mercredi 14 décembre 2016

Cinéma : "Personal Shopper" offre un dilemme entre dualité et solitude

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Réflexion très poussée sur le deuil, la dualité, la solitude et l’au-delà, « Personal Shopper » thriller fantastique d’Olivier Assayas avec Kristin Stewart fascine... ou énerve

Un film, une histoire, une interprétation fait souvent l’unanimité. Et puis parfois il est aussi clivant qu’un ancien Premier ministre en campagne pour prendre la place de son président bien-aimé. « Personal Shopper » d’Olivier Assayas (prix de la mise en scène à Cannes) est de cette trempe. Soit on plonge dans l’univers de Maureen (Kristen Stewart) sans se poser de question, simplement fasciné par cette jeune femme à la recherche de réponses dans sa vie pleine de vacuité, soit justement on ne supporte pas cette façon de se laisser porter sans jamais imposer un embryon de personnalité. On ressort de la salle, en fonction de ces deux approches diamétralement opposées, totalement sous le charme ou carrément énervé. A vous de vous faire une opinion, mais dans tous les cas, vous ne resterez pas insensible à cette œuvre parfois austère, tout le temps juste.
■ Ce qui peut fasciner
Le questionnement sur la dualité est omniprésent. Maureen, jeune Américaine, vit à Paris depuis quelques mois car elle cherche à reprendre contact avec son frère jumeau. Ébéniste de talent, il est mort d’une crise cardiaque. La jumelle, qui se dit également médium, comme son frère, attend un signe de l’esprit de sa moitié masculine. Elle passe des nuits dans l’ancienne maison de son frère, rencontre un fantôme, a peur, ne comprend pas. Du fantastique simple et sans grands effets spéciaux.
Le métier de Maureen mériterait à lui tout seul un film. Elle est personal shopper. En clair, elle est chargée de la garde-robe d’une riche philanthrope. De la bijouterie Cartier aux maisons de haute couture, elle choisit des robes et des bijoux, les loue ou les achète et met le tout à la disposition de sa patronne.
La plastique éblouissante de Kristen Stewart. L’actrice américaine joue avec son corps sans aucune difficulté. En jean, robe à paillettes ou dans le plus simple appareil, dès qu’elle bouge on en prend plein les yeux.
Le tour de force d’Olivier Assayas dans la dernière réplique. Une simple phrase qui explique tout le film. Ou remet en cause notre compréhension.
■ Ce qui peut exaspérer
Pourquoi cette ambiance de thriller, avec mort violente à la clé. Comme s’il fallait rajouter un peu de sang à une histoire trop intellectuelle ?
On retrouve malheureusement dans « Personal Shopper » une mode (manie ?) des films actuels : l’utilisation intensive des smartphones. Cela donne de très longues minutes de discussion, par SMS et écran interposé, entre l’héroïne et un inconnu. Comme si l’écran d’un téléphone suffisait comme recherche esthétique...
Qui dit fantôme dit un minimum d’effets spéciaux. Minimum est bien le mot. A la limite de l’escroquerie presque avec le verre en lévitation. On est loin, très loin de Twilight.
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De Twilight à Assayas
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Dans le précédent film d’Olivier Assayas, Kristen Stewart partageait l’affiche avec Juliette Binoche. Elle a d’ailleurs remporté le césar de la meilleure actrice dans un second rôle dans « Sils Maria » pour son interprétation d’une jeune comédienne bousculant une ancienne. Cette fois, le réalisateur français, ancien critique renommé, n’a pas fait dans la demi-mesure.
La belle Américaine, est de tous les plans, le film la suit pas à pas dans sa recherche d’une preuve de l’au-delà. Tantôt habillée comme une jeune étudiante presque négligée, tantôt mise en valeur par les tenues de haute couture qu’elle choisit pour sa riche patronne, Kristen Stewart est la référence beauté du long-métrage.
Le réalisateur la filme sous toutes les coutures, se permettant quelques scènes où sa fascination pour ce corps jeune et gracieux est évidente. Mais dans « Personal Shopper », Kristen Stewart est beaucoup plus que la jolie poupée découverte dans Twilight ou transformée en icône d’Hollywood dans « Cafe Society » de Woody Allen. Son interprétation est très intérieure, cérébrale. Jamais elle ne sourit. Et quand elle pleure, de chagrin, ce ne sont que quelques larmes qui s’écoulent lentement sur son visage lisse.
Un rôle sur mesure, idéal pour abandonner son image de petite fille trop sage ou de gravure de mode sans cervelle. 

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