jeudi 31 août 2017

Cinéma - « Patti Cake$», ronde et rugueuse


Avoir un esprit artistique et créatif n’est parfois pas suffisant. Dans notre société moderne glorifiant l’apparence, une intelligence supérieure sans une enveloppe corporelle « normale » a toutes les chances de passer à côté de sa vie.

Patricia Dombrowski (Danielle Macdonald) est une jeune américaine comme tant d’autres. Pleine de rêves de gloire. Comme sa mère dans sa jeunesse qui espérait percer dans la chanson. Mais Patricia, « Patti Cake$» pour les amis, a pour ambition de faire carrière dans le rap. Une drôle d’idée pour une Blanche, en surpoids qui plus est. Mais elle s’accroche, vit en permanence avec des rimes dans la tête, de ces répliques cinglantes qui clouent au pilori tous les moqueurs et empêcheurs de rêver en paix.


Sa vie sociale est assez limitée. Une mère, Barb, seule, alcoolique et toujours prête à se jeter dans les bras du premier cow-boy venu, propriétaire d’un petit salon de coiffure et chanteuse de karaoké des fins de soirées trop arrosées. Une grand-mère, Nana, handicapée clouée dans une chaise roulante, grande fumeuse et toujours partante pour faire les 400 coups avec sa fille.
Enfin il y a Jheri, son meilleur ami, le seul qui croit en son talent. Lui aussi fait de la musique et rêve de disques vendus à des millions d’exemplaires. En rencontrant Basterd, un SDF vivant dans une cabane au fond des bois, mais très outillé en matériel d’enregistrement, ils vont atteindre un premier graal : enregistrer quelques titres sur une maquette et tenter de trouver un producteur.

■ Personnage entier
Le film de Geremy Jasper a parfois des airs de film d’initiation. Il y a la Patti du dé- but, talentueuse mais trop accro aux stars du rap, incapable de trouver sa voie personnelle. Puis la Patti qui redescend sur terre, qui veut tout abandonner, persuadée qu’elle n’est qu’une usurpatrice. La troisième partie du film, lumineuse, permet de laisser le spectateur sur une bonne note, regonflé par ces airs et paroles (judicieusement traduites) d’une fille ronde en apparence mais rugueuse quand elle le veut et qui ne se laisse pas facilement abattre.
Ce genre de film, pour être convaincant, doit s’appuyer sur une distribution irréprochable. En repérant Danielle Macdonald, le réalisateur a tiré le gros lot. Deux années de préparation pour cette actrice australienne qui ne connaissait rien au rap et encore moins à l’accent typique du New Jersey où se déroule l’action. Sa présence, énorme, donne une pêche et une sensualité débordante à un personnage entier que l’on ne peut qu’aimer et apprécier.

➤ « Patti Cake$» drame de Geremy Jasper (USA, 1 h 48) avec Danielle Macdonald, Bridget Everett, Siddharth Dhananjay

Aucun commentaire: