Ce beau et gros roman graphique oscille entre réflexion psychologique, psychanalyse et science-fiction. Avec au centre, une femme d'une exceptionnelle beauté. La femme parfaite pour Alan, ancien militaire remontant doucement la pente après un traumatisme.
Alan, après des années en Afrique où il attrape le paludisme, une version très agressive qui provoque des hallucinations, est muté au Moyen Orient. Il est chargé de décrypter les messages des groupes terroristes. C'est en se trompant dans un code qu'il envoie une compagnie dans un véritable guet-apens. Une erreur qui pousse sa hiérarchie à demander sa démission. De retour en France, dans sa maison de campagne en banlieue, il espère enfin trouver la paix auprès de Catherine, la femme qu'il aime, "sa femme parfaite". Problème, cette jolie blonde, médecin, refuse son amour. Elle sait qu'il va dépérir et rapidement mourir. Elle préfère l'oublier en rejoignant une association humanitaire en Afrique.
Seul, dépressif, Alan sombre malgré l'aide de son médecin, par ailleurs meilleur ami. Tout bascule quand un matin il découvre dans un champ de blé devant chez lui, une femme nue, enveloppée dans une grande toile rose. Il reconnait immédiatement Catherine. Erreur. Ce serait la copie de ce que son esprit estime être "la femme parfaite", forme choisie par une entité extraterrestre à la recherche d'un géniteur pour assurer l'avenir de l'espèce. De très intellectuelle, l'histoire bascule dans la pure SF, un peu tirée par les cheveux parfois. Reste les questionnements d'Alan. Cette femme parfaite venue d'ailleurs peut-elle remplacer la véritable Catherine ? Et si c'était l'occasion de changer son avenir, de guérir ?
Makyo, au scénario, propose un condensé des thèmes qu'il aime aborder dans ses romans ou séries, de Grimion gant de cuir à la Balade au bout du monde en passant par ADN. C'est plus intellectuel que les films à effets spéciaux... Tout se passe essentiellement dans des dialogues écrits au cordeau. Les décors, de la maison d'Alan aux plages où ils vont se baigner, nus et heureux, n'ont rien d'exceptionnels. C'est donc une véritable prouesse que réalise Bruno Cannucciari, le dessinateur italien de cet album : il parvient à insuffler mystère et ambiance extraordinaire dans des scènes d'une simplicité a priori banales.
"Le chant de la femme parfaite", Delcourt, 104 pages, 22,50 €
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire