lundi 28 février 2022

Romans - Spectres d’Islande et de Chine

La peur, irrationnelle, n’a pas de frontière. Lire pour frémir est une expérience partagée par les lecteurs de toutes les origines. Exemple avec ces deux romans qui viennent d’Islande et de Chine. 

Arnaldur Indridason abandonne le héros qui l’a révélé au monde entier (Erlendur), pour désormais se consacrer à un autre flic, encore plus compliqué : Konrad. Dans Le mur des silences, il poursuit son enquête sur le meurtre de son père des dizaines d’années auparavant mais est surtout obnubilé par la découverte dans le mur d’une maison du corps d’une femme assassinée. Cette maison est au centre du roman. Les propriétaires et locataires s’y succèdent depuis des années et tout le temps, les femmes se sentent mal à l’aise. Exemple avec le récit de cette jeune propriétaire fait à une amie de Konrad, une médium qui croit aux esprits : « Je n’entends aucune voix et je n’ai pas non plus de visions. Je me sens oppressée, c’est tout. J’ai l’impression que des choses affreuses se sont passées entre ces murs. C’est un sentiment qui me submerge. Une profonde anxiété. » Que s’est-il passé dans cette maison ? Des fantômes prolongent-ils le cauchemar de pauvres victimes ? Ce polar avec de faux airs de fantastique est d’une redoutable efficacité. Arnaldur Indridason prouve roman après roman qu’il est le meilleur dans le genre noir nordique.

Des spectres et de l’angoisse, il y en a également à revendre dans ce thriller de Cai Jun, écrivain chinois. Comme hier, titre du roman, est également le nom d’une sorte de jeu vidéo. Une interface qui permet de plonger dans ses souvenirs et de revivre grâce à la réalité virtuelle les moments forts de son existence. 

Cheveux rouges  et chien noir

C’est un professeur d’informatique qui a mis au point ce code. Il est retrouvé assassiné dans son appartement le 13 août 2017 par le policier Ye Xiao. Aussi désabusé que Konrad, il semble dépassé par les événements. Car il y a pile 5 ans, il était chargé de l’enquête sur le meurtre d’une collégienne dans la même rue. Deux affaires reliées entre elles par la présence de Sheng Xia, la véritable héroïne du roman. Cette lycéenne aux cheveux rouges, fan de boxe thaï, hacker toujours accompagnée d’un grand chien noir, était la meilleure amie de la collégienne assassinée et élève appréciée du professeur assassiné. Sheng Xia que tout le monde surnomme la Démone : « Selon la légende qui courrait dans le lycée, tous les ans, en été, à trois heures du matin dans la rue Nanming, si on apercevait une mystérieuse jeune fille tenant en laisse un gros chien noir, c’était le fantôme de la Démone. » Elle va utiliser Comme hier pour tenter de remonter le temps, découvrir la vérité dans ces réalités parallèles. Entre pur fantastique et anticipation technologique, cette histoire dépayse le lecteur français mais parvient aussi à lui glacer les sangs. 

« Le mur des silences » d’Arnaldur Indridason, Métailié, 22 €

« Comme hier » de Cai Jun, XO, 21,90 €

Cinéma - « Super-héros malgré lui », exploits comiques

Gags et quiproquos à gogo dans ce film hommage au cinéma de genre.

Les quatre Fantastiques du cinéma comique français : Elodie Fontan, Philippe Lacheau, Tarek Boudali et Julien Arruti. Julien Panié

