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mercredi 6 juillet 2016

Livre : Nice, la rouge


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Patrick Raynal refait vivre Nice en mai 68. Quand les étudiants « rouges » tentaient de faire exploser tous les carcans.

Nice, sa Promenade des Anglais, ses retraités, son vote à droite. La riante ville du Sud n'est pas réputée pour ses velléités révolutionnaires. Pourtant, en mai 68, là aussi une poignée de jeunes idéalistes ont longtemps cru pouvoir changer la société française en profondeur. « Une ville en mai » de Patrick Raynal, roman noir, revient sur cette période au cours de laquelle une poignée de gauchistes a occupé l'université. Tout l'intérêt du livre réside dans la vision des différents protagonistes de l'action. Des « vieux de la vieille », totalement allergiques à cette liberté débridée. Le narrateur, Frédéric, a quitté Nice depuis 10 ans. Il revient en France (après dix années passées en Afrique) car sa fille Sophie, âgée de 18 ans, a disparu depuis trois mois. Il découvre, à son grand désespoir, qu'elle faisait partie des meneurs de la révolte estudiantine. Frédéric, en témoin extérieur, n'en croit pas ses yeux. Car Nice est encore plus embourgeoisée qu'à son départ il y a une décennie. Et de se demander comment ces étudiants « pouvaient-ils songer un seul instant à faire la révolution dans une ville qui, depuis plus de quatre-vingts ans, se figeait les traits à grands coups de truelle de fond de teint ? »
Pancrazi aussi recherche la demoiselle, par ailleurs petite amie officielle du leader de la révolte, Figasso. Ce commissaire des Renseignements généraux tente de surveiller le bouillon de culture de la fac. Ancien résistant, fidèle à de Gaule, il n'a qu'une envie : mettre au pas ces fils de petits-bourgeois en mal de sensations fortes. Tout se complique quand un prof, réputé pour se idées d'extrême-droite, est retrouvé mort dans le port. Les étudiants ont-ils dérapé ? La disparition de Sophie est elle liée à ce meurtre ? Non seulement le roman est passionnant par son intrigue, mais il offre aussi et surtout une grosse bouffée de nostalgie, tant aux soixante-huitards qu'aux tenants de l'ordre gauliste.
« Une ville en mai », Patrick Raynal, L'Archipel, 18 euros





samedi 23 avril 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Géopolitique du sac

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En juillet, ils seront totalement interdits. Les sacs en plastique à usage unique sont condamnés, ainsi en a décidé Ségolène Royal, ministre de l'environnement.
Apparus depuis plusieurs décennies, ils ont rapidement séduit les ménagères. Une chaîne de supermarché avait même décidé il y a quelques années, pour offrir un plus à ses clients, de demander aux caissières de ranger les achats dans ces sacs. Un de ses concurrents avait vu plus juste en les bannissant et en proposant, bien avant la mode de l'écologisme-responsable, des cabas réutilisables. La mort programmée des sacs plastiques nous laisse cependant une interrogation : pourquoi ne portent-ils pas le même nom partout ?
Si dans l'Aude et les Pyrénées-Orientales le terme "sac" semble évident, il n'en va pas de même dans d'autres régions. Preuve que la fusion entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon est une hérésie, à Toulouse on parle de "poche" alors qu'à Montpellier on demande un "sac". Si on n'est pas d'accord sur l'appellation d'un produit aussi basique, comment espérer trouver un consensus sur le nom de la "Grande région" ?
Plus étrange, dans l'ouest (Bretagne essentiellement) ce sont les "pochons" qui ne viendront plus polluer les campagnes. Les zones limitrophes de la Suisse utilisent des "cornets" et il existe même une région en Normandie où le sac est connu sous le vocable de "nylon".
Étrange France aux multiples différences où la boulangère dispose des chocolatines dans une poche à un endroit et des pains au chocolat dans un pochon ailleurs.

mardi 13 mai 2014

Livre - Les mystères d'un sac féminin dévoilés par Antoine Laurain

Quand il découvre un sac féminin sur une poubelle, Laurent, libraire, ne se doute pas que sa propriétaire va bouleverser sa vie. Une comédie romantique attachante signée Antoine Laurain.

