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samedi 9 mars 2024

Francis Cabrel, Ibrahim Maalouf, Olivia Ruiz... Pour les 20 ans de son album "L'Amour parfait", Cali revisite ses chansons avec de nombreux artistes


Premier morceau, C'est quand le bonheur, est confié à Francis Cabrel. "Avec Francis Cabrel on ne se voit pas beaucoup mais c'est un camarade. J'ai eu la chance de faire la préface de sa biographie et il y a quelques années on avait chanté tous les deux sa chanson "Encore et encore" qui est très rythmique et on l'avait faite piano-voix. Il m'avait dit à l'époque "J'adore cette version car je redécouvre mes mots". Alors je lui ai proposé C'est quand le bonheur, et j'ai redécouvert mes mots. Je me suis rendu compte qu'il se l'était complètement appropriée. Il l'a tellement incarnée que les gens me disent, c'est une chanson de Cabrel en fait."  

Calogero - Elle m'a dit. "À l’origine c'est une voix féminine qui chante, mais j'entendais trop Calogero le faire. Il a été d'accord car il adore la chanson." 

Stephan Eicher - Pensons à l'avenir ."Il y a 20 ans, Stephan Eicher m'avait dit qu'il adorait cette chanson. Je lui ai proposé et j'ai pleuré car il m'a fait un beau cadeau.". 

Charlelie Couture - Il y a une question. "Il m'a fait une Charlelie, magnifique. Il part dans d'autres mélodies avec sa voix éraillée."

Ibrahim Maalouf - J'ai besoin d'amour. "Sur cette chanson, ce n'est pas un chanteur qui me répond mais la trompette d'Ibrahim Maalouf."  

Olivia Ruiz - Dolorosa. "Olivia crache toute sa fougue dans cette chanson d’amour cruelle."

Dominique A - Tes désirs font désordre. "Sur fond de boîte à rythmes il prend possession de mes mots amers et cyniques qui ne lui ressemblent pas."

Adamo - C'est toujours le matin. "Adamo c'est le plus gentil, le plus tendre des chanteurs. On a passé une journée en studio magnifique. Il y a 20 ans je chantais pour une fille, là on est un duo de garçons alors on a transformé la chanson : c'est mon meilleur ami et c'est moi qui lui vole sa femme, c'est moi le traître, le félon."

Benabar - Le grand jour. "Avec Bénébar, nous nous sommes amusés comme les deux acolytes, que nous sommes dans la vraie vie, sur une chanson faussement cruelle."

David Linx - Fais de moi ce que tu veux. "Ce chanteur de jazz, saupoudre le titre d’une sobriété inattendue."

Bernard Lavilliers - Différent. "Lavilliers m'a fait un beau cadeau. À la fin de la chanson, je lui ai demandé de déclamer le poème de John Donne, le poème inscrit au Perthus, au passage emprunté par les Républicains espagnols." 

Elliott Murphy - Tout va bien. "Elliott Murphy c'est la même génération de Springsteen. À 74 ans il fait encore des tournées à fond. Je l'ai croisé dans la rue et je me suis presque agenouillé pour lui demander s'il était d'accord d'aller chanter avec moi. Ce sont des petits miracles pour moi".

Peter Kingsbery - L'Amour parfait a state of grace. "T'imagines, la voix de Cock Robin ! Il m'a fait une version adaptée en anglais. Sa voix suave et subtile offre à l’album un final tout en grâce."

Sans oublier deux titres en bonus, Pascal Obispo pour Les choses défendues et Coco Caliciuri, la fille de Cali, qui chante avec son père une seconde version de L'amour parfait.

vendredi 10 décembre 2021

Roman - Cali dans son miroir déformant

Etonnant roman que ce Voilà les anges signé Cali. Si ses deux premiers étaient, « 100 % moi, puis seulement 90 % », celui-ci rebat les cartes. Le héros se nomme toujours Bruno, est un peu chanteur, mais « c’est totalement romancé, avec pas mal de choses remaniées ». Bref, on se trouve face à « avatar de Cali », un peu le reflet déformé du chanteur connu. « Dans la première partie du roman, j’ai voulu rendre Bruno totalement détestable, il se déteste lui-même et veut aller au plus bas », explique le chanteur, entre deux séances d’enregistrement, à Saint-Estève. Une réussite éclatante quand il raconte comment, chanteur délaissé pour un plus jeune et surtout plus vendeur, Bruno massacre le patron de sa maison de disques. Il finira en prison, preuve que l’on se trouve dans un roman car, comme le souligne malicieux l’auteur, « je n’ai pas encore fait de prison ».  Il faut absolument recontextualiser ces passages qui, pris au premier degré, pourraient passer pour un testament artistique : « Jétais devenu ce que je redoutais le plus : aigri. Un vieux chanteur aigri. […] Fatigué, méchant, j’étais passé de l’autre côté, du côté obscur de la vie. Celui d’où l’on ne revient que rarement. » La suite du roman met des couleurs sur cette œuvre au noir. 

La maman du Petit Prince

Car Bruno, après la prison, rencontre quelques anges. Une splendide galerie de personnages, de Roberta, la propriétaire octogénaire d’un manège, veuve amoureuse d’un jeune Kevin, à Paula, la femme battue et suicidaire qui redécouvre l’amour dans les bras de Bruno, lui aussi de plus en plus suicidaire. Sans oublier Prince, un gamin qui ne va jamais à l’école. Prince, perdu dans ce Paris qui l’étouffe. Il reste en bas de son immeuble pour surveiller sa maman qui reçoit beaucoup de visites d’hommes dans la journée. Le héros va beaucoup apprécier ce gamin, lui raconter sa fugue à 16 ans, comment il appellerait ses enfants, s’il en avait, ce qu’ils feraient. Et découvrir, finalement, qui est la maman du petit Prince, petit garçon hybride entre le personnage de Saint-Exupéry et le musicien américain. 

Ce texte, envoûtant, parfois cash, souvent romantique, fait une grande place à la poésie de la vie. A l’optimisme aussi, bien que la totalité des protagonistes soient des cabossés de la société, des boiteux qui pourraient ne plus rien attendre de cette chienne d’existence. Un bonheur possible que l’on retrouve en fin de roman, comme un soulagement. Avec cet aveu du héros, totalement transformé, apaisé, comme son double et créateur : « J’écris des chansons. Je le sais maintenant, le héros ce n’est pas le chanteur, c’est la chanson. Peut-être que la postérité reconnaîtra un jour mon talent. En fait, tu sais quoi ? Je m’en balance ! J’écris des chansons pour moi, pour rien. » Il écrit des romans aussi. Pour nous. Et c’est bien.  

« Voilà les anges » de Cali, Albin Michel, 17,90 €.