mardi 9 juillet 2013

Livre : un tueur venu du passé dans "Les Lumineuses" de Lauren Beukes

Un tueur en série trouve le moyen infaillible de ne pas se faire prendre. Il tue dans le futur. Thriller fantastique sombre signé Lauren Beukes.

lumineuses, lauren beukes, presses de la vité, thrillerAu début des années 30, aux USA en pleine récession, il est difficile de survivre. Harper Curtis, vagabond bagarreur, a d'autres soucis en plus que de trouver sa pitance quotidienne. Poursuivi par des dizaines d'hommes en furie, lesquels ont bien décidé de l'éliminer. Un coup de couteau de trop... Acculé, il découvre une maison à l'aspect abandonné. La porte est fermée à clé, mais justement il en a une dans la poche. Volée à sa dernière victime. Il tente le tout pour le tout. Miracle, la maison s'ouvre. Harper Curtis a trouvé un refuge. Il ne le quittera plus.
Thriller résolument fantastique de Lauren Beukes, écrivain originaire d'Afrique du Sud, elle s'est déjà fait remarquer avec « Zoo City », prix Arthur C. Clarke en 2011. Là elle change de registre, signant un roman noir brillant et sombre. Elle prend le pari de présenter dès les premières pages le tueur de l'histoire, ce Harper, pervers, illuminé, violent. Des chapitres courts avec à chaque fois un personnage principal. Seconde à entrer en scène, Kirby, une jeune fille qui a eu le malheur de croiser le chemin de Harper. Kirby survit. Après quatre ans de convalescence, elle retourne à l'air libre. Avec une obsession : retrouver son assassin. Car Kirby se considère comme morte...

Maison maléfique
Etudiante en journalisme, elle profite d'un stage au quotidien de Chicago pour remonter la trace de Harper. Une trace visible au fil des décennies. Harper a déjà tué. Dans les années 30, en 50 aussi. Puis régulièrement jusqu'en 1993, l'époque actuelle. Problème, loin d'être un vieillard, c'est un homme dans la quarantaine qui a poignardé l'étudiante mais il boite et marche à l'aide d'une béquille.
Le lecteur comprend vite l'avantage de Harper. En pénétrant dans la maison, il a littéralement été possédé par elle. Sur les murs des chambres, il a vu des portraits de femmes. Ils brillaient dans l'obscurité. Et Harper a compris sa mission : tuer ces femmes et ramener un objet familier à la maison. Pour les atteindre, il lui suffit de penser à elles et quand il sort de la maison, il est à la bonne année. Généralement il effectue un premier contact, quand elles sont enfant. Comme pour hanter leurs cauchemars. Puis y retourne dix ans plus tard et sort son couteau. Ensuite il réintègre à la maison, revient en 1931 et ne craint rien...

Eventrée
En 1989, il rencontre une seconde fois Kirby. Dans les bois. Elle promène son chien. Il la frappe avec sa béquille et l'entreprend à sa façon. « Il relève son tee-shirt et promène une main sur son ventre, la palpant avec des gestes brutaux, semant des ecchymoses sur la peau blanche. Soudain, il plante la lame du couteau dans la paroi abdominale, la fait pivoter d'une torsion du poignet et pratique une entaille au tracé irrégulier, correspondant à la trajectoire de sa main. Elle se cabre violemment, pousse un hurlement. » L'écriture de Lauren Beukes est crue, comme Harper mais aussi Kirby. La jeune fille, taciturne et quasiment asociale, n'a plus qu'une obsession : retrouver Harper.
Elle recevra l'aide de Dan, ancien journaliste fait-diversier, reconverti dans le sport pour cause de dégoût. Le couple n'est pas sans rappeler le duo de Millénium.
Un thriller à la construction différente des classiques du genre, très prenant dès que l'on passe l'obstacle des sauts dans le temps, déroutants durant les premières pages.
Michel LITOUT

« Les lumineuses » de Lauren Beukes, Presses de la Cité, 22€

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