En quelques années, Philippe Lacheau est devenu une valeur sûre de la comédie française. Il a entraîné dans son sillage Tarek Boudali, complice d’écriture et de délires. Assurés d’attirer des centaines de milliers de spectateurs dans les salles (quand ce ne sont pas des millions), ils se permettent de plus en plus de trucages, scènes d’action et cascades. Dans Super-héros malgré lui, Philippe Lacheau franchit un cran dans la démesure en parodiant un film de super-héros. Ils ne s’attaquent pas directement au phénomène mais à sa représentation si populaire dans la jeunesse actuelle. Cédric (Philippe Lacheau), petit comédien n’arrivant pas à percer, a l’opportunité d’interpréter le rôle-titre de la superproduction « Badman ». En réalité, c’est un assez mauvais film de série B, avec surtout la participation d’un vieil acteur sur le retour pour interpréter le méchant. Mais qu’importe, Cédric en profite au maximum. Jusqu’à ce moment où victime d’un accident, il perd la mémoire et se découvre affublé de la combinaison de Badman. Il se persuade, dès lors, d’être véritablement un justicier de la nuit. Un enchaînement de gags et de quiproquos qui vont le propulser à la Une des journaux. Ses meilleurs amis (Elodie Fontan, Tarek Boudali et Julien Arruti) vont tenter de lui faire retrouver sa véritable personnalité. Mais difficile de persuader un super-héros qu’il n’est en réalité qu’un petit acteur surtout connu pour des publicités honteuses…

Le film rythmé et toujours aussi bien dialogué, donne l’occasion à la petite bande de multiplier les gags visuels. Un côté burlesque encore plus marqué que d’ordinaire. La partie romance est très légère ; par contre, les ficelles sont un peu grosses en ce qui concerne la reconnaissance du père. Cédric est le fils du commissaire Dugimont (Jean-Hugues Anglade), un grand flic qui n’a pas supporté que son garçon devienne saltimbanque, contrairement à sa sœur, devenue une militaire d’élite. Tout change quand il devient Badman…

Venu présenter le film dans la région, l’an dernier, en compagnie de Julien Arruti, le réalisateur a expliqué au public présent en masse son plaisir à interpréter un super-héros. Mais entre arrêter les vilains et faire rire le public, le choix est vite fait pour Philippe Lacheau. Ça tombe bien, il est quand même plus crédible dans le second rôle.

Film français de et avec Philippe Lacheau, avec aussi Julien Arruti, Tarek Boudali, Elodie Fontan.




dimanche 27 février 2022

Revue littéraire - Comment lisez-vous ?


Le dernier numéro de la revue littéraire « La règle du jeu » porte sur la lecture. Des dizaines d’écrivains, intellectuels et politiques ont répondu à la question « Comment lisez-vous ». Une sorte de radiographie de la lecture des élites qui donne quelques indications quand on leur demande quel est le classique dans lequel ils n’ont jamais réussi à apprécier. 

Deux titres arrivent nettement en tête : Don Quichotte et le Ulysse de Joyce. Plusieurs candidats à la présidentielle sont sollicités, d’Emmanuel Macron à Valérie Pécresse. A noter qu’Anne Hidalgo apprécie beaucoup les poèmes d’Antonio Machado

La dernière question concerne les mauvais livres et le plaisir coupable, parfois de les apprécier. Réponse pleine de bon sens de David Foenkinos : « Certains des miens quand j’ai dû les relire. Pour la tendresse d’un certain passé. »

 


Cinéma - Dans le film « Selon la police », le drame est permanent


Présenté en janvier dernier au festival du film politique de Carcassonne, Selon la police de Frédéric Videau est une accumulation de tranches de vie dans un commissariat au bord de l’implosion. Pourtant des travaux viennent d’être effectués dans les toilettes, resplendissantes. Et des plantes vertes ornent les couloirs. Mais c’est juste car le ministre de l’Intérieur est de passage.


Une fois parti, Ping-Pong (Patrick d’Assumçao), brûle sa carte de police dans le lavabo. Il n’aime plus son métier, lui qui a débuté comme flic de proximité, chargé de parler avec les jeunes des quartiers. Maintenant le ministère exige des résultats. En clair des chiffres pour gonfler les statistiques des affaires résolues.

Pyramide Ce film, parfois aussi authentique qu’un documentaire, raconte aussi le quotidien d’une policière stagiaire. En plus des réflexions machistes, elle doit subir les insultes racistes car issues d’une famille maghrébine. On suit aussi le groupe dirigé par Tristan (Simon Abkarian), formé de filles et de garçons animés souvent d’envies contradictoires.

