Affichage des articles dont le libellé est disparus. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est disparus. Afficher tous les articles

mercredi 23 décembre 2015

Un patrimoine cinématographique à redécouvrir

Restaurations remarquables de chefs-d'œuvre du cinéma français.
christian-Jaque, le vigan, disparus, pathé, goupi, pere noel, véryLe cinéma, heureusement, ne se résume pas à des blockbusters. Inventé en France, il a longtemps permis à des artistes de s'exprimer simplement, avec leur cœur et leur âme. Pathé, fort d'un catalogue grandiose, s'est lancé dans la restauration de quelques œuvres légendaires de la production hexagonale. Cinq titres viennent d'être dévoilés, trois des années 40, deux autres plus récents avec Alain Delon en vedette. "Les disparus de Saint-Agil", "L'assassinat du Père Noël" et "Goupi mains rouges" ont pour point commun qu'il s'agit de l'adaptation de romans de Pierre Véry. L'écrivain français, spécialiste du genre fantastico-policier, a mis sa plume au service des meilleurs cinéastes de l'époque.
Christian-Jaque signe peut-être son chef-d'œuvre avec "Les disparus de Saint-Agil". Une histoire palpitante, une bande de gosses d'une rare spontanéité (dont Mouloudji à la voix trainante et dans des rôles de figuration Aznavour et Reggiani) et deux stars de l'époque : Michel Simon et Erich Von Stroheim. Dans ce pensionnat pour garçons, les trois membres de la société secrète des "Chiche-capons" complotent. Leur but : aller en Amérique. Mais en pleine nuit, dans la salle de sciences naturelles, un homme mystérieux apparaît dans l'ombre d'un squelette. Dans les bonus, en plus d'un reportage très complet sur le processus de restauration, Noël Véry, fils du scénariste, mène plusieurs entretiens avec des spécialistes de la littérature populaire, Pierre Tchernia et Robert Rollis dont c'était le premier rôle.
Occupation
Réalisé en pleine occupation allemande, "L'assassinat du Père Noël" est le premier film produit par la Continental, la société française voulue par Goebbels. Toujours Christian-Jaque à la réalisation sur une histoire de Pierre Véry, mais avec Harry Baur en vedette. Entre conte et intrigue policière, l'histoire se déroule aux alentours de Noël, dans un village de montagne isolé par de fortes chutes de neige. Superbes images et décors dignes de la Belle et la Bête rattrapent ce film un peu suranné.
christian-Jaque, le vigan, disparus, pathé, goupi, pere noel, véry"Goupi mains rouges" de Jacques Becker est une satire du monde paysan. Tourné vers la fin de la guerre, il met en vedette Fernand Ledoux mais surtout Robert Le Vigan. Ce spécialiste des seconds rôles (il est également à l'affiche des deux précédents films) interprète Goupi Tonkin, un colon nostalgique de l'Indochine à l'esprit dérangé. Robert Le Vigan, certainement un des plus grands acteurs français du XXe siècle. Sa carrière a cependant été brève. Promis au plus bel avenir, il a fait les mauvais choix durant l'Occupation. Non seulement il a accepté de tourner pour les Allemands, mais il a participé à nombre d'émissions de Radio Paris au cours desquelles il a déversé son fiel antisémite. Il fuit en Allemagne après le débarquement puis il est capturé et jugé. Condamné à dix ans de travaux forcés, il rejoindra l'Argentine au milieu des années 50 où il vivra pauvrement jusqu'à sa mort dans la misère en 1972. Ces trois films permettent de le redécouvrir dans toute sa démesure, notamment quand il est face à Michel Simon dans les "Disparus" où il livre une composition inquiétante et glaciale.
"Les Disparus de Saint-Agil", "L'assassinat du Père Noël" et "Goupi Mains rouges", Pathé, 19,99 euros chaque coffret DVD + blu-ray.

vendredi 14 mars 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Lost, au-delà du réel

La disparition du Boeing 777 de la Malaysia Airlines a tout du feuilleton haletant. Et le grand amateur de séries télé que je suis n'a pu s'empêcher de penser, dès le premier jour, à une certaine similitude avec « Lost ». Tant que les autorités n'auront pas trouvé des débris de l'avion, l'espoir demeurera.

