mercredi 2 août 2017

Cinéma : Une ultime utopie simiesque


Qui de l’homme ou le singe est le plus humain ? Cette question est le fil rouge de la trilogie débutée en 2011 par « La Planète des singes : Les Origines ». Matt Reeves signe le troisième et dernier chapitre de cette saga inspirée par le roman de Pierre Boulle et qui n’a plus rien à voir avec les premiers films avec Charlton Heston. Les effets spéciaux modernes permettent de transformer les acteurs en singes dotés d’une expression faciale sidérante. Le héros, César, est un chimpanzé doté de la parole mais on reconnaît parfaitement le jeu d’Andy Serkis, derrière la palette graphique des maîtres des effets spéciaux. César s’est retiré avec sa tribu dans une forêt montagneuse. Ils sont obligés de se cacher car le Colonel (Woody Harrelson), est déterminé à exterminer jusqu’au dernier singe de sa planète en ruines. Un militaire intransigeant, devenu totalement fou depuis la perte de son fils. A la tête d’une petite armée, il attaque le camp de César, capture femmes et enfants, tue le fils du chef des singes et se retranche dans une ancienne base transformée en prison et camp de travail. César, comme son pire ennemi, va se lancer dans une vengeance sans pitié.

■ Vivre ensemble
Le film de Matt Reeves aurait pu se résumer à une démonstration de qui est le plus fort dans sa détermination à rendre coup pour coup. Mais le scénario est beaucoup plus subtil qu’un banal film de guerre (même si le fan a son lot de batailles, attaques et explosions de toutes sortes). En chemin, César tombe sur un humain retiré dans une petite cabane. Menaçant, il est abattu. Le petit groupe découvre alors une fillette, Nova (Amiah Miller), muette et à ce titre rejetée par les humains. Effet miroir. Les singes qui parlent sont ostracisés comme les humains privés de paroles. Comme la naissance d’une nouvelle Humanité, faisant fi des différences, des handicaps se transformant en atout pour ceux qui savent vivre ensemble. Le titre de ce troisième volet, Suprématie », est trompeur. On imagine forcément qu’un des deux groupes prend le dessus sur l’autre. Mais dans le film, comme parfois dans les élections, c’est une troisième voie qui l’emporte et permet des lendemains plus paisibles et moins guerriers. 
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Face à face tendu entre Serkis et Harrelson

Magie des nouvelles technologies, le troisième volet des aventures de la planète des singes plonge les spectateurs dans un monde imaginaire criant de vérité. Les primates digitalisés sont l’œuvre du studio néo-zélandais Weta Digital, fondé par le réalisateur Peter Jackson, dont le travail dans la trilogie « Le Seigneur des Anneaux » a marqué une évolution majeure dans le monde des effets spéciaux. Filmé au Canada dans les paysages sombres et enneigés de l’Alberta et de la Colombie Britannique, le réalisateur Matt Reeves a lâché des singes à l’évolution fulgurante dans un monde divisé, bouillonnant de rage. Le film est porté par Andy Serkis dans le rôle qu’il retrouve du majestueux César, pour lequel il s’est attiré encore plus de louanges que pour ses autres personnages numériques, comme Gollum dans « Le Seigneur des Anneaux » et « King Kong » (2005). Comme dans les films précédents de la série, Andy Serkis portait une combinaison grise et un dispositif de reconnaissance faciale capturant les moindres nuances des mouvements, gestes et émotions de César. Un groupe de soldats dirigé par un colonel incarné par Woody Harrelson  lance une attaque décisive pour détruire les singes une fois pour toutes. Un personnage de méchant comme l’acteur américain à la large palette aime les interpréter. Un militaire au final plus complexe que l’image du début.

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