L’histoire la plus forte reste celle de ces deux frères (Alban Lenoir et Émile Berling), fils de flic. Le premier a la foi en son métier, le second au contraire est au bout du rouleau. Émotion garantie. Tout comme la fin du film où plusieurs personnages de retrouvent pour un sacrifice poignant.

 

samedi 26 février 2022

Cinéma - Maigret, bloc d’humanité

Gérard Depardieu endosse le pardessus du commissaire Maigret avec humilité, lui conférant une incroyable humanité.  SND 


Deux monuments. De la littérature francophone et du cinéma français. La rencontre de Gérard Depardieu avec le personnage de Maigret fait partie de ces miracles qui redonnent confiance à la puissance de la création. Souvent cantonné dans des seconds rôles peu valorisants ces dernières années, Depardieu retrouve son statut d’immense vedette avec le nouveau film de Patrice Leconte. Un Gérard Depardieu fatigué physiquement, taciturne, tourmenté et qui pourtant donne une humanité incroyable au commissaire imaginé par Simenon

Ce flic, usé, n’a plus l’envie. Il perd l’appétit, ne veut plus sortir et se voit même interdire le tabac et la pipe par son médecin. Mais les affaires continuent. Une jeune femme d’à peine 20 ans est retrouvée morte dans un parc. En robe de soirée,  poignardée à cinq reprises. Une inconnue qui n’a pas de papiers d’identité. Maigret va mener l’enquête pour donner un nom à cette morte qui lui rappelle tant cette enfant qu’il a perdu. Il va errer dans les rues de Paris,  posant des questions, écoutant les voisins, retrouvant des connaissances de la morte. 

La fille absente

Un Maigret tellement obsédé par cette jeune morte qu’il va mettre  dans son petit appartement populaire une autre jeune fille perdue, Betty (Jade Labeste), autant pour la protéger que pour l’utiliser comme appât pour piéger les principaux suspects. Une famille de bourgeois, comme souvent dans les romans de Simenon. Une réalisation classique et efficace de Patrice Leconte, expert en reconstitution du Paris historique (les années 50) atténue la maigreur de l’intrigue un peu trop prévisible. 

Reste Depardieu, immense, monumental. Il prouve dès les premières minutes, en trois regards, deux répliques et par la suite avec sa présence totale qu’il est le plus grand comédien de sa génération. Et des suivantes. 

Film de Patrice Leconte avec Gérard Depardieu, Jade Labeste, Mélanie Bernier  



De choses et d’autres - La Lune est-elle virtuelle ?

Dans le panthéon des complotistes, la conquête de la Lune par les Américains serait l’exemple parfait de la manipulation de l’opinion publique. Régulièrement, des « preuves irréfutables » selon eux, ressortent pour expliquer que les fameuses images de Armstrong foulant le sol lunaire ne sont qu’une mise en scène, tournée dans les studios d’Hollywood.

Pourtant, ces faits, irréfutables, datent de plus d’un demi-siècle, mais certains sceptiques continuent à être persuadés qu’il ne s’agit que d’une opération de communication couverte par l’ensemble des gouvernements.

Dans ce contexte, je m’étonne que le CNES, Centre national d’études spatiales, organise le mardi 9 mars à 20 h un jeu de rôle sur Twitch en collaboration avec FranceTV. Baptisé Mission Lune, ce programme, entre divertissement interactif et émission pédagogique, propose aux spectateurs-acteurs de faire « partie d’un équipage en route pour la Lune. » Et de préciser dans la foulée : « Réalité ou fiction ? »

Alors évidemment, si les spécialistes de l’exploration spatiale française eux-mêmes laissent entendre qu’une mission pour la Lune n’est que fiction, comment réussir à convaincre nos tristes complotistes ? Ces fous furieux, persuadés d’avoir toujours raison, vont trouver dans cette Mission Lune des milliards de justifications à leurs certitudes.