Ode au hasard et aux rebondissements, « La femme au carnet rouge » est le genre de roman qui permet au lecteur de s'évader de son monde de grisaille, de conflits et de routine. Il suffit parfois d'un tout petit événement pour faire le grand saut. Alors, deux solitudes résignées se transforment en grand amour dévastateur. Mais avant le dénouement heureux, forcément heureux, les obstacles sont nombreux. C'est cette course que raconte avec brio Antoine Laurain dans ce roman court qui évite le principal défaut de ce genre d'histoire : la mièvrerie. 
Laure est doreuse. Elle manie la feuille d'or avec dextérité et grâce. Laurent est libraire. Il aime lire et faire partager ses coups de cœur. Parisiens tous les deux, ils ne se sont jamais rencontrée, ne se connaissent pas et n'ont pas un seul ami en commun. Ils sont fait l'un pour l'autre. Mais comment les faire se rencontrer ? Dans la vraie vie, il existe une chance sur 10 millions pour que la magie opère. Antoine Laurain, en grand manipulateur du destin, va imaginer une succession de hasards que le lecteur gobera avec délectation. Car rêver ne coûte rien et n'engage que ceux qui sont consentants.

Le carnet dans le sac
Un soir, en rentrant de chez des amis, devant la porte de son immeuble, Laure est agressée. Un homme lui vole son sac. Elle tente de se défendre, il la projette contre la porte cochère. Choc au crâne, coma. Le lendemain, Laurent, en revenant de prendre son café avant d'ouvrir sa librairie, remarque un sac féminin posé en évidence sur une poubelle. Il s'en saisit, l'explore rapidement, se doute qu'il a été volé et décide d'aller le ramener, plus tard, aux objets trouvés. En dix pages, l'auteur a fait le lien entre la veuve éplorée (le mari de Laure, photographe de presse, est mort il y a plusieurs années en reportage en Afghanistan) et le divorcé sclérosé. Le reste sera un chassé-croisé entre eux deux. Laurent ramène finalement le sac chez lui. Et pour trouver un indice pour découvrir le nom de la propriétaire, il en explore le contenu. « Il tira doucement la glissière dorée de la fermeture éclair jusqu'à l'extrémité opposée. Le sac exhala une odeur de cuir chaud et de parfum féminin. » Il va tâtonner, suivre de mauvaises pistes pour finalement découvrir le prénom de l'inconnue. Et surtout il va se plonger dans le carnet rouge rempli de sa belle écriture. « Laurent était fasciné par ces réflexions qui se succédaient, aléatoires, touchantes, loufoques, sensuelles. Il avait ouvert une porte qui menait à l'esprit de la femme au sac mauve et même s'il était un peu déplacé de lire les pages du petit carnet, il ne pouvait s'en détacher. » Bref, le libraire tombe amoureux de Laure sans jamais l'avoir vue ni savoir à quoi elle ressemble. La belle, toujours endormie à l'hôpital, ne se doute pas de l'intrusion dans sa vie intime.
En lisant ce texte enlevé, aux personnages si plaisant, on imagine le joli film français que cela ferait. Un peu de suspense, quelques rebondissements, des personnages secondaires forts comme Chloé, la fille de Laurent ou William, le collègue et meilleur ami de Laure : tout y est pour enchanter les foules. Après le très imaginatif « Chapeau de Mitterrand », Antoine Laurain place la barre encore plus haut, pour le plus grand bonheur de ses lecteurs sensibles au romantisme.
Michel LITOUT
« La femme au carnet rouge », Antoine Laurain, Flammarion, 18 €