mercredi 6 juin 2018

Cinéma : Cauchemars éveillés avec "No dormiras", thriller insomniaque

"Le sacrifice est propre à tous les grands artistes" explique le réalisateur de « No Dormiras », Gustavo Hernandez dans ses notes de production. Ce thriller, sur le monde artistique, explore les limites entre la création et la folie. La créatrice, c’est Alma (Belen Rueda), une dramaturge qui veut monter une pièce de théâtre dans un ancien asile psychiatrique à moitié en ruines.

Il s’agit de pousser les acteurs au bout de leurs limites en les privant de sommeil. Selon elle, au bout de 108 heures d’éveil en continu, la personne entre dans les « limbes » et est victime d’hallucinations. La pièce, tirée d’un véritable fait divers au cours duquel une femme a tué son mari puis son bébé, est intimement liée au lieu.


C’est dans cet asile que la femme a été internée jusqu’à sa mort. Pour l’interpréter, Alma doit trouver en urgence une actrice volontaire de tenter cette expérience de théâtre immersif. Deux amies, jeunes actrices prêtes à tout pour dé- crocher le rôle, Bianca (Eva de Dominici) et Cecilia (Natalia de Molina) sont mises en concurrence.

Elles tentent de s’intégrer à la petite troupe formée par un régisseur, une autre comédienne et le fils d’Alma. Tous se lancent dans ce marathon de l’insomnie. Très vite, Bianca a l’impression de voir des ombres fugitives dans le vieux bâtiment. Et plus le temps passe, plus ces visions sont fortes et terrifiantes.

Les limites de la création
Il est vrai que la folie, elle connaît : son père, paranoïaque, fait des séjours réguliers dans des cliniques psychiatriques. Elle-même a parfois des doutes sur son équilibre psychique. Sans surprise, c’est elle qui réagit le plus à la privation de sommeil.

Elle obtient le rôle, mais à quel prix ?

Sans effets sanguinolents, juste en instaurant une ambiance de doute et de peur, Gustavo Hernandez signe un film qui ne laisse pas indiffé- rent. On ne peut s’empêcher de penser que le cap des 108 heures est réellement un point de non-retour. Et loin de se contenter de cette intrigue, déjà glaçante d’effroi, le réalisateur y rajoute des coups de théâtre concernant les véritables personnalités de différents protagonistes et le but final de l’expérience menée par Alma.

« No Dormiras » fait peur, indéniablement. Mais il donne aussi à réfléchir sur les limites de l’art et de l’implication des créateurs. Presque une fable. Mais sous forme de cauchemar éveillé.

 ➤ « No Dormiras », thriller de Gustavo Hernandez (Argentine, 1 h 46) avec Eva de Dominici, Belén Rueda, Natalia de Molina

Aucun commentaire: