dimanche 22 juin 2014

CINEMA : Ariane ou la vie comme elle vient

Robert Guédiguian prévient dès le générique : “Au fil d’Ariane” est une fantaisie. On suit la radicale remise en question d’une femme au seuil de la cinquantaine.

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Dans son appartement lumineux, Ariane s'active. Aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres. Elle dresse une belle table et passe des heures à confectionner un énorme gâteau. Son gâteau d'anniversaire. Mais quand on sonne à la porte ce ne sont que des coursiers avec des fleurs. Et au téléphone les messages d'excuses pleuvent. Quand elle constate qu'elle sera seule pour déguster son chef-d'oeuvre, Ariane préfère prendre ses jambes à son cou. Et finalement, ce jour particulier ne sera vraiment pas comme les autres, mais pour de toutes autres raisons.


Robert Guédiguian, cinéaste engagé, aux œuvres parfois aussi sombres que Marseille, sa ville d'élection est lumineuse, semble avoir voulu s'offrir une récréation. Comme une pause dans une filmographie trop sérieuse. Et cette « fantaisie » il a voulu la partager avec ses acteurs fétiches. Ariane est interprétée par Ariane Ascaride, derrière le comptoir du bar-restaurant on retrouve Gérard Meylan, Jacques Boudet montre toute l'étendue de sa connaissance de l'anglais, Jean-Pierre Darroussin est irrésistible en chauffeur de taxi. Une joyeuse bande autour d'Ariane qui déprime sérieusement. Son coup de tête l'entraîne au port de Marseille, bloquée par un pont basculant, elle accepte l'invitation d'un jeune scootériste d'aller déjeuner dans une petit restaurant en bord de mer.

Aider les autres
Bien décidée à n'en faire qu'à sa tête, Ariane accepte. Elle prend la vie comme elle vient, sans se poser de questions. Elle mange donc en compagnie de retraités et de Jack (Jacques Boudet), l'écrivain américain. Denis (Gérard Meylan), le patron, grand fan de Jean Ferrat, est le pivot de ce petit monde autour duquel gravite également Martial, un vieil Africain et une jeune prostituée.
Séduite par ces personnages, Ariane décide de s'inviter, remplace la serveuse, dort sur le bateau de Denis, aide Martial et va pêcher avec Jack aux sentences imparables comme « la fureur destructrice du libéralisme ». Cela donne à Denis de lui dire, esbaudi : « Jack, tu es épatant ! »
De son côté, Ariane est sur un petit nuage, heureuse, amoureuse, apaisée. Avec l'envie de mettre à exécution cette maxime « On joue toujours sa vie en une seule fois. » Mais tout cela est-il réel ? Pourquoi Ariane entend la tortue de Denis lui parler ? Et Martial, qui sont ces enfants à qui il souhaite bonne nuit le soir, en hurlant ? Robert Guédiguian va finalement beaucoup plus loin qu'une simple fantaisie. Et à trop vouloir aider les autres, Ariane, comparée à un ange par Denis, risque de se brûler les ailes.
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Une bande d'acteurs fidèles

Robert Guédiguian, cinéaste marseillais, a su s’entourer d’acteurs fidèles qu’il retrouve régulièrement dans ses réalisations. En tête de distribution Ariane Ascaride, évidemment. Celle qui est sa femme depuis plus de 30 ans est de la première aventure. Le premier film de Guédiguian, “Dernier été”, en 1980 donne le premier rôle à Ariane Ascaride et Gérard Meylan, l’autre fidèle de la “tribu”. Durant des années le cinéaste s’est contenté de succès d’estime jusqu’à la consécration de “Marius et Jeannette”. Entre-temps Jean-Pierre Darroussin a rejoint la bande.
Guédiguian, ascaride, darroussin, meylan, atianeComme une troupe de théâtre, les acteurs se retrouvent et jouent les scénarios de leur mentor. Du drame social au polar en passant par le film historique, pas un genre n’échappe à Robert Guédiguian. Un touche à tout de génie, pouvant s’appuyer sans réserve sur ses talentueux comédiens. “Au fil d’Ariane”, film plus léger, sans trop de pathos, loin de la réalité, comme dans un monde idéal, est une nouvelle expérience. C’est totalement différent des précédentes productions mais reste avant tout du Guédiguian.

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