Car je ne doute pas qu’avec les nouvelles technologies numériques, l’impression de voyage et d’alunissage seront encore plus réalistes que les images noir et blanc très pixélisée diffusées par toutes les télévisions de Terre durant la nuit du 21 juillet 1969. Et voilà comment on entretient les légendes urbaines en croyant bien faire…

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 22 février 2022

vendredi 25 février 2022

DVD - Les airs de Tralala


Rien que la bande-son de Tralala, comédie musicale des frères Larrieu qui vient de sortir en DVD et blu-ray (Pyramide Vidéo) mérite le détour et l’histoire, si elle est moins corrosive que les films précédents des cinéastes, s’adapte au parcours en rédemption d’un chanteur SDF dans la bonne ville de Lourdes
Tralala (Mathieu Amalric), autant chanteur de rue que clochard, croit voir la vierge à Paris. Il se rend alors à Lourdes et découvre qu’il ressemble à un homme dispru depuis quelques années. Il endosse son identité et tente de satisfaire famille et amis. Les chansons originales sont de plusieurs pointures, de Philippe Katerine à Jeanne Cherhal en passant par Étienne Daho ou Dominique A sans oublier Bertrand Belin qui, en plus, joue (merveilleusement bien) dans le film. 


De choses et d’Autres – Le mini pape de François Boucq, héros d'une bande dessinée

La personnalité du pape est toujours passée au crible, par les évêques, avant son élection. Par contre, dans cet album de BD signé François Boucq, ils ont complètement oublié de prendre en considération sa taille. En plaçant Pie 3,14 à la tête de la Chrétienté, ils ont, en fait, donné les clés du Vatican à un nain qui plus est avec l’esprit d’un enfant de 8 ans.

Sa papamobile est une smart et pour passer incognito dans les rues de Rome, rien de tel qu’une poussette. Ces histoires courtes, parues dans Fluide Glacial, marquent le grand retour de Boucq, dans le registre de l’humour. Dessinateur réaliste du Janitor ou du Bouncer, illustrateur de procès, il revient à ses premières amours, avec une verve et une imagination inépuisable.

Le petit pape Pie 3,14 raconte la vie d’aujourd’hui, avec quelques piques en direction des véritables religieux quand il remercie, depuis le balcon du Vatican, les « croyantes, croyants, transgenres et toutes les autres sortes ». Un pape si disponible qu’il se déclare à l’écoute 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Il suffit de composer le numéro vert 3 14 16…

« Le petit pape Pie 3,14 », Fluide Glacial, 12,90 €  

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 19 février 2022

jeudi 24 février 2022

Série télé - Murderville, enquêteurs stars pris au piège


Les Anglais ont souvent de très bonnes idées de séries télé ou d’émission. Ce sont eux qui ont mis au point le concept de Murderville, série qui vient de débarquer sur Netflix avec Will Arnett dans le rôle principal. On pourrait se croire dans une série policière classique, mais rapidement on comprend qu’en fait il y a des bouts de caméra cachée, voire d’improvisation. Terry Seattle, détective de la cité américain fictive de Murderville, n’a plus de coéquipier. La dernière en date s’est faite abattre. Depuis il tente de découvrir qui est derrière cet assassinat. Mais à chaque épisode, Terry doit se coltiner un ou une coéquipière. 

A chaque fois des comédiens qui jouent leur propre rôle. Leur mission : aller sur les lieux d’un crime, analyser les indices, interroger les suspects et au final dire qui est coupable. C’est le côté improvisation du show, doublé des délires de Will Arnett, excellent dès qu’il faut déstabiliser l’invité. Sur les six premiers épisodes, si certaines vedettes sont peu connues en France, on note cependant la présence de Sharon Stone, qui joue le jeu à 100 %. 

Même quand Will Arnett lui explique qu’elle n’a pas du tout le droit de tomber amoureuse de lui... Une Sharon Stone qui, dès qu’elle a compris le sens de l’émission, apporte toute sa folie et son talent à un épisode qui reste le meilleur des six. 

 


De choses et d’autres - Moins belle la vie

Drame en vue pour le paysage audiovisuel français, le fameux PAF. Selon le Figaro, le feuilleton de France 3, Plus belle la vie, devrait s’arrêter à la fin de l’année.

