mardi 23 mai 2017

De choses et d'autres : tourner en bourrique

Depuis quelques semaines, le net regorge d’articles sur les « hand spinners », sortes de toupies manuelles en pleine invasion des cours de récréation. Sceptique sur ces modes souvent dictées par un mercantilisme de bas étage (un hand spinner coûte de 3 à 15 € dans le commerce), j’ai pris conscience du phénomène en croisant trois collégiens à la sortie des cours. Tout en discutant, ils faisaient tournoyer frénétiquement leur petit bidule. Le hand spinner, de virtuel, devenait tout à coup réel sous mes yeux ébahis.
Ces jouets, formés d’un roulement à bille central et de trois branches, sont à la base des objets destinés à certains autistes. Ils agissent comme « un exutoire moteur aux tensions et désirs de mouvement » pour les « enfants et adultes hyperactifs ou ayant des troubles de l’attention et de la concentration. » En le faisant tourner le plus longtemps possible et si possible en équilibre sur un doigt, on apprend, en théorie, « dextérité, agilité, motricité et force cinétique.
Problème, aux USA d’où vient la mode, plusieurs écoles ont interdit le hand spinner et en France certains profs aussi commencent à en avoir ras-le-bol. Car loin de se limiter aux récréations, la toupie virevolte en cours. Résultat les élèves n’écrivent plus, écoutent encore moins et quand le jouet tombe, cela déclenche un brouhaha immédiat. A mon avis, le hand spinner ne présente qu’un avantage : il oblige son utilisateur à choisir entre lui et son portable. Moins d’écran ne peut pas nuire à la jeunesse… 
(Chronique parue le 23 mai en dernière page de l'Indépendant)

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