lundi 27 novembre 2017

Polar : Quand la mort frappe les enfants de la Meute



Moitié cité ghetto, moitié campagne perdue. Le polar de Jérémy Bouquin fait le grand écart entre deux mondes que tout oppose. Deux sociétés qui à priori ne se rencontrent jamais. Pas les mêmes codes ni populations. À moins que certains aient cette double origine comme Garry, le personnage principal de cette histoire ramassée sur deux jours. Garry a longtemps zoné dans cette banlieue parisienne où la came est le seul espoir de s’en sortir. Il y a grandi, faisant semblant d’aller à l’école.
Et l’été, sa mère le laissait, avec son grand frère Karl, chez le grand-père. Papy comme il dit. Un vieux qui pourrait être sympa avec son côté original d’ermite vivant en quasi-autarcie dans sa cabane au fond des bois de La Meute, minuscule village du Jura. Mais c’est en réalité la pire raclure qui existe.
■ Sec et incisif
Garry n’est pas mieux. Il revient dans la cabane car il cherche un endroit où se planquer. Il vient d’enlever un gamin, Yannis. Le fils de son « patron », un gros dealer qui gère son réseau depuis la prison. Garry est en service commandé. Mettre Yannis à l’abri, loin de sa mère, car le caïd va s’évader.

Les retrouvailles permettent de comprendre les rapports entre le vieux et son petit-fils. Pas de respect. Papy redoute que Garry soit un « pédé », pire qu’il « baise avec une bougnoule ou une négresse ». Raciste, intolérant, paranoïaque, le papy ne croit plus en l’Humanité. Sans doute s’est-il trop côtoyé car au fil des pages, Jérémy Bouquin dévoile la véritable personnalité de Papy. Raclure est finalement très gentil.

La suite du polar, sec, incisif, violent, est digne des meilleurs romans noirs. Garry, après une course au village revient à la cabane. Et là, « Crevé. Le chien, sur le côté, par terre, la gueule ouverte, la langue dehors. Le corps tordu dans une flaque de sang, sur le seuil de la maison. Il a tenté de protéger son maître. (...) J’observe autour de moi, la forêt, les arbres dansent. Le rideau de pluie, le vacarme lourd et effrayant. L’orage approche ». La tension monte à son maximum.
Car un troisième larron entre en scène. Il est chargé de retrouver le gamin. Et n’a pas l’intention de faire de cadeau ni de quartier. Le déchaînement des éléments se dispute avec celui de la violence du nouveau venu qui lui aussi a quelques comptes à régler avec le Papy. Un texte très dur, sans concession, mais on comprend au final que le malheur de ces enfants de La Meute justifie tous les excès, toutes les horreurs, passées et présentes. 
➤ «Enfants de la Meute» de Jérémy Bouquin, Rouergue Noir, 18 €

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