Lancée à la rentrée 2004, cette production quotidienne racontant la vie d’un quartier imaginaire de Marseille, avait été accueillie avec scepticisme par les professionnels. Sans compter les moqueries d’une certaine intelligentsia parisienne qui se moquait des accents et des intrigues. Pourtant, le côté populaire, simple, proche des gens, a rapidement joué en faveur de Plus belle la vie. Les audiences ont grimpé, au point que le feuilleton est devenu, en une année, le programme phare de France 3.

Chaque soir, plus de 4 millions de Français se passionnaient pour ces Marseillais, autrement plus intéressants que ceux des téléréalités de seconde zone. Un succès qui a fait des envieux. Donc, TF1 a lancé son propre feuilleton quotidien. Et, finalement, France 2 a décidé de lancer une production en concurrence. On se retrouvait, au total, avec quatre séries à suivre durant les deux heures qui précèdent le prime time. Un peu trop pour le public potentiel qui a fondu comme neige au soleil de Marseille.

Alors, même si cet arrêt n’a pas été confirmé par la direction de la chaîne régionale, il se pourrait bien que la vie soit un peu moins belle, dans quelques mois, pour les 2,5 millions de téléspectateurs qui sont restés fidèles aux péripéties qui agitent le Mistral. Mais, ce vide ne sera que virtuel, puisqu’au total il y a plus de 4 500 épisodes de disponibles. De quoi alimenter les plateformes de streaming, existantes ou à venir.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 18 février

mercredi 23 février 2022

Série télé - Jack Reacher, ne croisez pas sa route


Certains héros ont plusieurs vies. Jack Reacher, à la base, est le personnage des romans signés Lee Child. Face au succès en librairie, il devient personnage de cinéma interprété à deux reprises par Tom Cruise. Et finalement il se métamorphose une nouvelle fois pour une série diffusée sur Amazon Prime Vidéo. Par véritablement de doublon car le nouveau Reacher n’a pas grand-chose à voir avec Tom Cruise. Comme dans les romans, le héros est une montagne de muscle, expert en maniement des armes et enquêteur hors pair.  Alan Ritchson personnifie le nouveau Jack Reacher et c’est sans doute tout ce qui fait le succès de ce feuilleton de huit épisodes reprenant fidèlement l’intrigue du premier roman. 

Sanglante vengeance

Après des années à avoir servi l’armée américaine aux quatre coins du monde, Reacher débarque un matin dans la petite ville de Margrave en Georgie. Pas de chance, il est descendu du bus près d’un champ où un cadavre a été découvert. La police locale, qui n’a que peu l’occasion de traiter de crime de sang, trouve que cet étranger au physique hors norme est parfait dans le rôle du suspect. Rapidement disculpé car il a un alibi en béton (il était dans le bus au moment du crime), il va devoir rester à Margrave à la demande de l’inspecteur Finlay (Malcolm Goodwin). Ce dernier, va rapidement comprendre que Reacher est un as de l’investigation. Officieusement il l’embauche pour trouver le coupable. Reacher est réticent, jusqu’à ce qu’il découvre que le cadavre n’est autre que son frère, Joe. D’enquêteur dilettante, Reacher se transforme en soldat en mission vengeance. Dès lors, mieux vaut ne pas essayer de se mettre en travers de son chemin. 

La série, développée par Nick Santora, joue évidemment sur le côté physique de Reacher. Les cascades, combats et scènes d’action rythment les épisodes. 

L’hécatombe des méchants

Mais l’écriture est aussi très aboutie dans les caractères des seconds rôles. Finlay est bourré de contradictions et Roscoe (Willa Fitzgerald), policière de Margrave, pas insensible au charme très viril de Reacher, petite blonde qui doit sans cesse batailler pour s’imposer dans un monde d’hommes dans le Sud des USA, apporte une touche de féminisme assez rare dans les productions américaines. 

Quant aux « méchants », ils sont légion et tombent tous, les uns après les autres, sous les coups ou les balles tirées par un Reacher qui tue au même rythme qu’un candidat à la présidentielle fait des promesses. 


De choses et d’autres - Soutiens introuvables

À moins de 60 jours du premier tour de la présidentielle, il serait temps de savoir qui soutien qui ? Car si depuis quelques semaines la campagne passe essentiellement par des ralliements (Woerth ou Guigou pour Macron, Peltier ou Ravier pour Zemmour…), on ne sait pas encore pour qui voteront les célébrités.