Plus les recherches sont vaines, plus j'imagine une partie des 239 passagers sur une île perdue en pleine mer de Chine tels des Robinson des temps modernes. Pour ceux qui auraient raté l'intrigue du phénomène télévisuel du début des années 2000, petit rappel des grandes lignes. Un avion, reliant l'Australie à la Californie, s'égare au-dessus du Pacifique. Il est pris dans un champ électro-magnétique et coupé en deux. Deux groupes de rescapés tentent de survivre sur une île occupée par les « Autres », peu hospitaliers.
Si dans la première saison l'avion se crashe, dans la sixième et ultime, un autre avion parvient à se poser sur l'île. Sans vous en dévoiler la véritable fin, il parvient même à redécoller pour rejoindre la civilisation. Qui sait, le vol MH370 peut réapparaître, comme par enchantement.
En attendant, toute une armada de navires et une escadrille d'avions ratissent la zone. Même les internautes sont sollicités. Ils peuvent scruter les images satellites récentes et signaler toute anomalie à la société Digital Globe. L'absence de résultat contribue à renforcer toutes les hypothèses farfelues et « complotistes ». Lost, d'histoire de science-fiction un peu tirée par les cheveux, en devient presque une œuvre prophétique un peu plus culte encore.

Chronique "De choses et d'autres" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

samedi 1 juillet 2006

Roman - SF - Notre passé fout le camp

Andrew Wiener joue avec deux réalités parallèles pour donner encore plus de relief à son histoire de détective privé du futur. 

Amateurs d’histoires alambiquées, ce roman de science-fiction inédit d’Andrew Wiener devrait totalement assouvir votre vice. Cela débute comme un polar américain classique. Joe Kay est détective privé. Blasé, pas très vaillant, il s’est spécialisé dans la recherche des personnes disparues. Sa ténacité et son opiniâtreté font qu’il est devenu au fil des affaires le meilleur dans son secteur d’activité. Quand Victor Lazare, avocat, pénètre dans son bureau pour lui demander de retrouver Walter Hertz, simple cadre aux archives municipales, Kay accepte et, tel un fauve reniflant la piste fraîche d’un animal, il va rapidement plonger dans le passé du disparu.
 A priori, Lazare agit pour le compte de la femme de Hertz. Ce dernier aurait filé après avoir rencontré une autre femme, Marcia Tromb, une peintre. Or, dans ce futur très aseptisé décrit par Andrew Weiner, les artistes ont très mauvaise presse. Accusés de propager des idées subversives, ils ont rarement l’occasion de s’exprimer librement.

Disparition inéluctable
 Les doutes de Kay vont naître quand Marcia va lui prétendre mordicus que Hertz n’est pas marié. Sa femme ne serait qu’une actrice embauchée pour donner le change. En se penchant sur le passé de Hertz, Kay va réaliser que toutes les traces de l’existence de l’archiviste sont en train de s’effacer. Les personnes l’ayant connu vont lentement mais sûrement disparaître. Hertz est en train de s’évanouir. Seule la mémoire de Kay va le pousser à prolonger son enquête. Mais pourquoi retrouver cet homme puisque même le commanditaire semble n’avoir jamais existé ? Un cauchemar ? Non, la découverte par Kay que sa réalité n’est peut-être qu’une vaste mise en scène. Et il fait de plus en plus attention aux graffitis ornant les murs de la ville. Des appels à la révolte ou à une certaine prise de conscience comme « franchis la ligne », « la réalité n’est que temporaire » ou « rendez-vous au mur ». Pour tenter de comprendre ce qui lui arrive, il entre en contact avec les jeunes taggueurs. Ces derniers, se cachant dans les tunnels désaffectés du métro, lui expliquent que, régulièrement, les autorités effacent la mémoire de certains habitants et les déportent hors de la ville. Kay, très sceptique au début, finira finalement par accepter ce fait quand il lui sera impossible de franchir un pont. Au-delà d’une certaine limite, il perd connaissance, comme plongé dans un brouillard noir et dense, incapable d’agir mais surtout de se souvenir de son identité.

On reprend les mêmes…
C’est sur cette scène que s’achève la première partie assez ténébreuse de l’histoire. Nouveau début avec l’entrée en scène de Joseph Kaminsky, le meilleur limier de la ville. Un certain Victor Lazare lui demande de retrouver sa femme, disparue depuis quelques jours. Le lecteur a l’impression de revoir le même film mais avec un nouveau décor et des acteurs différents.
 Le détective, lui, ayant de vagues souvenirs de la précédente affaire, se pose de plus en plus de questions sur son monde. Ne serait-il pas un simple jouet dans les mains de savants fous à la recherche de cobayes dociles ? En toile de fond de ce roman déroutant, il y a l’interprétation des rêves. Mais est-ce véritablement des rêves ? Pourquoi pas des réminiscences de réalités parallèles ou de vies antérieures ? Andrew Wiener semble prendre beaucoup de plaisir à décrire la dérive de son héros, de plus en plus dépassé, de plus en plus individualiste, de plus en plus humain, tout simplement…

« Boulevard des disparus », Andrew Weiner, Folio SF, 7 €