'une idée en tête : vider la bouteille de vodka.
D'autres se montrent plus réservés comme la chanteuse de "Cœur de pirate". Jeune maman, pas habituée à boire, elle se prête quand même au jeu, rit de bon cœur aux plaisanteries, gaffes et bévues de Salvail qui lui aussi termine l'enregistrement complètement "pompette".

Le concept vient d'être adapté en France. Monsieur Poulpe présente. Premier invité Stéphane Bern. Une émission précédée d'une polémique, une association anti-alcool tentant de la faire interdire par le CSA. En vain. Uniquement diffusé sur YouTube, ce premier numéro totalise déjà plus d'un million de vues. Pourtant il semble bien sage à côté de l'original québécois. Comme si en France la vodka était coupée à 90 % d'eau.

jeudi 21 avril 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Une banda en or

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 Émoi dans le Sud-Ouest. Une société de La Rochelle spécialisée dans l'organisation de spectacles propose la location d'une banda à la journée, avec "cinq passages de 30 minutes". Prix de la prestation : 3 693 euros TTC !
Les bandas, dans la région, on connaît bien. Elles se comptent par dizaines. Mais pas une seule n'exige un tel tarif. Généralement elles sont composées de passionnés de musique qui fonctionnent sous forme d'association à but non lucratif. La cagnotte accumulée au fil des sorties est réinvestie en achat ou entretien des instruments voire en une semaine de vacances, tous ensemble, pour faire la fête et répéter sans pression. Dans les Landes, l'annonce a particulièrement fait mouche. Mais côté railleries. Car une banda, dans ce département, demande entre 400 et 1 000 euros pour une journée de musique festive. Certains ont cru que le prix exorbitant était peut-être lié à la renommée de l'orchestre. Perdu.
La société, pour réduire les frais de déplacement, compose le groupe en fonction de l'engagement avec 5 musiciens professionnels du cru. Non seulement c'est cher, mais il n'y a aucune garantie quant au résultat joyeux, consensuel et essentiel dans les déambulations de ces groupes. Franchement, mieux vaut l'authentique (moins cher en plus) au préfabriqué.
Conséquence de ce "bad buzz", sur le site internet de la société charentaise, les prix sont affichés pour tous les types d'animations (2 028 euros pour des percussions africaines, 1 900 euros pour une chorale gospel), sauf pour la banda. En lieu et place des 3 693 euros, on peut lire "Nous consulter".

Livres de poche : de l'art de réparer des oublis


Né en 1924, aveugle à huit ans, résistant à dix-sept, Jacques Lusseyran est arrêté en 1943 par la Gestapo, puis déporté à Buchenwald. Libéré après un an et demi de captivité, il écrit "Et la lumière fut" et part enseigner la littérature aux États-Unis. Il meurt, en 1971, dans un accident de voiture. Jérôme Garcin fait le portrait d'un écrivain que la France a négligé et que l'Histoire a oublié.
"Le voyant", Folio, 7,70 euros

Makana, ancien policier qui a fui le régime intégriste soudanais, vivote au Caire sur une awana, sorte de péniche déglinguée, et si son costume défraîchi fait mauvais effet son esprit affûté fait mouche. La séduction indéniable du roman de Parker Bilal, qui doit beaucoup aux arabesques du conte arabe et aux descriptions bariolées du Caire, offre un contraste saisissant avec un climat de menace constant.
"Les écailles d'or", Points, 7,90 euros

Avec sa vieille église, ses habitants riches et discrets, la petite ville de Prosperous aux USA a toujours suscité l'envie. Mais son harmonie est fragile et l'arrivée de Charlie Parker - qui enquête sur la disparition d'une jeune héroïnomane - ébranle la communauté. Prosperous est prête au pire pour cacher ses secrets. Charlie Parker risque de mourir dans ce thriller fantastique de John Connolly.
"Sous l'emprise des ombres", Pocket, 7,80 euros