Or c’est un signe important que nombre d’électeurs attendent avec impatience. C’est Giscard en 1974 qui le premier a misé gros sur ces consignes de vote autres que politiques. Son équipe de campagne a publié quantité de listes où les people de l’époque s’engageaient pour le ministre des finances.


C’était très éclectique. On trouvait dans la même publicité Francis Blanche et Johnny Hallyday, Dani et François Nourrissier, Gainsbourg et De Funès. En face, Mitterrand n’avait que les artistes clairement engagés à gauche comme Piccoli, Juliette Gréco ou… Dalida.

Aujourd’hui, les soutiens sont beaucoup moins tranchés. Exactement comme les Français, les artistes ne s’y retrouvent plus entre un Macron qui se revendique autant de la droite que de la gauche, d’une Pécresse qui lorgne vers l’extrême-droite, déjà bien occupée par Zemmour et Le Pen et qui généralement ne remportent que peu de succès en raison de leurs positions clivantes.

Ne parlons même pas de la gauche, là où le cœur de la majorité des people est ancré. Mais comment faire un choix entre la ribambelle de « candidatures utiles », à tel point que pas une seule ne sera au second tour ?

Alors si à 60 jours de la présidentielle vous ne savez toujours pas pour qui vous allez voter, n’attendez pas des consignes de vos stars préférées. Faites-vous votre propre opinion, ça ira plus vite.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 21 février 2022

mardi 22 février 2022

DVD - Hallucinant Ghostland


Amateurs de films punk à l’atmosphère trouble, ce « Prisoners of the Ghostland » de Sion Sono avec Nicolas Cage et Sofia Boutella est pour vous. Inédit en salles, disponible en DVD et blu-ray à partir du 23 février chez M6Vidéo, cela ressemble à un long cauchemar. Un braqueur (Nicolas Cage) est libéré de prison pour retrouver la petite-fille d’un dictateur local. Affublé d’une combinaison en cuir bourrée d’explosifs pour le dissuader de fuir, il va dans le Ghostland (le pays des fantômes) pour retrouver Bernice (Sofia Boutella). 

Il se battra, prendra des coups, perdra quelques morceaux de son anatomie et surtout replongera dans les crimes de son passé. C’est exceptionnel côté visuel, avec des décors à couper le souffle. Par contre pas évident de tout comprendre toute l’intrigue et Nicolas Cage, en roue libre, semble totalement paumé et se contente d’apporter, involontairement, une touche humoristique à un film pourtant très sombre.

Cinéma - Un film catalan triomphe à la Berlinale


Le film catalan Alcarràs de Carla Simón a remporté l’Ours d’Or de la Berlinale, festival international qui a également vu la Française Claire Denis récompensée.

Alcarràs raconte la dernière saison de cueillette d’une famille d’agriculteurs catalans dans la région qui a donné son titre au film. Cela fait trois générations que les Sole vivent de la production de fruits. Mais les changements dans le commerce mondial condamnent leur exploitation.

La cinéaste, dont ce n’est que le second long-métrage, a emporté l’adhésion de tout le jury présidé par le cinéaste américain d’origine indienne M. Night Shyamalan. Pour l’instant, ce long-métrage n’est pas encore distribué en France. Le précédent film de Carla Simón, Eté 93, était sorti dans les salles françaises en 2017.

Extraits du film fournis par Cineuropa.

lundi 21 février 2022

Cinéma - Très étonnant Big Bug


Tous les cinéastes français ne disent pas non à Netflix. Certains sont mêmes très contents que la multinationale américaine repêche un projet qui se trouvait dans une impasse. Jean-Pierre Jeunet, malgré ses précédents succès, ne parvenait pas à financer son nouveau film de science-fiction. Netflix a accepté, n’a pas lésiné sur le chèque et cela se voit à l’écran.

