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mercredi 20 septembre 2023

Littérature - Nicolas Le Nen, soldat et écrivain, signe « Armistice »

Plongée dans l’enfer de la guerre d’Indochine avec ce roman de Nicolas Le Nen, Perpignanais, breveté de l’Ecole de guerre et ancien patron du service action de la DGSE.


S’il est beaucoup question d’honneur, de sacrifice et de patrie dans Armistice, roman de Nicolas Le Nen, ce récit prenant pour cadre la fin de la guerre d’Indochine (du moins pour l’armée française), aborde d’une façon plus générale et universelle la vengeance et l’oubli. Un roman cependant qui fait la part belle aux combats, notamment ceux qui ont précédé la chute de Diên-Biên-Phu. Ils sont trois, rescapés de l’armée française, à s’entraider et raconter leurs derniers mois dans cet enfer. Trois perdants, prisonniers des Viets, maltraités par des vainqueurs arrogants.

Mais comme le fait remarquer le principal narrateur, Constant Jalaire, jeune Lieutenant engagé pour contrarier son père, notable resté planqué (pour ne pas dire plus) durant l’occupation allemande, « Nous autres, soldats, savons bien que seules les armées victorieuses font des guerres justes et belles. » Avec un légionnaire d’origine allemande et un fils de paysan du Massif central, Jalaire va tenter de survivre malgré les brimades. Il se confiera à ses compagnons, comme pour expier ses mortelles erreurs de commandement. 

Nombre de ses hommes sont tombés  au combat. Exactement dans des guets-apens au cœur de la jungle. Et de constater qu’au « combat, la mort saisissait les soldats dans des attitudes grotesques, comme si la guerre n’était qu’une farce tragique dans laquelle mourir n’était pas si grave. »

Dans un style marqué par un réalisme sans fioritures, Nicolas Le Nen raconte cette débâcle française tout en intégrant à l’intrigue une dimension historique Car loin de cette France métropolitaine, le trio aura l’occasion de solder des comptes, lourds de conséquences, qui ont pris naissance à la fin de la seconde guerre mondiale. Deux guerres, deux vainqueurs différents, mais des horreurs tout à fait semblables.

« Armistice » de Nicolas Le Nen, 320 pages, éditions du Rocher, 19,90 €

vendredi 14 octobre 2016

DVD et blu-ray : Saga coloniale asiatique

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Certains films méritent d'être oubliés. D'autres de rester dans nos mémoires et de profiter des dernières avancées technologiques pour être restaurés et proposés au public sur des supports dignes de leur grandeur. Parfait exemple avec « Indochine » de Régis Wargnier sorti en 1992. Ce n'est pas très ancien, mais la technique de reproduction a tellement évolué ces 5 dernières années, que ce chef -d'oeuvre devenait impossible à regarder sur un simple DVD. Sa restauration et duplication sur blu-ray, en format 4K (soit aussi bon qu'au cinéma), rend parfaitement hommage à ce spectacle de la France coloniale en plein déclin. Paysages grandioses, reconstitution pointilleuse de l'Indochine des années 30, acteurs au sommet de leur art, particulièrement Catherine Deneuve, on est fasciné par l'histoire de Camille (Linh-Dan Pham), la princesse rouge, héroïne de la libération du Vietnam, symbole de cette élite indochinoise préférant la liberté au pouvoir sous contrôle offert par la Métropole.
On retient aussi du film le rôle sur mesure du directeur de la sécurité pour Jean Yanne, toujours excellent quand il endosse la peau d'un immonde salaud. Vincent Perez, en jeune militaire exalté devenu père sacrificiel est un peu moins crédible. Mais il apporte cette fougue et jeunesse, symboles d'une génération lasse des rigorismes de l'époque. Mélodramatique et historique, « Indochine », film à très gros budget pour l'époque, a eu un immense succès en salles lors de sa sortie. Public au rendez-vous, critique aussi puisqu'il a raflé cinq César et surtout l'Oscar du meilleur film étranger en 1993. Et la sortie en blu-ray s'accompagne d'une reprise au cinéma dans quelques salles à partir de mercredi prochain.

« Indochine », Studiocanal, blu-ray (version restaurée), 24,99 euros


mercredi 8 mai 2013

Billet - Polémique après le clip d'Indochine, "Cachez cette violence..."

Depuis le jour de sa sortie, le 2 mai, le clip « College Boy » d'Indochine ne cesse de faire réagir. La chanson des quinquagénaires parle de la difficulté de faire accepter sa différence dans notre monde de plus en plus formaté. Pour appuyer ce message, Indochine fait appel au cinéaste québécois Xavier Dolan. Il réalise un court métrage choc. On y voit des élèves, bien sous tous rapports, harceler un de leurs camarades. Le motif ? Son homosexualité. Insultes, brimades, coups, pour au final, le crucifier.
Les images sont violentes, mais nécessaires pour faire passer le message. Car ce que dénonce Xavier Dolan c'est l'aveuglement des adultes. Ils apparaissent avec un bandeau sur les yeux. La polémique fait rage sur les réseaux sociaux - les chaînes de télévision ne veulent pas diffuser ce brûlot. « Censure ! » hurlent les ados.
Le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) entre dans la danse.  « Assez de cette mode de la violence » s'indigne Françoise Laborde. Dans une longue lettre publiée sur le site du Huffington Post, Xavier Dolan lui répond : « vous intervenez dans le débat sur la légitimation de la violence à l'écran avec environ trente-cinq ans de retard. » On ne peut que lui donner raison en voyant le contenu des séries américaines. De toute manière, Collège Boy a déjà été visionné 1 million de fois sur internet. La censure du CSA semble un combat perdu d'avance. Et la lutte contre la violence à l'école peut-elle se passer de la prise de position courageuse d'Indochine ?

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.