 « Big Bug » se passe dans un futur proche où les robots domestiques sont aussi fidèles que des chiens. Par contre de nouveaux androïdes, les Yonyx (François Levantal) semblent vouloir prendre la place des Humains, voire les exterminer. Le film est un huis clos dans une maison qui a des airs de villa futuriste du film « Mon oncle » de Tati

L’ensemble est assez décousu et inégal. Reste une certaine poésie, des idées percutantes et malheureusement quelques incongruités, comme d’affubler un accent marseillais caricatural à Youssef Hajdi.


De choses et d’autres - Limace poisseuse

La pluie a fait un timide retour en ce début de semaine dans la région. Pas suffisamment cependant pour faire sortir les escargots. Encore moins les limaces. Pourtant cette peu appréciée bestiole s’est retrouvée à l’honneur dans la campagne de la présidentielle.

C’est Marine Le Pen qui a utilisé l’image de la limace pour stigmatiser le supposé ralliement de Nicolas Bay à l’autre candidat d’extrême droite. Porte-parole de la candidate du Rassemblement National, Nicolas Bay est accusé d’avoir joué l’espion au profit de la Zemmourie divulguant aux ennemis héréditaires les plans pour conquérir l’Élysée.

Il a donc été suspendu du parti et la candidate, qui pourtant, depuis longtemps, tente d’adoucir son image, a été sanglante dans son commentaire : après avoir parlé de « haute trahison » et de « sabotage » elle a fustigé « la stratégie de la limace », la limace car « elle est lente, mais aussi parce qu’elle est poisseuse ».

Nicolas Bay, une « limace poisseuse », le voilà habillé pour l’hiver. Cette campagne électorale semblait un peu morne. Rien de transcendant, pas encore de gros scandales et encore moins d’affrontements tonitruants. Pour l’instant, on devait se contenter de la bataille de cour de récréation entre les très nombreux représentants de la gauche, en espérant que le président Macron n’attende pas le dernier jour pour déclarer sa candidature.

Et puis, comme à chaque fois, l’extrême droite est arrivée avec ses gros sabots et a changé la donne. La « limace poisseuse » a fait des taches indélébiles. Désormais, les insultes et anathèmes en tous genres risquent de pleuvoir entre les anciens meilleurs amis. On a beau tenter de chasser le naturel, il revient toujours au galop.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 17 février 2022

dimanche 20 février 2022

BD - Les origines de Buck Danny


Buck Danny est devenu un véritable empire de BD à lui tout seul. En plus de ses aventures classiques qui sont ancrées dans la réalité diplomatique actuelle, le pilote américain créé par Charlier et Hubinon, bénéficie de séries sur ses débuts. 


Une collection Buck Danny Classic, longtemps dessinée par Jean-Michel Arroyo et désormais Buck Danny Origines, scénarisé par Yann et dessiné par Giuseppe de Luca. En pleine guerre du Pacifique, le encore très jeune Buck, apprend lors d’une permission que son père vient de mourir. Il repart au combat et va se retrouver prisonnier des Japonais. Depuis un sous-marin il va tenter de déjouer une attaque suicide contre le sous-marin USS Enterprise. Une nouveauté pour les premiers fans…

« Buck Danny Origines » (tome 1), Dupuis, 14,95 €

De choses et d’autres - Métavers solitaire

Si le mot de l’année 2020 a été coronavirus et celui de 2021 test PCR ou passe vaccinal, je crains que ce qui restera de 2022 commence par « méta » et se termine par « vers ». Une sorte de logique virtuelle en quelque sorte.

Dans le vrai monde, la maladie nous a poussés à rester chez nous, à nous couper complètement des autres. Et quand on osait reprendre une vie normale, on était rapidement puni avec, au mieux, l’introduction d’un coton-tige interminable dans la narine ; au pire, quelques jours en réanimation.

Ainsi, le concept de métavers a pris son envol. Pourquoi prendre des risques dehors alors qu’un univers infini et totalement sûr est à disposition ? J’ai toujours bien aimé les nouveautés technologiques. Mais je sens que ce métavers va rapidement se transformer en grosse escroquerie pour gogo.

Certains signes ne trompent pas. En premier lieu, Facebook veut absolument y être présent. Dès que le géant du réseau social tente de s’accaparer d’un concept ou d’une idée, méfiez-vous : il y a sans doute des données à utiliser à l’insu de votre plein gré. Ensuite, je suis bombardé d’emails expliquant pourquoi les cadres-artistes-retraités (cochez la catégorie voulue) doivent être présent sur le métavers. Quand on veut vous attirer à un endroit précis, c’est pour vous faire les poches.

Le métavers a d’ailleurs anticipé cet attrait, puisque certaines entreprises ont acheté des zones de ce monde virtuel. En déambulant au hasard, vous risquez de vous retrouver dans un magasin Carrefour ou une usine Nike

Dernier indice prouvant que le métavers est à éviter : face à des signalements de harcèlement, les avatars ne peuvent désormais plus se rapprocher de plus de 3 mètres les uns des autres. Mais alors, pourquoi avoir créé un métavers solitaire ?

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 16 février 2022

samedi 19 février 2022

BD - Picsou Magazine a 50 ans

50 ans et toujours pas à la retraite. Picsou est devenu un des personnages Disney préféré des jeunes. Ce capitaliste odieux a son propre magazine depuis 1972. Un succès phénoménal puisque c’est le numéro 590 qui marque le début des célébrations du 50e anniversaire de la revue. Sous une couverture de Paolo Mottura vous pourrez lire 240 pages de BD. Ne manquez pas les cinq copieux chapitres des aventures des Canards en Italique, racontant la vie de Picsou au temps de l’empire romain. Côté bonus, un ex-libris collector est offert ainsi que des autocollants et un poster signé Andrea Freccero.

« Picsou Magazine », 5,95 €

Cinéma - La cavale du “King”

King a tout d’une peluche. King c’est le nom de ce lionceau perdu dans la ville d’Orly après qu’il se soit échappé de la cage qui l’amenait en France. Une adorable peluche qu’on a envie de caresser et de dorloter. Inès (Lou Lambrecht), adolescente mal dans sa peau depuis la mort de sa mère et l’arrivée d’une belle-mère au foyer familial, craque immédiatement en découvrant ce bébé lion dans sa chambre.


Mais il faut se méfier. Selon un vétérinaire (Artus), ce genre de fauve grandit très vite. Dans deux mois il fera deux fois son poids et mangera cinq poulets vivants par repas. Voire autre chose s’il est toujours en liberté…

Mais Inès n’a pas l’intention de garder King. Ce qu’elle veut avant tout c’est le ramener en Afrique, chez lui, et de le confier à une réserve spécialisée dans la réintroduction des fauves nés en captivité.

Ce film de David Moreau, loin d’enjoliver la situation, décrit avec réalisme la triste condition de ces animaux déracinés. King, dont le propos plaira aux plus jeunes, s’apparente à un road trip mouvementé de Troyes à Vulcania, en passant par le Lac du Salagou dans l’Hérault et finalement Sète. C’est aussi une belle histoire de famille. Pour réussir son projet, Inès recevra l’aide de son frère (Léo Lorléach) et surtout de son grand-père (Gérard Darmon), escroc qui se cache sous une fausse identité dans une maison de retraite. Un drôle d’équipage pour sauver le petit King.

Film français de David Moreau avec Gérard Darmon, Lou Lambrecht, Léo Lorléac’h

vendredi 18 février 2022

BD - Le final de Neige


Débutée en 1986, la saga de Neige, série postapocalyptique de Convard et Gine est définitivement refermée avec de 15e album. Alors que le dérèglement climatique n’était pas encore d’actualité à la fin des années 80, les deux auteurs ont imaginé une Europe recouverte de glace


Neige, un adolescent, découvrait les causes de ce froid mortel. La suite l’a vu grandir et dans cet ultime épisode il se retrouve à l’heure des choix. Car il a enfin la clé permettant de mettre fin à ce blizzard soufflant sans cesse. Il lui faut aller en Espagne et relancer une centrale qui permet de gérer la météo. Il découvre également qu’il est un remède contre une maladie qui fait des ravages. Une conclusion brillante et finalement pleine d’espoir.  

« Neige » (tome 15), Glénat, 14,50 €